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Obama a compris que le verbe ne peut pas tout


Obama a compris que le verbe ne peut pas tout

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Hubert Védrine ne cachait pas son dépit, ce matin, sur France Culture, et Bernard Guetta, sur France Inter, a prudemment choisi de parler des Kurdes et des Turcs plutôt que d’encenser, une fois de plus, son idole Barack Obama. On nous permettra de penser que c’est plutôt bon signe…
Le discours du président des Etats-Unis devant des étudiants israéliens à Jérusalem était conçu comme le point d’orgue d’une visite présentée comme historique. Certains évoquaient même un nouveau discours du Caire, où Obama avait tendu la main au monde musulman, rompant avec le «  wilsonisme botté » de son prédécesseur. Quatre ans plus tard, les effets de ce discours sont, pour le moins, mitigés.
L’image des Etats-Unis, et plus largement de l’Occident, se sont-elles améliorées dans cette région du monde ? Une fois dissipées les illusions provoquées par la « divine surprise » des printemps arabes, on constate que la rhétorique agressive antioccidentale des jihadistes et salafistes est en constante progression dans des opinions publiques dont les nouveaux dirigeants sont contraints de tenir compte.
Au lieu de marcher vers la démocratie et le progrès économique et social, les nations arabes libérées des dictatures nationalistes s’enfoncent dans le chaos, la misère et,  pour certains, la guerre civile.
Le drame syrien, qui, rappelons-le, a provoqué à ce jour plus de victimes que toutes les guerres israélo-arabes depuis 1948, met à mal la théorie de la centralité de ce conflit dans la géopolitique proche orientale : en quoi la lutte à mort que se livrent les Alaouites et les Sunnites concerne-t-elle l’Etat juif ?
Les révolutions arabes n’ont pas fait disparaître le refus ontologique des Arabes de l’existence sur la terre de Palestine d’un Etat juif se revendiquant comme tel, bien au contraire. La domination idéologique des islamistes radicaux a rendu ce « rejectionnisme » incapable de compromis, puisque celui-ci irait à l’encontre de la volonté de Dieu. En Egypte, un des leaders de l’opposition dite libérale a déclaré qu’il pouvait parler à tout le monde, sauf aux sionistes.
Cette situation n’a pas échappé au président des Etats-Unis. Il est aujourd’hui persuadé qu’il n’a qu’une chance infinitésimale d’être celui qui parviendra à imposer une paix solide, sinon définitive, entre les Arabes et les Israéliens avant son départ de la Maison Blanche en décembre 2016. Il faudrait pour cela que les factions palestiniennes se réconcilient, car que vaudrait un accord signé par Abbas puis immédiatement contesté par le Hamas de Gaza ? Qui peut aujourd’hui prévoir l’évolution de l’Egypte sur la question, un pays où seul la menace d’un retrait de l’aide militaire et civile américaine retient le nouveau pouvoir de remettre en cause les accords de paix avec l’Etat juif ? Le problème principal de la période n’est pas la résolution du conflit israélo-palestinien, mais de faire en sorte que la région ne soit pas le théâtre d’une déflagration généralisée, éventuellement nucléaire. Et sur qui les Etats-Unis peuvent-ils compter pour éviter le pire ? Sur Israël d’abord, dont c’est l’intérêt vital, et sur la Turquie qui s’inquiète des volontés hégémoniques iraniennes.
C’est pourquoi, au lieu de discourir devant la Knesset pour exhorter la représentation nationale d’Israël à travailler au compromis «  deux Etats pour deux peuples », il a préféré s’adresser à un public plus réceptif à une vision idyllique d’une réconciliation israélo-palestinienne dont chacun des peuples pourrait tirer bénéfice, en terme de sécurité pour les Israéliens, en termes de développement et de bien-être pour les Palestiniens. Comme Obama ne croit pas lui-même à  la réalisation prochaine de cette généreuse utopie, il a dit à la jeunesse universitaire et romantique venue l’écouter et l’applaudir « Yes, you can ! » .

*Photo : The Israel Project.



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