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Hommes-femmes, et si on essayait la normalité?

Ni guerre des sexes ni éloge de la virilité


Hommes-femmes, et si on essayait la normalité?
"Les Choses de la vie" avec Romy Schneider et Michel Piccoli. AFP. FIDA CINEMATOGRAFICA / LIRA FILM / COLLECTION CHRISTOPHEL

Pas un jour. Pas un jour sans sa bataille rangée entre militants féministes et alter-féministes, son éloge des femmes au foyer ou de la virilité, sa polémique sur un prof macho et sa dénonciation d’un harceleur sexuel, jeté en pâture au mépris de la présomption d’innocence. Les relations naturelles entre les hommes et les femmes sont hystérisées, utilisées à des fins d’ingénierie sociale, ou, au contraire, fantasmées par les nostalgiques de la France d’hier, citations de Gabin et robe fendue de Miou-Miou en prime.

Homme ou femme, mode d’emploi

On entre dans votre chambre à coucher au nom de la morale ou de la décence commune. Après que l’on vous a enseigné ce qu’il fallait manger, ce que vous aviez le droit de dire, comment vous deviez élever vos enfants ; certains vous indiquent désormais ce que devrait être un homme ou une femme, quand d’autres vous demandent de ne plus l’être, voire de vous flageller pour expier les péchés naturels que vous vous apprêtez naturellement à commettre.
À grand renfort de clichés, les éditocrates suppléent la classe politique, surenchérissent dès que l’occasion se présente. On rentre en indignation comme en religion. Cyril Lignac lance une émission intitulée « Les Rois du Gâteau » ? Il ne faut que trente minutes à Nora Bouazzouni, journaliste à Libération, pour s’en offusquer sur les « réseaux sociaux », se demandant si M6 n’aurait pas pu trouver un nom « non-genré » tel que « les as », « les pros » ou « les génies ».

La guerre des sexes est une réalité

Attendez trente minutes supplémentaires pour qu’un opposant rédige un billet enflammé censé défendre notre virilité bafouée, la bêtise des « gauchistes », sinon le cynisme des « islamo-gauchistes » qui tapent sur l’homme occidental, forcément émasculé depuis mai 1968, mais louent les damnés de la terre ontologiques que sont les immigrés de confession musulmane et leurs descendants. Et encore, nous avons évité « La Reine des Tartes », sans quoi les associations LGBT auraient lancé une pétition, vexés de la crypto-homophobie systémique de la chaîne de Nicolas de Tavernost.
La guerre des sexes est une réalité, soit qu’on veuille les remplacer par une multitude de genres, soit qu’on entende les replacer dans leur bon droit. Mais qui se soucie de « monsieur tout le monde », pardon, de « monsieur et madame tout le monde » ? Personne. Du reste, ce dernier a autre chose à faire que de se livrer à des conflits picrocholins, dont les batailles se livrent sur Twitter, les bancs des facultés d’études sociologiques postmarxistes ou les revues, dont les acteurs sont en butte à la censure tout en ayant leur rond de serviette chez BFM TV et dans les salons germanoprantins.

D’un manichéisme l’autre

Oh, il ne me viendrait pas à l’esprit de nier l’extrême bêtise d’une frange de déconstructivistes, ces fanatiques de l’indifférenciation, dont les utopies conceptuelles post-raciales et post-« genrés » sont souvent le paravent d’une haine maladive des hommes, de préférence des hommes d’ascendance européenne, privilégiés, pervers et narcissiques. Toutefois, faut-il répondre à des discours biaisés, que la nature et l’histoire contredisent, par des images d’Epinal et des formules incantatoires ? Substituer un manichéisme à un autre revient à se livrer, pieds et poings liés, au conformisme de l’anticonformisme. À tous, une seule réponse : l’éloge de l’indifférence, ce sain détachement qui forme les hommes libres. Et, of course, les femmes.



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Gabriel Robin est journaliste rédacteur en chef des pages société de L'Incorrect et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019). Il a été collaborateur politique

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