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Attentat de Londres: la faute à la laïcité?


Attentat de Londres: la faute à la laïcité?
Le Prince Charles visite la mosquée d'East London, 2003. Sipa. Numéro de reportage : 00440576_000003
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Le Prince Charles visite la mosquée d'East London, 2003. Sipa. Numéro de reportage : 00440576_000003

Depuis combien d’années entendons-nous l’idée que la laïcité est un facteur de radicalisation en France ? Depuis un peu trop longtemps, des dizaines d’universitaires et de chroniqueurs de gauche ne cessent de répandre cette opinion. Par ses politiques laïques, le modèle républicain serait totalement désuet. Il faudrait plutôt fonder une Sixième République en harmonie avec le communautarisme religieux.

Un modèle de non-intégration

L’attentat de Londres témoigne pourtant d’un fait : la laïcité ne peut pas être tenue responsable de la « discrimination » dont souffriraient quotidiennement les musulmans du Royaume-Uni. La raison est bien simple : dans ce pays, la laïcité n’existe pas. L’attaque survenue dans le métro londonien en juillet 2005, qui a causé 56 morts, ne peut pas non plus être rapprochée d’une quelconque volonté de séparation de la religion et de l’État.

Bien au contraire, le Royaume-Uni applique des politiques communautaristes qui accordent une latitude démesurée aux fanatiques religieux et aux prêcheurs de haine. Comme le Canada de Justin Trudeau, le Royaume-Uni ferme les yeux sur la prolifération d’une multitude de courants extrémistes de l’islam sans jamais vraiment remettre en question son modèle de non-intégration. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le Canada applique le même genre de politiques suicidaires que le Royaume-Uni : il est l’héritier direct de Westminster, autant sur le plan historique que sur le plan idéologique.

Le Royaume-Uni peut bien se targuer d’avoir quitté l’Europe pour retrouver son indépendance et renouer avec ses origines. Grand bien lui fasse. Cependant, le communautarisme dont il fait encore aujourd’hui la promotion ne pourra pas éternellement durer dans un monde où les tensions identitaires mettent en péril l’équilibre des sociétés. À quoi bon sortir de l’Europe si le multiculturalisme dévore votre société ? Drôle de conservatisme que celui d’un peuple anglais désirant à la fois défendre son autonomie et la fragmentation sociale. Il y a beaucoup d’incohérence dans cette vision des choses.

La laïcité n’a rien à voir avec la montée de l’islamisme

Dans un langage académique, cette interprétation loufoque du rôle de la laïcité dans l’avènement du terrorisme islamique serait appelée « erreur d’échantillonnage ». En sciences sociales, cette erreur survient lorsque des chercheurs sélectionnent une série d’événements de manière arbitraire sans se soucier d’obtenir un échantillon représentatif du phénomène qu’ils étudient. En gros, on ne peut pas accuser la laïcité d’encourager l’islamisme quand un nombre faramineux d’attentats sont commis dans des pays dont les langues ne comprennent même pas d’équivalent du mot laïcité. Le 11 septembre 2001, les djihadistes qui ont frappé les tours jumelles n’ont pas attendu que les États-Unis interdisent le port du voile intégral dans l’espace public pour abattre environ 3000 personnes.

La laïcité n’a rien à voir avec la montée de l’islamisme. Voilà une vérité qui devrait convaincre ses adversaires d’abandonner leur rhétorique sociologisante. Mais cela n’arrivera pas, car la lutte de la gauche antiraciste est tout sauf rationnelle, elle est purement idéologique. S’il fallait vraiment la convaincre de la légitimé de la laïcité française, elle trouverait une autre raison pour accuser la République de racisme et d’exclusion sociale. Quand ce ne sera plus la laïcité, ce sera autre chose : la colonisation, les banlieues, le chômage, etc. Un jour, ce sera le nom des rues, l’architecture et la couleur des vaches.

Les Emmanuel Macron de ce monde et autres apôtres de la fausse tolérance ne veulent tout simplement pas voir ce qui relève de l’évidence. Qu’ils ne souhaitent pas partir en croisade contre une religion est peut-être louable. Mais qu’ils ne réalisent pas qu’on leur fait déjà la guerre est consternant. Les vivre-ensemblistes refusent même l’autodéfense. Ce qu’ils pratiquent, c’est l’autodestruction.



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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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