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Le réveil de la contre-culture homosexuelle

Guerre de sécession dans le militantisme: les gays et les lesbiennes s'émancipent des trans


Le réveil de la contre-culture homosexuelle
Marche des fiertés homosexuelles au Mans, 2 juin 2018 © GILE MICHEL/SIPA

C’est un événement rare qui mérite d’être connu: le 20 septembre, le groupe LGB Alliance France (Lesbienne Gay Bisexuel… sans T) a déclaré son « indépendance » de l’ « establishment LGBTQA+ », et cela en connexion avec dix-huit autres pays, allant de Taïwan à l’Australie en passant par la Bulgarie et les États-Unis. Éclaircissements.


« Depuis quelques années, lit-on dans le communiqué de presse, des femmes lesbiennes et des hommes gays ou bisexuels se retrouvent exclus de milieux professionnels liés à la culture mais aussi de certaines luttes sociales pour ne pas avoir consenti à des revendications se réclamant de la cause trans-activiste. Ces bannissements sont pensés pour avoir un aspect viral: même les personnes indifférentes à ces questions finissent par y participer. L’Alliance LGB France s’est constituée en réaction à ces méthodes autoritaires. »

Un « féminicide » social et méconnu

J’ai rejoint ce groupe après avoir été contactée par une jeune lesbienne qui demandait l’aide des féministes de ma génération (MLF). Elles étaient harcelées par des « femmes trans identifiées » qui voulaient entrer dans des associations de lesbiennes féministes alors qu’elles n’étaient pas opérées. Autrement dit, qu’elles étaient physiquement des hommes. En plus, « elles » y prenaient bien souvent le pouvoir et pour certaines voulaient avoir des relations sexuelles avec de « vraies » lesbiennes, et donc de « vraies » femmes, meilleur moyen selon « elles » d’authentifier leur adhésion à l’autre genre. C’est ainsi que je découvris l’offensive transactiviste pour coloniser les lieux féminins et les associations lesbiennes féministes universalistes existant depuis longtemps. Cette offensive vise principalement les femmes car les « hommes transidentifiés » ne cherchent pas à entrer dans les associations gays et encore moins dans les équipes masculines de foot, de boxe ou de rugby, comme on l’a vu dans le sport féminin. Harcèlement accompagné de menaces de toutes sortes et d’isolement social des « résistantes ». Mais le plus stupéfiant fut de découvrir que 75% des personnes désirant changer de genre étaient des filles, et pour un grand nombre d’entre elles des lesbiennes n’arrivant pas à assumer leur différence dans la société égalitaire néo-libérale.

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J’ai cherché dans un premier temps à soutenir ces « butch », c’est-à-dire ces femmes qui se sentent hommes et s’habillent en hommes, comme l’histoire des lesbiennes en donne de nombreux exemples, en montrant dans un livre qu’elles n’avaient pas besoin de prendre des hormones mâles ni de se couper les seins pour ce faire.

Avec Nicole Athea, gynécologue obstétricienne qui a soigné des transsexuels pendant des années, nous avons publié un livre consacré spécifiquement à la question des femmes en insistant sur l’aspect « féminicide social » de cette mise au pas des jeunes filles « anormales ». Notre essai Quand les filles deviennent des garçons, est paru au printemps 2023 aux éditions Odile Jacob. Nous n’avons pas reçu de menaces de mort, comme ce fut le cas de la romancière J.K. Rowling et la chercheuse féministe Maya Forstater, licenciée en 2018 pour avoir affirmé qu’une femme transgenre restait un homme d’un point de vue biologique. Mais nous avons « seulement » été censurées et délibérément « cancelées ». Les journalistes qui voulaient chroniquer notre livre en étaient gentiment détournés, soit parce que leur direction était favorable au progressisme transidentitaire, soit parce qu’elle avait peur d’être harcelée par les activistes qui ne reculent devant rien pour empêcher tout débat susceptible de remettre en question leur idéologie. Et je ne parle pas des descentes transactivistes dans les librairies pour cacher nos livres ou, sur les réseaux sociaux, pour nous assimiler à l’extrême droite homophobe.

Un débat qui agite la France depuis plusieurs années

C’est dans ce contexte que j’ai rencontré d’autres homosexuels exaspérés eux aussi par la curieuse évolution du mouvement homosexuel. Parmi eux se trouvait Frédérick Schminke, professeur d’anglais et bilingue qui était en contact avec le groupe LGB Alliance Royaume-Uni. C’est ce groupe qui fonde LGB Alliance international ce 20 septembre 2025, en même temps que la Déclaration d’indépendance tandis que l’association française était officiellement formée en 2024, Frédérick devenant président l’année suivante.

L’intérêt historique de ce nouveau groupe ne vient pas seulement de ce qu’il fait sécession avec une organisation LBGTQ+ devenue totalitaire, mais qu’il fait alliance avec un courant féministe opposé à la propagande actuelle en faveur de la transidentité des mineurs qui suppose la prise dangereuse de bloqueurs de puberté.

Le communiqué de presse note en effet que : « Le débat sur la transition des mineurs agite la France, dans le cadre d’une proposition de loi adoptée par le Sénat en mai 2024 mais toujours en attente à l’Assemblée nationale. Selon la commission des affaires sociales du Sénat, d’après les données de l’Assurance maladie, le nombre de mineurs en ALD pour transidentité est passé de huit en 2013 à 294 en 2020. L’ensemble des personnes en ALD pour ce motif est passé de 962 à 8 952 sur cette période. » Et il ajoute : « Parmi les 239 mineurs suivis entre 2012 et 2021 à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, 105 ont pris des hormones du sexe opposé, 30 ont subi une ablation des seins et 26 ont reçu des analogues de la GnRH. » Ce communiqué ne parle pas du trafic d’hormones devenu monnaie courante dans les milieux à la mode. Ni du fait que la prise d’hormones contraires à son sexe a une incidence directe sur la sexualité des trans et l’expression du désir. Chez certaines filles par exemple, le clitoris peut tripler de volume et il fait si mal qu’elles n’ont plus de désir du tout. Bien sûr, on n’en parle pas sur les réseaux sociaux, comme si la nouvelle identité de genre comblait tous les désirs.

Dans son communiqué de presse, LGB Alliance France cite deux exemples de l’aspect misogyne et antiféministe de ce transactivisme LGBTQ+ :

« – À Rennes en 2023, le bar lesbien La Part des Anges a été vandalisé, menacé et poussé à la fermeture après des accusations de transphobie. Selon la gérante, tout a commencé lorsqu’elle a réagi à une agression sexuelle par un homme affirmant vouloir valider son identité en couchant avec des lesbiennes. (Sources : Ouest-France, 17 mai 2023 ; Charlie Hebdo, 25 mai 2023).

– À Toulouse en 2025, le Printemps lesbien, festival culturel organisé par l’association Bagdam Espace lesbien, a été la cible de violentes attaques, à travers un tract du collectif Bagarre (un groupe militant) diffusé avant le festival dans la communauté LGBT de Toulouse, et envoyé à certaines partenaires et invitées/intervenantes du festival, pour les inciter à quitter le festival. Il en est résulté l’annulation de quatre événements. »

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Notons aussi que les jeunes gays commencent également à prendre la mesure du climat dictatorial qui régente une « communauté » convertie aux idéaux transactivistes sans qu’aucun débat ne puisse se tenir le bien-fondé d’une telle évolution d’un mouvement né dans une dynamique émancipatrice. À court terme, la « conversion genrée » des jeunes homos mal dans leur peau d’homosexuel mène à la disparition pure et simple de la liberté d’orientation sexuelle. Mais on ne règle pas le problème de l’homophobie en changeant de genre.

La création de cette nouvelle « Alliance » entre lesbiennes, gays et bisexuels a le mérite d’introduire la dissidence à l’intérieur d’une « communauté » qui a réussi à imposer ses revendications au « mariage gay » et à la « PMA pour toutes », en attendant la « GPA pour tous ». L’arrivée du transactivisme lui a donné un faux second souffle. « Faux », car on ne peut fonder l’émancipation homosexuelle sur le simulacre genré et le pouvoir coercitif du groupe. « Tu fais semblant de croire qu’un homme est une femme et je fais semblant de te croire », impose ce transactivisme à ses adeptes.

C’est pourquoi, ce NON formulé par des groupes issus d’une vingtaine de pays fait figure de révolution culturelle dans ce paysage politique soumis à la censure, la misogynie et la mutilation des mineurs. Il était temps de le dire.

Notons enfin que LGB Alliance est une association apartisane réunissant des personnes avec des opinions diverses sur les sujets non liés à la bioéthique (économie, immigration, etc.). Nous demandons aux différentes forces politiques de ne pas instrumentaliser notre cause pour ces autres débats.

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Marie-Jo Bonnet est historienne, écrivaine et féministe. Derniers livres parus Jean Cocteau “Je t’aime jusqu’à la mort”. Correspondance avec Jean Desbordes 1925-1938. Edition de Marie-Jo Bonnet, Albin Michel, 2023 et (avec Nicole Athea) Quand les filles deviennent des garçons, Odile Jacob, 2023.

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