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J’ai vu la fin du « Monde »

Le président d’Avocats Sans Frontières salue la récente enquête d’Eugénie Bastié dans Le Figaro consacrée au fameux quotidien du soir.


J’aurai assisté à cela. À la fin d’une impunité. D’une manière d’omerta. D’un complot du silence qui prospérait sur la crainte obséquieuse et le corporatisme. Eugénie Bastié, de la maison Figaro, aura dynamité tout cela avec ses petites mains et sa tête bien faite. Par un article joliment troussé et une belle enquête.

Je ne sais plus depuis combien de temps j’attendais cela. Depuis bien avant le 7-Octobre. L’anti-israélisme pathologique du Monde, j’ai vécu avec, je me suis construit contre. Mais le 7-Octobre est arrivé. Avec les titres quasi pornographiques du quotidien du soir, où les faux bilans du Hamas sont tenus pour le Journal officiel, et ses terroristes éliminés pour de bien gentils journalistes.

Et il y a bien sûr Benjamin Barthe. Sans vouloir me pousser du col, je ne suis pas pour rien pour sa gloire. Je ne compte plus les articles et les tweets que je lui ai dédiés. Ainsi qu’à sa Muzna d’épouse palestinienne qui chante le 7-Octobre et pleure le jour de la mort du chef du Hamas. On dira ce qu’on voudra, mais les Barthe ne sont pas des faux jetons. Lui, sur sa page X n’hésite pas à approuver d’un « Yes my friend » un post selon lequel « Israël n’apporte que la mort ». Ou à relayer du François Burgat dans le texte. Elle est sans limites connues et justifie la mort des innocents. Elle devra donc en répondre en justice, Avocats sans frontières la voulant voir reconnue coupable.

Mais le mérite insigne d’Eugénie Bastié aura été dans son intelligente enquête et ses révélations. J’ignorais l’existence du « mur de Gaza » [un ensemble de dessins et slogans violemment antisionistes affichés dans un open space au siège du Monde à Paris, ndlr], qui me rappelle un autre « mur » d’immondices d’un Syndicat de la magistrature de la même texture, que je fis condamner malgré l’opposition magistrale du parquet. J’ignorais ces remarques qui ne fleurent pas le philosémitisme exacerbé, comme lorsqu’un journaliste lance à sa juive de collègue : « C’est mal parti pour ton aliyah. » J’ignorais ceux qui confessent qu’ils ont désormais un problème avec la communauté juive. J’ignorais ceux qui désapprouvent, dans un silence gêné.

Je savais néanmoins, en fréquentant d’aucuns de la chronique judiciaire, honnêtes et talentueux, qu’un fossé générationnel les séparait de jeunes pousses insoumises et avait métamorphosé les salles de rédaction en campus faussement rebelle.

Mais le plus important est sans doute ailleurs. Dans le fait que cette enquête ait été sans crainte publiée. Cela en dit long sur la fin de la domination de l’extrême gauche médiatique. Et sur la perte du respect ombrageux que Le Monde inspirait encore il n’y a pas deux ans. Le wokisme stupide est passé par là, et la cruelle réalité de l’immigration et de l’islamisme. Cette réalité encore plus forte que l’idéologie.

Le Monde était déjà à terre avant qu’il soit tombé.

Carter, pas un pacifiste béat

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Une journée de deuil national et des funérailles solennelles sont prévues aux États-Unis pour Jimmy Carter, le 9 janvier, tandis que des hommages affluent mondialement pour saluer son engagement en faveur de la paix et des droits humains. Mais, il ne faudrait pas complètement omettre de rappeler quelques erreurs géopolitiques majeures du 39e président américain (1977-1981).


Il y a un aspect symbolique dans la mort de Jimmy Carter qui avait fêté ses cent ans et dont les obsèques nationales sont prévues pour le 9 janvier. Ce sera l’un des derniers événements présidés par Joe Biden. Ni Carter, ni lui n’ont pu obtenir le deuxième mandat qu’ils espéraient, le premier parce qu’il avait été battu par Reagan, le second parce qu’il n’était pas en état de se représenter. Là ne s’arrêtent pas les analogies entre les deux hommes, considérés par le public comme des présidents faibles. Le slogan de campagne de Reagan contre Carter était : « Let’s make America great again ». Trump s’est limité à retirer le « let’s », ce qui donne MAGA, et, comme c’est un homme d’affaires, il a déposé son slogan, ce que Reagan n’avait pas fait…

Contrairement à Biden, Carter était un outsider avant d’être élu président des États-Unis en 1976. C’était un ancien gouverneur de Géorgie, un inconnu se détachant grâce à une campagne minutieuse parmi de nombreux autres candidats démocrates contre Gerald Ford, devenu président après le Watergate. Au scandale qui avait conduit à la démission de Nixon, à la sensation du public d’une corruption à la Maison-Blanche, s’ajoutaient alors le marasme économique lié à la crise pétrolière de 1973 et l’humiliante constatation que les Américains présents à Saïgon s’étaient enfuis en panique en abandonnant leurs alliés sud-vietnamiens lors de la prise de la ville par les communistes en avril 1975.

1979, une année historique

Beaucoup rêvaient d’un homme nouveau. Ce fut Carter. Sa victoire contre Ford fut serrée, sa défaite contre Reagan fut massive.

Les hommages après décès ne lui accordent pratiquement qu’un seul succès : les pourparlers entre Begin et Sadate à Camp David, qui aboutiront au traité de paix signé en mars 1979 à la Maison-Blanche. Mais sans l’initiative de Sadate d’aller à Jérusalem et la décision de Begin d’abandonner le Sinaï, rien n’aurait eu lieu.

Carter envisageait le long terme, il a eu sur plusieurs sujets, comme l’énergie, des idées en avance sur son temps, reposant sur ses compétences d’ancien officier de sous-marin spécialisé dans le nucléaire, mais ce fut pendant sa présidence qu’eut lieu en Pennsylvanie l’incident de Three Mile Island qui, bien qu’il n’eût pas fait de victimes, entraîne l’abandon de la construction de centrales nucléaires aux États-Unis.

De plus, Carter ne savait pas manipuler un Congrès pourtant à majorité démocrate car il en ignorait les rouages et ne voulait pas les connaître. La tendance à moraliser de ce baptiste « born again », prêcheur du dimanche dans sa petite ville de Géorgie, devint le masque de son impuissance, comme lorsque dans un discours de juillet 1979, au plus fort de la stagflation et des pénuries de carburant, il blâma les Américains pour leur consommation excessive.

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En février de cette année, l’ayatollah Khomeini prit le pouvoir à Téhéran. Il institua un régime islamiste violemment anti-américain dans un pays qui était jusque-là pour les États-Unis un allié capital. Carter hésite, essaie de garder un semblant de coopération, mais quand en octobre il accepte, malgré les mises en garde de son entourage, l’entrée du Shah aux États-Unis pour des raisons médicales, les étudiants iraniens téléguidés par le régime envahissent l’ambassade et gardent 52 Américains en otages. Six mois plus tard, critiqué pour son inaction, Carter enclenchera une opération pour les libérer. Un grain de sable, ou plutôt une tempête de sable dans le désert iranien, imprévisible par les moyens techniques de l’époque, en fera un échec retentissant, qui portera le coup de grâce à sa réélection. Bien plus, c’est à Reagan que les Iraniens enverront les otages le jour même de sa prise de fonction, alors même qu’ils avaient obtenu de l’administration Carter, lors de négociations secrètes à Alger, d’énormes avantages financiers (sept milliards de dollars de l’époque) en paiement de rançon.

La même année 1979 voit pendant quinze jours la prise de la Grande Mosquée de La Mecque par des insurgés en révolte contre l’occidentalisation de la monarchie saoudienne. Elle voit aussi et surtout, fin décembre, l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan. Pour lutter contre cette nouvelle avancée communiste, tout en évitant un nouveau Vietnam, les Américains vont armer les moudjahidines afghans, auxquels vont bientôt s’agréger des militants islamistes du monde entier. Ils seront aidés par le Pakistan voisin, où la même année, le Président Zia ul-Haq, allié des Américains, a décrété la charia.

1979 est donc l’année où l’islamisme devient un facteur de la géopolitique mondiale alors que Carter, comme les autres dirigeants occidentaux, tel Giscard d’Estaing, le voyait comme une péripétie folklorique et locale. Ben Laden, les talibans, le Hamas, l’État islamique et l’auteur du massacre du 1er janvier à La Nouvelle-Orléans découlent de cette mauvaise analyse. Utiliser un ennemi pour lutter contre un autre ennemi est un art difficile, encore faut-il savoir qui sont les ennemis….

Des propos maladroits sur Israël

Carter n’était pas, contrairement à son image, un pacifiste béat. Son conseiller Zbigniew Brzezinski était obsédé par le danger communiste et considérait que Kissinger avait laissé trop de marge de manœuvre à l’URSS. C’est Carter qui a poussé à restructurer et moderniser l’armée américaine pour l’adapter aux défis du futur, c’est lui qui a édicté la doctrine Carter qui reste à la base de l’action militaire américaine au Moyen-Orient et stipule que les États-Unis interviendront militairement contre toute agression dans le Golfe persique. Reagan a tiré les bénéfices de cette inflexion, en même temps que l’intervention soviétique en Afghanistan tournait au désastre pour les Soviétiques. Mais le prix à payer de cette lutte contre l’emprise communiste fut de lâcher la bride à l’islamisme.

En s’appuyant sur la Conférence de Helsinki de 1975, que Kissinger avait supervisée sans trop y croire, l’administration Carter utilisa les Droits de l’Homme comme levier contre l’URSS.

Un jeune militant juif, du nom de Anatoli Chtcharanski, porte-parole du groupe de surveillance des accords d’Helsinki, arrêté à Moscou en 1977, écrivit plus tard, devenu Natan Sharanski, qu’il devait la vie au poids que les Droits de l’Homme avaient pris sous Carter.
Mais il fustige les positions de l’ancien président, transformé après son départ de la Maison-Blanche en activiste de ces mêmes Droits de l’Homme et gagnant au passage un Prix Nobel. Carter s’était révélé aussi indulgent envers les États ou mouvements islamistes qu’il était sévère à l’égard des implantations en Cisjordanie, contextualisant les premiers, ne contextualisant pas les secondes.

En 2008, il publia un livre où il parlait d’apartheid envers les Palestiniens. Il prétendit ensuite qu’il avait été mal compris et qu’en réalité, il admirait la démocratie israélienne, mais le mal était fait. Une fois le mot apartheid lâché en pâture au public, Israël devenait l’équivalent de l’Afrique du Sud raciste, avant que le mot de génocide ne l’envoie au niveau de l’Allemagne nazie.

Le vieil homme avait, du fond de sa bonne conscience, nourri une fois de plus l’hydre islamiste et ses alliés. L’enfer est pavé de bonnes intentions…

Et pendant ce temps, le concours du plus grand gangbang continue…

Alors que Gisèle Pelicot a acquis une notoriété dont elle se serait bien passée, sur le réseau social OnlyFans, des entrepreneuses rêvant de célébrité se font beaucoup d’argent en filmant leurs parties fines avec un nombre d’hommes record.


Des enquêtes suggèrent que le niveau de la libido collective, surtout chez les jeunes, est au plus bas, tandis que les commentaires sur le procès Pelicot nous font croire que les prédateurs masculins sont partout, obligeant les pauvres femmes à se réfugier dans le lesbianisme ou la continence.

Mais les réseaux sociaux, surtout OnlyFans (qui permet un modèle économique fondé sur le paiement à vue pour images et vidéos), nous racontent une autre histoire. Là, des travailleuses du sexe – de véritables Messalines entrepreneuses – mangent des hommes comme des bonbons et se font richement récompenser. La Texane Aella a fêté son anniversaire en février 2024 par une partouze avec 42 de ses fans. Au printemps, l’Australienne Bonne Blue, au cours de trois semaines passées à Cancun, a couché avec 122 vacanciers. À l’automne, elle a passé un mois dans différentes universités anglaises pour coucher avec 157 étudiants en première année. Son objectif déclaré ? Parfaire leur « éducation ». Mais le record appartient à l’Anglaise Lily Phillips qui, à 23 ans, est déjà à la tête d’une fortune de 2,5 millions d’euros. En octobre, elle a relevé le défi d’avoir des rapports sexuels avec 100 hommes en une journée, le tout filmé pour ses abonnés.

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Le 7 décembre, le documentariste Josh Pieters a publié sur YouTube un montage d’entretiens avec la jeune femme réalisés au cours du grand exploit. Devenue virale, la vidéo1 a déclenché un flot de commentaires en ligne et dans des revues comme Marie Claire. Se fondant sur les échanges de fin de journée, tous s’alarment du traumatisme physique et émotionnel que subirait Lily. Certes, elle paraît fatiguée. L’expérience était, selon elle, « dure » mais « intense » et « pas pour toutes les filles ». Elle finit même par sangloter doucement. Mais pour ceux qui regardent jusqu’à la fin, elle en donne l’explication : elle se sent coupable car elle avait promis à ses followers cinq minutes chacun, et certains n’ont eu droit qu’à deux ou trois. Simple réflexe de bonne commerçante !

Une semaine après, Lily Phillips a annoncé qu’en février 2025 elle relèverait le défi de satisfaire 1000 hommes en une journée. Après son assassinat, la vraie Messaline a subi la damnatio memoriae : toute trace d’elle a été effacée du domaine public. L’oubli : voilà le vrai traumatisme que redoutent ses émules numériques.

  1. https://www.youtube.com/watch?v=mFySAh0g-MI ↩︎

Vœux / Dissolution: Macron entre lucidité et défausse

Le président Macron a présenté pour 2025 des vœux sans souffle ni âme. S’il est mauvais, c’est parce que les Français sont divisés, a-t-il tenté de nous expliquer. Avant de se consoler en se comparant au voisin allemand…


Exercice obligé de chaque 31 décembre, les vœux présidentiels sont une figure de style qui peut être périlleuse quand le tenant du titre est totalement démonétisé. Visiblement, pour la première fois de son existence cathodique, Emmanuel Macron l’a compris et a joué l’humilité. A tel point qu’il s’effaçait même du tableau. La séquence s’est en effet ouverte sur un montage vidéo de quelques minutes qui mettait en avant la réussite collective. Pas de « moi je », mais un « nous » qui n’est pas de majesté mais met en scène l’engagement d’une nation, le dépassement et l’accomplissement commun. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Au moment où la conscience de notre déclin devient impossible à nier, où le niveau scolaire s’effondre, où l’échec de la réindustrialisation est patent et où notre modèle social devient insoutenable sans que les pouvoirs publics réagissent pour sauver l’hôpital, l’Assurance maladie, voire contribuent à aggraver la situation de notre système de retraites, c’était à un cocorico en mode « impossible n’est pas français » qu’Emmanuel Macron nous a convié mardi soir.

Une tentative de prendre de la hauteur pas encore aboutie

Le problème c’est qu’en même temps que le montage vidéo se déroulait, on n’entendait que le sous-texte fort peu subtil des communicants : « faut la jouer collectif, coco ». Fini le temps de l’ego et de l’autojustification en mode passif-agressif qui gâche la plupart des prises de parole du locataire de l’Élysée, vraiment ? Mardi, la posture était claire : il s’agira désormais de se positionner au-dessus de la mêlée, rassembleur, présidentiel en quelque sorte… Un exercice tellement compliqué pour ce président que cela ne pouvait aboutir qu’à cet effacement en début de séquence : la célébration d’une forme de génie français aurait été parasitée par sa présence à l’écran et aurait agacé s’il avait dû la faire face caméra.

Les Français ne lui reconnaissent pas cette capacité d’incarnation. Emmanuel Macron n’a jamais réussi à se dépasser lui-même ; il ne représente la France que sur le papier et toute tentative d’en incarner l’esprit est vue de sa part comme une imposture et une manipulation. Le choix d’une vidéo qui mettait surtout en avant le travail et l’engagement des Français à travers la célébration des JO et de la reconstruction de Notre-Dame était donc une bonne idée puisqu’elle évitait un abcès de fixation : la plupart des Français ont envie de célébrer la fierté d’avoir relevé de ses cendres Notre-Dame mais rechignent à mettre cet exploit au crédit de leur président, alors qu’il n’est pas pour rien dans cet accomplissement. Le choix de cette séquence introductive était donc intelligent mais révèle en creux à quel point la personne du président insupporte puisqu’alors même que la prise de parole était courte, sa présence a dû encore être limitée. Cela affecte directement la deuxième séquence. Celle où il va appeler au « ressaisissement collectif » alors qu’il est le moins en situation de l’inspirer.

Un mea culpa a minima

Mais avant, il fallait en passer par un chemin qu’Emmanuel Macron n’aime guère emprunter :  le mea-culpa. Mais là encore, impossible de trouver un itinéraire bis : il a fallu passer à Canossa et reconnaître que « la dissolution a produit plus d’instabilité que de sérénité ». Qu’en termes galants ces choses-là sont dites… Il faut surtout dire que ses tentatives récurrentes de se présenter en martyr incompris de l’irresponsabilité du monde politique dans son ensemble et de l’inconséquence des électeurs en particulier a exaspéré tout le monde. Amende honorable fut donc faite, certes a minima, mais après tout nul n’aime s’appesantir sur ses fautes, surtout lorsqu’elles résultent d’une incapacité à gérer ses humeurs et ses caprices.

On atteignait là le cœur du discours présidentiel, et ce mea culpa attestait le fait que ce trop immature président a toujours besoin de se poser en Tartarin de Tarascon même quand il rentre la culotte déchirée et la besace vide. Passons sur la rodomontade d’une France qui « continue d’être attractive » alors que les Français ne savent pas où il mène le pays, ne voient pas quel est le projet commun qui les unit et ne se sentent pas défendus alors qu’ils se savent attaqués, mais sur ce point le président n’avait rien à dire au pays. En revanche il avait bien un message à transmettre. A son opposition.

Le rejet permanent de la responsabilité

En effet sa sortie sur la légitimité du parlement « qui représente le pays dans sa diversité et donc aussi dans ses divisions » est une façon à nouveau de rejeter ses responsabilités : il n’est pour rien dans les divisions des Français et ils sont donc responsables de l’impossibilité à gouverner ce pays. Derrière la fausse reconnaissance des erreurs, la défausse continue.

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Mais ce passage visait surtout à mettre en valeur la seule véritable annonce concrète de la soirée, le fait de demander aux Français de « trancher des sujets déterminants ». Pour le grand public, c’est l’annonce de référendums et donc une forme de reprise en main sur la décision publique. Certes cela satisfait les attentes du pays qui n’est pas si divisé sur un certain nombre de sujets essentiels : immigration, sécurité, protection sociale… Mais, il est naïf de croire que cette annonce aura d’autres effets que de permettre au président de tenter de reprendre symboliquement la main. Son but essentiel est de faire passer un message : « je ne démissionnerai pas et si le parlement me contrarie, je passerai par-dessus sa tête pour tenter de retrouver l’onction populaire. » Derrière des vœux « rassembleurs », le rapport de force d’un homme qui ne sait composer avec personne. Et peut-être pas même avec ce peuple qu’il ne voit que comme un outil pour déstabiliser ses adversaires politiques. Aucune vision d’avenir ne se dessine donc au terme de cette séquence.

La reconnaissance de l’échec actuel de l’Europe

Finalement le plus intéressant de ces vœux vient de la reconnaissance de l’échec et de la naïveté de l’Europe. Mais le vœu pieu qui en ressort montre à quel point la prise de conscience ne débouche sur aucune perspective d’action. Cela a d’ailleurs donné lieu à un moment cocasse, celui où le président essaie encore de se dédouaner de son échec personnel en montrant du doigt son homologue allemand. Lui aussi en pleine tourmente politique. Là encore on entend bien la musique de l’irresponsabilité : « je ne suis pas responsable du chaos, regardez l’Allemagne n’est pas en meilleure posture que nous. » Il se trouve que les dirigeants allemands souffrent sans doute de tares identiques aux siennes et ont accumulé les erreurs évitables, comme lui et ses prédécesseurs. Aucun des deux pays n’est une pure victime des circonstances et vouloir nous le faire croire c’est nous désarmer encore et renoncer à nous défendre comme à nous relever. Pour que l’action politique soit crédible encore faut-il qu’elle soit vue comme capable d’avoir une prise sur la réalité. Derrière l’apparence de reconnaissance de la souveraineté populaire, on trouve surtout la démagogie utilisée comme tactique pour gagner du temps. 2025 n’a pas vraiment commencé mais le temps parait déjà long…

Il parait d’autant plus long qu’il a finalement manqué quelque chose d’essentiel à cette cérémonie de vœux : de l’humanité. Ce président à bout de souffle n’a pas eu un mot pour ceux des nôtres victimes de cette idéologie totalitaire qui menace le monde et l’Europe, l’islamisme. Pas un mot sur nos compatriotes otages aux mains du Hamas depuis le 7-Octobre. Pas un mot sur la violence antisémite qui s’abat sur le pays. Pas un mot sur l’embastillement de Boualem Sansal en Algérie. Là où certaines nations mettent un point d’honneur à être toujours là pour leurs citoyens, le président français a lui donné l’impression de s’en laver les mains. En revanche, l’Élysée n’a pas manqué de mettre en avant des causes qui ne nécessitent aucun courage politique. La tentative d’annexion de l’affaire Pelicot dans l’introduction vidéo des vœux était à ce titre dérangeante. Celle qui a fait preuve de courage, c’est Gisèle Pelicot. Mais cette force lui appartient. En revanche, exhiber sa vertu en s’indignant sur cette affaire n’est pas une preuve présidentielle de courage mais d’opportunisme. La condamnation étant unanime, les politiques ne prennent aucun risque à se positionner sur ce dossier… En revanche, ignorer la souffrance des Juifs de France et abandonner un écrivain à son sort pour ne pas engager le rapport de force avec un pays malade et corrompu, choisir d’ignorer que le Hamas a esclavagisé deux de nos compatriotes, c’est choisir de ne pas se tenir aux côtés des citoyens quand ils sont sous la mitraille. C’est choisir aussi de ne pas regarder en face le fait que nous avons sur notre territoire des représentants de ces idéologies violentes et corrompues et que certains siègent jusqu’au parlement – et pas à l’extrême-droite de l’hémicycle. C’est oublier enfin que ces idéologies entendent constituer une armée de réserve et agissent patiemment politiquement sur notre territoire pour y arriver. Le choix du déni plutôt que le soutien apporté à ceux des nôtres otages de conflits qui les dépassent n’est pas étonnant venant de ce président, mais ne présage rien de bon pour 2025.

Russie: les soldats nord-coréens et la veuve poignet

Des sources concordantes affirment que les soldats nord-coréens pas encore mobilisés sur le front ukrainien profiteraient de leur présence en Russie pour rattraper leur retard en visionnage de porno.


Selon des rapports de l’OTAN et du Pentagone, près de 10 000 soldats nord-coréens auraient été déployés en Russie pour appuyer les forces armées russes en Ukraine. Le quotidien The Guardian, qui a consacré plusieurs articles sur le sujet, a précisé que la plupart des soldats concernés ne sont que des adolescents ou de jeunes adultes, formés dans des régions montagneuses du « pays du secret ». Leur inexpérience des champs de bataille ouverts et plats en Ukraine n’inciterait pas encore Moscou à utiliser ces renforts inattendus plus que de raison. 

Conséquence de leur inactivité, habituellement privés de toute connexion mondiale, ces jeunes recrues Nord-Coréennes se seraient précipitées sur le net afin de consommer massivement de la pornographie. Du moins, c’est ce qu’affirme The Byte dans un article publié le 5 novembre 2024. Gideon Rachman, a confirmé cette information sur X (anciennement Twitter), citant une source « généralement fiable »« Les soldats nord-coréens déployés en Russie n’ont jamais eu un tel accès à Internet auparavant. En conséquence, ils se gavent de pornographie », a écrit ce principal commentateur des affaires étrangères au Financial Times. 

Si ces bombes hormonales ont fait des dégâts manuels parmi les soldats du président Kim Jong-Un, que cette information peut prêter à sourire, ce phénomène met aussi en lumière la situation extrêmement restrictive sur le numérique en Corée du Nord. Depuis l’arrivée au pouvoir du « Grand soleil du XXIe siècle » en 2011, le régime a renforcé la censure sur internet et le contrôle des communications pour isoler la population du monde extérieur. 

La détention, la création, la diffusion et l’importation de contenu pornographique sont strictement réprimées par les autorités nord-coréennes. Ce qui n’empêche pas les téléchargements illégaux et la contrebande de films X, provenant essentiellement de Chine et de Corée du Sud, d’avoir de beaux jours devant elle dans le pays de Kim Jong-Un, avec une demande de plus en plus forte selon diverses études sur le sujet, y compris chez les diplomates en poste à l’étranger.

Interrogé sur ces informations, le Pentagone a préféré rester prudent. Le porte-parole du ministère américain de la Défense, le major Charlie Dietz, a déclaré que ses services n’avaient pas décelé ni ne pouvait confirmer « aucune connexion Internet nord-coréenne inhabituelle » se déroulant en Russie. Il a néanmoins rappelé que son organisation se concentrait uniquement sur des enjeux militaires sérieux, comme le soutien à l’Ukraine et la surveillance des relations stratégiques entre Moscou et Pyongyang, et non sur des questions concernant l’engouement des Nord-coréens pour la veuve-poignet.

Le métro bruxellois, symbole du déclin de la capitale belge

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Le métro bruxellois s’est peu à peu reconverti en escape game urbain, déplore notre chroniqueur


Jusqu’à il y a un lustre environ, le métro bruxellois était une des dernières choses qui, dans la capitale belge, fonctionnait à peu près correctement. Depuis, la triste réalité qui se joue au grand air est descendue d’un étage : trafic de drogue, insécurité, matériel défaillant, chantier aux coûts faramineux… La mélodie en sous-sol, dictée par le passage des engins mécaniques, le signal sonore annonçant la fermeture des portes et le martèlement des pas pressés, s’est transformée en cacophonie mêlant les plaintes des navetteurs mécontents, les importuns venus pourrir la vie des voyageurs et les disputes politiques.

La vidéo a récemment fait le tour des réseaux sociaux : on y voit un homme traîner sa victime sur les voies de la station Ribaucourt, située sur le territoire d’une commune sensible de Bruxelles1. La scène s’ajoute à d’autres clichés ayant circulé ces dernières semaines et montrant, entre autres, des individus vendre de la drogue en pleine rame2. Tout ceci n’est que la partie immergée d’une réalité obscure touchant chaque jour les navetteurs.

Tandis que les stations du métro parisien sont marquées par un aménagement relativement uniforme (édicules Guimard, carrelage blanc…), leurs homologues bruxelloises se singularisent par leur diversité, entre hommages, à Hergé (au terminus de Stockel avec ses représentations des personnages de Tintin), Eddy Merckx (et le vélo du record de l’heure exposé dans la station portant le nom du champion cycliste) ou aux victimes de l’attentat du 22 mars 2016 (Maelbeek), peintures (Roger Somville à Hankar, fresque géante représentant la vallée de la Woluwe dans la station Vandervelde) ou photographies de mode (Gare de l’Ouest). 

A lire aussi, du même auteur: Molenbeek, capitale européenne de la culture en 2030?

Une autre partie se joue désormais. Certaines stations sont désormais des hauts lieux du trafic de drogue où les dealeurs ne doivent plus se cacher ; dans d’autres, le sol est jonché de détritus quand il ne s’agit pas carrément de trainées d’urine s’écoulant sur vos souliers – vous me direz que ceci doit être universel – ; à peu près partout le voyageur est importuné par les interpellations agressives quand il n’est pas victime de vols à la tire ; on en viendrait presque à oublier les petites incivilités, les stickers anti-israéliens, les publicités vantant la diversité à laquelle plus personne ne croit ou le fait que plus personne ou presque ne cède encore sa place à une personne âgée ; à l’aurore, il s’est trouvé à plusieurs reprises des individus coincés dans les volets mécaniques…

Dans une région qui part à vau-l’eau, il n’est pas rare que le voyageur soit confronté, au cours du même trajet, à la panne de l’escalator qui le mène à la station, au retard de son métro (pour des motifs aussi divers que des problèmes techniques, l’intrusion sur les voies…) et au non-fonctionnement des portiques de sécurité. Et quand ces derniers sont en état de marche, il est fréquent que des « colleurs » se frottent à lui pour resquiller (on imagine que cela peut être encore plus perturbant pour les femmes : allô les féministes ?). Mais pas de problème, selon la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles (STIB), « vous avez la possibilité, si cela vous dérange, d’emprunter le sas réservé aux personnes handicapées »3. Peu semble s’émouvoir du coût de la fraude : on croise d’ailleurs rarement un contrôleur dans le métro bruxellois et encore moins dans les stations « chaudes ». Enfin, la saga de l’extension du métro, dont l’inauguration est sans cesse reportée, ne manque pas d’ajouter du discrédit sur les décideurs bruxellois, entre pressions politiques des écologistes pour faire avancer le dossier, impréparation du chantier et méconnaissance de la composition du sous-sol bruxellois. Surtout, le budget faramineux n’en finit pas d’exploser et est aujourd’hui estimé à plus de cinq milliards d’euros. Avouez que, sans réaction des protagonistes, ce sera cher payé la salle de shoot.


  1. https://www.7sur7.be/faits-divers/un-individu-traine-sur-les-voies-lors-dune-bagarre-a-la-station-ribaucourt-a-molenbeek-cela-aurait-pu-tres-mal-se-terminer~ae48fb964/ ↩︎
  2. https://x.com/dimitristrobbe/status/1850980432046694591 ↩︎
  3. Réponse qui me fut un jour donnée par un employé de la STIB alors que j’exprimais mon mécontentement ! ↩︎

Les vœux du commentateur

Lors de ses vœux, entre un mea culpa rapide et des promesses de référendum sans jamais dire le mot, le président Macron a prouvé qu’en politique il faut parfois savoir danser le moonwalk: avancer en reculant.


On attendait la prestation. On se disait : « Que trouver encore à dire quand on n’a plus guère la main sur rien ? » Certes, on connaissait le goût du président pour l’oralité. Nous avons eu des heures et des heures de discours au fil des sept années de sa présence à l’Élysée. Mais chaque fois, nous pouvions nous dire que les mots que nous entendions avaient une chance de s’inscrire dans le réel, dans la vie politique, sociale du pays. Mais là ? Là, dans ce moment crépusculaire de fin de règne, qu’inventer, quelle formule saillante fourbir pour, non pas soulever l’enthousiasme, mais seulement espérer susciter l’intérêt ?

Le président a choisi une stratégie. Il s’est fait commentateur. À la manière de ceux que nous avons à la télévision et qui, d’une voix off, nous racontent ce que l’image nous montre. C’est ainsi que le président nous a proposé une sorte de film des grands moments de l’année, les commémorations du quatre-vingtième anniversaire du Débarquement, en juin, puis la grande parenthèse enchantée des Jeux Olympiques de cet été, et enfin la réouverture fastueuse, splendide, émouvante de Notre-Dame. C’était beau, vraiment. « Impossible n’est pas français », commenta le locuteur. On ne le voyait pas à l’écran, preuve s’il en est que l’heure était bien, comme l’Élysée en avait fait courir le bruit dans la journée, à l’humilité. Suivit de près une exhortation, de celles qu’on entend traditionnellement dans la bouche de chef au réveil du camp scout : « Restez unis, déterminés, solidaires. » Là, probablement, étions-nous quelques-uns à attendre une marque de solidarité, justement, avec nos otages encore détenus par le Hamas et notre écrivain Boualem Sansal, arbitrairement emprisonné dans les geôles algériennes, agressions qui constituent, qu’on le veuille ou non, une grave humiliation pour notre pays. Mais l’humilité et la lucidité en ce soir de vœux présidentiels n’allaient pas jusque-là, de toute évidence.

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Commentateur, le chef de l’État se le fait encore – mais bien visiblement cette fois – pour aborder la dissolution de l’Assemblée nationale et ses très regrettables conséquences. Cela n’a pas donné le résultat escompté, constate-t-il dans une esquisse de mea culpa. Sous-entendu « J’ai redonné la parole aux Français, et voilà ce qu’ils en ont fait. » (Là, on se dit qu’on ne le changera jamais tout à fait…) À ceci près que, la parole, les Français venaient de l’avoir aux européennes et on ne voit pas très bien comment ni pourquoi ils se seraient exprimés dans un autre sens. Cependant, cette parole précisément, il n’exclut pas de nous la redonner afin que « chacun d’entre nous étant utile », puisse « trancher telles ou telles questions ». Referendum ou convention nationale, c’est-à-dire parlotte grand format et à peu près inutile ? Cela reste flou.

Redonner la parole au peuple pour un référendum n’est évidemment pas sans risques, vu le niveau de cote dont l’intéressé dispose désormais dans l’électorat. Mais peut-être bien, que, amateur de théâtre – et de théâtralité – comme il l’est, il se verrait bien un destin à la De Gaulle afin de sortir malgré tout du jeu avec une once de panache. Poser une consultation, la perdre et replier ses gaules pour se retirer sous sa tente au Touquet ? Cela aurait certes meilleure allure qu’une destitution ou un limogeage quasi constitutionnel. Est-ce à un scénario de ce type qu’il songeait en évoquant la nécessité de mettre de l’audace dans les décisions en 2025 ? On ne peut savoir. Les choses restent peu claires aujourd’hui comme hier. Les vœux, il est vrai, étaient courts, plus courts que les fois précédentes. Et l’année qui vient sera longue. Bien longue. Au Vive la République, Vive la France de la fin, on se prenait à se demander si, de nous ou du président, ce n’était pas ce dernier qui était en plus grand besoin de bons vœux pour ces douze mois.

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La France, pays des droits de l’homme ou pays des Français ?

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Quand on qualifie la France de « pays des droits de l’homme », c’est souvent pour abolir implicitement la distinction entre citoyens et non-citoyens afin de priver les premiers de leurs droits. Aurélien Marq raconte son plus grand succès sur les réseaux sociaux, succès qui devrait susciter une prise de conscience générale.


« La France n’est pas le pays des droits de l’homme, mais le pays des Français. La France est une nation, pas une ONG. »

Ce qui m’apparaissait comme une affirmation de simple bon sens s’avère l’un de mes plus grands succès sur X/twitter. Ce post, écrit en commentaire d’une déclaration d’un élu LFI qui plaidait pour l’accueil inconditionnel et toujours plus généreux de toujours plus de migrants, atteint à ce jour plus de 5000 « likes », ce qui est considérable pour un compte comme le mien. Je n’en parle pas ici pour me vanter (même si ce succès est agréable) mais parce que l’engouement suscité par ce tweet m’interroge, et m’inspire autant d’espoir que d’inquiétude.

https://twitter.com/AurelienMarq/status/1871481073353502954

Pourquoi tant de gens ont-ils réagi à ce qui est – ou devrait-être – une banalité ? Justement parce que ce n’en est plus une. Ce qui est inquiétant, d’autant plus qu’à la réflexion je vois bien que le principe que j’ai rappelé n’est hélas plus qu’un vœu pieux, et que rien ne garantit qu’il redeviendra un jour une réalité. Mais aussi parce que beaucoup d’internautes ne sont manifestement pas dupes. Ce qui est réjouissant.

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Bien sûr, la France pays des Français peut être aussi le pays des droits de l’Homme, comme elle est le pays des châteaux de la Loire, le pays de Jeanne d’Arc, le pays de Ronsard, le pays de Cyrano, le pays des fromages et des bons vins. Mais ce n’est pas ainsi qu’on l’entend de nos jours. Appeler aujourd’hui la France « pays des droits de l’Homme », c’est d’abord oublier « et du Citoyen », alors que ce point est essentiel puisqu’il fonde aussi bien la Nation que la démocratie et la république. Mais il dérange : reconnaître des droits au Citoyen, c’est-à-dire aux citoyens, c’est en exclure les non-citoyens. Ces droits-là, ceux qui ne sont pas citoyens français doivent en demander des comptes à leurs pays respectifs, pas à la France. Distinction que rêvent d’abolir ceux qui voudraient détruire l’identité, qui est le fondement de la décence commune et donc la protection des plus fragiles. Cette identité, qui est ce dont parlait Marc Bloch disant de la France : « J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé », ajoutant qu’il fut « nourri de son héritage spirituel et de son histoire », pour conclure : « je meurs, comme j’ai vécu, en bon Français. » 

Effacer la distinction entre citoyens et non-citoyens, c’est supprimer la citoyenneté, c’est réduire la France à un territoire à administrer, temporairement occupé par des locataires de hasard, un hub d’aéroport à gérer, une zone d’activité. C’est donc déposséder le Peuple pour offrir le pays à des intérêts économiques. Ou bien, c’est accaparer le pays au profit d’un idéal militant, d’un fantasme d’ingénierie sociale, en faire le local d’une ONG dont les Français seraient les contributeurs captifs, mis de gré ou de force au service de la cause choisie par cette ONG – mais certainement pas par les citoyens – et au profit, bien sûr, des idéologues, des gardiens du dogme, des militants, des relais et des clientèles de l’ONG en question. Ah, les milliards d’euros pris aux contribuables et versés aux associations, à la politique de la ville, à l’audiovisuel public partisan…

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Comme d’autres peuples, le Peuple Français prend douloureusement conscience qu’il a été petit à petit privé du droit de disposer de lui-même. Tenter de justifier cette dépossession par les droits de l’Homme est absurde. Parce qu’il a pris conscience d’une vérité universelle, et qu’il l’a proclamée pour que le reste du monde puisse la faire sienne, la Peuple français n’aurait plus droit à une patrie ? Son passé l’oblige, certes, mais ne l’oblige certainement pas à se nier, se dissoudre, s’abolir ! Le « cercle de la Raison » tente de disqualifier ce constat en parlant de « populisme », et affirme sans rire que la vraie démocratie, la démocratie républicaine, c’est quand peu importe la volonté du peuple, à la fin c’est toujours Laurent Fabius qui décide. 

Mais le déni ne tient plus face à la pression, hélas souvent tragique, du réel. Car le bilan du « cercle de la Raison », au pouvoir depuis plus de 40 ans, c’est qu’il nous faut désormais mettre des plots en béton à l’entrée des marchés de Noël, placer des gardes armés devant les églises pour la messe de minuit, bunkeriser les synagogues, et mobiliser 100.000 policiers et gendarmes pour le Nouvel An. Sans oublier le surendettement de l’état (en réalité, la vente du pays à la découpe), l’effondrement du niveau scolaire, le délitement de l’hôpital public, une fiscalité devenue folle, et le projet de faire réaliser de nouveaux vitraux pour Notre-Dame par une artiste qui glorifiait Assa Traoré. Étrange «raison», en vérité. Et tout le monde le sait, même si tout le monde n’ose pas se l’avouer… pour le moment.

Il n’est pas trop tard pour éveiller les consciences assoupies, raviver le courage de voir ce que l’on voir, et déculpabiliser la lucidité.

A paraître en janvier 2025.

« Bird », film social anglais frelaté

Bailey, une jeune fille de 12 ans qui se rapproche de la puberté, découvre sa propre métamorphose alors qu’elle devient amie avec un mystérieux homme-oiseau venu se nicher près de son squat du Kent… Le film France inter raté de la semaine.


Il était revenu bredouille du dernier Festival de Cannes. Pourtant, Bird, le nouveau film de la cinéaste britannique Andrea Arnold, cochait toutes les bonnes cases féministes et sociales en vogue sur la Croisette. En digne émule du survolté Ken Loach, la réalisatrice y dépeint, non sans une certaine complaisance, la vie quotidienne forcément sinistre d’un adolescent qui vit dans un squat du Kent. Le film pourrait alors se contenter de dérouler un protocole compassionnel déjà vu et éprouvé un peu partout. Mais, consciente sans doute des limites et redondances d’un genre éculé, Arnold y adjoint une touche de fantastique, à l’aide d’un personnage fantomatique surnommé « Bird ». La survenue de l’irrationnel suffit-elle à préserver le film de ses gros défauts originels ? Non, hélas, d’autant plus que cet apport se révèle bien peu iconoclaste et fort consensuel. À la compassion se mêle alors l’attendrissement. Au cinéma aussi, l’excès de sucre est mauvais pour la santé.

1h58


Retailleau / Darmanin, couple fatal

Des semaines passées à former un gouvernement de bras cassés, deux zigotos soucieux de donner une bonne image d’eux-mêmes et qui ne savent rien du peuple qu’ils administrent, une France en état d’insurrection larvaire… Le diagnostic de notre chroniqueur n’est pas tendre !


L’un était ministre de l’Intérieur, il passe à la Justice — sans que l’on se demande s’il a une quelconque compétence dans l’un ou l’autre de ces domaines. L’autre est nommé à l’Intérieur, sans autre qualification que son assiduité à la messe. L’Intérieur, c’est le ministère où se sont illustrés Joseph Fouché ou Clemenceau. On mesure l’écart.

Premières mesures : porter à 72 heures le délai de garde à vue des présumés violeurs, et incarcérer les 100 plus gros narco-trafiquants (tiens, ils sont donc en liberté…). Vu qu’ils ont largement les moyens de s’offrir les services des plus grands avocats (Dupont-Moretti est disponible), sûr qu’ils tremblent déjà. Le peuple s’en fiche. Le peuple n’a plus aucune confiance ni en la police, impuissante à nettoyer les nids de frelons, ni en la Justice, qui renvoie dans la rue les agresseurs, condamne les délinquants récidivistes à des stages-poney et veille à ce que les OQTF ne soient pas exécutées. 72 heures ! Qui peut penser que c’est de la sévérité ? 72 heures avec présence d’un avocat dès les premières minutes. Trois repas par jour. Et des excuses pour finir.

A lire aussi: J’ai peur de la Justice de mon pays

Connaissez-vous le Daiyō kangoku ? C’est le système japonais de garde à vue — écoutez bien :

— Aux 72 heures initiales s’ajoutent 10 jours renouvelables — soit 23 jours sans accès à un avocat, trois boules de riz par jour, et des interrogatoires sévères tous les jours à grands coups de tonfa. Jusqu’à ce que l’on obtienne des aveux : l’aveu est le seul moyen de sortir du système judiciaire japonais. Avis aux touristes. Pourquoi croyez-vous que Carlos Ghosn a choisi de s’enfuir ?

— Cette détention se passe dans des prisons de substitution gérées exclusivement par la police. Amnesty International (oui, la même organisation qui condamne Israël et ignore le Hamas) a protesté, devant les abus physiques, les privations de sommeil, d’eau et de nourriture (et même d’hygiène intime) de ces centres. Mais les aveux, on les obtient — d’autant que la détention peut encore être prolongée.

— Les mineurs sont jugés avec efficacité : en dix ans, la délinquance des mineurs au Japon a baissé de 80%, pendant que la nôtre explosait.— Le résultat ? Une délinquance ordinaire réduite à rien du tout. Il n’y a rien de plus sûr qu’une rue japonaise. Vous pouvez laisser votre vélo sans cadenas, et vous ne risquez pas de vous faire agresser à coups de couteau dans le métro de Tokyo.

Nous ne nous donnons pas les moyens de réprimer les crimes. Un délinquant force un barrage ? On le laisse filer, de peur qu’une Traoré quelconque s’indigne — et on l’interviewe au lieu de la mettre illico en détention pour trouble à l’ordre public. Essayez de faire ça aux Etats-Unis. Deux salopards sous OQTF agressent une pharmacienne : le Parquet classe l’affaire sans suite. Une vieille dame, à Marseille, est agressée alors qu’elle promenait ses deux chiens, elle est rouée de coups, sexuellement molestée, et on lui tue ses deux bêtes. Et dans cette ville pleine de caméras, on n’arrête personne…

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J’entends d’ici les colombes bêlantes des organisations humanitaires subventionnées par l’État (quand cesseront ces dons à des organismes qui n’ont d’autre objectif que de défendre des voyous ?). Un vrai ministre de l’Intérieur n’hésiterait pas à prendre des mesures coercitives sérieuses, pour endiguer la suspicion, le mépris et la dérision dont la population dans son ensemble accable les forces de l’Ordre et de la Justice. « Tolérance zéro » est un objectif immédiat. Une racaille qui n’obtempère pas doit comprendre immédiatement qu’elle a eu tort. Après tout, Clemenceau, homme de gauche qui avait défendu l’amnistie des Communards et vrai républicain, n’a pas hésité, en 1905-1906, à faire tirer sur des grévistes dont l’action menaçait la stabilité de la France. Vous imaginez Retailleau prenant ce genre de mesures face aux black blocs ?

Ce gouvernement n’a pas plus d’avenir que le précédent, parce qu’il refuse de prendre les mesures que réclame le peuple, en sortant pour un temps de l’État de droit. Alors oui, la Ve République est mourante, parce que ce n’est plus une République, mais un conglomérat de politiciens mollassons, plus soucieux de leurs maroquins, de leurs futures retraites de cumulards et de leur jeu de chaises musicales que du bien-être de ce cher vieux pays.

Sur ce, bonne fin d’année !

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J’ai vu la fin du « Monde »

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La journaliste Eugénie Bastié © Hannah Assouline

Le président d’Avocats Sans Frontières salue la récente enquête d’Eugénie Bastié dans Le Figaro consacrée au fameux quotidien du soir.


J’aurai assisté à cela. À la fin d’une impunité. D’une manière d’omerta. D’un complot du silence qui prospérait sur la crainte obséquieuse et le corporatisme. Eugénie Bastié, de la maison Figaro, aura dynamité tout cela avec ses petites mains et sa tête bien faite. Par un article joliment troussé et une belle enquête.

Je ne sais plus depuis combien de temps j’attendais cela. Depuis bien avant le 7-Octobre. L’anti-israélisme pathologique du Monde, j’ai vécu avec, je me suis construit contre. Mais le 7-Octobre est arrivé. Avec les titres quasi pornographiques du quotidien du soir, où les faux bilans du Hamas sont tenus pour le Journal officiel, et ses terroristes éliminés pour de bien gentils journalistes.

Et il y a bien sûr Benjamin Barthe. Sans vouloir me pousser du col, je ne suis pas pour rien pour sa gloire. Je ne compte plus les articles et les tweets que je lui ai dédiés. Ainsi qu’à sa Muzna d’épouse palestinienne qui chante le 7-Octobre et pleure le jour de la mort du chef du Hamas. On dira ce qu’on voudra, mais les Barthe ne sont pas des faux jetons. Lui, sur sa page X n’hésite pas à approuver d’un « Yes my friend » un post selon lequel « Israël n’apporte que la mort ». Ou à relayer du François Burgat dans le texte. Elle est sans limites connues et justifie la mort des innocents. Elle devra donc en répondre en justice, Avocats sans frontières la voulant voir reconnue coupable.

Mais le mérite insigne d’Eugénie Bastié aura été dans son intelligente enquête et ses révélations. J’ignorais l’existence du « mur de Gaza » [un ensemble de dessins et slogans violemment antisionistes affichés dans un open space au siège du Monde à Paris, ndlr], qui me rappelle un autre « mur » d’immondices d’un Syndicat de la magistrature de la même texture, que je fis condamner malgré l’opposition magistrale du parquet. J’ignorais ces remarques qui ne fleurent pas le philosémitisme exacerbé, comme lorsqu’un journaliste lance à sa juive de collègue : « C’est mal parti pour ton aliyah. » J’ignorais ceux qui confessent qu’ils ont désormais un problème avec la communauté juive. J’ignorais ceux qui désapprouvent, dans un silence gêné.

Je savais néanmoins, en fréquentant d’aucuns de la chronique judiciaire, honnêtes et talentueux, qu’un fossé générationnel les séparait de jeunes pousses insoumises et avait métamorphosé les salles de rédaction en campus faussement rebelle.

Mais le plus important est sans doute ailleurs. Dans le fait que cette enquête ait été sans crainte publiée. Cela en dit long sur la fin de la domination de l’extrême gauche médiatique. Et sur la perte du respect ombrageux que Le Monde inspirait encore il n’y a pas deux ans. Le wokisme stupide est passé par là, et la cruelle réalité de l’immigration et de l’islamisme. Cette réalité encore plus forte que l’idéologie.

Le Monde était déjà à terre avant qu’il soit tombé.

Carter, pas un pacifiste béat

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Signature du Traite de paix d Camp David, 26 mars 1979. De gauche à droite, l'Egyptien Sadate, l'Américain Carter et l'Israélien Begin © HAAS ALAIN/SIPA

Une journée de deuil national et des funérailles solennelles sont prévues aux États-Unis pour Jimmy Carter, le 9 janvier, tandis que des hommages affluent mondialement pour saluer son engagement en faveur de la paix et des droits humains. Mais, il ne faudrait pas complètement omettre de rappeler quelques erreurs géopolitiques majeures du 39e président américain (1977-1981).


Il y a un aspect symbolique dans la mort de Jimmy Carter qui avait fêté ses cent ans et dont les obsèques nationales sont prévues pour le 9 janvier. Ce sera l’un des derniers événements présidés par Joe Biden. Ni Carter, ni lui n’ont pu obtenir le deuxième mandat qu’ils espéraient, le premier parce qu’il avait été battu par Reagan, le second parce qu’il n’était pas en état de se représenter. Là ne s’arrêtent pas les analogies entre les deux hommes, considérés par le public comme des présidents faibles. Le slogan de campagne de Reagan contre Carter était : « Let’s make America great again ». Trump s’est limité à retirer le « let’s », ce qui donne MAGA, et, comme c’est un homme d’affaires, il a déposé son slogan, ce que Reagan n’avait pas fait…

Contrairement à Biden, Carter était un outsider avant d’être élu président des États-Unis en 1976. C’était un ancien gouverneur de Géorgie, un inconnu se détachant grâce à une campagne minutieuse parmi de nombreux autres candidats démocrates contre Gerald Ford, devenu président après le Watergate. Au scandale qui avait conduit à la démission de Nixon, à la sensation du public d’une corruption à la Maison-Blanche, s’ajoutaient alors le marasme économique lié à la crise pétrolière de 1973 et l’humiliante constatation que les Américains présents à Saïgon s’étaient enfuis en panique en abandonnant leurs alliés sud-vietnamiens lors de la prise de la ville par les communistes en avril 1975.

1979, une année historique

Beaucoup rêvaient d’un homme nouveau. Ce fut Carter. Sa victoire contre Ford fut serrée, sa défaite contre Reagan fut massive.

Les hommages après décès ne lui accordent pratiquement qu’un seul succès : les pourparlers entre Begin et Sadate à Camp David, qui aboutiront au traité de paix signé en mars 1979 à la Maison-Blanche. Mais sans l’initiative de Sadate d’aller à Jérusalem et la décision de Begin d’abandonner le Sinaï, rien n’aurait eu lieu.

Carter envisageait le long terme, il a eu sur plusieurs sujets, comme l’énergie, des idées en avance sur son temps, reposant sur ses compétences d’ancien officier de sous-marin spécialisé dans le nucléaire, mais ce fut pendant sa présidence qu’eut lieu en Pennsylvanie l’incident de Three Mile Island qui, bien qu’il n’eût pas fait de victimes, entraîne l’abandon de la construction de centrales nucléaires aux États-Unis.

De plus, Carter ne savait pas manipuler un Congrès pourtant à majorité démocrate car il en ignorait les rouages et ne voulait pas les connaître. La tendance à moraliser de ce baptiste « born again », prêcheur du dimanche dans sa petite ville de Géorgie, devint le masque de son impuissance, comme lorsque dans un discours de juillet 1979, au plus fort de la stagflation et des pénuries de carburant, il blâma les Américains pour leur consommation excessive.

A lire aussi, John Gizzi: Ce que l’Amérique a fait le 5 novembre

En février de cette année, l’ayatollah Khomeini prit le pouvoir à Téhéran. Il institua un régime islamiste violemment anti-américain dans un pays qui était jusque-là pour les États-Unis un allié capital. Carter hésite, essaie de garder un semblant de coopération, mais quand en octobre il accepte, malgré les mises en garde de son entourage, l’entrée du Shah aux États-Unis pour des raisons médicales, les étudiants iraniens téléguidés par le régime envahissent l’ambassade et gardent 52 Américains en otages. Six mois plus tard, critiqué pour son inaction, Carter enclenchera une opération pour les libérer. Un grain de sable, ou plutôt une tempête de sable dans le désert iranien, imprévisible par les moyens techniques de l’époque, en fera un échec retentissant, qui portera le coup de grâce à sa réélection. Bien plus, c’est à Reagan que les Iraniens enverront les otages le jour même de sa prise de fonction, alors même qu’ils avaient obtenu de l’administration Carter, lors de négociations secrètes à Alger, d’énormes avantages financiers (sept milliards de dollars de l’époque) en paiement de rançon.

La même année 1979 voit pendant quinze jours la prise de la Grande Mosquée de La Mecque par des insurgés en révolte contre l’occidentalisation de la monarchie saoudienne. Elle voit aussi et surtout, fin décembre, l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan. Pour lutter contre cette nouvelle avancée communiste, tout en évitant un nouveau Vietnam, les Américains vont armer les moudjahidines afghans, auxquels vont bientôt s’agréger des militants islamistes du monde entier. Ils seront aidés par le Pakistan voisin, où la même année, le Président Zia ul-Haq, allié des Américains, a décrété la charia.

1979 est donc l’année où l’islamisme devient un facteur de la géopolitique mondiale alors que Carter, comme les autres dirigeants occidentaux, tel Giscard d’Estaing, le voyait comme une péripétie folklorique et locale. Ben Laden, les talibans, le Hamas, l’État islamique et l’auteur du massacre du 1er janvier à La Nouvelle-Orléans découlent de cette mauvaise analyse. Utiliser un ennemi pour lutter contre un autre ennemi est un art difficile, encore faut-il savoir qui sont les ennemis….

Des propos maladroits sur Israël

Carter n’était pas, contrairement à son image, un pacifiste béat. Son conseiller Zbigniew Brzezinski était obsédé par le danger communiste et considérait que Kissinger avait laissé trop de marge de manœuvre à l’URSS. C’est Carter qui a poussé à restructurer et moderniser l’armée américaine pour l’adapter aux défis du futur, c’est lui qui a édicté la doctrine Carter qui reste à la base de l’action militaire américaine au Moyen-Orient et stipule que les États-Unis interviendront militairement contre toute agression dans le Golfe persique. Reagan a tiré les bénéfices de cette inflexion, en même temps que l’intervention soviétique en Afghanistan tournait au désastre pour les Soviétiques. Mais le prix à payer de cette lutte contre l’emprise communiste fut de lâcher la bride à l’islamisme.

En s’appuyant sur la Conférence de Helsinki de 1975, que Kissinger avait supervisée sans trop y croire, l’administration Carter utilisa les Droits de l’Homme comme levier contre l’URSS.

Un jeune militant juif, du nom de Anatoli Chtcharanski, porte-parole du groupe de surveillance des accords d’Helsinki, arrêté à Moscou en 1977, écrivit plus tard, devenu Natan Sharanski, qu’il devait la vie au poids que les Droits de l’Homme avaient pris sous Carter.
Mais il fustige les positions de l’ancien président, transformé après son départ de la Maison-Blanche en activiste de ces mêmes Droits de l’Homme et gagnant au passage un Prix Nobel. Carter s’était révélé aussi indulgent envers les États ou mouvements islamistes qu’il était sévère à l’égard des implantations en Cisjordanie, contextualisant les premiers, ne contextualisant pas les secondes.

En 2008, il publia un livre où il parlait d’apartheid envers les Palestiniens. Il prétendit ensuite qu’il avait été mal compris et qu’en réalité, il admirait la démocratie israélienne, mais le mal était fait. Une fois le mot apartheid lâché en pâture au public, Israël devenait l’équivalent de l’Afrique du Sud raciste, avant que le mot de génocide ne l’envoie au niveau de l’Allemagne nazie.

Le vieil homme avait, du fond de sa bonne conscience, nourri une fois de plus l’hydre islamiste et ses alliés. L’enfer est pavé de bonnes intentions…

Et pendant ce temps, le concours du plus grand gangbang continue…

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La starlette d'Onlyfans Lily Phillips. Capture YouTube.

Alors que Gisèle Pelicot a acquis une notoriété dont elle se serait bien passée, sur le réseau social OnlyFans, des entrepreneuses rêvant de célébrité se font beaucoup d’argent en filmant leurs parties fines avec un nombre d’hommes record.


Des enquêtes suggèrent que le niveau de la libido collective, surtout chez les jeunes, est au plus bas, tandis que les commentaires sur le procès Pelicot nous font croire que les prédateurs masculins sont partout, obligeant les pauvres femmes à se réfugier dans le lesbianisme ou la continence.

Mais les réseaux sociaux, surtout OnlyFans (qui permet un modèle économique fondé sur le paiement à vue pour images et vidéos), nous racontent une autre histoire. Là, des travailleuses du sexe – de véritables Messalines entrepreneuses – mangent des hommes comme des bonbons et se font richement récompenser. La Texane Aella a fêté son anniversaire en février 2024 par une partouze avec 42 de ses fans. Au printemps, l’Australienne Bonne Blue, au cours de trois semaines passées à Cancun, a couché avec 122 vacanciers. À l’automne, elle a passé un mois dans différentes universités anglaises pour coucher avec 157 étudiants en première année. Son objectif déclaré ? Parfaire leur « éducation ». Mais le record appartient à l’Anglaise Lily Phillips qui, à 23 ans, est déjà à la tête d’une fortune de 2,5 millions d’euros. En octobre, elle a relevé le défi d’avoir des rapports sexuels avec 100 hommes en une journée, le tout filmé pour ses abonnés.

À lire aussi, du même auteur: Transition hard

Le 7 décembre, le documentariste Josh Pieters a publié sur YouTube un montage d’entretiens avec la jeune femme réalisés au cours du grand exploit. Devenue virale, la vidéo1 a déclenché un flot de commentaires en ligne et dans des revues comme Marie Claire. Se fondant sur les échanges de fin de journée, tous s’alarment du traumatisme physique et émotionnel que subirait Lily. Certes, elle paraît fatiguée. L’expérience était, selon elle, « dure » mais « intense » et « pas pour toutes les filles ». Elle finit même par sangloter doucement. Mais pour ceux qui regardent jusqu’à la fin, elle en donne l’explication : elle se sent coupable car elle avait promis à ses followers cinq minutes chacun, et certains n’ont eu droit qu’à deux ou trois. Simple réflexe de bonne commerçante !

Une semaine après, Lily Phillips a annoncé qu’en février 2025 elle relèverait le défi de satisfaire 1000 hommes en une journée. Après son assassinat, la vraie Messaline a subi la damnatio memoriae : toute trace d’elle a été effacée du domaine public. L’oubli : voilà le vrai traumatisme que redoutent ses émules numériques.

  1. https://www.youtube.com/watch?v=mFySAh0g-MI ↩︎

Vœux / Dissolution: Macron entre lucidité et défausse

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La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

Le président Macron a présenté pour 2025 des vœux sans souffle ni âme. S’il est mauvais, c’est parce que les Français sont divisés, a-t-il tenté de nous expliquer. Avant de se consoler en se comparant au voisin allemand…


Exercice obligé de chaque 31 décembre, les vœux présidentiels sont une figure de style qui peut être périlleuse quand le tenant du titre est totalement démonétisé. Visiblement, pour la première fois de son existence cathodique, Emmanuel Macron l’a compris et a joué l’humilité. A tel point qu’il s’effaçait même du tableau. La séquence s’est en effet ouverte sur un montage vidéo de quelques minutes qui mettait en avant la réussite collective. Pas de « moi je », mais un « nous » qui n’est pas de majesté mais met en scène l’engagement d’une nation, le dépassement et l’accomplissement commun. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Au moment où la conscience de notre déclin devient impossible à nier, où le niveau scolaire s’effondre, où l’échec de la réindustrialisation est patent et où notre modèle social devient insoutenable sans que les pouvoirs publics réagissent pour sauver l’hôpital, l’Assurance maladie, voire contribuent à aggraver la situation de notre système de retraites, c’était à un cocorico en mode « impossible n’est pas français » qu’Emmanuel Macron nous a convié mardi soir.

Une tentative de prendre de la hauteur pas encore aboutie

Le problème c’est qu’en même temps que le montage vidéo se déroulait, on n’entendait que le sous-texte fort peu subtil des communicants : « faut la jouer collectif, coco ». Fini le temps de l’ego et de l’autojustification en mode passif-agressif qui gâche la plupart des prises de parole du locataire de l’Élysée, vraiment ? Mardi, la posture était claire : il s’agira désormais de se positionner au-dessus de la mêlée, rassembleur, présidentiel en quelque sorte… Un exercice tellement compliqué pour ce président que cela ne pouvait aboutir qu’à cet effacement en début de séquence : la célébration d’une forme de génie français aurait été parasitée par sa présence à l’écran et aurait agacé s’il avait dû la faire face caméra.

Les Français ne lui reconnaissent pas cette capacité d’incarnation. Emmanuel Macron n’a jamais réussi à se dépasser lui-même ; il ne représente la France que sur le papier et toute tentative d’en incarner l’esprit est vue de sa part comme une imposture et une manipulation. Le choix d’une vidéo qui mettait surtout en avant le travail et l’engagement des Français à travers la célébration des JO et de la reconstruction de Notre-Dame était donc une bonne idée puisqu’elle évitait un abcès de fixation : la plupart des Français ont envie de célébrer la fierté d’avoir relevé de ses cendres Notre-Dame mais rechignent à mettre cet exploit au crédit de leur président, alors qu’il n’est pas pour rien dans cet accomplissement. Le choix de cette séquence introductive était donc intelligent mais révèle en creux à quel point la personne du président insupporte puisqu’alors même que la prise de parole était courte, sa présence a dû encore être limitée. Cela affecte directement la deuxième séquence. Celle où il va appeler au « ressaisissement collectif » alors qu’il est le moins en situation de l’inspirer.

Un mea culpa a minima

Mais avant, il fallait en passer par un chemin qu’Emmanuel Macron n’aime guère emprunter :  le mea-culpa. Mais là encore, impossible de trouver un itinéraire bis : il a fallu passer à Canossa et reconnaître que « la dissolution a produit plus d’instabilité que de sérénité ». Qu’en termes galants ces choses-là sont dites… Il faut surtout dire que ses tentatives récurrentes de se présenter en martyr incompris de l’irresponsabilité du monde politique dans son ensemble et de l’inconséquence des électeurs en particulier a exaspéré tout le monde. Amende honorable fut donc faite, certes a minima, mais après tout nul n’aime s’appesantir sur ses fautes, surtout lorsqu’elles résultent d’une incapacité à gérer ses humeurs et ses caprices.

On atteignait là le cœur du discours présidentiel, et ce mea culpa attestait le fait que ce trop immature président a toujours besoin de se poser en Tartarin de Tarascon même quand il rentre la culotte déchirée et la besace vide. Passons sur la rodomontade d’une France qui « continue d’être attractive » alors que les Français ne savent pas où il mène le pays, ne voient pas quel est le projet commun qui les unit et ne se sentent pas défendus alors qu’ils se savent attaqués, mais sur ce point le président n’avait rien à dire au pays. En revanche il avait bien un message à transmettre. A son opposition.

Le rejet permanent de la responsabilité

En effet sa sortie sur la légitimité du parlement « qui représente le pays dans sa diversité et donc aussi dans ses divisions » est une façon à nouveau de rejeter ses responsabilités : il n’est pour rien dans les divisions des Français et ils sont donc responsables de l’impossibilité à gouverner ce pays. Derrière la fausse reconnaissance des erreurs, la défausse continue.

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Mais ce passage visait surtout à mettre en valeur la seule véritable annonce concrète de la soirée, le fait de demander aux Français de « trancher des sujets déterminants ». Pour le grand public, c’est l’annonce de référendums et donc une forme de reprise en main sur la décision publique. Certes cela satisfait les attentes du pays qui n’est pas si divisé sur un certain nombre de sujets essentiels : immigration, sécurité, protection sociale… Mais, il est naïf de croire que cette annonce aura d’autres effets que de permettre au président de tenter de reprendre symboliquement la main. Son but essentiel est de faire passer un message : « je ne démissionnerai pas et si le parlement me contrarie, je passerai par-dessus sa tête pour tenter de retrouver l’onction populaire. » Derrière des vœux « rassembleurs », le rapport de force d’un homme qui ne sait composer avec personne. Et peut-être pas même avec ce peuple qu’il ne voit que comme un outil pour déstabiliser ses adversaires politiques. Aucune vision d’avenir ne se dessine donc au terme de cette séquence.

La reconnaissance de l’échec actuel de l’Europe

Finalement le plus intéressant de ces vœux vient de la reconnaissance de l’échec et de la naïveté de l’Europe. Mais le vœu pieu qui en ressort montre à quel point la prise de conscience ne débouche sur aucune perspective d’action. Cela a d’ailleurs donné lieu à un moment cocasse, celui où le président essaie encore de se dédouaner de son échec personnel en montrant du doigt son homologue allemand. Lui aussi en pleine tourmente politique. Là encore on entend bien la musique de l’irresponsabilité : « je ne suis pas responsable du chaos, regardez l’Allemagne n’est pas en meilleure posture que nous. » Il se trouve que les dirigeants allemands souffrent sans doute de tares identiques aux siennes et ont accumulé les erreurs évitables, comme lui et ses prédécesseurs. Aucun des deux pays n’est une pure victime des circonstances et vouloir nous le faire croire c’est nous désarmer encore et renoncer à nous défendre comme à nous relever. Pour que l’action politique soit crédible encore faut-il qu’elle soit vue comme capable d’avoir une prise sur la réalité. Derrière l’apparence de reconnaissance de la souveraineté populaire, on trouve surtout la démagogie utilisée comme tactique pour gagner du temps. 2025 n’a pas vraiment commencé mais le temps parait déjà long…

Il parait d’autant plus long qu’il a finalement manqué quelque chose d’essentiel à cette cérémonie de vœux : de l’humanité. Ce président à bout de souffle n’a pas eu un mot pour ceux des nôtres victimes de cette idéologie totalitaire qui menace le monde et l’Europe, l’islamisme. Pas un mot sur nos compatriotes otages aux mains du Hamas depuis le 7-Octobre. Pas un mot sur la violence antisémite qui s’abat sur le pays. Pas un mot sur l’embastillement de Boualem Sansal en Algérie. Là où certaines nations mettent un point d’honneur à être toujours là pour leurs citoyens, le président français a lui donné l’impression de s’en laver les mains. En revanche, l’Élysée n’a pas manqué de mettre en avant des causes qui ne nécessitent aucun courage politique. La tentative d’annexion de l’affaire Pelicot dans l’introduction vidéo des vœux était à ce titre dérangeante. Celle qui a fait preuve de courage, c’est Gisèle Pelicot. Mais cette force lui appartient. En revanche, exhiber sa vertu en s’indignant sur cette affaire n’est pas une preuve présidentielle de courage mais d’opportunisme. La condamnation étant unanime, les politiques ne prennent aucun risque à se positionner sur ce dossier… En revanche, ignorer la souffrance des Juifs de France et abandonner un écrivain à son sort pour ne pas engager le rapport de force avec un pays malade et corrompu, choisir d’ignorer que le Hamas a esclavagisé deux de nos compatriotes, c’est choisir de ne pas se tenir aux côtés des citoyens quand ils sont sous la mitraille. C’est choisir aussi de ne pas regarder en face le fait que nous avons sur notre territoire des représentants de ces idéologies violentes et corrompues et que certains siègent jusqu’au parlement – et pas à l’extrême-droite de l’hémicycle. C’est oublier enfin que ces idéologies entendent constituer une armée de réserve et agissent patiemment politiquement sur notre territoire pour y arriver. Le choix du déni plutôt que le soutien apporté à ceux des nôtres otages de conflits qui les dépassent n’est pas étonnant venant de ce président, mais ne présage rien de bon pour 2025.

Russie: les soldats nord-coréens et la veuve poignet

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© Artyom Geodakyan/TASS/Sipa USA/SIPA

Des sources concordantes affirment que les soldats nord-coréens pas encore mobilisés sur le front ukrainien profiteraient de leur présence en Russie pour rattraper leur retard en visionnage de porno.


Selon des rapports de l’OTAN et du Pentagone, près de 10 000 soldats nord-coréens auraient été déployés en Russie pour appuyer les forces armées russes en Ukraine. Le quotidien The Guardian, qui a consacré plusieurs articles sur le sujet, a précisé que la plupart des soldats concernés ne sont que des adolescents ou de jeunes adultes, formés dans des régions montagneuses du « pays du secret ». Leur inexpérience des champs de bataille ouverts et plats en Ukraine n’inciterait pas encore Moscou à utiliser ces renforts inattendus plus que de raison. 

Conséquence de leur inactivité, habituellement privés de toute connexion mondiale, ces jeunes recrues Nord-Coréennes se seraient précipitées sur le net afin de consommer massivement de la pornographie. Du moins, c’est ce qu’affirme The Byte dans un article publié le 5 novembre 2024. Gideon Rachman, a confirmé cette information sur X (anciennement Twitter), citant une source « généralement fiable »« Les soldats nord-coréens déployés en Russie n’ont jamais eu un tel accès à Internet auparavant. En conséquence, ils se gavent de pornographie », a écrit ce principal commentateur des affaires étrangères au Financial Times. 

Si ces bombes hormonales ont fait des dégâts manuels parmi les soldats du président Kim Jong-Un, que cette information peut prêter à sourire, ce phénomène met aussi en lumière la situation extrêmement restrictive sur le numérique en Corée du Nord. Depuis l’arrivée au pouvoir du « Grand soleil du XXIe siècle » en 2011, le régime a renforcé la censure sur internet et le contrôle des communications pour isoler la population du monde extérieur. 

La détention, la création, la diffusion et l’importation de contenu pornographique sont strictement réprimées par les autorités nord-coréennes. Ce qui n’empêche pas les téléchargements illégaux et la contrebande de films X, provenant essentiellement de Chine et de Corée du Sud, d’avoir de beaux jours devant elle dans le pays de Kim Jong-Un, avec une demande de plus en plus forte selon diverses études sur le sujet, y compris chez les diplomates en poste à l’étranger.

Interrogé sur ces informations, le Pentagone a préféré rester prudent. Le porte-parole du ministère américain de la Défense, le major Charlie Dietz, a déclaré que ses services n’avaient pas décelé ni ne pouvait confirmer « aucune connexion Internet nord-coréenne inhabituelle » se déroulant en Russie. Il a néanmoins rappelé que son organisation se concentrait uniquement sur des enjeux militaires sérieux, comme le soutien à l’Ukraine et la surveillance des relations stratégiques entre Moscou et Pyongyang, et non sur des questions concernant l’engouement des Nord-coréens pour la veuve-poignet.

Le métro bruxellois, symbole du déclin de la capitale belge

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© Shutterstock/SIPA

Le métro bruxellois s’est peu à peu reconverti en escape game urbain, déplore notre chroniqueur


Jusqu’à il y a un lustre environ, le métro bruxellois était une des dernières choses qui, dans la capitale belge, fonctionnait à peu près correctement. Depuis, la triste réalité qui se joue au grand air est descendue d’un étage : trafic de drogue, insécurité, matériel défaillant, chantier aux coûts faramineux… La mélodie en sous-sol, dictée par le passage des engins mécaniques, le signal sonore annonçant la fermeture des portes et le martèlement des pas pressés, s’est transformée en cacophonie mêlant les plaintes des navetteurs mécontents, les importuns venus pourrir la vie des voyageurs et les disputes politiques.

La vidéo a récemment fait le tour des réseaux sociaux : on y voit un homme traîner sa victime sur les voies de la station Ribaucourt, située sur le territoire d’une commune sensible de Bruxelles1. La scène s’ajoute à d’autres clichés ayant circulé ces dernières semaines et montrant, entre autres, des individus vendre de la drogue en pleine rame2. Tout ceci n’est que la partie immergée d’une réalité obscure touchant chaque jour les navetteurs.

Tandis que les stations du métro parisien sont marquées par un aménagement relativement uniforme (édicules Guimard, carrelage blanc…), leurs homologues bruxelloises se singularisent par leur diversité, entre hommages, à Hergé (au terminus de Stockel avec ses représentations des personnages de Tintin), Eddy Merckx (et le vélo du record de l’heure exposé dans la station portant le nom du champion cycliste) ou aux victimes de l’attentat du 22 mars 2016 (Maelbeek), peintures (Roger Somville à Hankar, fresque géante représentant la vallée de la Woluwe dans la station Vandervelde) ou photographies de mode (Gare de l’Ouest). 

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Une autre partie se joue désormais. Certaines stations sont désormais des hauts lieux du trafic de drogue où les dealeurs ne doivent plus se cacher ; dans d’autres, le sol est jonché de détritus quand il ne s’agit pas carrément de trainées d’urine s’écoulant sur vos souliers – vous me direz que ceci doit être universel – ; à peu près partout le voyageur est importuné par les interpellations agressives quand il n’est pas victime de vols à la tire ; on en viendrait presque à oublier les petites incivilités, les stickers anti-israéliens, les publicités vantant la diversité à laquelle plus personne ne croit ou le fait que plus personne ou presque ne cède encore sa place à une personne âgée ; à l’aurore, il s’est trouvé à plusieurs reprises des individus coincés dans les volets mécaniques…

Dans une région qui part à vau-l’eau, il n’est pas rare que le voyageur soit confronté, au cours du même trajet, à la panne de l’escalator qui le mène à la station, au retard de son métro (pour des motifs aussi divers que des problèmes techniques, l’intrusion sur les voies…) et au non-fonctionnement des portiques de sécurité. Et quand ces derniers sont en état de marche, il est fréquent que des « colleurs » se frottent à lui pour resquiller (on imagine que cela peut être encore plus perturbant pour les femmes : allô les féministes ?). Mais pas de problème, selon la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles (STIB), « vous avez la possibilité, si cela vous dérange, d’emprunter le sas réservé aux personnes handicapées »3. Peu semble s’émouvoir du coût de la fraude : on croise d’ailleurs rarement un contrôleur dans le métro bruxellois et encore moins dans les stations « chaudes ». Enfin, la saga de l’extension du métro, dont l’inauguration est sans cesse reportée, ne manque pas d’ajouter du discrédit sur les décideurs bruxellois, entre pressions politiques des écologistes pour faire avancer le dossier, impréparation du chantier et méconnaissance de la composition du sous-sol bruxellois. Surtout, le budget faramineux n’en finit pas d’exploser et est aujourd’hui estimé à plus de cinq milliards d’euros. Avouez que, sans réaction des protagonistes, ce sera cher payé la salle de shoot.


  1. https://www.7sur7.be/faits-divers/un-individu-traine-sur-les-voies-lors-dune-bagarre-a-la-station-ribaucourt-a-molenbeek-cela-aurait-pu-tres-mal-se-terminer~ae48fb964/ ↩︎
  2. https://x.com/dimitristrobbe/status/1850980432046694591 ↩︎
  3. Réponse qui me fut un jour donnée par un employé de la STIB alors que j’exprimais mon mécontentement ! ↩︎

Les vœux du commentateur

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Voeux à la télévision du président de la République, 31 décembre 2024 © Jacques Witt/SIPA

Lors de ses vœux, entre un mea culpa rapide et des promesses de référendum sans jamais dire le mot, le président Macron a prouvé qu’en politique il faut parfois savoir danser le moonwalk: avancer en reculant.


On attendait la prestation. On se disait : « Que trouver encore à dire quand on n’a plus guère la main sur rien ? » Certes, on connaissait le goût du président pour l’oralité. Nous avons eu des heures et des heures de discours au fil des sept années de sa présence à l’Élysée. Mais chaque fois, nous pouvions nous dire que les mots que nous entendions avaient une chance de s’inscrire dans le réel, dans la vie politique, sociale du pays. Mais là ? Là, dans ce moment crépusculaire de fin de règne, qu’inventer, quelle formule saillante fourbir pour, non pas soulever l’enthousiasme, mais seulement espérer susciter l’intérêt ?

Le président a choisi une stratégie. Il s’est fait commentateur. À la manière de ceux que nous avons à la télévision et qui, d’une voix off, nous racontent ce que l’image nous montre. C’est ainsi que le président nous a proposé une sorte de film des grands moments de l’année, les commémorations du quatre-vingtième anniversaire du Débarquement, en juin, puis la grande parenthèse enchantée des Jeux Olympiques de cet été, et enfin la réouverture fastueuse, splendide, émouvante de Notre-Dame. C’était beau, vraiment. « Impossible n’est pas français », commenta le locuteur. On ne le voyait pas à l’écran, preuve s’il en est que l’heure était bien, comme l’Élysée en avait fait courir le bruit dans la journée, à l’humilité. Suivit de près une exhortation, de celles qu’on entend traditionnellement dans la bouche de chef au réveil du camp scout : « Restez unis, déterminés, solidaires. » Là, probablement, étions-nous quelques-uns à attendre une marque de solidarité, justement, avec nos otages encore détenus par le Hamas et notre écrivain Boualem Sansal, arbitrairement emprisonné dans les geôles algériennes, agressions qui constituent, qu’on le veuille ou non, une grave humiliation pour notre pays. Mais l’humilité et la lucidité en ce soir de vœux présidentiels n’allaient pas jusque-là, de toute évidence.

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Commentateur, le chef de l’État se le fait encore – mais bien visiblement cette fois – pour aborder la dissolution de l’Assemblée nationale et ses très regrettables conséquences. Cela n’a pas donné le résultat escompté, constate-t-il dans une esquisse de mea culpa. Sous-entendu « J’ai redonné la parole aux Français, et voilà ce qu’ils en ont fait. » (Là, on se dit qu’on ne le changera jamais tout à fait…) À ceci près que, la parole, les Français venaient de l’avoir aux européennes et on ne voit pas très bien comment ni pourquoi ils se seraient exprimés dans un autre sens. Cependant, cette parole précisément, il n’exclut pas de nous la redonner afin que « chacun d’entre nous étant utile », puisse « trancher telles ou telles questions ». Referendum ou convention nationale, c’est-à-dire parlotte grand format et à peu près inutile ? Cela reste flou.

Redonner la parole au peuple pour un référendum n’est évidemment pas sans risques, vu le niveau de cote dont l’intéressé dispose désormais dans l’électorat. Mais peut-être bien, que, amateur de théâtre – et de théâtralité – comme il l’est, il se verrait bien un destin à la De Gaulle afin de sortir malgré tout du jeu avec une once de panache. Poser une consultation, la perdre et replier ses gaules pour se retirer sous sa tente au Touquet ? Cela aurait certes meilleure allure qu’une destitution ou un limogeage quasi constitutionnel. Est-ce à un scénario de ce type qu’il songeait en évoquant la nécessité de mettre de l’audace dans les décisions en 2025 ? On ne peut savoir. Les choses restent peu claires aujourd’hui comme hier. Les vœux, il est vrai, étaient courts, plus courts que les fois précédentes. Et l’année qui vient sera longue. Bien longue. Au Vive la République, Vive la France de la fin, on se prenait à se demander si, de nous ou du président, ce n’était pas ce dernier qui était en plus grand besoin de bons vœux pour ces douze mois.

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La France, pays des droits de l’homme ou pays des Français ?

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Manifestation lors de la Journée internationale des migrants, Paris, le 4/12/2024. SIPA

Quand on qualifie la France de « pays des droits de l’homme », c’est souvent pour abolir implicitement la distinction entre citoyens et non-citoyens afin de priver les premiers de leurs droits. Aurélien Marq raconte son plus grand succès sur les réseaux sociaux, succès qui devrait susciter une prise de conscience générale.


« La France n’est pas le pays des droits de l’homme, mais le pays des Français. La France est une nation, pas une ONG. »

Ce qui m’apparaissait comme une affirmation de simple bon sens s’avère l’un de mes plus grands succès sur X/twitter. Ce post, écrit en commentaire d’une déclaration d’un élu LFI qui plaidait pour l’accueil inconditionnel et toujours plus généreux de toujours plus de migrants, atteint à ce jour plus de 5000 « likes », ce qui est considérable pour un compte comme le mien. Je n’en parle pas ici pour me vanter (même si ce succès est agréable) mais parce que l’engouement suscité par ce tweet m’interroge, et m’inspire autant d’espoir que d’inquiétude.

https://twitter.com/AurelienMarq/status/1871481073353502954

Pourquoi tant de gens ont-ils réagi à ce qui est – ou devrait-être – une banalité ? Justement parce que ce n’en est plus une. Ce qui est inquiétant, d’autant plus qu’à la réflexion je vois bien que le principe que j’ai rappelé n’est hélas plus qu’un vœu pieux, et que rien ne garantit qu’il redeviendra un jour une réalité. Mais aussi parce que beaucoup d’internautes ne sont manifestement pas dupes. Ce qui est réjouissant.

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Bien sûr, la France pays des Français peut être aussi le pays des droits de l’Homme, comme elle est le pays des châteaux de la Loire, le pays de Jeanne d’Arc, le pays de Ronsard, le pays de Cyrano, le pays des fromages et des bons vins. Mais ce n’est pas ainsi qu’on l’entend de nos jours. Appeler aujourd’hui la France « pays des droits de l’Homme », c’est d’abord oublier « et du Citoyen », alors que ce point est essentiel puisqu’il fonde aussi bien la Nation que la démocratie et la république. Mais il dérange : reconnaître des droits au Citoyen, c’est-à-dire aux citoyens, c’est en exclure les non-citoyens. Ces droits-là, ceux qui ne sont pas citoyens français doivent en demander des comptes à leurs pays respectifs, pas à la France. Distinction que rêvent d’abolir ceux qui voudraient détruire l’identité, qui est le fondement de la décence commune et donc la protection des plus fragiles. Cette identité, qui est ce dont parlait Marc Bloch disant de la France : « J’ai bu aux sources de sa culture, j’ai fait mien son passé », ajoutant qu’il fut « nourri de son héritage spirituel et de son histoire », pour conclure : « je meurs, comme j’ai vécu, en bon Français. » 

Effacer la distinction entre citoyens et non-citoyens, c’est supprimer la citoyenneté, c’est réduire la France à un territoire à administrer, temporairement occupé par des locataires de hasard, un hub d’aéroport à gérer, une zone d’activité. C’est donc déposséder le Peuple pour offrir le pays à des intérêts économiques. Ou bien, c’est accaparer le pays au profit d’un idéal militant, d’un fantasme d’ingénierie sociale, en faire le local d’une ONG dont les Français seraient les contributeurs captifs, mis de gré ou de force au service de la cause choisie par cette ONG – mais certainement pas par les citoyens – et au profit, bien sûr, des idéologues, des gardiens du dogme, des militants, des relais et des clientèles de l’ONG en question. Ah, les milliards d’euros pris aux contribuables et versés aux associations, à la politique de la ville, à l’audiovisuel public partisan…

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Comme d’autres peuples, le Peuple Français prend douloureusement conscience qu’il a été petit à petit privé du droit de disposer de lui-même. Tenter de justifier cette dépossession par les droits de l’Homme est absurde. Parce qu’il a pris conscience d’une vérité universelle, et qu’il l’a proclamée pour que le reste du monde puisse la faire sienne, la Peuple français n’aurait plus droit à une patrie ? Son passé l’oblige, certes, mais ne l’oblige certainement pas à se nier, se dissoudre, s’abolir ! Le « cercle de la Raison » tente de disqualifier ce constat en parlant de « populisme », et affirme sans rire que la vraie démocratie, la démocratie républicaine, c’est quand peu importe la volonté du peuple, à la fin c’est toujours Laurent Fabius qui décide. 

Mais le déni ne tient plus face à la pression, hélas souvent tragique, du réel. Car le bilan du « cercle de la Raison », au pouvoir depuis plus de 40 ans, c’est qu’il nous faut désormais mettre des plots en béton à l’entrée des marchés de Noël, placer des gardes armés devant les églises pour la messe de minuit, bunkeriser les synagogues, et mobiliser 100.000 policiers et gendarmes pour le Nouvel An. Sans oublier le surendettement de l’état (en réalité, la vente du pays à la découpe), l’effondrement du niveau scolaire, le délitement de l’hôpital public, une fiscalité devenue folle, et le projet de faire réaliser de nouveaux vitraux pour Notre-Dame par une artiste qui glorifiait Assa Traoré. Étrange «raison», en vérité. Et tout le monde le sait, même si tout le monde n’ose pas se l’avouer… pour le moment.

Il n’est pas trop tard pour éveiller les consciences assoupies, raviver le courage de voir ce que l’on voir, et déculpabiliser la lucidité.

A paraître en janvier 2025.

« Bird », film social anglais frelaté

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© Atsushi Nishijima

Bailey, une jeune fille de 12 ans qui se rapproche de la puberté, découvre sa propre métamorphose alors qu’elle devient amie avec un mystérieux homme-oiseau venu se nicher près de son squat du Kent… Le film France inter raté de la semaine.


Il était revenu bredouille du dernier Festival de Cannes. Pourtant, Bird, le nouveau film de la cinéaste britannique Andrea Arnold, cochait toutes les bonnes cases féministes et sociales en vogue sur la Croisette. En digne émule du survolté Ken Loach, la réalisatrice y dépeint, non sans une certaine complaisance, la vie quotidienne forcément sinistre d’un adolescent qui vit dans un squat du Kent. Le film pourrait alors se contenter de dérouler un protocole compassionnel déjà vu et éprouvé un peu partout. Mais, consciente sans doute des limites et redondances d’un genre éculé, Arnold y adjoint une touche de fantastique, à l’aide d’un personnage fantomatique surnommé « Bird ». La survenue de l’irrationnel suffit-elle à préserver le film de ses gros défauts originels ? Non, hélas, d’autant plus que cet apport se révèle bien peu iconoclaste et fort consensuel. À la compassion se mêle alors l’attendrissement. Au cinéma aussi, l’excès de sucre est mauvais pour la santé.

1h58


Retailleau / Darmanin, couple fatal

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L'enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli © BALTEL/SIPA

Des semaines passées à former un gouvernement de bras cassés, deux zigotos soucieux de donner une bonne image d’eux-mêmes et qui ne savent rien du peuple qu’ils administrent, une France en état d’insurrection larvaire… Le diagnostic de notre chroniqueur n’est pas tendre !


L’un était ministre de l’Intérieur, il passe à la Justice — sans que l’on se demande s’il a une quelconque compétence dans l’un ou l’autre de ces domaines. L’autre est nommé à l’Intérieur, sans autre qualification que son assiduité à la messe. L’Intérieur, c’est le ministère où se sont illustrés Joseph Fouché ou Clemenceau. On mesure l’écart.

Premières mesures : porter à 72 heures le délai de garde à vue des présumés violeurs, et incarcérer les 100 plus gros narco-trafiquants (tiens, ils sont donc en liberté…). Vu qu’ils ont largement les moyens de s’offrir les services des plus grands avocats (Dupont-Moretti est disponible), sûr qu’ils tremblent déjà. Le peuple s’en fiche. Le peuple n’a plus aucune confiance ni en la police, impuissante à nettoyer les nids de frelons, ni en la Justice, qui renvoie dans la rue les agresseurs, condamne les délinquants récidivistes à des stages-poney et veille à ce que les OQTF ne soient pas exécutées. 72 heures ! Qui peut penser que c’est de la sévérité ? 72 heures avec présence d’un avocat dès les premières minutes. Trois repas par jour. Et des excuses pour finir.

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Connaissez-vous le Daiyō kangoku ? C’est le système japonais de garde à vue — écoutez bien :

— Aux 72 heures initiales s’ajoutent 10 jours renouvelables — soit 23 jours sans accès à un avocat, trois boules de riz par jour, et des interrogatoires sévères tous les jours à grands coups de tonfa. Jusqu’à ce que l’on obtienne des aveux : l’aveu est le seul moyen de sortir du système judiciaire japonais. Avis aux touristes. Pourquoi croyez-vous que Carlos Ghosn a choisi de s’enfuir ?

— Cette détention se passe dans des prisons de substitution gérées exclusivement par la police. Amnesty International (oui, la même organisation qui condamne Israël et ignore le Hamas) a protesté, devant les abus physiques, les privations de sommeil, d’eau et de nourriture (et même d’hygiène intime) de ces centres. Mais les aveux, on les obtient — d’autant que la détention peut encore être prolongée.

— Les mineurs sont jugés avec efficacité : en dix ans, la délinquance des mineurs au Japon a baissé de 80%, pendant que la nôtre explosait.— Le résultat ? Une délinquance ordinaire réduite à rien du tout. Il n’y a rien de plus sûr qu’une rue japonaise. Vous pouvez laisser votre vélo sans cadenas, et vous ne risquez pas de vous faire agresser à coups de couteau dans le métro de Tokyo.

Nous ne nous donnons pas les moyens de réprimer les crimes. Un délinquant force un barrage ? On le laisse filer, de peur qu’une Traoré quelconque s’indigne — et on l’interviewe au lieu de la mettre illico en détention pour trouble à l’ordre public. Essayez de faire ça aux Etats-Unis. Deux salopards sous OQTF agressent une pharmacienne : le Parquet classe l’affaire sans suite. Une vieille dame, à Marseille, est agressée alors qu’elle promenait ses deux chiens, elle est rouée de coups, sexuellement molestée, et on lui tue ses deux bêtes. Et dans cette ville pleine de caméras, on n’arrête personne…

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J’entends d’ici les colombes bêlantes des organisations humanitaires subventionnées par l’État (quand cesseront ces dons à des organismes qui n’ont d’autre objectif que de défendre des voyous ?). Un vrai ministre de l’Intérieur n’hésiterait pas à prendre des mesures coercitives sérieuses, pour endiguer la suspicion, le mépris et la dérision dont la population dans son ensemble accable les forces de l’Ordre et de la Justice. « Tolérance zéro » est un objectif immédiat. Une racaille qui n’obtempère pas doit comprendre immédiatement qu’elle a eu tort. Après tout, Clemenceau, homme de gauche qui avait défendu l’amnistie des Communards et vrai républicain, n’a pas hésité, en 1905-1906, à faire tirer sur des grévistes dont l’action menaçait la stabilité de la France. Vous imaginez Retailleau prenant ce genre de mesures face aux black blocs ?

Ce gouvernement n’a pas plus d’avenir que le précédent, parce qu’il refuse de prendre les mesures que réclame le peuple, en sortant pour un temps de l’État de droit. Alors oui, la Ve République est mourante, parce que ce n’est plus une République, mais un conglomérat de politiciens mollassons, plus soucieux de leurs maroquins, de leurs futures retraites de cumulards et de leur jeu de chaises musicales que du bien-être de ce cher vieux pays.

Sur ce, bonne fin d’année !

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