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Progressisme vert et islamisme, les dessous d’une étrange alliance


Progressisme vert et islamisme, les dessous d’une étrange alliance
Helena Blavatsky (1831-1891), à la base du courant ésotérique auquel elle donna le nom de « théosophie »... © MARY EVANS/SIPA Numéro de reportage: 51019317_000002.

La complaisance des mouvements progressistes envers l’islamisme ne cesse d’interroger et d’inquiéter. Comment des partis et mouvements qui se revendiquent d’idées aux antipodes de celles véhiculées par les mouvements issus de l’islam politique peuvent-ils à ce point les favoriser ?


Cette complaisance est une tendance lourde du progressisme en général mais elle est encore plus affirmée dans sa composante verte.

Pour expliquer ce phénomène, on avance habituellement deux explications :

La première est idéologique. Issus très majoritairement du gauchisme culturel, les mouvements progressistes ont une vision du monde qui se structure autour du communautarisme quel qu’il soit. Dans ce domaine, l’action du parti démocrate américain et sa conception ethnique de la citoyenneté restent des références. A cet égard, la vision progressiste de la citoyenneté rompt avec celle issue de lumières. Elle est particulariste parce que racialisée.

La seconde explication est cyniquement électorale. Sans l’apport massif du vote communautariste, les partis progressistes seraient laminés électoralement. Favoriser le communautarisme n’est donc plus simplement une option politique, c’est la condition même de la survie de ces mouvements.

Là encore, le parti démocrate est l’exemple à suivre.

Une question de spiritualité

Pour être pertinentes, ces explications ne sont pas suffisantes car elles omettent de révéler le fondement principal de cette étrange alliance : la haine ou dans tous les cas une forte hostilité vis-à-vis du judéo-christianisme.

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Le progressisme vert partage, en effet, avec l’islamisme, une très forte hostilité vis-vis du paradigme judéo-chrétien. Mais quelle en est l’origine ?

Au nom de l’adage les ennemis de mes ennemis sont mes amis, les progressistes verts ne reculeront devant aucune compromission…

On ne comprendra jamais rien à l’écologie politique moderne si on ne comprend pas qu’elle s’alimente aussi à une nébuleuse spirituelle apparue, principalement aux Etats-Unis, dans les années 60 : le New Age. Reposant sur un syncrétisme religieux très orientalisant, les thérapies alternatives et recyclant dans une perspective très individualiste une part non négligeable des doctrines ésotériques, le New Age se fonde sur la croyance que l’humanité serait entrée dans une nouvelle ère (la fameuse ère du verseau) qui est marquée par l’avènement d’une spiritualité nouvelle, porteuse d’une conscience universelle qui rendra inutiles toute les anciennes religions et notamment celles de la médiation. « Religion cosmique à l’état pur », le New Age marque l’apogée d’une évolution spirituelle qu’il veut définitive.

Cette nouvelle ère donnera naissance à un nouveau monde parfaitement horizontal où les frontières auront disparu et où l’humanité ne sera plus qu’une. Reposant aussi sur une vision panthéiste de la nature, le New Age affirme que l’homme redeviendra un Dieu en ne faisant plus qu’un avec Gaia.

Cette vision du monde a fortement influencé l’écologie politique et aussi la nouvelle économie qui partage avec le New Age (et ce n’est pas un hasard) la même origine géographique : la Californie.

Ces perspectives doucereuses seraient parfaitement inoffensives si elles ne véhiculaient pas une très  forte hostilité vis-vis des deux religions chargées de tous les maux à savoir le judaïsme et le catholicisme. Religions patriarcales, archaïques et reposant sur un Dieu personnel (alors que Dieu est énergie), la médiation et le dogme (pour le catholicisme), ces religions n’ont plus leur place dans la nouvelle ère, elles sont des vestiges du monde ancien.

Cette hostilité vient de loin et pour mieux la saisir il faut remonter plus en arrière dans l’histoire en s’intéressant à un mouvement spirituel qui a eu une immense influence sur le New Age : le Théosophisme. Fondée par l’occultiste russe Helena Petrovna Blavastsky dans le dernier quart du dix-neuvième siècle, la société théosophique va répandre en occident la mode des religions orientales et notamment le bouddhisme en mâtinant ces religions de conceptions profondément ancrées dans l’occultisme. Dès l’origine, le théosophisme révèle sa forte hostilité à l’endroit de ces deux religions. La question de l’antisémitisme d’Helena Blavastsky a été souvent évoquée, mais ce qui est certain c’est que chez elle comme d’ailleurs chez Annie Besant (qui lui succèdera) et comme plus tard chez Alice Bailey qui avant de créer son propre mouvement a été théosophe, le judaïsme et le catholicisme sont vus comme des religions qui n’ont plus leur place dans la nouvelle ère qui s’annonce. Religion de la « séparativité », terme qui revient souvent dans l’œuvre d’Alice Bailey, contrariant la « loi de l’unité », le judaïsme est perçu comme un vestige particulariste qui ralentit la marche vers le nouveau monde. Quant au catholicisme, il retarde, lui, la venue du Christ cosmique qui débarrassera une fois pour toutes les hommes de tout dogme et de toute médiation. Car le Christ théosophique et plus tard celui du New Age n’ont plus grand chose à voir avec le Christ historique.

Le théosophisme a un autre intérêt que l’on a souvent négligé. Il a été un compagnon de route du progressisme notamment avec Annie Besant qui dirigera la société après la mort de Mme  Blavatsky et, ce, jusqu’à sa propre mort en 1933. Très mêlée aux luttes politiques de son temps (socialisme, féminisme, lutte pour l’indépendance de l’Inde) Annie Besant restera toujours fidèle à ses combats antérieurs à son adhésion à la société théosophique. Le théosophisme a eu sur ces différents mouvements une influence qui est souvent sous-estimée. Une historienne, Olive Banks [tooltips content= »Banks, O (1986) Becoming a feminist : the social origins of first wave feminism. Brighton, Wheatsheaf Books. »](1)[/tooltips], estime ainsi que près de 10% des féministes britanniques entre 1890 et 1930 étaient théosophes et Annie Besant ne dissociera jamais luttes politiques et sociétales et combat spirituel.

Haine du passé

Le thésophisme partage, de fait,  avec le progressisme une même vision évolutionniste du monde et cette conception est aussi partagée par les adeptes du New Age.

Dans le New Age il n’y pas de place pour le passé, on est dans une sorte d’immanentisme permanent ou ce qui a été doit être regardé comme une étape, mais une étape désormais reléguée dans le musée des inutilités, d’où la haine viscérale des adeptes du New Age vis-à-vis du passé. Haine qu’ils ont transmise à leurs rejetons spirituels de la nouvelle économie et de l’écologie politique.

Plus pernicieuse est l’idée que certaines mouvements, jugés pourtant rétrogrades et destructeurs, peuvent aider à l’avènement de la nouvelle ère.

A lire aussi: Bienvenue dans l’enfer vert

Dans un article fort instructif, Jean-François Mayer[tooltips content= »Mayer, JF (1999) Doctrines de la race et théories du complot dans les courants ésotériques, Tangram, n°6. »](2)[/tooltips] cite un auteur[tooltips content= »Coquet, M (1984) Maitreya, Le Christ du nouvel age, L’or du Temps. »](3)[/tooltips] qui s’inscrit dans cette mouvance et qui s’interrogeant sur le rôle de certains personnages historiques (Napoléon, Lénine et Hitler) les entrevoit comme des expressions de la « force de Shambhala » car écrit-il « ils furent les destructeurs de ce qui devait être détruit, avant que l’humanité ne puisse avancer sur le chemin de la lumière ».

Cette idée n’est pas isolée et on peut même faire l’hypothèse qu’elle explique en partie, la complaisance de l’écologisme politique vis-à-vis des mouvements islamistes. Car ne nous y trompons pas, pour les progressistes verts, l’islam est aussi vu comme une religion du passé mais en s’appuyant sur le versant la plus rétrograde de cette religion ils pensent pouvoir  hâter les évolutions.

Au nom de l’adage les ennemis de mes ennemis sont mes amis, les progressistes verts ne reculeront devant aucune compromission. L’avènement du nouveau monde est, pensent-ils, à ce prix. Réduire l’écologie politique au seul gauchisme est réducteur. Elle s’alimente aussi de conceptions spirituelles qui doivent être révélées si on veut comprendre en profondeur les vrais objectifs de ce courant d’idées.

Quand l’illuminisme s’allie aux forces de la destruction, la catastrophe n’est jamais loin. Combattre l’écologie politique telle qu’elle se manifeste aujourd’hui dans notre pays n’est pas, dès lors, une option politique mais une nécessité qui s’impose à tous, quelles que puissent, par ailleurs, nos sensibilités politiques.

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