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Jamais sans mon chien


Jamais sans mon chien

Ce mercredi-là commence par un coup de fil : on m’apprend que mon chien m’attend au refuge SPA du coin, il avait été ramassé alors qu’il divaguait sur la voie publique.

Je tente de contrôler mon agacement à l’idée de prendre mon camion pour aller chercher ce couillon qui « divaguait » juste devant chez moi et je remercie très courtoisement mon interlocutrice ; et j’ajoute, (qu’est-ce qui m’a pris ?) que nous sommes, mon chien et moi, un couple libre, qu’il a pris l’habitude de sortir seul et qu’il n’était pas perdu. Mais merci encore.

Le problème avec ces bonnes femmes bénévoles, désœuvrées et mal… disons honorées, enfin qui n’ont plus rien à se mettre, c’est leur besoin de faire la morale au mâle laxiste qui se cache derrière la liberté pour fuir ses responsabilités. Quand elles en tiennent un, il est bon pour le sermon voire pour la zonzon. Une fois sur place pour récupérer le fuyard, je n’y coupe pas. Monsieur, laisser son chien seul dans la rue c’est mal, c’est puni par la loi et la prochaine fois elle pourrait porter plainte, l’emmener à la fourrière et que ça pourrait me coûter 30 000 euros d’amende et 6 mois de prison.

Je tente d’expliquer qu’il n’a jamais mangé de bébé ou alors pas devant moi. Mais va faire comprendre à ces bonnes sœurs qui sauvent la vie d’animaux à qui elles coupent les couilles que c’est un chien anarchiste qui n’a pas besoin d’être attaché pour rester avec son maître, pardon son compagnon humain. Comme on dit de nos jours, il est autonome, quoi.

Va leur dire à ces quiches zoophiles que je n’ai pas de leçons d’éducation à recevoir et que ma méthode qui consiste à faire des allers-retours entre laxisme complet et tout-répressif, je l’ai mise au point sur mes gosses et qu’elle marche très bien sur mon chien.

Va leur expliquer à ces trumeaux qui rêvent de mettre une laisse à tout ce qui a une queue, qu’on est libres, nous, et qu’on prend le risque de se faire écraser par un 38 tonnes plutôt que de passer nos vies à la niche, devant un os en plastique ou Télérama. On est comme le loup de la fable : on ne veut pas la trace du collier.

Ces petites mises au point achevées, je repars avec mon cabot et sous les menaces d’une plainte en justice. Je ne laisse même pas l’amie des bêtes aller au bout de son réquisitoire suraigu, en lui expliquant, posément mais fermement, que, n’étant pas son mari, je ne lui reconnais aucune légitimité à mes les briser plus longtemps.

Décembre 2008 · N°6

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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