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Robert Rodriguez, le meilleur cinéaste vivant (ou presque)

La comédie des horreurs


Robert Rodriguez, le meilleur cinéaste vivant (ou presque)
Les acteurs Danny Trejo et Michelle Rodriguez sur le tournage de "Machete Kills" © Rico Torres/AP/SIPA Numéro de reportage: AP21467217_000005

Robert Rodriguez, ami de Quentin Tarantino, est un réalisateur américain de films aussi violents que réjouissants.


N’hésitons pas à le dire liminairement : Robert Rodriguez est le meilleur cinéaste vivant ; en tout cas celui qui donne naissance aux films les plus réjouissants – ou jubilatoires, pour jargonner comme mes ex-confrères. Par Wikipédia, j’apprends qu’il a vu le jour en 1968 et mesure 1,87m. Également que, né à San Antonio, Texas, il est d’ascendance mexicaine, ce qui ne surprendra personne, au vu de son nom ridicule (on ne peut pas s’appeler Robert Rodriguez, bon sang ! pas plus que Marcel Kurosawa ou Karl-Heinz Perrichon).

Danny Trejo comme cousin

Depuis un quart de siècle, notre Chicano-texan a œuvré dans différents genres. Les deux où il réussit le mieux sont d’une part ce que j’appellerais le burlesque horrifique, et d’autre part l’ultra-violence volontairement outrancière, qui n’est pas sans rappeler Bip-Bip et Vil Coyotte, ou encore certains dessins animés de Tex Avery. Dans ce dernier genre, je recommanderai le diptyque « Machete » et « Machete kills », avec Danny Trejo, qui est par ailleurs le cousin de Robert. Comme souvent chez Rodriguez, on y croise d’assez nombreuses vedettes (De Niro, Steven Seagal, Don Johnson, Bruce Willis, Quentin Tarantino et d’autres), visiblement ravies de venir camper de véritables ordures durant deux ou trois scènes. On peut aussi se risquer du côté de « Desperado », dont la vedette est Antonio Banderas.

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Pour ce qui est du burlesque horrifique, deux titres s’imposent ; d’abord « Une nuit en enfer », film de vampires totalement à l’ouest (du Pecos) mettant en scène George Clooney, Harvey Keitel, Juliette Lewis et Quentin Tarantino (avec une brève mais commotionnante apparition de Salma Hayek), qui se retrouvent coincés dans une sorte d’immense “bar à sang” où ils doivent tenir jusqu’au lever du jour ; ensuite, on ne manquera sous aucun prétexte « Planète terreur ». Comme le titre le suggère, il s’agit d’un hommage aux séries B des années soixante et soixante-dix, que l’on projetait dans les cinémas dits “de quartier” (rappelons pour les moins de 50 ans qu’à l’époque le mot “quartier” s’employait au singulier et n’était nullement synonyme de casbah ni de village de brousse). L’hommage est aussi réaliste que possible, puisque l’image a tendance à trembler un peu (par moment seulement…) et à être traversée de zébrures et de points lumineux intempestifs (là encore, à certains instants judicieusement choisis). Le clou est, aux deux tiers du film, lorsque la pellicule prend carrément feu et qu’un panonceau intercalaire nous prévient qu’une bobine est manquante ; moyennant quoi, effectivement, on se retrouve avec un gros “blanc” dans le déroulement de l’intrigue, des personnages qui étaient séparés se retrouvent au même endroit, d’autres qui vaquaient sur leurs deux jambes agonisent sur un grabat, etc., sans qu’aucune explication ne soit donnée, ce qui est rigoureusement sans importance, vu le côté foutraque du scénario.

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« Planète terreur », mon préféré

Dans cette joyeuse pochade, où un gaz secret fabriqué par un ignoble militaire (Bruce Willis) transforme les gens en monstres pustuleux, avides de bouffer votre cervelle – et davantage si gros appétit –, on retrouve le petit Freddy Rodriguez, qui n’a pas de lien de parenté avec Robert et que connaissent bien ceux qui ont regardé la série Six feet under ; il y a aussi l’indispensable Quentin Tarantino, en violeur psychopathe. On notera que, pour accroître encore le côté “séance de quartier”, Rodriguez propose, au début du film, une bande-annonce, avec Danny Trejo ; laquelle bande deviendra Machete trois ans plus tard : c’est probablement le seul cas, dans l’histoire du cinéma, où une bande-annonce a entraîné la réalisation du film lui correspondant, et non l’inverse.

Si après ça vous n’êtes pas convaincu de vous y précipiter, vous pouvez toujours vous rabattre sur l’un ou l’autre de ces films français “de fille”, mettant en scène des trentenaires-qui-s’interrogent-sur-leur-couple-et-leur-désir-d’enfant : c’est tout ce que vous aurez mérité.



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est écrivain. Dernier livre paru : "Le chef d'oeuvre de Michel Houellebecq" (Les Belles lettres)

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