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Séparatisme ou séparation?

Nous sommes pris dans la mâchoire du piège à cons!


Séparatisme ou séparation?
Emmanuel Macron à Bormes-les-Mimosas en août 2020 © Eric Gaillard/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22483825_000007.

Les mesures pas assez radicales proposées par Emmanuel Macron lors de son discours aux Mureaux sont des pansements sur une jambe de bois. Gabriel Robin, auteur du Non du peuple, craint en outre que la France de la raison ne soit en train de se transformer en celle de la bêtise. Analyse.


« Séparatisme » : le mot du mois. L’intervention présidentielle était attendue. De fait, elle avait même été savamment scénarisée par les équipes de communicants d’Emmanuel Macron. La question du « séparatisme » est, on l’a bien deviné, centrale dans la réflexion macronienne en vue de la prochaine élection présidentielle. Alors : un nouveau coup pour rien ou une réussite tactique ?

Depuis Les Mureaux, lieu hautement symbolique, Emmanuel Macron a longuement discouru derrière son pupitre décoré du drapeau français surmonté d’un écriteau où figurait la mention « La République en actes », comme pour mieux indiquer qu’avec lui seuls les actes compteraient. Oui, les actes comptent plus que les mots de la même manière que les paroles s’envolent quand les écrits restent. Nous, mauvais esprits, Gaulois réfractaires et autres râleurs impénitents, savons pourtant que déclarer « prendre acte » d’une situation ne signifie pourtant pas toujours qu’on puisse en sortir, ni même qu’on en ait véritablement la volonté.

Trop tard

Emmanuel Macron a-t-il conscience de son impuissance relative ? Mesure-t-il à quel point la France est désormais traversée par ces frontières invisibles qui font que les populations qui y vivent n’ont plus qu’un fugace souvenir de leur unité passée ?

Nous sommes pris dans la mâchoire du piège à cons, non pas séparés mais atomisés entre la génération des boomers et celle des zoomers, les islamistes misogynes et les lesbiennes misandres, les braconniers cruels et les antispécistes fanatiques… les tièdes et les hystériques

Lui qui prétend que son rôle est d’agir plutôt que de réagir – ce qui est exact -, semble pourtant avancer en tâtonnant. La grande séparation était acquise dès le moment où la France mit le doigt dans l’engrenage de l’immigration massive accompagnée du laxisme et de la culture de l’excuse.

A lire ensuite, Céline Pina: La fin du déni

« Il y a dans cet islamisme radical, puisque c’est le cœur du sujet (…), une volonté revendiquée d’afficher une organisation méthodique pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle d’autres valeurs, développer une autre organisation de la société », a déclaré Emmanuel Macron sous forme de constat. Et que prévoit-il pour y répondre ? Des mesurettes absurdes, dont la logique flirte parfois avec un républicanisme hors-sol et autoritaire. Imposer l’école dès trois ans à tous les enfants sera-t-il de nature à empêcher des adolescents et de jeunes adultes de basculer dans un islam terroriste ou de vivre selon des mœurs que nous jugeons archaïques ? Non.

Scolarité imposée dès 3 ans: l’islam fait bien reculer nos libertés

Ceux qui ont commis des attentats sur le sol français étaient tous, à l’exception du patient zéro Kelkal, des petits voyous ou des criminels déscolarisés après la période de l’enfance. Ils n’avaient pas le profil des musulmans éduqués dans des familles islamistes cultivées, lesquels poursuivent souvent des études et évitent la rue. C’est d’ailleurs tout le paradoxe du problème qui nous occupe. En obligeant les parents à mettre leurs enfants à l’école dès trois ans (hors dérogations pour raisons de santé), le président attente aux libertés publiques fondamentales des Français. Ne seront d’ailleurs embêtés qu’une poignée de concitoyens qui n’ont rien demandé à personne ! Idem pour la question de l’école à domicile ou l’encadrement renforcé des écoles hors contrat.

Toutes ces mesures sont des pansements sur une jambe de bois, inutiles quand elles ne sont pas dangereuses. Le président doit comprendre qu’il est d’abord et avant tout le garant de l’Ordre public. Il ne doit pas être celui qui amène à légiférer sur une foi : idéal absolu qui ne se négocie pas pour ceux qui en ont une. C’est perdu d’avance. Quand Emmanuel Macron appelle à la naissance d’un « islam des Lumières », il sort de son rôle et ne peut qu’entendre l’écho des ricanements des imams les plus orthodoxes. Emmanuel Macron doit simplement rappeler ce qui est permis et ce qui est interdit en France. Ce n’est pas compliqué mais ça demande des vertèbres… qu’il n’a pas.

Piège à cons

L’autre liberté en danger est celle du droit d’association. Au mieux, les signataires adopteront la charte de la laïcité de manière hypocrite. Au pire, ils reconstitueront des associations dissoutes, à la manière des ligues et partis interdits. « Toute association sollicitant une subvention auprès de l’Etat ou d’une collectivité territoriale devra signer un contrat de respect des valeurs de la République », a-t-il ainsi déclaré. Soit, mais la mesure s’appliquera-t-elle à ces nombreuses associations qui ne se contentent pas de ne pas adhérer aux principes républicains mais en violent les lois en aidant à l’entrée et au séjour des immigrés clandestins ? Aux associations et groupements prétendument antifascistes qui appellent au renversement de l’Etat ? Aux associations féministes dont les membres prétendent désormais qu’il faut imposer un couvre-feu aux hommes quand elles ne veulent pas carrément les éliminer de tous les emplois publics ? On peut en douter.

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Nous sommes pris dans la mâchoire du piège à cons, non pas séparés mais atomisés entre la génération des boomers et celle des zoomers, les islamistes misogynes et les lesbiennes misandres, les braconniers cruels et les antispécistes fanatiques… les tièdes et les hystériques. Ce que n’ont pas saisi Emmanuel Macron et ses proches, c’est que la grande séparation tient d’abord dans l’éloignement entre la France de la raison et celle de la bêtise. La bêtise gagne quand le porte-parole du gouvernement singe le peuple chez Cyril Hanouna. Elle gagne quand la musique populaire se réduit à Wejdene et Aya Nakamura. Elle gagne quand les Français s’adonnent à la junk food plutôt qu’à la cuisine de leurs ancêtres.

Cette loi sur le séparatisme n’aura aucune incidence sur notre devenir. Elle sera impuissante contre l’islamisme. Impuissante contre les voyous. Impuissante contre notre progressif abrutissement. Un coup pour rien… sauf pour gagner une élection présidentielle.

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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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