La Turquie à l’heure de Zola?


Germinal acquiert une seconde vie en Turquie. Quatre étudiantes endeuillées depuis la mort de leurs pères dans la catastrophe de la mine « Soma » en mai 2014 peuvent être reconnaissantes envers Emile Zola.  Pour rappel, Soma est une mine du sud-ouest du pays qui s’était effondrée, prenant au piège des centaines d’ouvriers et provoquant un tel traumatisme dans la société turque que fut décrété un deuil national de trois jours.

L’un des éditeurs de la version turque du roman de Zola, Yordam Kitap, avait après l’accident annoncé son intention d’allouer l’ensemble des revenus engendrés par la vente du livre au financement de la scolarité des enfants des 301 travailleurs ayant laissé la vie à Soma. Un geste bienveillant mais aussi politique, qui permet aux dirigeants de la maison d’édition de se joindre aux contestations anti-Erdogan, que d’aucuns pointaient du doigt comme premier responsable de la tragédie, pour n’avoir pas su améliorer les conditions de travail dans les mines du pays. Les représentants de l’éditeur indiquent en effet que « la démarche est naturelle, car dans le fond, les travailleurs des mines turques ont des conditions de travail proche des protagonistes de Germinal ».

La contestation contre ces conditions de travail indignes avait entraîné ici et là des heurts entre policiers et manifestants. Des allégations jugées sans fondement par le pouvoir, Erdogan allant même jusqu’à déclarer à l’époque que « les accidents de travail arrivent partout dans le monde » (sic) avant de se raviser quelque jours plus tard, commentant la mise en examen du directeur de la mine et ses adjoints en promettant un « plan d’action » pour améliorer la sécurité dans les mines. Une attitude de pompier pyromane selon certains observateurs qui rappellent que son gouvernement a privatisé l’exploitation minière dans le pays.

Toujours est-il que la maison d’édition a communiqué en début de semaine sur son initiative en révélant avoir déjà récolté suffisamment de fonds pour financer trois années entières de scolarité pour quatre étudiantes.

Reste à savoir si sous une éventuelle présidence Erdogan, on aura toujours le loisir d’étudier Zola à l’Université.



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