Accueil Politique Marcel Gauchet : « La République, c’est ce qui reste de l’identité de ce pays »

Marcel Gauchet : « La République, c’est ce qui reste de l’identité de ce pays »

La pauvre République est obligée d'habiller tout le monde!


Marcel Gauchet : « La République, c’est ce qui reste de l’identité de ce pays »
Marcel Gauchet. © Capture d'écran de l'émission REACnROLL du 1er Octobre 2020

« Créolisée » par Jean-Luc Mélenchon, « encostumée » par Jean-Michel Blanquer, panthéonisée par Emmanuel Macron, la République fait, malgré son jeune âge, profondément partie de l’identité française. Marcel Gauchet et Élisabeth Lévy en ont parlé sur REACnROLL, la webtélé des mécontemporains. Une heure d’émission est à retrouver sur la chaîne.


Causeur vous propose de lire un extrait de l’entretien d’une heure que Marcel Gauchet a réservé à Élisabeth Lévy sur RNR.TV (disponible sur abonnement, 5€ par mois seulement).

Élisabeth Lévy. La République ! Le mot est partout mais nécessite quelques éclaircissements. En quelques semaines, nous avons le président qui a fêté le 150ème anniversaire de la République, Jean-Luc Mélenchon en a lui célébré le 228ème anniversaire, et Jean-Michel Blanquer a appelé les élèves à avoir à l’école des tenues républicaines. Nous ne cessons d’invoquer la République, de brandir nos grands sentiments républicains à tout bout de champs, mais qu’est-ce que la chose ? On est un peu perdu. Expliquez-nous, Marcel Gauchet, est-ce que c’est un régime politique ? Un esprit ? Une mythologie ?

Marcel Gauchet. C’est là une très vaste question, qui pourrait nous emmener loin.  D‘abord, observons que ce mantra obsessionnel est le fruit du vide de tout le reste. Il ne nous reste que la République. Aucun autre identifiant politique ne fonctionne plus, même si la « gauche » ou la « droite » [sont des concepts] qui marchent encore vaguement. Ceux qui se prétendent de gauche ont peur qu’on dise qu’ils ne sont pas vraiment de gauche, et ceux de droite qu’ils ne sont pas vraiment de droite, donc c’est très difficile de faire fonctionner ces deux derniers identifiants.

À lire aussi, Yvon Ollivier : Sous les rodomontades, le renoncement à la République?

Elisabeth Lévy (le coupant). Quoi que ceux qui sont de droite ont aussi peur qu’on leur dise qu’ils ne sont pas de gauche, notez bien !

Marcel Gauchet. L’un et l’autre ne s’excluent pas ! Bref: il y a la République providentielle au milieu. Il n’y a plus de socialistes, le libéralisme ça ne s’assume pas trop. Dès lors, où sont les identifiants politiques ? Il n’y en a qu’un qui reste, donc on se le dispute âprement. La pauvre République est obligée d’habiller tout le monde. Dans cette dispute, le choix par Nicolas Sarkozy de rebaptiser l’UMP par « Les Républicains » est à ce titre remarquable. (…) Mais à mesure que tout un chacun se définit comme républicain, moins on sait ce que cela veut dire…

Au menu de cette émission :
– La République et la laïcité
– Le déclin du modèle français
– Les maires écologistes
– L’identité politique de la France

Élisabeth Lévy. D’ailleurs, il y a cette expression populaire « Après tout on est en République », qui revient à dire que nous avons notre mot à dire.

Marcel Gauchet. L’explication est assez simple, même si derrière ce cache un abime de complexité historique. La République c’est ce qui reste de l’identité politique de ce pays, c’est au fond la partie solide d’un héritage historique contre lequel personne n’ose se porter. Même des royalistes très sympathiques comme ceux de la Nouvelle Action royaliste, menée par Bertrand Renouvin, sont des monarchistes républicains !

Élisabeth Lévy. C’est vrai qu’ils le disent comme ça.

Marcel Gauchet.  Ce n’est d’ailleurs pas absurde, la République au cours de son Histoire en est venue, grâce à de Gaulle, à absorber l’héritage monarchique…

>> Retrouvez la suite de ce débat sur REACnROLL (5€ par mois) <<



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