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Accusée Thaïs, taisez-vous!

Y a que la vérité qui compte!


Accusée Thaïs, taisez-vous!
Capture d'écran C8

La présence d’une porte-parole de Génération identitaire dans l’émission de Cyril Hanouna a indigné de nombreux téléspectateurs et la quasi-totalité des personnes présentes sur le plateau, certaines allant jusqu’à réclamer la dissolution du mouvement anti-immigration. Quand la jeune militante annonce que 52% des violeurs en Île-de-France sont étrangers, l’assistance bondit, alors que le chiffre est avéré. En revanche, dans son contre-argumentaire, Raquel Garrido a déformé les propos d’une autre étude…


Jeudi 21 janvier, Cyril Hanouna recevait Thaïs d’Escufon, porte-parole de Génération identitaire.

Face à la jeune femme, point de jury populaire mais des figures médiatiques telles que l’écrivain Yann Moix, le chroniqueur Éric Naulleau, l’humoriste Yassine Belattar ou encore Benjamin Lucas (porte-parole du parti Génération.s).

Néo-nazis de montagne

À peine l’émission avait-elle débuté que Benjamin Lucas qualifiait les militants de Génération identitaire de « néo-nazis de montagne ». Éric Naulleau estimait pour sa part que « les zozos comme Génération identitaire, ça donne un jour des gens armés qui contestent le scrutin populaire. » Suscitant un silence gêné, Yacine Belattar ironisa: « J’étais en pyjama, on m’a dit il y a une ratonnade, je suis venu ». Enfin, Yann Moix, tout enorgueilli d’avoir « passé deux mois avec des migrants » traita la jeune femme de « fasciste » à deux reprises.

Parmi les saillies de la jeune femme qui ont fait bondir, une phrase prononcée après la page de pub: « le parquet de Paris a récemment démontré qu’il y avait 52% des individus jugés pour viol en Île-de-France qui étaient étrangers ».

Mais d’où vous sortez ces statistiques ? 

Remous sur le plateau, écœurement convenu d’un Cyril Hanouna qui peine à apaiser ses estafiers. « C’est pas vrai, il y a pas de statistiques ethniques », objecte Yassine Belattar. « Mais d’où vous sortez ces statistiques ? », abonde le présentateur en fronçant les sourcils.

Cette statistique existe. C’est celle de l’Observatoire de la délinquance et des réponses pénales. Dans un rapport du 2 janvier 2016 portant sur les viols commis entre 2013 et 2014 à Paris, il est inscrit à la page 18 que « 52% des mis en cause pour viol commis sur majeur sont de nationalité étrangère ». Il y est aussi noté que « 31% des victimes sont de nationalité étrangère ». Aucun des censeurs de Thaïs d’Escufon n’a pensé à lui rétorquer cette dernière information. Comment leur en vouloir ? Ils n’ont pas forcément lu ce rapport.

Manque de diversité dans nos prisons

Seule Raquel Garrido, avocate et ancienne porte-parole de La France Insoumise ébauche un début d’argumentation pour contre-attaquer : « L’Observatoire national des prisons a bien montré que quand on est étranger, on a plus de chance d’être condamné par un tribunal à de la prison ferme que quand on n’est pas étranger. »

Arrêtons-nous brièvement sur cette dernière assertion. Cette thèse d’une plus grande sévérité de la justice envers les étrangers émane en réalité de Virginie Gautron, chercheuse et maître de conférences en droit pénal et sciences criminelles de l’Université de Nantes. Dans le cadre d’une interview par l’ONDP, elle dit que « la comparution immédiate aboutit à ce que des publics comme les étrangers et les SDF écopent de peines bien plus lourdes qu’une personne ayant commis les mêmes faits jugée dans le cadre d’une autre procédure », ce qui n’est pas exactement ce que soutient Garrido.Dans la même interview, la chercheuse ajoute que « d’autres variables liées à l’attitude du prévenu au cours de l’audience ressortent des observations […] Certains magistrats disent aussi : « Quand on voit arriver quelqu’un avec le nez rouge, la peau bouffie, on sait tout de suite qu’il y a un problème d’alcool. » » En d’autres termes, les amateurs de gros rouge auraient aussi plus de chance d’être mis sous les verrous.

Toute vérité est-elle bonne à dire? Il y a matière à débat. En l’occurrence, toute personne très à droite énonçant une vérité qui dérange semble mériter un torrent de boue. Qu’en disent les téléspectateurs ? À la question « faut-il obliger le gouvernement à dissoudre Génération identitaire », ils sont 68% à avoir répondu « non ». Et si le lynchage de Thaïs d’Escufon n’avait fait qu’affûter sa popularité ?



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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