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Islamisation de la Belgique : c’est arrivé près de chez nous


D’après La Libre Belgique, nos voisins d’outre-Quiévrain sont passés très près de nuits d’émeutes urbaines comme nous en avons connues à l’automne 2005, après la mort malheureuse de deux jeunes banlieusards fuyant la police dans un transformateur électrique. A Molenbeek, le 31 mai dernier, c’est le contrôle d’identité d’une jeune femme habillée en niqab qui a mis le feu aux poudres. Preuve que le port du voile intégral n’est pas toujours synonyme de soumission, la jeune voilée a non seulement refusé de se découvrir le visage – bien que contrôlée par des femmes policiers – mais a surtout essayé de fausser compagnie aux agents de police puis de leur asséner un coup de boule sur le chemin du commissariat. Son esclandre avec la maréchaussée a provoqué de violentes réactions de la population de ce faubourg à forte population arabo-musulmane. Arrivée dans les locaux de la police, après une ultime foucade, la jeune femme se révèlera être Stéphanie, une belgo-camerounaise convertie à l’islam.

Solidarité oblige, c’est un autre belge converti, fondateur du groupuscule Shariah for Belgium qui a fomenté des sit-in de jeunes musulmans devant le commissariat de Molenbeek, les barbus tentant d’assaillir le poste de police jusqu’à ce que des troupes anti-émeute soient déployées sur place. Après une seconde tentative d’envahissement le lendemain, une enquête du parquet a été ouverte. Selon La Libre Belgique, « les manifestants ne sont pas, dans une large majorité, originaires de la commune de Molenbeek, mais viendraient d’Anvers, la capitale flamande où existe une autre association « La Ligue arabe in Belgium », reconnue comme assez extrémiste, voire violente. ».
Originaires de Molenbeek ou non, les émeutiers se solidarisent en tout cas avec l’association Shariah for Belgium, qui ferait passer les partis islamistes proches des Frères Musulmans pour d’innocents clubs de macramé. Un coup d’œil au site, maintes fois fermé puis rouvert, de ce groupuscule révèle un étalage de slogans flamands dirigés contre les « Croisés », d’appels à « libérer la Palestine » signés cheikh Oussama Ben Laden, entre deux panégyriques de Omar Bakri Mohamed et d’Abou Hamza al-Masri, deux imams extradés hors d’Europe pour leur compagnonnage idéologique, sinon logistique, avec Al-Qaïda.

On pourrait croire l’incident de Molenbeek sporadique. Pourtant, devant la montée du radicalisme islamiste, le gouvernement belge, qui a d’autres dossiers brûlants à gérer, a décidé de légiférer. La ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet, par ailleurs femme-lige du Centre Démocrate et Humaniste (CDH), a décidé de prendre le problème à bras le corps en proposant un projet de loi visant à interdire « toute milice privée ou toute autre organisation de particuliers dont l’objet est de recourir à la force ou de suppléer l’armée ou la police ou de s’immiscer dans leurs actions ou de se substituer à elles ou qui présentent, par leur forme et leur organisation militaires, le caractère de groupe de combat ».

Dans un pays aussi cuirassé contre les dangers sécessionnistes, on pourrait croire la manœuvre dirigée contre les immigrés, afin de détourner les yeux inquiets des électeurs des inégalités économiques, seules questions politiques qui vaillent. Or, cette vue-du-monde mélenchonienne, en plus d’être électoralement peu payante, achoppe sur la question identitaire, cruciale pour un nombre croissant de citoyens belges et européens. Inutile de spéculer sur l’extrémisme présumé de Joëlle Milquet : non contente de siéger dans un gouvernement d’union nationale, la vice-premier ministre est issue d’une tradition centriste héritière du personnalisme chrétien d’Emmanuel Mounier, loin, très loin de l’extrême droite rexiste ou flamande.
Hélas, le réel est têtu et n’a pas tardé de rattraper nos amis Belges. Samedi 9 juin, à peine sorti du Thalys, un français poignardait deux policiers dans le métro de Bruxelles, répondant ainsi à l’appel au meurtre lancé par les assaillants islamistes du commissariat de Molenbeek. Par voie de conséquence, le plan vigipirate local fut renforcé dans une vingtaine de communes bruxelloises, d’autant que la récente condamnation du porte-parole de Sharia4Belgium, un certain Fouad Belkacem, a allumé l’étincelle islamiste.

Ce faisceau de faits divers inquiétants devrait interpeller nos politiques. Des deux côtés de la frontière, poreuse à l’envi, Schengen oblige, les moyens de communication modernes favorisent la propagation des discours jihadistes de type takfiriste. Dans le sillage de l’égyptien Sayyid Qotb, que Nasser fit exécuter au début des années 1960, une mouvance islamiste mondialisée pratique le takfir (littéralement, excommunication) en déclarant impies les « mécréants » juifs et chrétiens, mais aussi les musulmans « apostats » qui ne se rallient pas à leur lecture du Coran. Ce petit courant mondialisé constitue en quelque sorte la branche idéologique d’Al-Qaïda et s’il ne passe pas toujours aux actes terroristes, son extension par le jeu des conversions frappe de plein fouet des sociétés européennes déjà ébranlées par des chocs migratoires. Certaines communes bruxelloises étant les bastions de « majorités relatives » marocaines ou turques, selon l’expression du géographe Christophe Guilluy, les « autochtones » n’ont parfois le choix qu’entre le repli, la fuite ou l’absorption culturelle. Ainsi, s’il ne faut pas confondre islam et immigration – certains immigrés maghrébins adoptent une pratique paisible de leur religion, voire l’abandonnent tandis que nombre de fondamentalistes sont en fait des « autochtones » convertis – l’irruption dans le débat public belge de la violence jihadiste perce un tabou.

Adressons une supplique aux politiques de droite comme de gauche : que l’articulation entre la politique migratoire et la vie en société ne se fasse plus sous l’angle exclusif de la sécurité et des laïus lénifiants autour du « vivre-ensemble ». Au milieu de toute cette hypocrisie, le plus inquiétant est peut-être la quasi omerta des médias français. A quelques exceptions près, les événements belges ont été largement sous-relayés dans l’hexagone, pourtant peu accaparé par la morne campagne des législatives. Ce « service minimum » de la presse traduit la réticence des grands médias à traiter de faits qui risquent d’apporter de l’eau à des moulins qu’ils voudraient assécher. Faute de lucidité, le retour du refoulé pourrait faire très mal dans l’hexagone, la Belgique préfigurant peut-être l’avenir de la France en matière de multiculturalisme.

*Photo : sharia4belgium.



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