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Régionales : votez socialiste, c’est tout bénef !


Régionales : votez socialiste, c’est tout bénef !
Martine Aubry, par Audrey AK, flickr.com
Martine Aubry, par Audrey AK, flickr.com
Martine Aubry, par Audrey AK, flickr.com

Petit test : qui est capable de donner le nom d’au moins la moitié des vingt-deux présidents de régions métropolitaines ? Ceux qui mentionneront d’autres noms que Georges Frêche, Ségolène Royal et peut-être Jean-Paul Huchon, en sus de celui qui occupe le fauteuil près de chez soi, sont soit des allumés genre Rainman, soit des pros de la politique ou des sondages.

Voilà des gens, tous socialistes sauf deux, qui ne sont pas montés sur les chevaux du manège médiatique et mondain de la capitale. Leur ambition, à l’exception de la dame de Poitou-Charentes, semble se limiter à persévérer dans leur être jusqu’à ce que l’âge ou la lassitude de la chose publique les incite à passer la main.

Ils s’occupent des lycées, des trains de proximité, du tourisme, du développement économique, de culture, et il semble qu’ils s’en tirent plutôt bien, si l’on en croit les sondages.

On ne peut leur reprocher d’avoir gaspillé les deniers publics dans des édifices pharaoniques destinés à les accueillir avec leurs services : dans la plupart des cas, le mal avait déjà été fait par leurs prédécesseurs, quelle que soit, d’ailleurs, leur couleur politique.

Enfin, ils sont moins tentés de pratiquer le clientélisme que leurs collègues des conseils généraux, qui sont élus dans des cantons souvent très peu peuplés, où les votes sont aisément captables par quelques sucreries distribuées çà et là.

Pour ma part, j’ai tout lieu d’être satisfait de M. Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes dans laquelle j’ai le plaisir et l’honneur de résider.

Comme nous sommes de la même génération et natifs de la même région, nous nous sommes croisés, jadis, dans des lieux universitaires et militants à Lyon dans les années 1960, avant de mener chacun notre chemin professionnel et politique. Par ailleurs, il se trouve que Queyranne, alors ministre de l’Outremer du gouvernement Jospin, est venu en personne remettre à l’auteur de ces lignes une médaille que la République, dans sa grande magnanimité, avait consenti à lui accorder en dépit des multiples turpitudes de sa vie publique et privée.

Mon plaidoyer en faveur du vote PS aux régionales pourrait s’arrêter là, et laisser libre cours aux commentateurs pour qu’ils balancent leurs posts furibards comme quoi ils n’en n’ont rien à cirer que Luc Rosenzweig fasse son coming out électoral en racontant sa vie, comme un gros narcisse qu’il est.

Mais même si j’étais résident de Poitiers ou La Rochelle, je tiendrais le même discours, et les archives de Causeur sont là pour prouver que je n’éprouve pas de tendresse particulière pour madame Royal.

Il faut voter PS, d’abord parce que la droite, hormis peut-être en Ile-de-France, ne fait rien pour gagner, et même tout pour perdre.

Dans ma région, qui est tout de même la deuxième région française par sa population et son PIB, l’UMP n’a pas été capable de trouver une tête de liste dont la notoriété et l’envergure soit en mesure de contester sérieusement la prédominance de Jean Jack Queyranne. J’ai un infini respect pour madame Françoise Grossetête, député européen et stéphanoise, tête de liste UMP en Rhône-Alpes, mais ce n’est pas lui faire injure que de constater que sa notoriété et son aura régionales sont proches de zéro. La certitude de la défaite est déjà tellement ancrée dans les cuisines de la droite locale que l’on se déchire pour des places d’éligibles sur les listes qui intègrent le fait que la gauche conservera le pouvoir régional. C’est à qui placera son attaché parlementaire ou son suppléant en bonne position, pour être plus à l’aise dans le seul combat qui vaille : garder son siège de député en 2012.

D’ailleurs la droite, dans les départements où elle est archi-dominante, comme la Haute-Savoie dispose, à de rares et notables exceptions près, comme Bernard Accoyer, d’un personnel politique dont le niveau est assez lamentable, car même un bourricot pourvu de l’étiquette UMP aurait toute chance d’aller braire au Palais-Bourbon.

Ce défaitisme même pas révolutionnaire mérite donc d’être sanctionné.

Une autre raison d’apporter son suffrage au PS, probable vainqueur de cette consultation à l’échelle nationale, est de renforcer le pôle pragmatique, modéré et soucieux de développement économique face à des hurluberlus écolos et d’extrême gauche qui vont marchander des places en échanges de leur voix au deuxième tour.

Ainsi, voir un Philippe Meirieu, pape du pédagogisme effréné et tête de liste Europe-Ecologie dans mon coin, être en mesure de dicter la politique éducative de la région à Jean Jack Queyranne me cause un certain souci. Comme celui de voir des Verts trop puissants au Conseil régional inciter le pôle de recherche sur les nanotechnologies de la région de Grenoble aller chercher fortune sous des cieux plus cléments. Fort heureusement, l’émiettement de l’extrême gauche en réduit le pouvoir de nuisance, et l’on peut être certain que les mélenchoniens alliés aux vestiges du PC sauront se contenter des strapontins qui leur seront offerts en fonction de leur score au premier tour.

Enfin un dernier argument devrait emporter le morceau pour ceux qui hésitent encore à voter PS, par tradition de vote à droite ou allergie à Martine Aubry, Laurent Fabius ou Vincent Peillon. Plus le PS sera investi de responsabilités au niveau local et régional, moins il mettra d’ardeur à briguer le pouvoir au niveau national. Ces élus de terrain connaissent la chanson : dès qu’un socialiste est à l’Elysée ou à Matignon, c’est la Bérézina aux municipales et aux cantonales. Bien sûr, ils ne peuvent pas clamer cela urbi et orbi, mais il suffit d’observer les comportements des barons locaux et régionaux du PS pour s’en persuader. De leur maintien en poste dépend la survie de l’appareil politique d’un parti composé principalement d’élus et de ceux qui aspirent à l’être. Pour qui, comme moi, avec de sincères regrets, s’est détourné du vote à gauche aux élections nationales pour des raisons liées à la politique étrangère soit inexistante soit erratique du PS, sa présence massive à la tête des exécutifs régionaux est une assurance qu’il ne viendra pas nous sortir la France de l’OTAN, ou baiser les babouches d’Ahmadinejad au nom de la mauvaise conscience de l’homme blanc du nord.

Enfin, je souhaite ardemment la victoire de Georges Frêche en bas, à gauche sur la carte. Tous ceux qui ont connu Montpellier avant et après Frêche me comprendront.



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