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La boîte du bouquiniste

« Paris est la seule ville du monde où coule un fleuve encadré par deux rangées de livres », dixit Blaise Cendras. Causeur peut y dénicher quelques pépites…


Le 9 mars 1990, sur le plateau d’ « Apostrophes », Bernard Pivot reçoit Boris Eltsine et le philosophe et sociologue Alexandre Zinoviev, expulsé de Russie en 1978, à la suite de la parution des Hauteurs béantes, livre satirique sur la société soviétique. Ce soir-là, il est question de ses deux derniers ouvrages – Les Confessions d’un homme en trop et Katastroïka – livres interdits en URSS malgré la glasnost encouragée par Mikhaïl Gorbatchev depuis 1986. L’action de Katastroïka se déroule à Partgrad, ville imaginaire d’une province typique de la Russie soviétique, avec ses usines, ses écoles militaires et ses « maisons misérables, magasins vides, longues files d’attente et autres attributs de la vie de province russe ». Pour mieux faire apprécier la perestroïka, le Comité central du PC décide de faire de Partgrad une ville modèle où les Occidentaux seront autorisés à venir découvrir les tares soviétiques, mais aussi les premiers progrès dus aux réformes initiées par Gorbatchev. Une commission spéciale est créée par un apparatchik de la région, Souslikov, lequel rêve surtout de voir son buste de bronze sur la place principale de la ville qu’il espère pouvoir un jour rebaptiser Souslikovgrad. Pour Zinoviev, la Russie pérestroïkaïsée demeure intrinsèquement communiste et souffre des mêmes maux que celle de Staline. Partgrad est une façade. Au fond rien ne change : la production industrielle et les rendements agricoles restent erratiques ; la vodka, trop chère, est remplacée par la « gorbibine », alcool frelaté « dont une seule goutte aurait suffi à empoisonner une ville européenne moyenne » ; les oligarques locaux sont tous corrompus ; etc. La perestroïka, écrit Zinoviev, n’est pas un progrès mais « une crise, une maladie de la société communiste » – et l’écrivain satiriste de décrire des scènes hilarantes où se côtoient, encore et toujours, l’absurdité bureaucratique, la bêtise brutale, la cupidité des carriéristes du Parti, et l’ingénieuse débrouillardise des Russes imbibés de « gorbibine ».

Antistalinien dès son adolescence, Zinoviev avouera pourtant avoir connu une « crise morale » dépressive après la mort de Staline, crise accentuée par son exil en Europe où il ne se sentit jamais à sa place. « Si j’étais né ici, je serais entré en opposition avec le système », écrit-il en critiquant la « gorbimania » occidentale et en considérant que « nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique ou, si vous préférez, de la démocratie totalitaire ». En Allemagne, où il vit à l’époque, la parution de Katastroïka est boycottée par le milieu médiatico-culturel qui lui reproche, affirme-t-il, « de ne pas vouloir lécher le derrière de Gorbatchev ». Rares sont les intellectuels occidentaux faisant aujourd’hui référence à cet auteur original, paradoxal, virulent et, pour certains, visionnaire – ses propos sur la manipulation des masses en Occident, entre autres « le mensonge médiatique qui, ayant monopolisé les appréciations morales, prend la forme du bien tandis que les tentatives de le dévoiler prennent la forme du mal », résonnent cruellement aux oreilles des nationalistes européens qui subissent, avec la complicité des médias, les oukases de l’impériale Commission européenne. Comme la plupart des livres de Zinoviev, Katastroïka n’a jamais été réédité.

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Ces géants de pierre, de papier et de télé

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À défaut d’une liste de bonnes résolutions, Monsieur Nostalgie place l’année 2025 sous le signe du mystère magnétique, de la ballade italienne et de la farce policière française. En ce premier dimanche de janvier, il nous invite à partir sur l’île de Pâques, à écouter Lucio Battisti et à revoir le faux couple Car(r)el dans le poste !


La nostalgie guide notre monde intime. Sans elle, nous serions amputés de notre ration de survie. De notre dernière réserve d’humanités. Comment supporter la déchéance des temps nouveaux sans s’accouder au zinc des temps anciens ? Pour les Hommes de cœur, c’est une question d’équilibre mental, de stabilité éthique. À trop s’adonner au robinet de l’actualité, on finit par imbiber son corps et son esprit, d’un poison délétère, la détestation de soi-même. Sans la curatelle du passé, notre présent n’aurait aucune matérialité, aucun écho, il se déroberait sous nos pieds, nous marcherions comme les ivrognes d’un pas mal assuré. Le passé fantasmé ou pas, idolâtré ou pas est la seule clé pour entrouvrir les vies verrouillées.

L’île mystérieuse

Alors, je continuerai cette année encore à diffuser mes vieilleries, à partager avec vous, mes dérivations sentimentales et à plonger dans la naphtaline. Dans cette période incertaine où le dégoût de la politique et la surveillance morale nous empêchent de penser sereinement, où aucun horizon plausible ne semble se dessiner, il est bon de puiser une force tellurique dans les civilisations les plus lointaines. Un peu de mystère ne nuit pas aux rationnels, aux besogneux et autres convoyeurs de malheur qui tentent de nous gouverner. On peut s’étonner, mais la mémoire médiatique est plus que parcellaire, que le nom de Francis Mazière (1924 -1994) ait disparu des cadres. Cet archéologue et ethnologue à la voix radiophonique, dissident par nature, explorateurs des peuples primitifs, aurait eu 100 ans. Comme je l’écris souvent dans ces colonnes, la littérature emprunte des chemins de traverse. Je me suis intéressé à ce scientifique, conférencier génial, qui fut très médiatisé dans les années 1960-1970 par une anecdote familiale. Mon beau-frère, collectionneur de Citroën GS et CX, grand ordonnateur de la fin tragique des Trente Glorieuses, par l’entremise d’un antiquaire, a acheté, un meuble de salon ayant appartenu à cette figure inclassable. Pour se rendre compte de l’impact qu’a eu Mazière sur les jeunes générations, il faut le voir, en mouvement, raconter ses aventures et ses découvertes. Il crève l’écran. Le bourlingueur passionné et passionnant tance les tenants de la science pure en les renvoyant à leurs études. Lui, contrairement aux bureaucrates de l’expédition, il a vu de ses yeux les fils indiens d’Amazonie, l’archipel du Tiki, le désert du Sinaï et les statues géantes de l’île de Pâques. Son best-seller Fantastique île de Pâques paru chez Robert Laffont en 1965 a figuré dans la collection « Le Livre de Poche exploration » aux côtés des stars de l’aventure qu’étaient Alain Bombard, le Commandant Cousteau, Maurice Herzog, Haroun Tazieff et Paul-Emile Victor. Ce livre de poche était même offert dans les stations Elf. Mazière se fait un extraordinaire pédagogue, charmeur et convaincant, dans le documentaire « Cap sur l’aventure » (disponible gratuitement sur le site de la RTS). Il possède l’aplomb et le charisme des gens pénétrés par une autre vérité. En 1975, dans Apostrophes, il nous met en garde contre les conclusions hâtives d’un progressisme répondant à tout et nous demande d’être modestes face « aux mondes que l’on ne connaît pas ». Déjà dans un numéro des Dossiers de l’écran intitulé « Les Anciens possédaient-ils des secrets que nous avons oubliés », il emballe le téléspectateur moyen par sa façon abrupte et vivante, antiacadémique et baroudeuse de raconter ses voyages, notamment celui vers le nombril du monde, qui est parti de France le 22 novembre 1962 sur un ketch de 16 mètres à la flottaison pour cent soixante jours de mer. Et le mystère des géants continue de hanter ses lecteurs. Comment des blocs pesant des dizaines de tonnes purent-ils se déplacer sur une terre volcanique, sur une île où le bois était rare. Y aurait-il d’autres raisons ? « Et si certains hommes, à une certaine époque, avaient pu utiliser des forces électro-magnétiques ou la force d’anti-gravitation ? C’est affolant, mais moins stupide que l’histoire des patates écrasées (certains auteurs affirmaient que l’on mettait sous la statue un véritable manteau de patates douces et d’ignames, une sorte de purée glissante), écrit-il.

Variété italienne ensorceleuse

Il y a aussi un mystère Lucio Battisti (1943 – 1998), l’auteur-compositeur-interprète italien le plus énigmatique de l’après-guerre, guitariste surdoué et détenteur d’un secret avec son parolier Mogol, celui d’une variété ensorceleuse, à la fois populaire et métaphysique, d’une finesse sémantique et d’une profondeur apnéique qui nous donnent un peu de courage en ce début d’année. Lucio était une énigme du show-business. Il refusait les interviews et il n’existe de lui aucune biographie traduite en français. Ses tubes « Ancora tu » ou « Prendila così » agissent comme les napperons de mon enfance sous une faïence de Gien, ils ouvrent les vannes d’une émotion trop longtemps contenue. Au lieu d’écouter Bayrou, je vous propose de faire une cure de Battisti durant tout le mois de janvier, il lave l’âme de toutes les scories.

Et mon ultime conseil est de regarder « Les enquêtes Caméléon » (INA Madelen) avec le couple composé de Dany Carrel et de Roger Carel, leurs enfants Sabine Paturel et David Brécourt ainsi que le commissaire Jean Rougerie. Cette mini-série est désuète, donc essentielle. Ça se passait au siècle dernier, en 1987, sur Antenne 2. Bonne année 2025 !

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Alain Delon brille par son absence

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Une grande biographie revient sur le destin de la plus grande star du cinéma français, disparue l’année dernière


Il y a les billets qu’on écrit quand la mort vient quasiment de frapper. Alain Delon nous a quittés le 18 août 2024 et le lendemain j’ai publié : « Alain Delon n’était pas que beau« .

Plus de quatre mois ont passé depuis. Sortis de l’immédiateté, la nostalgie s’approfondit, le portrait s’affine et la réflexion se complexifie.

J’ai lu une remarquable et très détaillée biographie d’Alain Delon, Alain Delon – Un destin français, par Philippe Durant. C’est elle qui m’a donné envie de revenir sur la destinée de Delon, tant elle est riche et éclairante sur l’homme et l’immense acteur. Un parcours avec ses ombres et ses lumières, surtout avec sa singularité, qui en a fait le dernier monstre sacré du cinéma français.

Qu’on l’ait aimé au-delà de toute mesure ou qu’on l’ait détesté, sa marque fondamentale était qu’il ne laissait personne indifférent. Il traversait l’histoire des gens, hommes et femmes, qu’il croisait, connaissait, appréciait, soutenait ou admirait, en apposant sur eux, pour le pire comme pour le meilleur, une trace indélébile. Peu d’êtres jouissent d’un tel sombre et magnifique privilège.

Jamais guéri d’une enfance chaotique, blessé par le sentiment de n’avoir pas été assez aimé, formé et durci par son expérience militaire en Indochine, impétueux, transgressif et peu discipliné dans ses jeunes années, il a découvert le cinéma par hasard, sans véritable vocation, en y étant conduit par son incroyable beauté qui lui ouvrait toutes les portes, séduisant tous ceux qui rencontraient son chemin et avaient, très vite, l’intuition qu’il serait un acteur hors du commun. Je songe notamment, à Edwige Feuillère et Bernard Blier qui ont aussitôt compris.

Il aurait pu s’engager sur cette voie royale et confortable, comptant sur son apparence unique et se laissant aller dans des œuvres loin d’être impérissables. Mais il a su, par volonté et grâce à la conscience de mériter mieux et de devoir aller plus haut, au firmament de l’art, s’arracher à cette facilité. Usant de certaines personnalités comme de maîtres ou de pères – notamment René Clément, Luchino Visconti et Jean-Pierre Melville -, il a tout appris d’elles, s’est cultivé, s’est formé le goût, a, sous leur égide, offert dans des créations de très haut niveau, des prestations inoubliables. Plein Soleil, Rocco et ses frères, le Guépard, Monsieur Klein, la Piscine où il a retrouvé Romy Schneider, la femme mythique, passionnément aimée, jamais oubliée, et redonné un élan décisif à cette actrice à la fois superbe et fragile.

A lire aussi: Delon / Jagger, y’a pas photo !

Producteur, il a été le maître d’œuvre exclusif de Borsalino, avec Jean-Paul Belmondo, son très amical rival à l’époque dans le panthéon du cinéma français.

Il serait absurde de dépouiller Alain Delon de tout ce que sa destinée a aussi charrié de trouble. Il n’a jamais transigé sur ses amitiés et délétères ou non, il leur est demeuré fidèle, dans les bons comme dans les mauvais jours. À cause de cette propension à ne jamais lâcher personne, il a dû assumer un incroyable chemin de croix judiciaire – l’affaire Markovic dont on a appris plus tard que ses instigateurs n’avaient eu pour but que d’empêcher la candidature présidentielle de Georges Pompidou.

Mais quel caractère, quel tempérament, quelles dispositions contrastées !

Charmeur, sensible, susceptible, autoritaire, délicat, généreux, entier, reconnaissant, exigeant, perfectionniste, obsessionnel, orgueilleux, modeste face aux rares qu’il respecte et admire, patriote et gaulliste, sans concession sur ses valeurs et sur la conscience professionnelle, impitoyable à l’égard de ceux qui l’ont déçu, fidèle en amitié mais jamais en amour, dur avec sa progéniture, misanthrope au fil des années, solitaire, sarcastique sur le présent, magnifiant le passé dont il était le centre, un homme qui a vieilli diminué mais gardant son apparence fière et altière. Sa mort fut un choc pour tous.

132 jours après, son absence brille autant que sa présence éblouissait hier.

884 pages.

Daniel Grardel, le peintre qui aime les écrivains

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Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


La province, elle non plus, ne manque pas d’idées. Le peintre, dessinateur et bédéiste amiénois Daniel Grardel a exposé ses œuvres du 7 au 15 décembre derniers, à la galerie La Dodane, au cœur du quartier Saint-Leu, à Amiens. Il possède ce qu’il est convenu d’appeler une patte. Il évolue loin, si loin, de la peinture abstraite qui, il faut l’avouer, par ses excès abscons, commence à nous gaver grave comme disent les jeunes. Il ne s’adonne pas non plus au réalisme ou au naturalisme pictural. Non, Grardel (instituteur retraité, sosie des regrettés Ricet Barrier et de Pierre Vassiliu) est ailleurs. Il pratique une manière de peinture foraine très colorée, rock’ n’roll, sensuelle et érotique, provocatrice parfois ; il prend plaisir à décrire des scènes nocturnes issues des bistrots de la capitale picarde. Des scènes pour la plupart échappées de son imagination ; il truffe celles-ci de personnages amiénois (artistes, élus – dont Fred Thorel, ancien adjoint à la culture, qui ne sort jamais sans son inénarrable nœud papillon en bois !) mais aussi de chanteurs, comédiens, peintres connus et reconnus qu’il affectionne (Gainsbourg, Chris Evans, Lucky Blondo, Annie Philippe, Christophe, etc.). Ces toiles pourraient faire penser à celles de Clovis Trouille, autre picard de grand talent né à La Fère, dans l’Aisne. Les filles, très peu vêtues, arborent de soyeux porte-jarretelles ; les hommes y boivent plus que de raison et fument avec volupté. Bref : nous sommes à mille yeux du nauséeux wokisme ambiant et de la police de la bien-pensance. (Au cours de cette même exposition, une ultra féministe locale s’est déplacée jusqu’à la galerie pour s’en prendre à Daniel qu’elle a sermonné, lui reprochant de peindre des femmes-objets à la vertu contestable. On est en droit d’éclater de rire devant tant d’imbécillité.)

A lire aussi: Notre-Dame, des vitraux vitreux

Notre homme n’aime pas seulement la peinture et le rock’n’roll ; il adore également la littérature. Ainsi a-t-il a eu l’idée d’inviter chaque jour quelques-uns de ses amis écrivains à dédicacer leurs livres ; Isabelle Marsay, le comédien et réalisateur Jean-Michel Noirey, Elisabeth Grardel, Patrick Poitevin (auteur de percutants polars dont le dernier, L’être de cachets, paru aux éditions des Petits Ruisseaux), Patrick Kaczmarek (médecins de famille et militant), Claude Tillier, Jean-Louis Crimon, Hervé Jovelin (qui vient de sortir Evangile de l’Imbécile, chez L’Harmattan), etc. Vedette yé-yé des sixties, Annie Philippe se déplaça de Paris à la galerie de la Dodane pour rendre visite à son ami Grardel ; elle était accompagnée du réalisateur Nicolas Engel qui a adapté des comédies musicales à Mogador et monte actuellement le spectacle Tootsie, à Montréal. Il tourne également un documentaire sur l’ex-fiancée de Claude François. Ce jour-là, les fans des années soixante se déplacèrent nombreux. L’ambiance était chaude et le Chinon d’excellente qualité. Christophe et Gainsbourg prirent la peine de sortir des toiles de Daniel pour saluer Annie, ravie. La soirée se prolongea fort tard dans les bistrots du quartier Saint-Leu. Mais ceci est une autre histoire…

Paris n’est plus

Les photographes Yves Marchand et Romain Meffre immortalisent partout dans le monde les édifices abandonnés et les quartiers fantômes. Dans Les Ruines de Paris, aidés par l’IA, ils fixent l’avenir d’une capitale désertée en proie à la nature sauvage. Une poésie singulière soulignée par la plume de Nathan Devers.


L’imaginaire de la ruine est confronté, en 2024, à l’épouvantable réalité des apocalypses urbaines. Difficile de poétiser, dans le sillage du peintre Hubert Robert, quand s’offre quotidiennement à nous l’image térébrante de cités réduites à l’état de squelette. Le duo de photographes formé par Yves Marchand et Romain Meffre explore depuis plus de vingt ans la mélancolie de ces désastres sans frontières. Ils se sont fait connaître par leur travail à la chambre, illustrant, dans la tradition technique des grands maîtres, la déréliction de Detroit, cette ancienne capitale étasunienne de l’automobile dont la crise économique de 2008 a signé l’arrêt de mort. Par la suite, passant de l’île fantôme japonaise de Gunkan-Jima à Budapest, Marchand et Meffre ont patiemment documenté nombre de sites désertés ou promis à la démolition, ou encore ces édifices remarquables que certains programmes de rénovation ont voué à une improbable dénaturation, tels l’Hôtel-Dieu de Lyon ou la Samaritaine à Paris.

Paris en ruine ? On n’y est pas encore, malgré les offensives en vert-de-gris de la maire Hidalgo, si impatiente de transformer la capitale en forêt vierge. En prolongement de l’exposition de nos photographes, « Les Ruines de Paris », les éditions Albin Michel publient un beau livre au titre homonyme, lequel reproduit, en doubles pages, les quelque soixante tirages accrochés aux cimaises de la galerie Polka.

Non point « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! » mais, assisté de l’intelligence artificielle (ChatGPT et Midjourney), un Paris dystopique, spectral, pétrifié, veuf de toute présence humaine, rendu à la vie végétative et silencieuse d’un cimetière. Les images spectaculaires d’Yves Marchand et Romain Meffre renvoient moins à la science-fiction qu’à la rêverie picturale qui sourdait de la peinture académique quand elle s’avisait de hanter les vestiges de l’Antiquité.

Figé dans la mort telle une autre Pompéi, leur Paris virtuel ne doit pas son anéantissement à quelque catastrophe naturelle : son esseulement lépreux, buissonneux, fracturé, semble venir de plus loin – du funeste écoulement des siècles, peut-être. Une végétation invasive s’est insinuée dans la pierre de taille, le fleuve sorti de son lit nappe l’asphalte envahi de joncs ou d’herbes folles… Et plus âme qui vive ! Mais rien dans ces aires à l’abandon, dans ces jachères qui s’éternisent ne paraît suggérer la survenue d’un fléau récent, d’un siège ou d’une mise à sac qui auraient mis en fuite ou décimé les habitants de la défunte Ville lumière.

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’oracle valéryen résonne sur Les Ruines de Paris. Tour Montparnasse éventrée ; pont Alexandre III pris dans la touffeur d’une jungle verdâtre ; arche de La Défense maculée de coulures érugineuses ; vestiges d’une tour Eiffel entaillée dans le no man’s land d’un Champ-de-Mars où – trait d’ironie raillant la saga de la piétonnisation de Paris ? – gît un essaim d’épaves automobiles ; musée d’Orsay déshabillé de ses chefs-d’œuvre et dont le sol est constellé de paperasse ; pyramide de Pei brisée comme une coupe de cristal ; obélisque de Louxor assailli de plantes grimpantes sur une place de la Concorde dévorée par la sève sylvestre – encore un vœu municipal exaucé ? – ; lavomatiques, clubs de gym, boutiques, brasseries, terrasses de café, tous laissés dans leur ultime état de service ; quartiers haussmanniens vacants, comme atteints d’agoraphobie ; Notre-Dame sous l’emprise de la flore telle un nouvel Angkor Vat… L’image la plus saisissante d’entre toutes est la place de l’Étoile changée en plaine embroussaillée, cernée de grands arbres, et au centre de laquelle l’Arc de triomphe, comme absorbé par la terre, se hérisse de pousses sauvages !

Une singulière poésie émane de ces sites dévastés par l’uchronie. Elle est saluée par le talent de plume du jeune écrivain Nathan Devers, dans le texte critique qui accompagne cet album : « Désormais, écrit-il, le photographe n’est plus sommé d’éterniser l’instant, d’archiver ce qui est déjà là, d’enregistrer ce qui défile derrière son objectif. À condition d’étendre ses outils, de solliciter cette nouvelle technique [l’IA], il peut figurer les possibles qui se cachent dans chaque chose. Et sa palette s’étend. Elle embrasse un deuxième horizon, plus puissant que celui de la mer : la perspective de la futurition. Avec cette émancipation, la photographie cesse d’être l’art de l’effectif. Elle embrasse le point de vue de la ruine, de l’absence qui restera de nous. »

Comme un Paris fantôme surgi de nos songes.

À lire

Les Ruines de Paris, photographies de Yves Marchand et Romain Meffre, texte de Nathan Devers, Albin-Michel, 2024.

À voir

 « Les Ruines de Paris », Galerie Polka, 14, rue des Jardins-Saint-Paul, 75004 Paris. Jusqu’au 18 janvier 2025.

Charlie et la chocotterie

En 2015, la France criait « Je suis Charlie ». Dix ans plus tard, de peur d’être taxé d’extrême droite par le camp du Bien ou poignardé par un djihadiste, nul n’ose voir et encore moins dire que la version frériste de l’islam s’impose plus ou moins à bas bruit. Soumise aux Insoumis, la gauche ne combat pas la censure, elle l’encourage.


J’ai eu de la chance. Si j’avais commenté en direct l’attaque survenue à Magdebourg dans la soirée du 20 décembre, j’aurais dénoncé à grands cris un nouvel attentat islamiste. Un individu originaire du Golfe qui fonce, au volant d’un véhicule, dans une foule joyeuse célébrant une tradition chrétienne, faisant au moins cinq morts et des dizaines de blessés, le crime était signé. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. Nous avons déjà vu le film : à Nice, le 14 juillet 2016. Depuis les attentats à la bombe de Madrid, qui ont fait 192 morts en mars 2004, ce sont les islamistes qui sèment la terreur en Europe et pas l’« extrême droite » comme pourrait le croire un malheureux condamné à n’écouter que France Inter et à ne lire que Le Monde.

Sauf que Magdebourg ressemble à l’exception qui confirme la règle, même si le curieux pedigree de l’assassin incite à la prudence. D’origine saoudienne, réfugié depuis près de vingt ans, entré en guerre contre l’islam – en 2016, le docteur A. (la presse allemande ne donne pas son nom) venait en aide aux femmes ayant fui l’Arabie saoudite –, il était paraît-il mécontent de l’islamisation de l’Allemagne. Un apostat qui combat l’islamisation en fonçant dans un marché de Noël, c’est tordu, en tout cas un brin psychiatrique, d’ailleurs Taleb A., ça ne s’invente pas, était psychiatre. Personne n’a parlé de déséquilibré.

Mais aujourd’hui, nous sommes réunis, comme tout le pays, pour célébrer la saint-Charlie avec les grandes orgues émotionnelles et les rodomontades martiales de circonstances – Nous n’accepterons jamais, nous ne céderons pas… ou « N’ayons plus peur ! » comme nous le proclamons crânement en « une ». Il y aura (il y a au moment où vous lisez ce numéro) du flonflon républicain, du refus de la barbarie, de la France forte quand elle est unie, du vivre-ensemble, du vous n’aurez pas ma haine, tous les exorcismes rituels que l’on ressort pour les grands anniversaires. Dans ces conditions, pourquoi ressasser un événement dramatique certes, mais presque banal, et qui n’a même pas eu lieu chez nous ? Et quel rapport avec notre bande de rigolos assassinés pour des petits dessins ?

Le rapport, c’est que, pour le camp du Bien, l’attentat de Magdebourg est un joker idéologique, la reconduction d’un droit au déni dont il use et abuse. Il lui permet de revendiquer haut et fort sa cécité. Pour une fois qu’il a un bout de réel de son côté. Le progressiste aussi tient bon – Nous ne verrons pas, nous ne saurons pas.

Les chefs à plumes du Nouveau Front populaire (et les centaines d’ectoplasmes militants qui propagent leurs hautes pensées) connaissent leur minute d’extase quand la ministre allemande de l’Intérieur lâche l’un de leurs mots préférés avec « génocide » : le terroriste était « islamophobe ». Le bonheur de nos idiots utiles serait complet si, en prime, c’était un petit gars bien de chez nous, mais un tueur islamophobe, c’est déjà cadeau. Glory alleluiah, il soutiendrait l’AFD – qui n’en organise pas moins une manifestation contre l’immigration massive. Faure et les autres ne se tiennent plus de joie et fondent sur Jordan Bardella et Marine Le Pen, traités de « vautours » parce qu’ils ont dégainé trop vite – à rapace, rapace et demi. Tout ça c’est du racisme antimusulmans, pépie Faure. Je dirais même plus, de la haine antimusulmans, renchérit Bompard qui conclut sentencieusement : « N’oubliez jamais que l’extrême droite tue. » Comme d’habitude, « le réel est reporté à une date ultérieure » (Muray).

Comme le recommandait je ne sais plus quel « théoricien » d’Al-Qaïda, les djihadistes ont tué avec tout ce qui leur tombait sous la main : couteaux, kalachnikovs, haches, ceintures d’explosifs, bombes, camions. En France, depuis 2012, ils ont assassiné des enfants, des journalistes, des policiers, des juifs, des chrétiens, des musulmans trop français, des professeurs (tous en tant que tels) et des centaines de Français innocents. Après les opérations soigneusement préparées par les multinationales du terrorisme, on a vu apparaître des PME locales et des autoentrepreneurs. Au-delà des morts, des blessés, des endeuillés, ils ont soumis nos existences à un régime de contrôle permanent. Tout déplacement, tout rassemblement, toute célébration collective, sans parler des raouts planétaires façon JO, doit répondre à des standards sécuritaires qui exigent que nos rues soient hérissées de grilles et parsemées de blocs de béton. Le terrorisme islamiste ne se contente pas de tuer, il nous pourrit la vie.

Sans surprise, les commissaires politiques de la gauche soumise et leurs proxys médiatiques n’en démordent pas : le danger, c’est l’extrême droite, l’antisémitisme, c’est l’extrême droite (pas celui qui casse la gueule aux juifs en tout cas, mais c’est un détail), le racisme, c’est l’extrême droite, l’homophobie, c’est l’extrême droite (amusant). Et plus que tout, l’islamophobie, crime suprême contre la dignité humaine (bien qu’on ait parfaitement le droit de ne pas aimer l’islam), c’est l’extrême droite. Certes, cette volaille ne fait plus l’opinion commune. Mais elle tient assez de citadelles, dans les rédactions, les universités et les innombrables associations subventionnées pour faire l’opinion qui compte. Et réduire les lanceurs d’alerte au silence.

Ces dernières années, alors que l’islamo-gauche refondait son alliance honteuse dans le soutien à peine masqué au Hamas, l’obsession de l’extrême droite, brandie comme un brevet de Résistance dans toutes les strates de la bonne société politique et médiatique, nous a collectivement désarmés. Autrement dit, pendant que les Frères musulmans étendent leur emprise, tous les beaux esprits du pays prennent la pose et jurent que plus jamais ça, refusant de voir qu’un autre ça arrive par la fenêtre. Par cynisme électoral, paresse intellectuelle, idéologie, intérêts de boutiques et plus encore par peur, ce petit monde se serre les coudes dans un pitoyable Front républicain dont un bon tiers des représentants roucoulent ouvertement avec les ennemis déclarés de la République, votre voile est tellement féministe, chère amie et vous reprendrez bien un peu d’intifada.

En effet, le danger mortel qui menace notre pays et le monde que nous aimons, ce n’est pas le terrorisme armé, largement tenu en respect par les services de sécurité et, il faut le souligner, par la justice antiterroriste, peu encline, contrairement aux tribunaux de droit commun, à pratiquer la politique de l’excuse. C’est la terreur à bas bruit qui commence par imposer une norme étrangère dans certains quartiers avant d’exiger qu’elle soit, au nom de l’inclusivité, érigée en règle commune. C’est le séparatisme qu’Emmanuel Macron a promis de combattre pour finir par le câliner, terrifié par la perspective, opportunément agitée sous son nez, d’un embrasement des quartiers.

C’est le lynchage numérique, la calomnie et l’extrême droitisation de quiconque s’aventure hors des clous de la doxa vivre-ensembliste. Ainsi notre ami Pierre Manent a-t-il été couvert de boue pour avoir dit que le nombre de musulmans en Europe ne pouvait pas croître indéfiniment, sauf à accepter que l’Europe ne soit plus l’Europe. Ce philosophe subtil et précis a même été accusé de prôner, accrochez-vous, une « solution finale » pour les musulmans. Certes ses accusateurs sont des abrutis analphabètes, mais d’abord il y en a de plus en plus et ensuite, on sait très bien qu’une ânerie repostée des milliers de fois devient une vérité virale.

Le 11 janvier 2015, des millions de Français se sont dits prêts, sinon à mourir, à se battre pour leur liberté. Et ils se sont battus pour leur retraite. Contrairement au Danemark, la France n’a pas eu besoin d’inscrire dans la loi l’interdiction du blasphème, parce que tout le monde ou presque a intégré la contrainte, les uns parce qu’ils considèrent les musulmans comme des victimes et que les victimes ont toujours raison (sauf quand elles ont tort comme celles de Charlie), les autres (dont nombre de mes amis cathos) parce qu’il ne faut pas se moquer de la religion des autres, et la majorité parce qu’elle ne veut pas risquer un coup de couteau pour un mot de trop. Nul ne se risquera plus à publier une caricature de Mahomet, ce qui est vraiment triste pour les musulmans, privés de cette normalisation ultime qu’est le fait d’être un objet de moqueries, demandez aux blondes et aux Belges.

Tous les indicateurs le prouvent : la France de 2025 est plus islamisée que celle de 2015, Gilles Kepel a même inventé l’expression « djihadisme d’atmosphère » pour décrire l’imprégnation des esprits. L’école, les clubs sportifs, l’hôpital sont sous pression, demain, ce sera peut-être l’armée et la police. Sur le front de la liberté d’expression, le bilan n’est pas plus glorieux. Certes, le grand bazar d’internet et l’avènement des médias Bolloré permettent aux voix dissidentes de se faire entendre, mais la police du langage ne désarme pas. La seule chose qui ait progressé, c’est la prise de conscience collective. Mais la France CNews peut bien aboyer, la caravane politique passe avec son cortège de lâchetés, soumissions et accommodements.

Puisque nous sommes entre nous, permettez-moi un aveu. Parmi les titres auxquels vous avez échappé, le favori était « L’étrange défaite », qui nous a finalement semblé trop… défaitiste. Préférant commencer l’année avec l’optimisme de la volonté plutôt qu’avec le pessimisme de la raison, nous avons finalement décidé de nous adresser à tous une injonction au combat, c’est-à-dire à l’intelligence, l’irrévérence et la rigolade. Oui, n’ayons plus peur ! Et pour nous donner du cœur au ventre, conservons une seule image de 2024, celle d’une jeune fille déambulant en sous-vêtements devant l’université Azad de Téhéran, altière et libre, défi vivant aux miliciens de la vertu. En plus, elle a gagné ! La justice iranienne n’a retenu aucune charge contre elle, elle n’a même pas été exclue de l’université. Et nous, ici, nous reculerions devant trois internautes mal embouchés ? N’oublions pas cette héritière de Shéhérazade et de la reine Esther, sa longue chevelure tombant sur ses reins, ses bras croisés sur son ventre nu. On ne connaît pas son nom. Mais son courage nous oblige.

Itinéraire d’une veuve très noire

Si la plupart de ses petites copines islamistes ont été tuées durant dix années de guerre, Le Parisien nous donne de bonnes nouvelles d’Hayat Boumeddiene. La djihadiste la plus recherchée de France est toujours vivante en Syrie…


En ce sinistre anniversaire des massacres perpétrés sur notre sol par des terroristes islamistes en janvier 2015, voilà que l’on est amené à reparler de la veuve de l’un de ces monstres, Amedy Coulibaly.

D’origine malienne mais natif de Juvisy-sur-Orge, celui-ci s’est tout d’abord illustré dans la délinquance, à ses débuts, celle pudiquement qualifiée de mineure, puis, comme de juste, il a assez vite dérivé vers la grande, la majeure. Braquage de banque, etc. 

Ensuite, converti à l’islam le plus radical, passant du banditisme à la fureur terroriste, Coulibaly abattra froidement, à Montrouge, le 8 janvier 2015, la policière Clarisse Jean-Philippe et blessera grièvement un agent municipal de voirie. 

Le lendemain même, à l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes à Paris, il exécute quatre personnes – juives – qu’il a prises en otages. Il sera lui-même abattu peu après par les policiers du RAID et de la BRI.

Or, à ce moment-là, sa veuve, Hayat Boumeddiene, ne se trouve déjà plus sur le sol français. Elle a filé quelques jours plus tôt en Syrie en compagnie des frères Belhoucine, dont Mohamed qui, croit-on savoir, aurait été ici, en France, le référent, le maître à penser et à agir de Coulibaly. 

Celui-ci a épousé – religieusement mais non civilement – Hayat Boumeddiene en 2009 et c’est dans ce moment que la jeune femme opte pour le port du voile intégral, ce qui l’amène à quitter son emploi de caissière. Cinq ans plus tard, fin 2014, c’est-à-dire quelques semaines avant les attentats, elle se prépare vraisemblablement à quitter la France puisqu’elle vide ses comptes en banque. Parvenue en Syrie, elle se réfugie à Raqqa, alors capitale de l’État islamique où, en raison des « hauts faits » de son mari, elle est fort bien accueillie et généreusement célébrée par la propagande de Daech qui en fait une héroïne.

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À ce jour, elle est bien évidemment toujours recherchée par le Parquet National Antiterroriste français en raison de la condamnation à trente années de prison dont elle a écopé pour son rôle avéré dans la préparation des crimes islamistes commis par son mari et leurs complices. Cependant, elle demeure introuvable. 

Or, rapporte le journal Le Parisien, voilà que, alors qu’on l’a crue morte en 2019, elle serait toujours en vie et constituerait donc encore une menace pour notre pays. On doit ces révélations à une « revenante » du Djihad (on préfère manifestement jouer la prudence dans le choix des termes et parler de « revenante » plutôt que de « repentie ». Cela paraît plus sage, en effet) qui l’aurait côtoyée ces dernières années. 

Veuve, Hayat Boumeddiene ne l’est pas restée bien longtemps. Ayant juste laissé passer ce qu’on nomme élégamment « délai de viduité », délai prescrit par la loi islamique – quatre mois et dix jours – elle se remarie avec un djihadiste tunisien, Abou Talha. Or, celui-ci ne plaisante pas avec cette loi, et l’épouse se voit bientôt littéralement cloîtrée. Ce qui, semble-t-il, ne lui conviendrait qu’à demi.

N’ayant pas d’enfant, et peut-être ne pouvant pas en avoir, elle pousse son conjoint à prendre une seconde épouse. Ce sera une Française convertie à l’islam. Probablement influencée par la généreuse pratique franco-française du regroupement familial, à peine mariée elle fait venir en Syrie son père, sa mère, ses frères et sœurs… 

Puis survient la prise de Raqqa par les forces syriennes. Hayat Boumeddiene se replie alors juste à temps au sein d’une communauté djihadiste dans le village de Bahr, à l’est du pays. Faut-il préciser que toute cette période-là elle se prétend Syrienne ?

En 2018, son second mari ayant été tué lors de combats, elle se constitue prisonnière auprès des forces kurdes et c’est dans le camp de réfugiés où elle est envoyée que le témoin évoqué, la « revenante », la retrouve. « Je te croyais morte ! » s’étonne-t-elle. « C’était le but », lui répond Hayat. Hayat qui va se faire appeler désormais Oum Abdallah, ce qui signifie « Mère d’un adorateur de Dieu ». Rien de plus commode pour se fondre dans la population, de très nombreuses femmes ayant à cœur de porter ce nom saint. 

Puis les Turcs passent à l’attaque contre les Kurdes. La veuve prend la fuite au bon moment – Déguerpir à temps : une de ses aptitudes les plus remarquables, à l’évidence -. Elle gagne alors la région d’Idlib où elle se fond au sein du groupe islamique HTS (Hayal Tahir al-Shan). 

Cependant, nous apprend encore la « revenante », la deux fois veuve ne s’est pas limitée à changer d’identité, de nationalité. Elle aurait aussi totalement modifié son apparence physique. Le témoin la décrit comme étant désormais « à peine reconnaissable ». Une question : méconnaissable au point de passer inaperçue si, dans le grand mouvement de population que connaît la Syrie depuis le changement de régime, elle s’avisait de revenir chez nous pour y parfaire le travail de mort initié par Coulibaly, son premier époux ?

Les autorités françaises n’excluent pas cette éventualité car, s’il y a une chose, une seule, à laquelle cette jeune femme d’à présent trente-six ans s’est bien gardée d’apporter le moindre correctif, c’est assurément sa soumission à l’islamisme radical et à sa barbarie terroriste.

Source: Le Parisien

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Brest: y’a des Zazou dans mon quartier

L’influenceur Zazou Youcef, qui appelait sur Tiktok la communauté algérienne à commettre des attentats, a été arrêté par la police hier. L’affaire témoigne des nuisances fortes d’une véritable contre-société en France.


Il appelait sur les réseaux sociaux à commettre des attentats en France. À défaut de savoir quel sort lui réservera la justice, l’influenceur algérien Zazou Youcef a été interpellé par la police suite à la mobilisation des réseaux sociaux. Ceux-ci ont largement diffusé ses vidéos et interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse. Ce dernier a effectivement réagi. L’homme a été arrêté ce vendredi 3 janvier, révélant au passage qu’il avait déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits de droit commun et qu’il faisait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) non exécutée, une situation malheureusement fréquente.

Un déferlement de haine

Suivi par plus de 400 000 personnes sur TikTok, cet Algérien en situation irrégulière alternait appels à la haine et incitations au meurtre dans de nombreuses vidéos. Dans l’une d’entre elles, il évoquait la guerre civile en Algérie dans les années 1990, qui avait vu les islamistes du GIA massacrer brutalement ceux qui tentaient de vivre à l’occidentale. Il pourrait également faire référence aux attentats des années 1990 en France, orchestrés par Khaled Kelkal, lui aussi membre du GIA. Compte tenu de l’argumentation incohérente de Zazou Youcef, les deux interprétations sont possibles. « On va faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos », déclarait-il. Dans une autre vidéo, il accompagnait ses propos de gestes simulant des égorgements et ponctués de violents « Nique ta mère », clamant : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, vous violer, puis niquer votre mère… Vive l’Algérie, moi je vais vous achever. »

Un autre influenceur algérien, résidant à Grenoble et suivi par 70 000 personnes sous le pseudonyme « imadtintin », a également publié une vidéo incitant au meurtre. Il y appelle à brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne critiquant l’Algérie ou son régime, se vantant par ailleurs, en tant qu’ancien militaire, de savoir manier les armes. Naturellement, il exprime son soutien à Zazou Youcef. Sous leurs vidéos, des centaines de messages de soutien reprennent cette rhétorique violente, vulgaire et exaltée, une rhétorique calquée sur celle du régime algérien.

Ce déferlement de haine, justifié au nom de « l’amour de l’Algérie », représente la version hystérique de discours plus policés portés par des représentants autoproclamés d’une diaspora algérienne souvent liée au régime. Si tous les Algériens en France ne soutiennent pas ce régime corrompu, ceux qu’on entend le plus et qui s’érigent en porte-voix des Français d’origine algérienne ternissent leur image. Ils accusent la France d’« islamophobie », salissent des écrivains comme Boualem Sansal — injustement emprisonné — et attisent la haine auprès d’une jeunesse souvent influencée par l’islamisme radical. Pourtant, cela fait des années que Boualem Sansal et Kamel Daoud alertent sur ces méthodes et insistent sur notre aveuglement face à la constitution d’une contre-société en France.

Un conflit de loyauté

Cette haine, profondément enracinée, est une forme de compensation. Elle prospère sur les réseaux sociaux, alimentée par les islamistes et entretenue par le régime algérien. La logique est claire : lorsqu’un pouvoir fonde sa légitimité sur la haine de l’ancien colonisateur et ne parvient pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à construire une légitimité par ses propres actions, il ne peut fédérer que par la foi et la haine. La figure de l’ennemi sert de ciment au sentiment national. Ici, cet ennemi, c’est nous. Cette rhétorique délétère devient une composante identitaire pour beaucoup. Pour les Algériens qui s’installent en France, les propagandes islamiste et nationaliste créent un conflit de loyauté : s’intégrer en France serait, pour les premières, trahir sa foi, et pour les secondes, renier le combat héroïque pour l’indépendance. Cela rend leur situation souvent inextricable.

Une prise de conscience nécessaire

Il est urgent que nos élus reconnaissent les ingérences de l’Algérie en France, son rôle dans les tensions au sein de la diaspora, et sa volonté de structurer celle-ci en un outil de pression, voire en une cinquième colonne. Ces manœuvres compliquent considérablement la vie des Français d’origine algérienne. Les tensions liées à la double nationalité deviennent insolubles lorsque les deux modèles culturels s’opposent, surtout quand l’un des deux pays — en l’occurrence l’Algérie — alimente sa propre légitimité sur la diabolisation de l’autre.

Pourquoi Boualem Sansal et Kamel Daoud sont-ils haïs par le régime algérien ? Parce qu’en évoquant la « décennie noire » et la guerre civile, ils ramènent ce pays à une histoire qu’il cherche à effacer au profit d’un récit mythique où la France joue éternellement le rôle du méchant.

Il est temps d’en tirer les conséquences. Cela passe par l’exécution systématique des OQTF, le recours à la déchéance de nationalité pour les fauteurs de trouble, mais surtout par une prise de conscience collective et un changement de rapport de force. La dénonciation des accords de 1968 constituerait un signal fort montrant que la France a pris conscience de l’enjeu et se donne les moyens d’agir enfin.

Le miracle de Noël d’Emmanuelle Ménard

Enquiquineurs, squatteurs, dealers : pas certaine que, sur ces questions, François Bayrou soit l’homme de la situation. On lui laissera le bénéfice du doute, au moins pendant la trêve des confiseurs. D’ici là, très bonne année 2025 à tous !


Opération « Place nette »

En septembre dernier, une enquête Ipsos révélait que la majorité des Français était préoccupée par la criminalité et la violence. Béziers ne déroge pas à la règle et nous sommes régulièrement saisis par des riverains qui se plaignent de squatteurs et autres dealers au bas de leur immeuble. Après en avoir longuement parlé avec le préfet de l’Hérault, sensibilisé à ces questions, une opération « Place nette » d’envergure a été organisée sur deux semaines dans le centre-ville de Béziers. Avec quelques déceptions, qui donnent parfois l’impression de vouloir vider l’océan avec une petite cuillère ; mais aussi quelques résultats, comme des confiscations d’argent dans les caisses de magasins en délicatesse avec le fisc, des saisies de drogue facilitées par les chiens de la police municipale, et quelques découvertes de travailleurs clandestins ou autres marchands de sommeil qui seront dûment poursuivis. Pas de quoi invoquer la magie de Noël, mais constater que nous pouvons nous aussi casser les pieds aux voyous me met du baume au cœur…

Gilles Goujon

Un moment hors du temps. Une soirée toute en délicatesse. Nous sommes invités Robert [Ménard] et moi à un dîner chez un concessionnaire de voitures haut de gamme, animé par le chef trois étoiles Gilles Goujon. Nous connaissons bien Gilles et avons de l’amitié et de l’admiration pour lui. Jovial, bon vivant, chaleureux, talentueux. Durant la soirée, il nous raconte son combat pour la gastronomie française, son amour de notre pays à travers sa cuisine et ses vins, et son agacement, voire son écœurement devant certains chefs qui se « couchent » pour obtenir des récompenses. Gilles Goujon fait partie de ces étoilés qui protestent contre le classement établi par la marque San Pellegrino des 50 meilleures tables du monde dans lequel ne figurent qu’une poignée de maisons françaises… Un combattant. Un résistant. Bref, un vrai Biterrois !

Motion de censure

La France insoumise est prête à jouer la politique du pire : faire tomber un gouvernement sans solution de rechange, quitte à priver la France et la Sécurité sociale de budget. Le RN les encourage, tout en invoquant la « responsabilité ». Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon sont décidés à jouer la présidentielle anticipée. Les partis politiques ne se soucient que de leur électorat, d’intérêts de boutique et de victoires d’ego. Aucune raison que les choses s’arrangent en 2025…

Marche blanche

Un travailleur agricole marocain d’une soixantaine d’années a été assassiné ce mois de décembre par sa voisine de palier, jeune femme de 22 ans (visiblement accro aux substances illicites) et mère d’une enfant de six ans, pour un motif encore indéterminé. Le dimanche qui a suivi sa mort, l’association franco-marocaine de Béziers a organisé une marche blanche. Alors que nous stationnons devant son domicile, pour un moment de recueillement, j’aperçois un homme qui me fait signe. Je m’approche et il me raconte qu’il habite lui aussi dans cette rue, qu’il ne supporte plus les dealers. J’avise non loin de lui trois jeunes garçons, le visage à moitié dissimulé et je lui demande s’ils font partie des fauteurs de troubles. Il acquiesce discrètement. Je me dirige alors vers la police nationale, stationnée là pour sécuriser la manifestation. Je leur demande s’ils sont au courant que les trois jeunes gens font partie des dealers qui pourrissent la vie du quartier chaque nuit. Ils me répondent « oui, mais ils sont mineurs : ils sont régulièrement contrôlés, mais comme ils n’ont rien ou quasiment rien sur eux… » Je comprends la détresse des habitants du quartier. Nous en discutons régulièrement avec Robert : nous pourrions facilement communiquer au prochain ministre de l’Intérieur une liste de mesures qui ne coûtent rien, applicables pour la plupart sans passer par la loi, et qui permettraient aux forces de l’ordre d’agir beaucoup plus effacement… Avis aux amateurs de solutions !

Agriculteurs

Vendredi 13 décembre, la Coordination rurale manifestait à Béziers, en compagnie de quelques élus du RN, pour protester contre la concurrence déloyale subie par les agriculteurs français. Mais quand, vers 10 heures du matin, par une pluie battante, la situation entre police nationale et agriculteurs a commencé à se tendre, bizarrement, les représentants du parti politique de Marine Le Pen n’étaient plus là. Le maire de Béziers en revanche, oui. Deux manières de faire de la politique…

Crèche de Noël et Hanouka : même combat !

Cela ne nous étonne même plus… C’est la onzième année que le maire de Béziers installe la crèche de Noël dans l’hôtel de ville. Et la onzième année consécutive qu’elle est attaquée en justice. Non plus par les représentants de l’État qui, depuis quelques années maintenant, nous ont lâché les baskets avec cette prétendue atteinte à la laïcité. Mais par la Libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. Ils en font une affaire personnelle, semble-t-il. Rien que pour 2024, nous en sommes à cinq procédures en référé ! À croire qu’ils n’ont que ça à faire. « Quel est votre plus grand combat pour les droits de l’homme ? – Combattre la crèche de Noël à Béziers. » Celle-là même qui réunit chaque année plus de 20 000 personnes. Celle qui touche petits et grands, laïcs et croyants, car elle leur rappelle la « crèche de leur enfance… » Celle qui rassemble autour de cette image sacrée de la famille. Du petit contre les puissants. Celle qui fait espérer… Et Dieu sait que les Français ont besoin d’espérer en cette fin d’année.

Grande nouveauté pourtant – et qui m’inquiète beaucoup plus –, la même Ligue des droits de l’homme attaque aussi cette année la célébration de Hanouka – la fête juive des lumières – dans la mairie. Que nous fêtons chaque année depuis onze ans, sans jamais avoir été ennuyés… Décidément, le 7 octobre a fait sauter des digues, et ce n’est pas rassurant.

Drogue suite…

J’apprends à l’instant que la police nationale vient d’arrêter, dans la rue du travailleur marocain assassiné dont je vous parlais plus haut, un homme en possession de plusieurs barrettes de cannabis, 750 euros en espèces et… fiché S ! Un miracle de Noël certainement !

À lire aussi, Emmanuelle Ménard: L’esprit de Noël made in France

Pourquoi la gauche adore détester Michel Onfray

Le 4 novembre dernier, France Inter consacrait une émission entière (« Affaires sensibles » animée par Fabrice Drouelle) à Michel Onfray et à sa supposée dérive droitière. Une heure de procès d’intention, sans contradictoire et sans retenue, pour reprocher au philosophe d’avoir quitté le camp du bien – et donc justifier qu’il n’ait plus sa place sur Radio France. Mais Michel Onfray a-t-il tellement changé ? N’est-ce pas plutôt la gauche qui a changé ?


Pourquoi la gauche déteste-t-elle Onfray ? Entre ostracisme et diffamation, le philosophe Michel Onfray est devenu l’ennemi public numéro un pour de nombreux médias de gauche. Quelles sont les causes de cette détestation et, surtout, que cache-t-elle ? Anatomie d’une haine…

Onfray, cible du sévice public

C’est un fait, Michel Onfray est persona non grata sur les radios et télévisions du service public.
France Inter, par exemple, ne l’a pas invité depuis des années : pas question d’offrir un espace d’expression aux idées souverainistes et de troubler l’entre-soi consensuel des animateurs de gauche et d’extrême-gauche, quasiment hégémoniques sur le service public, et tous ralliés à l’idéologie sans-frontiériste (sans-frontiérisme, c’est l’euphémisme bienséant utilisé pour qualifier le ralliement de la gauche au capitalisme financier et libre-échangiste).

En revanche, si Onfray n’est pas invité sur France Inter, son procès y est instruit, sur le mode des Procès de Moscou, c’est-à-dire sans droit à la défense. Ainsi, le 4 novembre dernier, une émission était donc entièrement consacrée au philosophe : tout d’abord, un Vychinski en herbe l’y a accusé de dérive vers l’extrême-droite ; ensuite, un psychologue auto-proclamé a expliqué cette prétendue dérive droitière par la mort de sa compagne. Aujourd’hui, sur un média financé par l’argent des contribuables, on ne se contente donc plus de calomnier les vivants sans leur accorder de droit de réponse, on exhume aussi une défunte pour lui reprocher un inédit délit de « fascisme post-mortem ». Il était inévitable que cette gauche, adepte du laxisme judiciaire à l’égard des criminels vivants, finisse par condamner les défunts innocents.

Les deux « Minutes » de la haine

La fatwa wokiste qui vise Michel Onfray ne s’arrête cependant pas au service public. Ainsi, dans les pages de Libération et du Monde, il est rituellement maudit et systématiquement extrême-droitisé. Qu’importe que le philosophe défende des valeurs traditionnelles de la gauche comme la solidarité ou le pacifisme ; pour Le Monde, qui n’est pas avare de contresens historiques, baptiser une revue Front Populaire, c’est « séduire »… l’extrême-droite (1), tandis que, pour sa part, Libération titre « Onfray réhabilite un discours d’extrême-droite ! » (2). Le philosophe annoncerait-il la météo ou lirait-il une recette de pâtisserie qu’il serait tout de même lepénisé, fascisé, nazifié. Les deux médias susnommés -qui ont publié en 1977 la tribune pro-pédophile de Matzneff- demeurent néanmoins les prescripteurs officiels de la morale publique et continuent à décerner les brevets de civisme et de respectabilité.

Pour masquer sa transition idéologique de l’internationalisme ouvrier (qui fut un mouvement social émancipateur) vers le capitalisme mondialiste (qui est un système économique d’aliénation des travailleurs, au sens marxiste du terme), la gauche se contente dorénavant et paresseusement de nazifier ses contradicteurs : la « reductio ad hitlerum » la dispense de formuler des arguments. Ainsi, ceux qui prônent un contrôle et une limitation de l’immigration sont systématiquement qualifiés de racistes et d’islamophobes, une qualification qui les… disqualifie moralement dans le débat public.

Hormis quelques esprits libres comme Michel Onfray, nul ne remarque que cette vision immigrationniste est servilement alignée sur celle du MEDEF et du patronat allemand. En effet, le Moloch capitaliste a sans cesse besoin de chair fraîche immigrée à ubériser et à mettre en concurrence avec le prolétariat local, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires. Et la gauche, devenue complice de cette Traite négrière contemporaine, cautionne; elle en redemande même, telle l’idiote utile du grand patronat transnational qu’elle est devenue. Lénine, relève-toi, ils sont devenus f…inanciers !

La gauche et le peuple : petite histoire d’une grande trahison

La gauche déteste Onfray parce que ce dernier lui reproche d’avoir sacrifié la vertu de la République en se couchant devant les marchés. Elle le déteste aussi parce qu’il lui rappelle ce qu’elle a été et ce qu’elle n’est plus : une force révolutionnaire qui a mené et remporté de nombreuses luttes sociales au service du peuple.

Telle la Statue du Commandeur, le philosophe énonce inlassablement et imperturbablement les félonies successives de notre gauche désormais populophobe. Liste (non exhaustive, car 10 volumes n’y suffiraient pas) :

-d’abord, la trahison économique et sociale initiale avec le « tournant de la rigueur » (traduction : le coming out libéral du Parti Socialiste), décidé par Mitterrand en 1983, et mis en place par le très européiste ministre de l’économie Jacques Delors.

-ensuite, la trahison de la démocratie avec le coup d’État de février 2008, lorsque l’abstention de nombreux  parlementaires de gauche a aidé à la ratification du très libéral Traité de Lisbonne, désavouant ainsi le referendum populaire de 2005 qui avait dit « non » au projet de Constitution européenne.

-puis, la trahison de la laïcité avec la conversion de toute l’extrême-gauche et d’une large fraction de la gauche à l’islamogauchisme. Les anticléricaux et bouffeurs de curés d’autrefois sont devenus les supplétifs et les idiots utiles des barbus patriarcaux, antisémites et homophobes. Désormais, c’est à gauche qu’on milite pour le port de signes religieux sexistes à l’école publique. Jules Ferry, relève-toi, ils sont devenus f…anatiques !

– enfin, la trahison de l’idéal pacifiste avec l’alignement pavlovien de nombreux parlementaires et ministres de gauche sur les positions atlantistes et bellicistes, depuis les interventions américaines en Irak et en Afghanistan jusqu’au conflit russo-ukrainien, en passant par les bombardements sur la Libye. Pour un Chevènement qui a démissionné, combien de ministres de gauche sont restés en place ? La soupe est bonne au gouvernement, même et surtout quand elle est préparée par les marchands d’armes. Jean Jaurès, relève-toi, ils sont devenus f…aucons !

Pour être un philosophe institutionnel et célébré par les médias de service public, Michel Onfray aurait dû, à l’instar de BHL (« Belliciste en Hermès et Lacoste » !), se proclamer de gauche tout en renonçant à toutes les valeurs de gauche. Bernard-Henri Lévy se prétend en effet de gauche alors qu’il est l’infatigable VRP de toutes les guerres américaines, un philosophe qui n’éprouve aucun complexe moral à redonner le moral au complexe militaro-industriel, un homme qui n’a pas d’alibi pour avoir entraîné Nicoléon le Petit dans l’a-Libye, c’est-à-dire dans l’anéantissement de toute structure étatique en Libye, désormais livrée au chaos et aux groupes terroristes. Une suggestion de titre pour le prochain film-pensum de BHL : « OTAN en emporte les vies »…

La Gauche-Pinocchio contre Jiminy Onfray

Une constante relie toutes les trahisons évoquées ci-dessus : l’adhésion d’une très large partie de la gauche à l’idéologie maastrichtienne, cache-sexe européen de la mondialisation ultralibérale. D’Artagnan tué en 1673 devant Maastricht, on aurait pourtant dû se méfier de Milady Von der Leyen !

L’élu maastrichtien de gauche -je ne parle pas de l’ère géologique du Crétacé mais de l’hère néo-illogique qu’est le partisan de l’Union Européenne- sait qu’il ne peut pas se prétendre de gauche et adhérer, « en même temps », à cette Europe antisociale du libre-échangisme et du dieu-marché ; alors il hait Michel Onfray pour l’avoir mis en face de sa schizophrénie politique et de ses reniements.

Bien loin d’une capitale qui fait aujourd’hui de la peine, artisan qui forge amoureusement des pensées philosophiques chez lui en province (Caen on a que l’amour…), Michel Onfray préfère sertir l’idée au logis que servir l’idéologie. Il est la conscience, le Jiminy Cricket de la Gauche-Pinocchio, celui qui lui souffle inlassablement à l’oreille qu’elle ment au peuple depuis qu’elle s’est convertie voilà 40 ans au capitalisme mondialiste et financier. Dans la version initiale du conte (pas dans celle, édulcorée, de Disney), Pinocchio, exaspéré, écrasait l’insecte incarnant sa conscience. Aujourd’hui, malgré la violence de l’ostracisme et de la diffamation, le philosophe, quant à lui, ne s’écrase pas : le cri qu’est Onfray retentit malgré les cris d’orfraie de cette gauche de la trahison.

La droite ne l’aime pas non plus !

La droite européiste (y en a-t-il une autre ?) n’aime pas davantage Michel Onfray. Elle ne l’aime pas parce qu’il est toujours de gauche, bien sûr, mais aussi parce qu’elle n’est pas parvenue à le débaucher, à le récupérer au moment où elle n’a plus de philosophe d’envergure depuis les disparitions de Raymond Aron et de Jean-François Revel. 

Il y a bien François-Xavier Bellamy, mais il est à la philosophie ce que Macron est à la politique : on ne peut en effet pas prétendre que la nation est le « seul cadre dans lequel s’exprime la souveraineté des peuples » et déclarer « en même temps » que le « terme de souverainisme est réducteur » (3).

Tandis que le véritable philosophe doute, s’interroge et remet en cause; le sans-frontiériste maastrichtien croit en les textes saints que sont pour lui les traités européens. Tandis que le philosophe privilégie l’Homme, le libéral maastrichtien le réduit à une variable d’ajustement microéconomique. L’adhésion à Maastricht, c’est l’anti-philosophie : voilà pourquoi, malgré ses indéniables qualités intellectuelles, l’européiste Bellamy n’écrira jamais une Métaphysique des montants compensatoires monétaires d’Aristote à Schopenhauer ou un De la Politique Agricole Commune dans la pensée nietzschéenne.

Le philosophe, le révolutionnaire et le politicien (aka « Le bon, la brute et le truand »)

Onfray n’aime pas Robespierre, du moins la lecture que Mélenchon en fait. Pourtant, il y a du Robespierre chez le philosophe : ne surnommait-on pas Maximilien « l’Incorruptible » ? L’indépendance de Michel Onfray interroge en effet le microcosme médiatico-politique : quel est donc ce psychorigide normand à lunettes rectangulaires qu’on ne peut pas acheter par une sinécure à la direction d’un institut culturel surnuméraire ou bien par un secrétariat d’Etat à l’intitulé farfelu ? Bref, quel est cet individu déconcertant des cons certains et refusant des honneurs qu’il considère comme déshonneur ?

« Ôte-toi de mon soleil ! », disait Diogène à Alexandre le Grand qui lui demandait ce qu’il désirait. « Ôte-moi de ton soleil !», réplique Michel Onfray (que dieu gêne ?) à tel anima-tueur de télé qui le désire-hait. En effet, le philosophe sait qu’aucun projecteur de plateau-télé n’éclairera jamais aussi fort que les Lumières. Or, dans les studios, ce n’est pas Jean-Jacques que l’on croise, mais Aurélien Rousseau, Sandrine Rousseau et Adrien Quatennens (cherchez : c’est également un Rousseau).

De l’Union Soviétique à l’Union Européenne : la xénocratie en marche…

A un siècle d’intervalle, Léon Blum (chef du Front Populaire, le gouvernement) et Michel Onfray (fondateur de Front Populaire, le journal) affichent la même préoccupation souverainiste et la même volonté de lutte contre la xénocratie : à l’instar du socialiste Blum qui avait refusé de se soumettre à la tutelle politique de Moscou en ne signant pas l’adhésion de la SFIO à l’Internationale communiste, Onfray rejette la tutelle économique de Bruxelles et la supranationalité antidémocratique imposées par la Commission européenne, dont pas un seul des membres n’est élu.

Le « tout-marché » des maastrichtiens d’aujourd’hui est l’équivalent dogmatique du « tout-Etat » des communistes d’autrefois et les co-misères européens sont les héritiers des commissaires politiques soviétiques : des technocrates fanatiques, dénués de la moindre empathie et au service d’une idéologie mortifère.

Le 27 décembre 1920, dans un discours mémorable au Congrès de Tours (qui allait aboutir à la scission de la gauche française entre socialistes et communistes), Léon Blum disait à ceux qui renonçaient au socialisme et à la démocratie pour devenir les vassaux des communistes russes, tueurs de masse : «il faut que quelqu’un reste pour garder la vieille maison». Aujourd’hui, alors que la gauche européiste a renoncé au peuple et s’est associée aux assassins de la nation française, c’est Michel Onfray qui garde la «vieille maison».


(1) Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite (lemonde.fr)

(2) «Onfray réhabilite un discours d’extrême droite» – Libération (liberation.fr)

(3) Bellamy : «Une Europe qui permet de ne plus subir la mondialisation» – Le Parisien

La boîte du bouquiniste

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Alexandre Zinoviev. DR.

« Paris est la seule ville du monde où coule un fleuve encadré par deux rangées de livres », dixit Blaise Cendras. Causeur peut y dénicher quelques pépites…


Le 9 mars 1990, sur le plateau d’ « Apostrophes », Bernard Pivot reçoit Boris Eltsine et le philosophe et sociologue Alexandre Zinoviev, expulsé de Russie en 1978, à la suite de la parution des Hauteurs béantes, livre satirique sur la société soviétique. Ce soir-là, il est question de ses deux derniers ouvrages – Les Confessions d’un homme en trop et Katastroïka – livres interdits en URSS malgré la glasnost encouragée par Mikhaïl Gorbatchev depuis 1986. L’action de Katastroïka se déroule à Partgrad, ville imaginaire d’une province typique de la Russie soviétique, avec ses usines, ses écoles militaires et ses « maisons misérables, magasins vides, longues files d’attente et autres attributs de la vie de province russe ». Pour mieux faire apprécier la perestroïka, le Comité central du PC décide de faire de Partgrad une ville modèle où les Occidentaux seront autorisés à venir découvrir les tares soviétiques, mais aussi les premiers progrès dus aux réformes initiées par Gorbatchev. Une commission spéciale est créée par un apparatchik de la région, Souslikov, lequel rêve surtout de voir son buste de bronze sur la place principale de la ville qu’il espère pouvoir un jour rebaptiser Souslikovgrad. Pour Zinoviev, la Russie pérestroïkaïsée demeure intrinsèquement communiste et souffre des mêmes maux que celle de Staline. Partgrad est une façade. Au fond rien ne change : la production industrielle et les rendements agricoles restent erratiques ; la vodka, trop chère, est remplacée par la « gorbibine », alcool frelaté « dont une seule goutte aurait suffi à empoisonner une ville européenne moyenne » ; les oligarques locaux sont tous corrompus ; etc. La perestroïka, écrit Zinoviev, n’est pas un progrès mais « une crise, une maladie de la société communiste » – et l’écrivain satiriste de décrire des scènes hilarantes où se côtoient, encore et toujours, l’absurdité bureaucratique, la bêtise brutale, la cupidité des carriéristes du Parti, et l’ingénieuse débrouillardise des Russes imbibés de « gorbibine ».

Antistalinien dès son adolescence, Zinoviev avouera pourtant avoir connu une « crise morale » dépressive après la mort de Staline, crise accentuée par son exil en Europe où il ne se sentit jamais à sa place. « Si j’étais né ici, je serais entré en opposition avec le système », écrit-il en critiquant la « gorbimania » occidentale et en considérant que « nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique ou, si vous préférez, de la démocratie totalitaire ». En Allemagne, où il vit à l’époque, la parution de Katastroïka est boycottée par le milieu médiatico-culturel qui lui reproche, affirme-t-il, « de ne pas vouloir lécher le derrière de Gorbatchev ». Rares sont les intellectuels occidentaux faisant aujourd’hui référence à cet auteur original, paradoxal, virulent et, pour certains, visionnaire – ses propos sur la manipulation des masses en Occident, entre autres « le mensonge médiatique qui, ayant monopolisé les appréciations morales, prend la forme du bien tandis que les tentatives de le dévoiler prennent la forme du mal », résonnent cruellement aux oreilles des nationalistes européens qui subissent, avec la complicité des médias, les oukases de l’impériale Commission européenne. Comme la plupart des livres de Zinoviev, Katastroïka n’a jamais été réédité.

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Ces géants de pierre, de papier et de télé

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DR.

À défaut d’une liste de bonnes résolutions, Monsieur Nostalgie place l’année 2025 sous le signe du mystère magnétique, de la ballade italienne et de la farce policière française. En ce premier dimanche de janvier, il nous invite à partir sur l’île de Pâques, à écouter Lucio Battisti et à revoir le faux couple Car(r)el dans le poste !


La nostalgie guide notre monde intime. Sans elle, nous serions amputés de notre ration de survie. De notre dernière réserve d’humanités. Comment supporter la déchéance des temps nouveaux sans s’accouder au zinc des temps anciens ? Pour les Hommes de cœur, c’est une question d’équilibre mental, de stabilité éthique. À trop s’adonner au robinet de l’actualité, on finit par imbiber son corps et son esprit, d’un poison délétère, la détestation de soi-même. Sans la curatelle du passé, notre présent n’aurait aucune matérialité, aucun écho, il se déroberait sous nos pieds, nous marcherions comme les ivrognes d’un pas mal assuré. Le passé fantasmé ou pas, idolâtré ou pas est la seule clé pour entrouvrir les vies verrouillées.

L’île mystérieuse

Alors, je continuerai cette année encore à diffuser mes vieilleries, à partager avec vous, mes dérivations sentimentales et à plonger dans la naphtaline. Dans cette période incertaine où le dégoût de la politique et la surveillance morale nous empêchent de penser sereinement, où aucun horizon plausible ne semble se dessiner, il est bon de puiser une force tellurique dans les civilisations les plus lointaines. Un peu de mystère ne nuit pas aux rationnels, aux besogneux et autres convoyeurs de malheur qui tentent de nous gouverner. On peut s’étonner, mais la mémoire médiatique est plus que parcellaire, que le nom de Francis Mazière (1924 -1994) ait disparu des cadres. Cet archéologue et ethnologue à la voix radiophonique, dissident par nature, explorateurs des peuples primitifs, aurait eu 100 ans. Comme je l’écris souvent dans ces colonnes, la littérature emprunte des chemins de traverse. Je me suis intéressé à ce scientifique, conférencier génial, qui fut très médiatisé dans les années 1960-1970 par une anecdote familiale. Mon beau-frère, collectionneur de Citroën GS et CX, grand ordonnateur de la fin tragique des Trente Glorieuses, par l’entremise d’un antiquaire, a acheté, un meuble de salon ayant appartenu à cette figure inclassable. Pour se rendre compte de l’impact qu’a eu Mazière sur les jeunes générations, il faut le voir, en mouvement, raconter ses aventures et ses découvertes. Il crève l’écran. Le bourlingueur passionné et passionnant tance les tenants de la science pure en les renvoyant à leurs études. Lui, contrairement aux bureaucrates de l’expédition, il a vu de ses yeux les fils indiens d’Amazonie, l’archipel du Tiki, le désert du Sinaï et les statues géantes de l’île de Pâques. Son best-seller Fantastique île de Pâques paru chez Robert Laffont en 1965 a figuré dans la collection « Le Livre de Poche exploration » aux côtés des stars de l’aventure qu’étaient Alain Bombard, le Commandant Cousteau, Maurice Herzog, Haroun Tazieff et Paul-Emile Victor. Ce livre de poche était même offert dans les stations Elf. Mazière se fait un extraordinaire pédagogue, charmeur et convaincant, dans le documentaire « Cap sur l’aventure » (disponible gratuitement sur le site de la RTS). Il possède l’aplomb et le charisme des gens pénétrés par une autre vérité. En 1975, dans Apostrophes, il nous met en garde contre les conclusions hâtives d’un progressisme répondant à tout et nous demande d’être modestes face « aux mondes que l’on ne connaît pas ». Déjà dans un numéro des Dossiers de l’écran intitulé « Les Anciens possédaient-ils des secrets que nous avons oubliés », il emballe le téléspectateur moyen par sa façon abrupte et vivante, antiacadémique et baroudeuse de raconter ses voyages, notamment celui vers le nombril du monde, qui est parti de France le 22 novembre 1962 sur un ketch de 16 mètres à la flottaison pour cent soixante jours de mer. Et le mystère des géants continue de hanter ses lecteurs. Comment des blocs pesant des dizaines de tonnes purent-ils se déplacer sur une terre volcanique, sur une île où le bois était rare. Y aurait-il d’autres raisons ? « Et si certains hommes, à une certaine époque, avaient pu utiliser des forces électro-magnétiques ou la force d’anti-gravitation ? C’est affolant, mais moins stupide que l’histoire des patates écrasées (certains auteurs affirmaient que l’on mettait sous la statue un véritable manteau de patates douces et d’ignames, une sorte de purée glissante), écrit-il.

Variété italienne ensorceleuse

Il y a aussi un mystère Lucio Battisti (1943 – 1998), l’auteur-compositeur-interprète italien le plus énigmatique de l’après-guerre, guitariste surdoué et détenteur d’un secret avec son parolier Mogol, celui d’une variété ensorceleuse, à la fois populaire et métaphysique, d’une finesse sémantique et d’une profondeur apnéique qui nous donnent un peu de courage en ce début d’année. Lucio était une énigme du show-business. Il refusait les interviews et il n’existe de lui aucune biographie traduite en français. Ses tubes « Ancora tu » ou « Prendila così » agissent comme les napperons de mon enfance sous une faïence de Gien, ils ouvrent les vannes d’une émotion trop longtemps contenue. Au lieu d’écouter Bayrou, je vous propose de faire une cure de Battisti durant tout le mois de janvier, il lave l’âme de toutes les scories.

Et mon ultime conseil est de regarder « Les enquêtes Caméléon » (INA Madelen) avec le couple composé de Dany Carrel et de Roger Carel, leurs enfants Sabine Paturel et David Brécourt ainsi que le commissaire Jean Rougerie. Cette mini-série est désuète, donc essentielle. Ça se passait au siècle dernier, en 1987, sur Antenne 2. Bonne année 2025 !

Tendre est la province

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Alain Delon brille par son absence

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Alain Delon avec Romy Schneider, France, 1959 © DALMAS/SIPA

Une grande biographie revient sur le destin de la plus grande star du cinéma français, disparue l’année dernière


Il y a les billets qu’on écrit quand la mort vient quasiment de frapper. Alain Delon nous a quittés le 18 août 2024 et le lendemain j’ai publié : « Alain Delon n’était pas que beau« .

Plus de quatre mois ont passé depuis. Sortis de l’immédiateté, la nostalgie s’approfondit, le portrait s’affine et la réflexion se complexifie.

J’ai lu une remarquable et très détaillée biographie d’Alain Delon, Alain Delon – Un destin français, par Philippe Durant. C’est elle qui m’a donné envie de revenir sur la destinée de Delon, tant elle est riche et éclairante sur l’homme et l’immense acteur. Un parcours avec ses ombres et ses lumières, surtout avec sa singularité, qui en a fait le dernier monstre sacré du cinéma français.

Qu’on l’ait aimé au-delà de toute mesure ou qu’on l’ait détesté, sa marque fondamentale était qu’il ne laissait personne indifférent. Il traversait l’histoire des gens, hommes et femmes, qu’il croisait, connaissait, appréciait, soutenait ou admirait, en apposant sur eux, pour le pire comme pour le meilleur, une trace indélébile. Peu d’êtres jouissent d’un tel sombre et magnifique privilège.

Jamais guéri d’une enfance chaotique, blessé par le sentiment de n’avoir pas été assez aimé, formé et durci par son expérience militaire en Indochine, impétueux, transgressif et peu discipliné dans ses jeunes années, il a découvert le cinéma par hasard, sans véritable vocation, en y étant conduit par son incroyable beauté qui lui ouvrait toutes les portes, séduisant tous ceux qui rencontraient son chemin et avaient, très vite, l’intuition qu’il serait un acteur hors du commun. Je songe notamment, à Edwige Feuillère et Bernard Blier qui ont aussitôt compris.

Il aurait pu s’engager sur cette voie royale et confortable, comptant sur son apparence unique et se laissant aller dans des œuvres loin d’être impérissables. Mais il a su, par volonté et grâce à la conscience de mériter mieux et de devoir aller plus haut, au firmament de l’art, s’arracher à cette facilité. Usant de certaines personnalités comme de maîtres ou de pères – notamment René Clément, Luchino Visconti et Jean-Pierre Melville -, il a tout appris d’elles, s’est cultivé, s’est formé le goût, a, sous leur égide, offert dans des créations de très haut niveau, des prestations inoubliables. Plein Soleil, Rocco et ses frères, le Guépard, Monsieur Klein, la Piscine où il a retrouvé Romy Schneider, la femme mythique, passionnément aimée, jamais oubliée, et redonné un élan décisif à cette actrice à la fois superbe et fragile.

A lire aussi: Delon / Jagger, y’a pas photo !

Producteur, il a été le maître d’œuvre exclusif de Borsalino, avec Jean-Paul Belmondo, son très amical rival à l’époque dans le panthéon du cinéma français.

Il serait absurde de dépouiller Alain Delon de tout ce que sa destinée a aussi charrié de trouble. Il n’a jamais transigé sur ses amitiés et délétères ou non, il leur est demeuré fidèle, dans les bons comme dans les mauvais jours. À cause de cette propension à ne jamais lâcher personne, il a dû assumer un incroyable chemin de croix judiciaire – l’affaire Markovic dont on a appris plus tard que ses instigateurs n’avaient eu pour but que d’empêcher la candidature présidentielle de Georges Pompidou.

Mais quel caractère, quel tempérament, quelles dispositions contrastées !

Charmeur, sensible, susceptible, autoritaire, délicat, généreux, entier, reconnaissant, exigeant, perfectionniste, obsessionnel, orgueilleux, modeste face aux rares qu’il respecte et admire, patriote et gaulliste, sans concession sur ses valeurs et sur la conscience professionnelle, impitoyable à l’égard de ceux qui l’ont déçu, fidèle en amitié mais jamais en amour, dur avec sa progéniture, misanthrope au fil des années, solitaire, sarcastique sur le présent, magnifiant le passé dont il était le centre, un homme qui a vieilli diminué mais gardant son apparence fière et altière. Sa mort fut un choc pour tous.

132 jours après, son absence brille autant que sa présence éblouissait hier.

884 pages.

Daniel Grardel, le peintre qui aime les écrivains

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© Photo : Philippe Lacoche

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


La province, elle non plus, ne manque pas d’idées. Le peintre, dessinateur et bédéiste amiénois Daniel Grardel a exposé ses œuvres du 7 au 15 décembre derniers, à la galerie La Dodane, au cœur du quartier Saint-Leu, à Amiens. Il possède ce qu’il est convenu d’appeler une patte. Il évolue loin, si loin, de la peinture abstraite qui, il faut l’avouer, par ses excès abscons, commence à nous gaver grave comme disent les jeunes. Il ne s’adonne pas non plus au réalisme ou au naturalisme pictural. Non, Grardel (instituteur retraité, sosie des regrettés Ricet Barrier et de Pierre Vassiliu) est ailleurs. Il pratique une manière de peinture foraine très colorée, rock’ n’roll, sensuelle et érotique, provocatrice parfois ; il prend plaisir à décrire des scènes nocturnes issues des bistrots de la capitale picarde. Des scènes pour la plupart échappées de son imagination ; il truffe celles-ci de personnages amiénois (artistes, élus – dont Fred Thorel, ancien adjoint à la culture, qui ne sort jamais sans son inénarrable nœud papillon en bois !) mais aussi de chanteurs, comédiens, peintres connus et reconnus qu’il affectionne (Gainsbourg, Chris Evans, Lucky Blondo, Annie Philippe, Christophe, etc.). Ces toiles pourraient faire penser à celles de Clovis Trouille, autre picard de grand talent né à La Fère, dans l’Aisne. Les filles, très peu vêtues, arborent de soyeux porte-jarretelles ; les hommes y boivent plus que de raison et fument avec volupté. Bref : nous sommes à mille yeux du nauséeux wokisme ambiant et de la police de la bien-pensance. (Au cours de cette même exposition, une ultra féministe locale s’est déplacée jusqu’à la galerie pour s’en prendre à Daniel qu’elle a sermonné, lui reprochant de peindre des femmes-objets à la vertu contestable. On est en droit d’éclater de rire devant tant d’imbécillité.)

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Notre homme n’aime pas seulement la peinture et le rock’n’roll ; il adore également la littérature. Ainsi a-t-il a eu l’idée d’inviter chaque jour quelques-uns de ses amis écrivains à dédicacer leurs livres ; Isabelle Marsay, le comédien et réalisateur Jean-Michel Noirey, Elisabeth Grardel, Patrick Poitevin (auteur de percutants polars dont le dernier, L’être de cachets, paru aux éditions des Petits Ruisseaux), Patrick Kaczmarek (médecins de famille et militant), Claude Tillier, Jean-Louis Crimon, Hervé Jovelin (qui vient de sortir Evangile de l’Imbécile, chez L’Harmattan), etc. Vedette yé-yé des sixties, Annie Philippe se déplaça de Paris à la galerie de la Dodane pour rendre visite à son ami Grardel ; elle était accompagnée du réalisateur Nicolas Engel qui a adapté des comédies musicales à Mogador et monte actuellement le spectacle Tootsie, à Montréal. Il tourne également un documentaire sur l’ex-fiancée de Claude François. Ce jour-là, les fans des années soixante se déplacèrent nombreux. L’ambiance était chaude et le Chinon d’excellente qualité. Christophe et Gainsbourg prirent la peine de sortir des toiles de Daniel pour saluer Annie, ravie. La soirée se prolongea fort tard dans les bistrots du quartier Saint-Leu. Mais ceci est une autre histoire…

Paris n’est plus

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Création de Yves Marchand et Romain Meffre, conçue avec l’aide du logiciel Midjourney © Yves Marchand, Romain Meffre/Polka

Les photographes Yves Marchand et Romain Meffre immortalisent partout dans le monde les édifices abandonnés et les quartiers fantômes. Dans Les Ruines de Paris, aidés par l’IA, ils fixent l’avenir d’une capitale désertée en proie à la nature sauvage. Une poésie singulière soulignée par la plume de Nathan Devers.


L’imaginaire de la ruine est confronté, en 2024, à l’épouvantable réalité des apocalypses urbaines. Difficile de poétiser, dans le sillage du peintre Hubert Robert, quand s’offre quotidiennement à nous l’image térébrante de cités réduites à l’état de squelette. Le duo de photographes formé par Yves Marchand et Romain Meffre explore depuis plus de vingt ans la mélancolie de ces désastres sans frontières. Ils se sont fait connaître par leur travail à la chambre, illustrant, dans la tradition technique des grands maîtres, la déréliction de Detroit, cette ancienne capitale étasunienne de l’automobile dont la crise économique de 2008 a signé l’arrêt de mort. Par la suite, passant de l’île fantôme japonaise de Gunkan-Jima à Budapest, Marchand et Meffre ont patiemment documenté nombre de sites désertés ou promis à la démolition, ou encore ces édifices remarquables que certains programmes de rénovation ont voué à une improbable dénaturation, tels l’Hôtel-Dieu de Lyon ou la Samaritaine à Paris.

Paris en ruine ? On n’y est pas encore, malgré les offensives en vert-de-gris de la maire Hidalgo, si impatiente de transformer la capitale en forêt vierge. En prolongement de l’exposition de nos photographes, « Les Ruines de Paris », les éditions Albin Michel publient un beau livre au titre homonyme, lequel reproduit, en doubles pages, les quelque soixante tirages accrochés aux cimaises de la galerie Polka.

Non point « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! » mais, assisté de l’intelligence artificielle (ChatGPT et Midjourney), un Paris dystopique, spectral, pétrifié, veuf de toute présence humaine, rendu à la vie végétative et silencieuse d’un cimetière. Les images spectaculaires d’Yves Marchand et Romain Meffre renvoient moins à la science-fiction qu’à la rêverie picturale qui sourdait de la peinture académique quand elle s’avisait de hanter les vestiges de l’Antiquité.

Figé dans la mort telle une autre Pompéi, leur Paris virtuel ne doit pas son anéantissement à quelque catastrophe naturelle : son esseulement lépreux, buissonneux, fracturé, semble venir de plus loin – du funeste écoulement des siècles, peut-être. Une végétation invasive s’est insinuée dans la pierre de taille, le fleuve sorti de son lit nappe l’asphalte envahi de joncs ou d’herbes folles… Et plus âme qui vive ! Mais rien dans ces aires à l’abandon, dans ces jachères qui s’éternisent ne paraît suggérer la survenue d’un fléau récent, d’un siège ou d’une mise à sac qui auraient mis en fuite ou décimé les habitants de la défunte Ville lumière.

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’oracle valéryen résonne sur Les Ruines de Paris. Tour Montparnasse éventrée ; pont Alexandre III pris dans la touffeur d’une jungle verdâtre ; arche de La Défense maculée de coulures érugineuses ; vestiges d’une tour Eiffel entaillée dans le no man’s land d’un Champ-de-Mars où – trait d’ironie raillant la saga de la piétonnisation de Paris ? – gît un essaim d’épaves automobiles ; musée d’Orsay déshabillé de ses chefs-d’œuvre et dont le sol est constellé de paperasse ; pyramide de Pei brisée comme une coupe de cristal ; obélisque de Louxor assailli de plantes grimpantes sur une place de la Concorde dévorée par la sève sylvestre – encore un vœu municipal exaucé ? – ; lavomatiques, clubs de gym, boutiques, brasseries, terrasses de café, tous laissés dans leur ultime état de service ; quartiers haussmanniens vacants, comme atteints d’agoraphobie ; Notre-Dame sous l’emprise de la flore telle un nouvel Angkor Vat… L’image la plus saisissante d’entre toutes est la place de l’Étoile changée en plaine embroussaillée, cernée de grands arbres, et au centre de laquelle l’Arc de triomphe, comme absorbé par la terre, se hérisse de pousses sauvages !

Une singulière poésie émane de ces sites dévastés par l’uchronie. Elle est saluée par le talent de plume du jeune écrivain Nathan Devers, dans le texte critique qui accompagne cet album : « Désormais, écrit-il, le photographe n’est plus sommé d’éterniser l’instant, d’archiver ce qui est déjà là, d’enregistrer ce qui défile derrière son objectif. À condition d’étendre ses outils, de solliciter cette nouvelle technique [l’IA], il peut figurer les possibles qui se cachent dans chaque chose. Et sa palette s’étend. Elle embrasse un deuxième horizon, plus puissant que celui de la mer : la perspective de la futurition. Avec cette émancipation, la photographie cesse d’être l’art de l’effectif. Elle embrasse le point de vue de la ruine, de l’absence qui restera de nous. »

Comme un Paris fantôme surgi de nos songes.

À lire

Les Ruines de Paris, photographies de Yves Marchand et Romain Meffre, texte de Nathan Devers, Albin-Michel, 2024.

À voir

 « Les Ruines de Paris », Galerie Polka, 14, rue des Jardins-Saint-Paul, 75004 Paris. Jusqu’au 18 janvier 2025.

Charlie et la chocotterie

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Manifestation du 11 janvier 2015 à Paris, en hommage aux victimes des attaques contre Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher © AP Photo/Peter Dejong/Sipa

En 2015, la France criait « Je suis Charlie ». Dix ans plus tard, de peur d’être taxé d’extrême droite par le camp du Bien ou poignardé par un djihadiste, nul n’ose voir et encore moins dire que la version frériste de l’islam s’impose plus ou moins à bas bruit. Soumise aux Insoumis, la gauche ne combat pas la censure, elle l’encourage.


J’ai eu de la chance. Si j’avais commenté en direct l’attaque survenue à Magdebourg dans la soirée du 20 décembre, j’aurais dénoncé à grands cris un nouvel attentat islamiste. Un individu originaire du Golfe qui fonce, au volant d’un véhicule, dans une foule joyeuse célébrant une tradition chrétienne, faisant au moins cinq morts et des dizaines de blessés, le crime était signé. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. Nous avons déjà vu le film : à Nice, le 14 juillet 2016. Depuis les attentats à la bombe de Madrid, qui ont fait 192 morts en mars 2004, ce sont les islamistes qui sèment la terreur en Europe et pas l’« extrême droite » comme pourrait le croire un malheureux condamné à n’écouter que France Inter et à ne lire que Le Monde.

Sauf que Magdebourg ressemble à l’exception qui confirme la règle, même si le curieux pedigree de l’assassin incite à la prudence. D’origine saoudienne, réfugié depuis près de vingt ans, entré en guerre contre l’islam – en 2016, le docteur A. (la presse allemande ne donne pas son nom) venait en aide aux femmes ayant fui l’Arabie saoudite –, il était paraît-il mécontent de l’islamisation de l’Allemagne. Un apostat qui combat l’islamisation en fonçant dans un marché de Noël, c’est tordu, en tout cas un brin psychiatrique, d’ailleurs Taleb A., ça ne s’invente pas, était psychiatre. Personne n’a parlé de déséquilibré.

Mais aujourd’hui, nous sommes réunis, comme tout le pays, pour célébrer la saint-Charlie avec les grandes orgues émotionnelles et les rodomontades martiales de circonstances – Nous n’accepterons jamais, nous ne céderons pas… ou « N’ayons plus peur ! » comme nous le proclamons crânement en « une ». Il y aura (il y a au moment où vous lisez ce numéro) du flonflon républicain, du refus de la barbarie, de la France forte quand elle est unie, du vivre-ensemble, du vous n’aurez pas ma haine, tous les exorcismes rituels que l’on ressort pour les grands anniversaires. Dans ces conditions, pourquoi ressasser un événement dramatique certes, mais presque banal, et qui n’a même pas eu lieu chez nous ? Et quel rapport avec notre bande de rigolos assassinés pour des petits dessins ?

Le rapport, c’est que, pour le camp du Bien, l’attentat de Magdebourg est un joker idéologique, la reconduction d’un droit au déni dont il use et abuse. Il lui permet de revendiquer haut et fort sa cécité. Pour une fois qu’il a un bout de réel de son côté. Le progressiste aussi tient bon – Nous ne verrons pas, nous ne saurons pas.

Les chefs à plumes du Nouveau Front populaire (et les centaines d’ectoplasmes militants qui propagent leurs hautes pensées) connaissent leur minute d’extase quand la ministre allemande de l’Intérieur lâche l’un de leurs mots préférés avec « génocide » : le terroriste était « islamophobe ». Le bonheur de nos idiots utiles serait complet si, en prime, c’était un petit gars bien de chez nous, mais un tueur islamophobe, c’est déjà cadeau. Glory alleluiah, il soutiendrait l’AFD – qui n’en organise pas moins une manifestation contre l’immigration massive. Faure et les autres ne se tiennent plus de joie et fondent sur Jordan Bardella et Marine Le Pen, traités de « vautours » parce qu’ils ont dégainé trop vite – à rapace, rapace et demi. Tout ça c’est du racisme antimusulmans, pépie Faure. Je dirais même plus, de la haine antimusulmans, renchérit Bompard qui conclut sentencieusement : « N’oubliez jamais que l’extrême droite tue. » Comme d’habitude, « le réel est reporté à une date ultérieure » (Muray).

Comme le recommandait je ne sais plus quel « théoricien » d’Al-Qaïda, les djihadistes ont tué avec tout ce qui leur tombait sous la main : couteaux, kalachnikovs, haches, ceintures d’explosifs, bombes, camions. En France, depuis 2012, ils ont assassiné des enfants, des journalistes, des policiers, des juifs, des chrétiens, des musulmans trop français, des professeurs (tous en tant que tels) et des centaines de Français innocents. Après les opérations soigneusement préparées par les multinationales du terrorisme, on a vu apparaître des PME locales et des autoentrepreneurs. Au-delà des morts, des blessés, des endeuillés, ils ont soumis nos existences à un régime de contrôle permanent. Tout déplacement, tout rassemblement, toute célébration collective, sans parler des raouts planétaires façon JO, doit répondre à des standards sécuritaires qui exigent que nos rues soient hérissées de grilles et parsemées de blocs de béton. Le terrorisme islamiste ne se contente pas de tuer, il nous pourrit la vie.

Sans surprise, les commissaires politiques de la gauche soumise et leurs proxys médiatiques n’en démordent pas : le danger, c’est l’extrême droite, l’antisémitisme, c’est l’extrême droite (pas celui qui casse la gueule aux juifs en tout cas, mais c’est un détail), le racisme, c’est l’extrême droite, l’homophobie, c’est l’extrême droite (amusant). Et plus que tout, l’islamophobie, crime suprême contre la dignité humaine (bien qu’on ait parfaitement le droit de ne pas aimer l’islam), c’est l’extrême droite. Certes, cette volaille ne fait plus l’opinion commune. Mais elle tient assez de citadelles, dans les rédactions, les universités et les innombrables associations subventionnées pour faire l’opinion qui compte. Et réduire les lanceurs d’alerte au silence.

Ces dernières années, alors que l’islamo-gauche refondait son alliance honteuse dans le soutien à peine masqué au Hamas, l’obsession de l’extrême droite, brandie comme un brevet de Résistance dans toutes les strates de la bonne société politique et médiatique, nous a collectivement désarmés. Autrement dit, pendant que les Frères musulmans étendent leur emprise, tous les beaux esprits du pays prennent la pose et jurent que plus jamais ça, refusant de voir qu’un autre ça arrive par la fenêtre. Par cynisme électoral, paresse intellectuelle, idéologie, intérêts de boutiques et plus encore par peur, ce petit monde se serre les coudes dans un pitoyable Front républicain dont un bon tiers des représentants roucoulent ouvertement avec les ennemis déclarés de la République, votre voile est tellement féministe, chère amie et vous reprendrez bien un peu d’intifada.

En effet, le danger mortel qui menace notre pays et le monde que nous aimons, ce n’est pas le terrorisme armé, largement tenu en respect par les services de sécurité et, il faut le souligner, par la justice antiterroriste, peu encline, contrairement aux tribunaux de droit commun, à pratiquer la politique de l’excuse. C’est la terreur à bas bruit qui commence par imposer une norme étrangère dans certains quartiers avant d’exiger qu’elle soit, au nom de l’inclusivité, érigée en règle commune. C’est le séparatisme qu’Emmanuel Macron a promis de combattre pour finir par le câliner, terrifié par la perspective, opportunément agitée sous son nez, d’un embrasement des quartiers.

C’est le lynchage numérique, la calomnie et l’extrême droitisation de quiconque s’aventure hors des clous de la doxa vivre-ensembliste. Ainsi notre ami Pierre Manent a-t-il été couvert de boue pour avoir dit que le nombre de musulmans en Europe ne pouvait pas croître indéfiniment, sauf à accepter que l’Europe ne soit plus l’Europe. Ce philosophe subtil et précis a même été accusé de prôner, accrochez-vous, une « solution finale » pour les musulmans. Certes ses accusateurs sont des abrutis analphabètes, mais d’abord il y en a de plus en plus et ensuite, on sait très bien qu’une ânerie repostée des milliers de fois devient une vérité virale.

Le 11 janvier 2015, des millions de Français se sont dits prêts, sinon à mourir, à se battre pour leur liberté. Et ils se sont battus pour leur retraite. Contrairement au Danemark, la France n’a pas eu besoin d’inscrire dans la loi l’interdiction du blasphème, parce que tout le monde ou presque a intégré la contrainte, les uns parce qu’ils considèrent les musulmans comme des victimes et que les victimes ont toujours raison (sauf quand elles ont tort comme celles de Charlie), les autres (dont nombre de mes amis cathos) parce qu’il ne faut pas se moquer de la religion des autres, et la majorité parce qu’elle ne veut pas risquer un coup de couteau pour un mot de trop. Nul ne se risquera plus à publier une caricature de Mahomet, ce qui est vraiment triste pour les musulmans, privés de cette normalisation ultime qu’est le fait d’être un objet de moqueries, demandez aux blondes et aux Belges.

Tous les indicateurs le prouvent : la France de 2025 est plus islamisée que celle de 2015, Gilles Kepel a même inventé l’expression « djihadisme d’atmosphère » pour décrire l’imprégnation des esprits. L’école, les clubs sportifs, l’hôpital sont sous pression, demain, ce sera peut-être l’armée et la police. Sur le front de la liberté d’expression, le bilan n’est pas plus glorieux. Certes, le grand bazar d’internet et l’avènement des médias Bolloré permettent aux voix dissidentes de se faire entendre, mais la police du langage ne désarme pas. La seule chose qui ait progressé, c’est la prise de conscience collective. Mais la France CNews peut bien aboyer, la caravane politique passe avec son cortège de lâchetés, soumissions et accommodements.

Puisque nous sommes entre nous, permettez-moi un aveu. Parmi les titres auxquels vous avez échappé, le favori était « L’étrange défaite », qui nous a finalement semblé trop… défaitiste. Préférant commencer l’année avec l’optimisme de la volonté plutôt qu’avec le pessimisme de la raison, nous avons finalement décidé de nous adresser à tous une injonction au combat, c’est-à-dire à l’intelligence, l’irrévérence et la rigolade. Oui, n’ayons plus peur ! Et pour nous donner du cœur au ventre, conservons une seule image de 2024, celle d’une jeune fille déambulant en sous-vêtements devant l’université Azad de Téhéran, altière et libre, défi vivant aux miliciens de la vertu. En plus, elle a gagné ! La justice iranienne n’a retenu aucune charge contre elle, elle n’a même pas été exclue de l’université. Et nous, ici, nous reculerions devant trois internautes mal embouchés ? N’oublions pas cette héritière de Shéhérazade et de la reine Esther, sa longue chevelure tombant sur ses reins, ses bras croisés sur son ventre nu. On ne connaît pas son nom. Mais son courage nous oblige.

Itinéraire d’une veuve très noire

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Si la plupart de ses petites copines islamistes ont été tuées durant dix années de guerre, Le Parisien nous donne de bonnes nouvelles d’Hayat Boumeddiene. La djihadiste la plus recherchée de France est toujours vivante en Syrie…


En ce sinistre anniversaire des massacres perpétrés sur notre sol par des terroristes islamistes en janvier 2015, voilà que l’on est amené à reparler de la veuve de l’un de ces monstres, Amedy Coulibaly.

D’origine malienne mais natif de Juvisy-sur-Orge, celui-ci s’est tout d’abord illustré dans la délinquance, à ses débuts, celle pudiquement qualifiée de mineure, puis, comme de juste, il a assez vite dérivé vers la grande, la majeure. Braquage de banque, etc. 

Ensuite, converti à l’islam le plus radical, passant du banditisme à la fureur terroriste, Coulibaly abattra froidement, à Montrouge, le 8 janvier 2015, la policière Clarisse Jean-Philippe et blessera grièvement un agent municipal de voirie. 

Le lendemain même, à l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes à Paris, il exécute quatre personnes – juives – qu’il a prises en otages. Il sera lui-même abattu peu après par les policiers du RAID et de la BRI.

Or, à ce moment-là, sa veuve, Hayat Boumeddiene, ne se trouve déjà plus sur le sol français. Elle a filé quelques jours plus tôt en Syrie en compagnie des frères Belhoucine, dont Mohamed qui, croit-on savoir, aurait été ici, en France, le référent, le maître à penser et à agir de Coulibaly. 

Celui-ci a épousé – religieusement mais non civilement – Hayat Boumeddiene en 2009 et c’est dans ce moment que la jeune femme opte pour le port du voile intégral, ce qui l’amène à quitter son emploi de caissière. Cinq ans plus tard, fin 2014, c’est-à-dire quelques semaines avant les attentats, elle se prépare vraisemblablement à quitter la France puisqu’elle vide ses comptes en banque. Parvenue en Syrie, elle se réfugie à Raqqa, alors capitale de l’État islamique où, en raison des « hauts faits » de son mari, elle est fort bien accueillie et généreusement célébrée par la propagande de Daech qui en fait une héroïne.

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À ce jour, elle est bien évidemment toujours recherchée par le Parquet National Antiterroriste français en raison de la condamnation à trente années de prison dont elle a écopé pour son rôle avéré dans la préparation des crimes islamistes commis par son mari et leurs complices. Cependant, elle demeure introuvable. 

Or, rapporte le journal Le Parisien, voilà que, alors qu’on l’a crue morte en 2019, elle serait toujours en vie et constituerait donc encore une menace pour notre pays. On doit ces révélations à une « revenante » du Djihad (on préfère manifestement jouer la prudence dans le choix des termes et parler de « revenante » plutôt que de « repentie ». Cela paraît plus sage, en effet) qui l’aurait côtoyée ces dernières années. 

Veuve, Hayat Boumeddiene ne l’est pas restée bien longtemps. Ayant juste laissé passer ce qu’on nomme élégamment « délai de viduité », délai prescrit par la loi islamique – quatre mois et dix jours – elle se remarie avec un djihadiste tunisien, Abou Talha. Or, celui-ci ne plaisante pas avec cette loi, et l’épouse se voit bientôt littéralement cloîtrée. Ce qui, semble-t-il, ne lui conviendrait qu’à demi.

N’ayant pas d’enfant, et peut-être ne pouvant pas en avoir, elle pousse son conjoint à prendre une seconde épouse. Ce sera une Française convertie à l’islam. Probablement influencée par la généreuse pratique franco-française du regroupement familial, à peine mariée elle fait venir en Syrie son père, sa mère, ses frères et sœurs… 

Puis survient la prise de Raqqa par les forces syriennes. Hayat Boumeddiene se replie alors juste à temps au sein d’une communauté djihadiste dans le village de Bahr, à l’est du pays. Faut-il préciser que toute cette période-là elle se prétend Syrienne ?

En 2018, son second mari ayant été tué lors de combats, elle se constitue prisonnière auprès des forces kurdes et c’est dans le camp de réfugiés où elle est envoyée que le témoin évoqué, la « revenante », la retrouve. « Je te croyais morte ! » s’étonne-t-elle. « C’était le but », lui répond Hayat. Hayat qui va se faire appeler désormais Oum Abdallah, ce qui signifie « Mère d’un adorateur de Dieu ». Rien de plus commode pour se fondre dans la population, de très nombreuses femmes ayant à cœur de porter ce nom saint. 

Puis les Turcs passent à l’attaque contre les Kurdes. La veuve prend la fuite au bon moment – Déguerpir à temps : une de ses aptitudes les plus remarquables, à l’évidence -. Elle gagne alors la région d’Idlib où elle se fond au sein du groupe islamique HTS (Hayal Tahir al-Shan). 

Cependant, nous apprend encore la « revenante », la deux fois veuve ne s’est pas limitée à changer d’identité, de nationalité. Elle aurait aussi totalement modifié son apparence physique. Le témoin la décrit comme étant désormais « à peine reconnaissable ». Une question : méconnaissable au point de passer inaperçue si, dans le grand mouvement de population que connaît la Syrie depuis le changement de régime, elle s’avisait de revenir chez nous pour y parfaire le travail de mort initié par Coulibaly, son premier époux ?

Les autorités françaises n’excluent pas cette éventualité car, s’il y a une chose, une seule, à laquelle cette jeune femme d’à présent trente-six ans s’est bien gardée d’apporter le moindre correctif, c’est assurément sa soumission à l’islamisme radical et à sa barbarie terroriste.

Source: Le Parisien

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Brest: y’a des Zazou dans mon quartier

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L’influenceur Zazou Youcef, qui appelait sur Tiktok la communauté algérienne à commettre des attentats, a été arrêté par la police hier. L’affaire témoigne des nuisances fortes d’une véritable contre-société en France.


Il appelait sur les réseaux sociaux à commettre des attentats en France. À défaut de savoir quel sort lui réservera la justice, l’influenceur algérien Zazou Youcef a été interpellé par la police suite à la mobilisation des réseaux sociaux. Ceux-ci ont largement diffusé ses vidéos et interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse. Ce dernier a effectivement réagi. L’homme a été arrêté ce vendredi 3 janvier, révélant au passage qu’il avait déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits de droit commun et qu’il faisait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) non exécutée, une situation malheureusement fréquente.

Un déferlement de haine

Suivi par plus de 400 000 personnes sur TikTok, cet Algérien en situation irrégulière alternait appels à la haine et incitations au meurtre dans de nombreuses vidéos. Dans l’une d’entre elles, il évoquait la guerre civile en Algérie dans les années 1990, qui avait vu les islamistes du GIA massacrer brutalement ceux qui tentaient de vivre à l’occidentale. Il pourrait également faire référence aux attentats des années 1990 en France, orchestrés par Khaled Kelkal, lui aussi membre du GIA. Compte tenu de l’argumentation incohérente de Zazou Youcef, les deux interprétations sont possibles. « On va faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos », déclarait-il. Dans une autre vidéo, il accompagnait ses propos de gestes simulant des égorgements et ponctués de violents « Nique ta mère », clamant : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, vous violer, puis niquer votre mère… Vive l’Algérie, moi je vais vous achever. »

Un autre influenceur algérien, résidant à Grenoble et suivi par 70 000 personnes sous le pseudonyme « imadtintin », a également publié une vidéo incitant au meurtre. Il y appelle à brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne critiquant l’Algérie ou son régime, se vantant par ailleurs, en tant qu’ancien militaire, de savoir manier les armes. Naturellement, il exprime son soutien à Zazou Youcef. Sous leurs vidéos, des centaines de messages de soutien reprennent cette rhétorique violente, vulgaire et exaltée, une rhétorique calquée sur celle du régime algérien.

Ce déferlement de haine, justifié au nom de « l’amour de l’Algérie », représente la version hystérique de discours plus policés portés par des représentants autoproclamés d’une diaspora algérienne souvent liée au régime. Si tous les Algériens en France ne soutiennent pas ce régime corrompu, ceux qu’on entend le plus et qui s’érigent en porte-voix des Français d’origine algérienne ternissent leur image. Ils accusent la France d’« islamophobie », salissent des écrivains comme Boualem Sansal — injustement emprisonné — et attisent la haine auprès d’une jeunesse souvent influencée par l’islamisme radical. Pourtant, cela fait des années que Boualem Sansal et Kamel Daoud alertent sur ces méthodes et insistent sur notre aveuglement face à la constitution d’une contre-société en France.

Un conflit de loyauté

Cette haine, profondément enracinée, est une forme de compensation. Elle prospère sur les réseaux sociaux, alimentée par les islamistes et entretenue par le régime algérien. La logique est claire : lorsqu’un pouvoir fonde sa légitimité sur la haine de l’ancien colonisateur et ne parvient pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à construire une légitimité par ses propres actions, il ne peut fédérer que par la foi et la haine. La figure de l’ennemi sert de ciment au sentiment national. Ici, cet ennemi, c’est nous. Cette rhétorique délétère devient une composante identitaire pour beaucoup. Pour les Algériens qui s’installent en France, les propagandes islamiste et nationaliste créent un conflit de loyauté : s’intégrer en France serait, pour les premières, trahir sa foi, et pour les secondes, renier le combat héroïque pour l’indépendance. Cela rend leur situation souvent inextricable.

Une prise de conscience nécessaire

Il est urgent que nos élus reconnaissent les ingérences de l’Algérie en France, son rôle dans les tensions au sein de la diaspora, et sa volonté de structurer celle-ci en un outil de pression, voire en une cinquième colonne. Ces manœuvres compliquent considérablement la vie des Français d’origine algérienne. Les tensions liées à la double nationalité deviennent insolubles lorsque les deux modèles culturels s’opposent, surtout quand l’un des deux pays — en l’occurrence l’Algérie — alimente sa propre légitimité sur la diabolisation de l’autre.

Pourquoi Boualem Sansal et Kamel Daoud sont-ils haïs par le régime algérien ? Parce qu’en évoquant la « décennie noire » et la guerre civile, ils ramènent ce pays à une histoire qu’il cherche à effacer au profit d’un récit mythique où la France joue éternellement le rôle du méchant.

Il est temps d’en tirer les conséquences. Cela passe par l’exécution systématique des OQTF, le recours à la déchéance de nationalité pour les fauteurs de trouble, mais surtout par une prise de conscience collective et un changement de rapport de force. La dénonciation des accords de 1968 constituerait un signal fort montrant que la France a pris conscience de l’enjeu et se donne les moyens d’agir enfin.

Le miracle de Noël d’Emmanuelle Ménard

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Emmanuelle et Robert Ménard © Alain ROBERT/SIPA

Enquiquineurs, squatteurs, dealers : pas certaine que, sur ces questions, François Bayrou soit l’homme de la situation. On lui laissera le bénéfice du doute, au moins pendant la trêve des confiseurs. D’ici là, très bonne année 2025 à tous !


Opération « Place nette »

En septembre dernier, une enquête Ipsos révélait que la majorité des Français était préoccupée par la criminalité et la violence. Béziers ne déroge pas à la règle et nous sommes régulièrement saisis par des riverains qui se plaignent de squatteurs et autres dealers au bas de leur immeuble. Après en avoir longuement parlé avec le préfet de l’Hérault, sensibilisé à ces questions, une opération « Place nette » d’envergure a été organisée sur deux semaines dans le centre-ville de Béziers. Avec quelques déceptions, qui donnent parfois l’impression de vouloir vider l’océan avec une petite cuillère ; mais aussi quelques résultats, comme des confiscations d’argent dans les caisses de magasins en délicatesse avec le fisc, des saisies de drogue facilitées par les chiens de la police municipale, et quelques découvertes de travailleurs clandestins ou autres marchands de sommeil qui seront dûment poursuivis. Pas de quoi invoquer la magie de Noël, mais constater que nous pouvons nous aussi casser les pieds aux voyous me met du baume au cœur…

Gilles Goujon

Un moment hors du temps. Une soirée toute en délicatesse. Nous sommes invités Robert [Ménard] et moi à un dîner chez un concessionnaire de voitures haut de gamme, animé par le chef trois étoiles Gilles Goujon. Nous connaissons bien Gilles et avons de l’amitié et de l’admiration pour lui. Jovial, bon vivant, chaleureux, talentueux. Durant la soirée, il nous raconte son combat pour la gastronomie française, son amour de notre pays à travers sa cuisine et ses vins, et son agacement, voire son écœurement devant certains chefs qui se « couchent » pour obtenir des récompenses. Gilles Goujon fait partie de ces étoilés qui protestent contre le classement établi par la marque San Pellegrino des 50 meilleures tables du monde dans lequel ne figurent qu’une poignée de maisons françaises… Un combattant. Un résistant. Bref, un vrai Biterrois !

Motion de censure

La France insoumise est prête à jouer la politique du pire : faire tomber un gouvernement sans solution de rechange, quitte à priver la France et la Sécurité sociale de budget. Le RN les encourage, tout en invoquant la « responsabilité ». Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon sont décidés à jouer la présidentielle anticipée. Les partis politiques ne se soucient que de leur électorat, d’intérêts de boutique et de victoires d’ego. Aucune raison que les choses s’arrangent en 2025…

Marche blanche

Un travailleur agricole marocain d’une soixantaine d’années a été assassiné ce mois de décembre par sa voisine de palier, jeune femme de 22 ans (visiblement accro aux substances illicites) et mère d’une enfant de six ans, pour un motif encore indéterminé. Le dimanche qui a suivi sa mort, l’association franco-marocaine de Béziers a organisé une marche blanche. Alors que nous stationnons devant son domicile, pour un moment de recueillement, j’aperçois un homme qui me fait signe. Je m’approche et il me raconte qu’il habite lui aussi dans cette rue, qu’il ne supporte plus les dealers. J’avise non loin de lui trois jeunes garçons, le visage à moitié dissimulé et je lui demande s’ils font partie des fauteurs de troubles. Il acquiesce discrètement. Je me dirige alors vers la police nationale, stationnée là pour sécuriser la manifestation. Je leur demande s’ils sont au courant que les trois jeunes gens font partie des dealers qui pourrissent la vie du quartier chaque nuit. Ils me répondent « oui, mais ils sont mineurs : ils sont régulièrement contrôlés, mais comme ils n’ont rien ou quasiment rien sur eux… » Je comprends la détresse des habitants du quartier. Nous en discutons régulièrement avec Robert : nous pourrions facilement communiquer au prochain ministre de l’Intérieur une liste de mesures qui ne coûtent rien, applicables pour la plupart sans passer par la loi, et qui permettraient aux forces de l’ordre d’agir beaucoup plus effacement… Avis aux amateurs de solutions !

Agriculteurs

Vendredi 13 décembre, la Coordination rurale manifestait à Béziers, en compagnie de quelques élus du RN, pour protester contre la concurrence déloyale subie par les agriculteurs français. Mais quand, vers 10 heures du matin, par une pluie battante, la situation entre police nationale et agriculteurs a commencé à se tendre, bizarrement, les représentants du parti politique de Marine Le Pen n’étaient plus là. Le maire de Béziers en revanche, oui. Deux manières de faire de la politique…

Crèche de Noël et Hanouka : même combat !

Cela ne nous étonne même plus… C’est la onzième année que le maire de Béziers installe la crèche de Noël dans l’hôtel de ville. Et la onzième année consécutive qu’elle est attaquée en justice. Non plus par les représentants de l’État qui, depuis quelques années maintenant, nous ont lâché les baskets avec cette prétendue atteinte à la laïcité. Mais par la Libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. Ils en font une affaire personnelle, semble-t-il. Rien que pour 2024, nous en sommes à cinq procédures en référé ! À croire qu’ils n’ont que ça à faire. « Quel est votre plus grand combat pour les droits de l’homme ? – Combattre la crèche de Noël à Béziers. » Celle-là même qui réunit chaque année plus de 20 000 personnes. Celle qui touche petits et grands, laïcs et croyants, car elle leur rappelle la « crèche de leur enfance… » Celle qui rassemble autour de cette image sacrée de la famille. Du petit contre les puissants. Celle qui fait espérer… Et Dieu sait que les Français ont besoin d’espérer en cette fin d’année.

Grande nouveauté pourtant – et qui m’inquiète beaucoup plus –, la même Ligue des droits de l’homme attaque aussi cette année la célébration de Hanouka – la fête juive des lumières – dans la mairie. Que nous fêtons chaque année depuis onze ans, sans jamais avoir été ennuyés… Décidément, le 7 octobre a fait sauter des digues, et ce n’est pas rassurant.

Drogue suite…

J’apprends à l’instant que la police nationale vient d’arrêter, dans la rue du travailleur marocain assassiné dont je vous parlais plus haut, un homme en possession de plusieurs barrettes de cannabis, 750 euros en espèces et… fiché S ! Un miracle de Noël certainement !

À lire aussi, Emmanuelle Ménard: L’esprit de Noël made in France

Pourquoi la gauche adore détester Michel Onfray

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Michel Onfray © Hannah Assouline

Le 4 novembre dernier, France Inter consacrait une émission entière (« Affaires sensibles » animée par Fabrice Drouelle) à Michel Onfray et à sa supposée dérive droitière. Une heure de procès d’intention, sans contradictoire et sans retenue, pour reprocher au philosophe d’avoir quitté le camp du bien – et donc justifier qu’il n’ait plus sa place sur Radio France. Mais Michel Onfray a-t-il tellement changé ? N’est-ce pas plutôt la gauche qui a changé ?


Pourquoi la gauche déteste-t-elle Onfray ? Entre ostracisme et diffamation, le philosophe Michel Onfray est devenu l’ennemi public numéro un pour de nombreux médias de gauche. Quelles sont les causes de cette détestation et, surtout, que cache-t-elle ? Anatomie d’une haine…

Onfray, cible du sévice public

C’est un fait, Michel Onfray est persona non grata sur les radios et télévisions du service public.
France Inter, par exemple, ne l’a pas invité depuis des années : pas question d’offrir un espace d’expression aux idées souverainistes et de troubler l’entre-soi consensuel des animateurs de gauche et d’extrême-gauche, quasiment hégémoniques sur le service public, et tous ralliés à l’idéologie sans-frontiériste (sans-frontiérisme, c’est l’euphémisme bienséant utilisé pour qualifier le ralliement de la gauche au capitalisme financier et libre-échangiste).

En revanche, si Onfray n’est pas invité sur France Inter, son procès y est instruit, sur le mode des Procès de Moscou, c’est-à-dire sans droit à la défense. Ainsi, le 4 novembre dernier, une émission était donc entièrement consacrée au philosophe : tout d’abord, un Vychinski en herbe l’y a accusé de dérive vers l’extrême-droite ; ensuite, un psychologue auto-proclamé a expliqué cette prétendue dérive droitière par la mort de sa compagne. Aujourd’hui, sur un média financé par l’argent des contribuables, on ne se contente donc plus de calomnier les vivants sans leur accorder de droit de réponse, on exhume aussi une défunte pour lui reprocher un inédit délit de « fascisme post-mortem ». Il était inévitable que cette gauche, adepte du laxisme judiciaire à l’égard des criminels vivants, finisse par condamner les défunts innocents.

Les deux « Minutes » de la haine

La fatwa wokiste qui vise Michel Onfray ne s’arrête cependant pas au service public. Ainsi, dans les pages de Libération et du Monde, il est rituellement maudit et systématiquement extrême-droitisé. Qu’importe que le philosophe défende des valeurs traditionnelles de la gauche comme la solidarité ou le pacifisme ; pour Le Monde, qui n’est pas avare de contresens historiques, baptiser une revue Front Populaire, c’est « séduire »… l’extrême-droite (1), tandis que, pour sa part, Libération titre « Onfray réhabilite un discours d’extrême-droite ! » (2). Le philosophe annoncerait-il la météo ou lirait-il une recette de pâtisserie qu’il serait tout de même lepénisé, fascisé, nazifié. Les deux médias susnommés -qui ont publié en 1977 la tribune pro-pédophile de Matzneff- demeurent néanmoins les prescripteurs officiels de la morale publique et continuent à décerner les brevets de civisme et de respectabilité.

Pour masquer sa transition idéologique de l’internationalisme ouvrier (qui fut un mouvement social émancipateur) vers le capitalisme mondialiste (qui est un système économique d’aliénation des travailleurs, au sens marxiste du terme), la gauche se contente dorénavant et paresseusement de nazifier ses contradicteurs : la « reductio ad hitlerum » la dispense de formuler des arguments. Ainsi, ceux qui prônent un contrôle et une limitation de l’immigration sont systématiquement qualifiés de racistes et d’islamophobes, une qualification qui les… disqualifie moralement dans le débat public.

Hormis quelques esprits libres comme Michel Onfray, nul ne remarque que cette vision immigrationniste est servilement alignée sur celle du MEDEF et du patronat allemand. En effet, le Moloch capitaliste a sans cesse besoin de chair fraîche immigrée à ubériser et à mettre en concurrence avec le prolétariat local, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires. Et la gauche, devenue complice de cette Traite négrière contemporaine, cautionne; elle en redemande même, telle l’idiote utile du grand patronat transnational qu’elle est devenue. Lénine, relève-toi, ils sont devenus f…inanciers !

La gauche et le peuple : petite histoire d’une grande trahison

La gauche déteste Onfray parce que ce dernier lui reproche d’avoir sacrifié la vertu de la République en se couchant devant les marchés. Elle le déteste aussi parce qu’il lui rappelle ce qu’elle a été et ce qu’elle n’est plus : une force révolutionnaire qui a mené et remporté de nombreuses luttes sociales au service du peuple.

Telle la Statue du Commandeur, le philosophe énonce inlassablement et imperturbablement les félonies successives de notre gauche désormais populophobe. Liste (non exhaustive, car 10 volumes n’y suffiraient pas) :

-d’abord, la trahison économique et sociale initiale avec le « tournant de la rigueur » (traduction : le coming out libéral du Parti Socialiste), décidé par Mitterrand en 1983, et mis en place par le très européiste ministre de l’économie Jacques Delors.

-ensuite, la trahison de la démocratie avec le coup d’État de février 2008, lorsque l’abstention de nombreux  parlementaires de gauche a aidé à la ratification du très libéral Traité de Lisbonne, désavouant ainsi le referendum populaire de 2005 qui avait dit « non » au projet de Constitution européenne.

-puis, la trahison de la laïcité avec la conversion de toute l’extrême-gauche et d’une large fraction de la gauche à l’islamogauchisme. Les anticléricaux et bouffeurs de curés d’autrefois sont devenus les supplétifs et les idiots utiles des barbus patriarcaux, antisémites et homophobes. Désormais, c’est à gauche qu’on milite pour le port de signes religieux sexistes à l’école publique. Jules Ferry, relève-toi, ils sont devenus f…anatiques !

– enfin, la trahison de l’idéal pacifiste avec l’alignement pavlovien de nombreux parlementaires et ministres de gauche sur les positions atlantistes et bellicistes, depuis les interventions américaines en Irak et en Afghanistan jusqu’au conflit russo-ukrainien, en passant par les bombardements sur la Libye. Pour un Chevènement qui a démissionné, combien de ministres de gauche sont restés en place ? La soupe est bonne au gouvernement, même et surtout quand elle est préparée par les marchands d’armes. Jean Jaurès, relève-toi, ils sont devenus f…aucons !

Pour être un philosophe institutionnel et célébré par les médias de service public, Michel Onfray aurait dû, à l’instar de BHL (« Belliciste en Hermès et Lacoste » !), se proclamer de gauche tout en renonçant à toutes les valeurs de gauche. Bernard-Henri Lévy se prétend en effet de gauche alors qu’il est l’infatigable VRP de toutes les guerres américaines, un philosophe qui n’éprouve aucun complexe moral à redonner le moral au complexe militaro-industriel, un homme qui n’a pas d’alibi pour avoir entraîné Nicoléon le Petit dans l’a-Libye, c’est-à-dire dans l’anéantissement de toute structure étatique en Libye, désormais livrée au chaos et aux groupes terroristes. Une suggestion de titre pour le prochain film-pensum de BHL : « OTAN en emporte les vies »…

La Gauche-Pinocchio contre Jiminy Onfray

Une constante relie toutes les trahisons évoquées ci-dessus : l’adhésion d’une très large partie de la gauche à l’idéologie maastrichtienne, cache-sexe européen de la mondialisation ultralibérale. D’Artagnan tué en 1673 devant Maastricht, on aurait pourtant dû se méfier de Milady Von der Leyen !

L’élu maastrichtien de gauche -je ne parle pas de l’ère géologique du Crétacé mais de l’hère néo-illogique qu’est le partisan de l’Union Européenne- sait qu’il ne peut pas se prétendre de gauche et adhérer, « en même temps », à cette Europe antisociale du libre-échangisme et du dieu-marché ; alors il hait Michel Onfray pour l’avoir mis en face de sa schizophrénie politique et de ses reniements.

Bien loin d’une capitale qui fait aujourd’hui de la peine, artisan qui forge amoureusement des pensées philosophiques chez lui en province (Caen on a que l’amour…), Michel Onfray préfère sertir l’idée au logis que servir l’idéologie. Il est la conscience, le Jiminy Cricket de la Gauche-Pinocchio, celui qui lui souffle inlassablement à l’oreille qu’elle ment au peuple depuis qu’elle s’est convertie voilà 40 ans au capitalisme mondialiste et financier. Dans la version initiale du conte (pas dans celle, édulcorée, de Disney), Pinocchio, exaspéré, écrasait l’insecte incarnant sa conscience. Aujourd’hui, malgré la violence de l’ostracisme et de la diffamation, le philosophe, quant à lui, ne s’écrase pas : le cri qu’est Onfray retentit malgré les cris d’orfraie de cette gauche de la trahison.

La droite ne l’aime pas non plus !

La droite européiste (y en a-t-il une autre ?) n’aime pas davantage Michel Onfray. Elle ne l’aime pas parce qu’il est toujours de gauche, bien sûr, mais aussi parce qu’elle n’est pas parvenue à le débaucher, à le récupérer au moment où elle n’a plus de philosophe d’envergure depuis les disparitions de Raymond Aron et de Jean-François Revel. 

Il y a bien François-Xavier Bellamy, mais il est à la philosophie ce que Macron est à la politique : on ne peut en effet pas prétendre que la nation est le « seul cadre dans lequel s’exprime la souveraineté des peuples » et déclarer « en même temps » que le « terme de souverainisme est réducteur » (3).

Tandis que le véritable philosophe doute, s’interroge et remet en cause; le sans-frontiériste maastrichtien croit en les textes saints que sont pour lui les traités européens. Tandis que le philosophe privilégie l’Homme, le libéral maastrichtien le réduit à une variable d’ajustement microéconomique. L’adhésion à Maastricht, c’est l’anti-philosophie : voilà pourquoi, malgré ses indéniables qualités intellectuelles, l’européiste Bellamy n’écrira jamais une Métaphysique des montants compensatoires monétaires d’Aristote à Schopenhauer ou un De la Politique Agricole Commune dans la pensée nietzschéenne.

Le philosophe, le révolutionnaire et le politicien (aka « Le bon, la brute et le truand »)

Onfray n’aime pas Robespierre, du moins la lecture que Mélenchon en fait. Pourtant, il y a du Robespierre chez le philosophe : ne surnommait-on pas Maximilien « l’Incorruptible » ? L’indépendance de Michel Onfray interroge en effet le microcosme médiatico-politique : quel est donc ce psychorigide normand à lunettes rectangulaires qu’on ne peut pas acheter par une sinécure à la direction d’un institut culturel surnuméraire ou bien par un secrétariat d’Etat à l’intitulé farfelu ? Bref, quel est cet individu déconcertant des cons certains et refusant des honneurs qu’il considère comme déshonneur ?

« Ôte-toi de mon soleil ! », disait Diogène à Alexandre le Grand qui lui demandait ce qu’il désirait. « Ôte-moi de ton soleil !», réplique Michel Onfray (que dieu gêne ?) à tel anima-tueur de télé qui le désire-hait. En effet, le philosophe sait qu’aucun projecteur de plateau-télé n’éclairera jamais aussi fort que les Lumières. Or, dans les studios, ce n’est pas Jean-Jacques que l’on croise, mais Aurélien Rousseau, Sandrine Rousseau et Adrien Quatennens (cherchez : c’est également un Rousseau).

De l’Union Soviétique à l’Union Européenne : la xénocratie en marche…

A un siècle d’intervalle, Léon Blum (chef du Front Populaire, le gouvernement) et Michel Onfray (fondateur de Front Populaire, le journal) affichent la même préoccupation souverainiste et la même volonté de lutte contre la xénocratie : à l’instar du socialiste Blum qui avait refusé de se soumettre à la tutelle politique de Moscou en ne signant pas l’adhésion de la SFIO à l’Internationale communiste, Onfray rejette la tutelle économique de Bruxelles et la supranationalité antidémocratique imposées par la Commission européenne, dont pas un seul des membres n’est élu.

Le « tout-marché » des maastrichtiens d’aujourd’hui est l’équivalent dogmatique du « tout-Etat » des communistes d’autrefois et les co-misères européens sont les héritiers des commissaires politiques soviétiques : des technocrates fanatiques, dénués de la moindre empathie et au service d’une idéologie mortifère.

Le 27 décembre 1920, dans un discours mémorable au Congrès de Tours (qui allait aboutir à la scission de la gauche française entre socialistes et communistes), Léon Blum disait à ceux qui renonçaient au socialisme et à la démocratie pour devenir les vassaux des communistes russes, tueurs de masse : «il faut que quelqu’un reste pour garder la vieille maison». Aujourd’hui, alors que la gauche européiste a renoncé au peuple et s’est associée aux assassins de la nation française, c’est Michel Onfray qui garde la «vieille maison».


(1) Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite (lemonde.fr)

(2) «Onfray réhabilite un discours d’extrême droite» – Libération (liberation.fr)

(3) Bellamy : «Une Europe qui permet de ne plus subir la mondialisation» – Le Parisien