En s’étripant pour sa fortune, la veuve et les rejetons de Johnny Hallyday ont déchiré son héritage.
Quand j’entends Johnny Hallyday chanter Gabrielle, ça ne loupe pas, je retrouve le gosse de 12 ans que j’étais, ce soir de l’été 76 où j’ai pris cette chanson en plein cœur pour la première fois. Je me souviens parfaitement du choc, de cette porte qui s’ouvrait sur un monde étrange et brûlant, obsédant, furieusement et farouchement sexuel.
Depuis quarante ans, la chanson a gardé son pouvoir magique. Chaque fois, quand la voix en or massif de notre King se pose sur les premiers sons de guitare, je monte le son et retrouve la sensation d’un nouveau dépucelage rock’n’roll. Même quand j’ai compris que notre Johnny était aussi le roi des cons et la risée du monde, la puissance de Gabrielle est toujours restée intacte.
L’héritage déchiré
Les choses sont en train de changer. Depuis que la matrone et les rejetons s’étripent pour l’héritage et ne se causent plus sur tous les médias, depuis que la cour s’est déchirée et que les tirs croisés volent de plus en plus bas, depuis que leurs baveux respectifs dissimulent mal leurs calculs sordides sous des airs grand seigneur, je n’entends plus Gabrielle comme avant. La nympho magnifique et vampirique est devenue une intrigante, une petite salope arriviste et vénale. Aujourd’hui, quand j’entends la chanson, je ne vois plus que des actes notariés et des mises en demeure, des assignations et des saisies, des contestations et des requêtes, des appels et des cassations, et à la manœuvre dans ces procédures minables, des huissiers, des notaires et des comptables.
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Cette famille comme les autres en bisbille est en train de me gâcher mon plaisir solitaire, mon feu au cul chanté, ma claque dans le sang. J’en arrive à prier pour qu’on rouvre la tombe du couillon au frais sur son île, qu’on y fourre la veuve près de ses sous avec les deux artistes, qu’on referme le tout sous une dalle de béton armé et qu’on n’en parle plus, qu’on ne m’en parle plus.
Avant, dans certaines civilisations disparues, la coutume voulait, à la mort du roi, de l’empereur ou du pharaon, que l’on immolât la veuve, que l’on donne tous les pouvoirs au successeur, et que l’on réduise le reste de la descendance au silence par toutes sortes de moyens. Décidément, c’était mieux avant.
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