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Toulouse : la diagonale du fou


Interrogé par Elisabeth Martichou et Laurent Bazin, sur RTL, Amaury de Hautecloque, chef du RAID, la meilleure -avec le GIGN- unité d’intervention policière au monde, décrit dans le détail l’opération qu’il a conduite, jeudi, à Toulouse. Ordre lui avait été donné de tout tenter pour ramener vivant Mohamed Merah, assassin français en série, moudjahidin occitan plus armé qu’un bataillon, bouffon sanguinaire et pensionné du RSA.

Amaury de Hautecloque, officier républicain d’élite, est intelligent et discipliné. Il agit dans le cadre strict d’un État de droit, sous le contrôle de la justice, et sous l’autorité d’un gouvernement légal, issu des urnes. Pour remplir sa mission, il doit exposer la vie de ses hommes. Exposer ne signifie pas nécessairement sacrifier. Il est 10 h 30 lorsque quinze policiers, accompagnés de quelques « dépiègeurs d’assaut » pénètrent dans l’appartement à loyer modéré qu’occupe M. Merah. Après une heure de progression (délai normal dans ces circonstances et relativement à l’objectif fixé), les membres du RAID, qui portent tous un masque à gaz, s’apprêtent à « opérer une brèche » dans le repaire du fou de Dieu afin de « le saturer [de lacrymogène] et obtenir sa reddition ».

À ce moment précis, il bondit de sa baignoire, et mène « son propre assaut », un colt 45, de calibre 11, 43, à la main (on saura ultérieurement qu’il détenait également un pistolet mitrailleur Uzi, un pistolet mitrailleur Sten, un colt Python et un fusil à pompe) : « Malgré cela, dit le patron du Raid, [notre] mission étant de le capturer vivant, j’ai continué à donner l’ordre de n’utiliser que des armes non létales, c’est à dire des grenades offensives, afin qu’il soit choqué et que nous puissions nous assurer de sa personne. ». Choqué, il l’est si peu qu’il ajuste son tir sur ses assaillants, tout en se dirigeant vers une fenêtre, près de laquelle se trouvent, à l’extérieur, d’autres policiers. Il est abattu.

Cette action, son dénouement font l’objet des plus vives critiques, en France, de la part de Christian Prouteau et de l’avocat du terroriste. M. de Hautecloque répond sobrement : « Je ne rentre pas dans la polémique, j’ai moins de temps à passer sur les plateaux de télévision qu’à agir. ». Dans un monde un peu moins bancal, cela aurait dû être le mot de la fin.



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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