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Comme un James Foley enragé

"Comme un chien enragé", le dernier bon film de James Foley, ressort en DVD


Comme un James Foley enragé
Sean Penn dans "Comme un chien enragé" de James Foley (1986)

Avant toute chose, il est assez étonnant de constater qu’un cinéaste ayant tourné des films intéressants comme Glengarry ou Comme un chien enragé ait pu sombrer au point de commettre d’immondes daubes comme L’Héritage de la haine ou les deux derniers sinistres épisodes de la saga 50 nuances de Grey !

Les chiens ne font pas des chats

Pour son deuxième long-métrage, James Foley s’inscrit dans la lignée d’un Nicholas Ray (La Fureur de vivre) ou d’un Coppola (Outsiders, Rusty James) pour décrire le quotidien d’une bande de jeunes rebelles. Brad (Sean Penn) traînaille dans une petite ville de Pennsylvanie avec son frère et ses amis, il s’oppose à son beau-père et séduit la jeune Terry. Arrive alors son père (Christopher Walken) qu’il n’avait pas vu depuis des années. Fasciné par cette figure paternelle, il le rejoint au sein d’un petit gang local spécialisé dans le vol et autres mauvais coups.

La première partie du film est plutôt classique et un tantinet longuette. James Foley s’est visiblement inspiré d’un fait divers réel mais son regard sur la jeunesse américaine de l’époque ne paraît pas très original dans un premier temps. Peut-être que cela vient aussi de mes réserves face au jeu de Sean Penn qui endosse les habits d’un James Dean de pacotille sans en posséder le charisme. Quant à sa partenaire féminine (Mary Stuart Masterson), elle est plutôt terne et insipide. En revanche, Christopher Walken emporte très rapidement le morceau. Rarement on l’aura vu dans un rôle aussi antipathique mais il semble prendre un immense plaisir à incarner ce gangster inquiétant. Foley trouve souvent le bon cadre (légère contre-plongée), les éclairages et le maquillage adéquats pour accentuer son côté démoniaque.

Plus le récit avance et plus il se concentre sur l’affrontement entre ce père et son fils pour se terminer comme une tragédie grecque. Foley parvient enfin à traiter le cœur de son sujet et il le fait bien. Cela nous vaut de très belles scènes qui flirtent avec un certain fantastique gothique, à l’image de cette exécution d’un indic au milieu d’une rivière en pleine nuit.

Allez jusqu’au bout

Il n’est évidemment pas question de révéler la fin du film mais c’est la partie la plus réussie de l’œuvre. Foley parvient à faire sourdre une tension particulièrement intense et à donner une véritable densité à ces liens du sang particulièrement tortueux et tourmentés. Les deux hommes constituent en effet les deux faces d’une même pièce (ils s’appellent tous les deux Brad d’ailleurs) et tout l’enjeu du récit sera de montrer comment le fils pourra (ou ne pourra pas) échapper à l’emprise de son père. Si Christopher Walken est ici l’incarnation d’un véritable démon, le parcours de son fils peut se lire comme un exorcisme pour s’en détacher. A ce titre, Sean Penn s’améliore aussi beaucoup au cours de la narration. Un brin falot au départ, il se révèle assez convaincant dans les scènes finales du film.

De manière beaucoup plus sobre et plus tendue, Foley s’interroge comme dans L’Héritage de la haine sur les questions de l’hérédité, de la transmission du Mal par le sang et des possibilités (ou non) de rédemption. Après ce film, il fera tourner Madonna (qui est ici au générique pour son célèbre mais pas fameux tube Live to Tell) pour un navet que j’aimerais bien voir (Who’s that girl ?).

De quoi regretter que ce cinéaste prometteur n’ait jamais donné par la suite une œuvre à la mesure du talent qui transparait pourtant dans Comme un chien enragé

Comme un Chien Enragé

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est cinéphile. Il tient le blog Le journal cinéma du docteur Orlof

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