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Pour une droite lyrique et une gauche moisie


Pour une droite lyrique et une gauche moisie

Sans hésitation je flétris moisissure, intolérance, absence de cœur et puanteur,
(tous vices qui me sont par ailleurs familiers)
mais je récuse que ces imperfections de l’âme humaine, aussi scandaleuses que dépourvues de toute espèce de signification politique, aient la moindre accointance nécessaire avec la droite.
La nébuleuse n’a d’ailleurs pas manqué de recenser les exemples sans nombre de la moisissure de gauche, du cléricalisme de gauche, de l’absence de cœur et de la fétidité de gauche.
Mais elle a inventé d’autres sortes d’images :
la gauche est lyrique
(onirique, étrangère au principe de réalité, idéaliste, fatalement et intrinsèquement dépourvue de tout sens du réel)
la gauche est auto-satisfaite
(narcissique, divine, inquestionnable, prétentieuse, camp du Bien auto-proclamé)
la gauche est sentimentale
(angélique, cordicole, ramassis de belles âmes gluantes)
la gauche est dogmatique
(elle est par nature, par le mystère de sa substance, étrangère au doute, au questionnement et au pluralisme, le chiffre 3 lui donne irrépressiblement la nausée, elle ne connaît que le chiffre 2)
Il va de soi que je condamne sans appel lyrisme, autoglorification, sentimentalisme et dogmatisme,
(tous vices qui me sont par ailleurs familiers)
mais je réfute qu’il existe un quelconque rapport privilégié entre la gauche et ces dispositions existentielles.
Les exemples d’un lyrisme de droite, qu’il chante la Nation ou le Capital, sont sans nombre.
L’autosatisfaction et le dogmatisme de droite sont également des virtualités dont les incarnations sont légion.
Je concède que le sentimentalisme de droite est un possible existentiel dont il existait assez peu d’exemplaires avant le surgissement de qui vous savez. Cela n’empêche nullement qu’il existe d’innombrables hommes de gauche tout à fait étrangers au penchant sentimentaliste.
Il est un dernier vice enfin
(que je condamne lui aussi, cela va de soi, avec la rigueur morale qu’on me connaît maintenant, et qui m’est lui aussi familier)
un vice tout aussi indépendant du politique
dont à la fois la non-pensée de droite et la non-pensée de gauche ont tenu à faire accroire qu’il était le seul fait du camp adverse, et ce
intrinsèquement, substantiellement, par nature, par essence et parfois même ontologiquement :
l’attitude moralisatrice.
Incessamment nos oreilles sont écorchées d’entendre ressasser
que seule la gauche
que seule la droite
est moralisatrice
(morale, moralisante, sermonnante, jugeante et prédicante)
Il s’agit d’une certaine torsion de la langue.
On entend :
On reconnaît bien là
une fois de plus
on reconnaît bien là
une fois de plus
Ils disent :
C’est un symptôme
C’est très symptomatique
emblématique, idiopathique, caractéristique
et parfaitement typique de
la gauche lyrique
la droite moisie.



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