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Lettre d’un « lépreux » ch’ti au président de la République

La "lèpre" n'est peut-être pas là où vous le croyez


Lettre d’un « lépreux » ch’ti au président de la République
Emmanuel Macron en visite en Mauritanie, juillet 2018. SIPA. 00866308_000016

Emmanuel Macron a dénoncé dans un discours, fin juin, la « lèpre qui monte en Europe ». David Duquesne s’est senti visé. Il lui répond. 


Monsieur le président de la République,

Je vous écris de mon Nord natal, du bassin minier précisément, une terre de souffrance généreuse dans ses sacrifices et dans l’accueil qu’elle aura réservé à des centaines de milliers de Polonais, d’Italiens ou de Nord-africains venus user leur santé dans nos mines et nos industries. Je voudrais vous parler des Ch’tis, des gens simples et attachants qui n’ont pas la chance d’avoir des origines extra-européennes et qu’on peut brocarder et humilier à loisir, ils ne menaceront personne de mort. Leurs grands-parents formaient le plus gros des bataillons de ceux qui remontaient le charbon.

Les plus pauvres d’entre eux vivent aujourd’hui dans des anciens corons et des cités HLM et subissent l’insécurité culturelle, physique, économique et n’ont pas tellement le droit de dire ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent, ils subiraient autrement une forme de terrorisme intellectuel.

Dans certains milieux laïques, on dit d’eux qu’ils feraient partie de la tenaille identitaire.

Ils préfèrent se taire ou ne parlent qu’avec des personnes de confiance et ils votent souvent pour la « lèpre » puisqu’ils ne sont pas écoutés par les gens qui pensent bien et qui sont susceptibles de danser sur votre perron à la gloire d’une fellation ou d’une explosion. En terme d’enrichissement culturel, nous avons franchi un cap, atteint un sommet !

Les fiers et humbles descendants des mineurs, ces gueules noires qui ont sacrifié leurs vies dans les mines de charbon ont vécu 270 ans d’humiliations, de manifestations réprimées dans le sang, subi deux guerres sur leur sol et n’ont eu de cesse de se remettre à la tâche pour reconstruire leurs maisons, leurs cités, leurs villes.

Si les gamins des banlieues, qui brûlent des voitures et tirent à vue sur la police, avaient enduré le dixième du quart de ce que le peuple ch’ti a encaissé, notre pays serait à feu et à sang.

Le petit peuple laborieux de cette France périphérique n’a jamais décidé des guerres que les puissants aux affaires ont commencées ou déclarées.

Ils ne se sont jamais enrichis sur l’esclavage et la colonisation, ils sont justes responsables de leurs actes. En 1948, on envoyait les chars écraser les bicyclettes des mineurs en grève, des milliers furent blessés, il y eut de nombreux morts, mais aucun BHL pour demander une intervention pour libérer le bassin artésien de la cruauté des dirigeants de l’époque. Ils auraient pu fuir dans des barcasses en mer du Nord. Ils ont préféré continuer à participer à l’effort de solidarité nationale, toute l’économie française reposait sur les bras de ces femmes et de ces hommes au cœur vaillant.

A lire aussi: Au secours Manu, moi aussi j’ai la lèpre !

Les ch’tis ont une identité culturelle qui fait partie de l’identité culturelle française, leur identité n’est pas un suprématisme ethnique ni un racisme. Cette identité culturelle, c’est leur épanouissement car c’est ce qui leur va le mieux et leur permet d’être heureux.

Leur identité, c’est ce qui leur reste, une fois qu’on leur a tout pris, à l’image de tous les Français qui ne vivent pas dans ces « villes-monde », où le bobo devise dans un Starbucks près d’un centre d’affaires, à quelques coudées seulement de quartiers où les lois de la République ne sont plus appliquées.

Ces enclaves où les prêches de religieux importés de pays liberticides, encouragent la partition culturelle, territoriale, quand ils n’encouragent pas le djihad.

La France des terroirs et des clochers n’est pas un nazisme, vous pourrez abuser de la qualification « identitaires », toutes les cultures ne se valent pas, elles n’ont rien de biologique ou d’ethnique, le racisme n’a rien à faire dans cette histoire !

Au contraire, humilier les Français sur leur histoire, leur culture, leur identité, leur religion historique, c’est un racisme hideux qui procède par l’inversion accusatoire et qui se soumet dans la collaboration avec les récipiendaires de la Charia et de l’indigénisme revanchard.

Le « barbensemblisme » de façade entre barbus hipsters et barbus salafistes n’est pas notre tasse de thé et nous goûtons peu l’entrisme des Frères musulmans dans toutes les strates de la société.

La lèpre n’est pas là où certains le croient.

Apres quatre décennies d’impéritie dans la gestion de l’immigration, des quartiers en partition sont séparés de la communauté nationale.

Cinq millions de personnes y vivent, dominées par des caïds qui régentent une économie parallèle. Les islamistes protégés par le service de sécurité local colonisent les cœurs d’enfants offerts par les élus. Des professeurs qui se censurent pour éviter les menaces physiques, des immeubles défigurés et abîmés par le civisme de quelques uns. Cette contre-société nous a été imposée, et vous et vos prédécesseurs l’avez accompagnée pour de sombres avantages économiques d’un côté et des gains électoralistes de l’autre. Cette contre-société n’est pas la France, n’est pas notre continuité historique, nous ne l’aimons pas car elle est l’antithèse de tout ce qui fonde notre socle républicain et nos valeurs communes.

Nos voisins d’Europe centrale, mais aussi allemands et italiens n’ont pas envie de connaître les joies d’un tel échec qui risque d’atomiser notre pays. Ils ne souffrent pas non plus du syndrome postcolonial.

Après 42 ans d’échec dans la gestion de l’immigration et d’importation de normes socioculturelles qui changent dangereusement la nature de portions importantes de notre territoire national, on peut être méfiant.

D’autant plus que les mêmes phénomènes s’observent à Cologne, Marseille, Londres, Malmö ou Amsterdam.

Plutôt que de lutter contre la peste islamiste et la gangrène des caïds, vous préférez insulter ceux qui attendent de l’État d’être protégés de ces entités dangereuses.

François Mitterrand a mis en place un épouvantail permettant de jouer avec les peurs, méfiez-vous de cet épouvantail, il y a fort à parier qu’une majorité de Français finissent par le retourner contre ces « élites » qui ont trahi leur peuple en recevant des communautés qu’elles ont encouragées à détester notre mode de vie, notre culture, notre histoire, nos enfants.

Je suis d’autant mieux placé par rapport à ce sujet que je suis moi-même issu de l’immigration nord-africaine et que j’ai joué le jeu de l’assimilation et de la méritocratie, refusant la victimisation perpétuelle, systématique.

Aujourd’hui, je suis trahi car je passe pour un traitre aux yeux de communautés qui haïssent la France, j’agace cette gauche qui refuse l’émancipation à une culture rétrograde et je peux être victime de racistes, heureusement très minoritaires.

Votre France, c’est le communautarisme, le séparatisme culturel et ethnique et à terme la libanisation du pays.

Votre Europe, c’est les « élites » contre le peuple.

Je vous invite, Monsieur le président, à revoir vos positions sur la gestion de l’immigration, de l’islamisme et des territoires perdus de la République, avant que le peuple ne redevienne souverain, car c’est vous qui lui êtes redevable et non l’inverse.

Le peuple français a été accueillant, bienveillant, patient, ne le poussez pas vers des issues radicales, une colère sourde traverse le pays, écoutez-la et soyez au rendez-vous de notre histoire et à la hauteur de notre nation.



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