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Les Blancs savent-ils courir ?


Les Blancs savent-ils courir ?
Christophe Lemaître.
Christophe Lemaître
Christophe Lemaître.

« Que je le veuille ou non, je suis le premier athlète blanc à battre les 10 secondes. Manifestement, je rentre dans l’Histoire » : c’est en ces termes que le sprinteur français de 20 ans, Christophe Lemaître, est revenu sur sa performance du 9 juillet dernier réalisée à Valence, donc à basse altitude, avec un vent favorable modéré de 1,3 mètres par seconde (sachant que la limite autorisée est de 2 mètres par seconde. Il est donc le premier Blanc à courir le 100 mètres en 9 secondes et 98 centièmes, cette barrière symbolique des 10 secondes ayant déjà été pulvérisée officiellement 446 fois dont 445 fois par des athlète originaires d’Afrique de l’Ouest, et une fois par l’Australien Patrick Johnson qu’on ne peut pas vraiment qualifier de « blanc » en raison de ses ascendants pour moitié aborigènes.   
 
De fait, lors de tous les JO depuis 1984, tous les finalistes du 100 mètres étaient sans exception originaires d’Afrique de l’Ouest (si on compte, pour la beauté de la démonstration, Frankie Fredericks, originaire de Namibie. Aucun Africain issu d’autres régions de ce continent n’a franchi le seuil des 10 secondes, le meilleur temps accompli sur cette distance par un Brésilien noir a été 10,02. Enfin, parmi les nations d’Afrique occidentale, le Nigéria se distingue puisque ses sprinteurs sont passés 21 fois sous la barre des 10′. 

Les différences génétiques ne prouvent pas l’existence de races 
 
Pour autant, la fierté affichée par la Fédération Française d’Athlétisme face à l’exploit (incontestable) de Christophe Lemaître suscite un certain malaise. Les différences génétiques entre populations humaines – et donc également entre groupes ethniques – sont certes indiscutables et même souhaitables puisque c’est par le brassage génétique que progresse et évolue notre génome humain. Il n’en est pas moins impossible d’établir une corrélation scientifique entre la couleur de la peau et les capacités physiques, sans parler des comportements individuels. En d’autres termes, le concept de « race » – qui associerait caractéristiques génétiques et couleur de peau – est indéfendable. Au demeurant, si les races existaient, tous les Noirs, et pas seulement les Africains de l’ouest, excelleraient 100 mètres. 
 
La thèse qui prévaut est pourtant celle du journaliste américain John Entine qui, en 1989, écrivait, dans son livre appelé de manière significative Tabou« Les Noirs originaires d’Afrique de l’Ouest – dont la plupart des Noirs nord-américains se considèrent les descendants – se caractérisent généralement par une quantité plus faible de graisses sous-cutanées au niveau des bras et des jambes, une masse musculaire proportionnellement plus élevée, des épaules plus larges, des quadriceps plus volumineux et une musculature générale plus développée; une cage thoracique plus petite; un centre de gravité plus haut; un réflexe rotulien plus rapide; une densité corporelle plus élevée; un taux de testostérone plasmatique légèrement plus élevé, qui a un effet anabolisant, c’est-à-dire qu’il contribue théoriquement à accroître la masse musculaire, à faire baisser la quantité de graisse et à permettre des efforts plus intenses avec un temps de récupération plus court ; enfin, un pourcentage plus élevé de fibres musculaires à contraction rapide et d’enzymes anaérobies, qui peuvent se traduire par un surcroît d’énergie explosive. ».

Les Blancs savent-ils danser ?

La piste génétique est pourtant infirmée par Usain Bolt, détenteur du record du monde – 9’58 réalisées lors de la finale des Mondiaux 2009 à Berlin – qui est longiligne alors que pendant longtemps seuls les petits gabarits musclés semblaient à même de réaliser ce type de performance. Pour autant, les partisans de cette imposture classifient tous les Africains au sein de la même race tout en rappelant (pour les rares qui ont de l’humour), qu’ils n’ont jamais vu de snowboardeur noir. Demandera-t-on à Christophe Lemaître s’il sait danser?
 
Répéter inlassablement que les Noirs sont forts et musclés, c’est sous-entendre qu’ils sont moins intelligents dans le but de renforcer les structures sociales inégalitaires. Plutôt que de nous demander s’il y a un gène du cent mètres, de la pauvreté ou de la connerie, pourquoi ne pas tout simplement admirer la volonté, le talent et les performances. Après tout, on s’en moque, qu’elles aient été réalisées par un blanc, un jaune ou un bleu. À cette vitesse, qui voit encore les couleurs ?



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Franco-Suisse né à Beyrouth en 1963, il a sillonné le Moyen-Orient. ex-cambiste et trader, il dirrige sa propre société financière à Genève pendant douze ans. Aujourd'hui, Michel Santi décortique, scrute et analyse le monde de la Finance. Il est également rédacteur du site : <a href="http://www.gestionsuisse.com">Gestion Suisse</a>

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