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Hollande-Sarkozy : ce débat n’était pas pour moi


Chers lecteurs, je vous dois un aveu. Ce débat dont je me faisais une fête, je me suis endormie devant au bout d’une heure à peine. Oui, endormie ! Et il a parait-il été impossible de me réveiller. Alors pour tout vous dire, j’ai un peu honte. Serais-je une mauvaise française ? Une citoyenne irresponsable ? Devrai-je, pour me rattraper, le visionner cent fois et vous remettre une dissertation sur les mérites respectifs des deux rivaux ? En tout cas, j’en fais le serment solennel : dans cinq ans, je serai devant mon poste, toute la nuit s’il le faut. Avec un peu de chance, le duel de second tour opposera des nouvelles têtes.

Cela dit, c’est pas pour me justifier, mais j’en connais d’autres qui ont roupillé pendant que les deux éminences parlaient d’eux, pour eux et à eux. Je suis même en mesure d’apporter une précision scientifique grâce à un sondage réalisé auprès de deux couples de mes amis : dans tous les cas, c’est la femme qui a flanché.

Faute de pouvoir, comme l’ensemble de mes confrères, décerner le pompon du meilleur débatteur, je vais tenter d’expliquer pourquoi mes deux copines et moi-même avons décroché. Au risque de passer pour atrocement réac mention sexiste, j’avancerai une hypothèse dont j’admets par avance qu’elle est assez fantaisiste: la plupart des hommes de ma connaissance ne détestent pas soulever le capot d’une voiture pour comprendre comment elle marche ou pourquoi elle ne marche pas. Alors que mes copines et moi, on aime d’abord que la voiture ait de la classe, un petit genre bien à elle, et qu’elle nous conduise là où on veut aller.

Pour résumer, j’espérais un choc de Titans, un combat d’hommes genre « Mohamed Ali contre George Foreman ». J’allais avoir ma dose d’épique, de lyrique et de tragique. Au lieu de quoi j’ai eu du soporifique hésitant entre l’oral de Sciences Po et la cour de récré – menteur ! toi-même ! C’est toi qui a commencé ! Bref, puisqu’à l’évidence, Sarkozy et Hollande ne nous proposent pas deux voies radicalement différentes pour sortir de la mouise. J’attendais qu’ils me parlent de la France, de sa culture, de son héritage. Et j’ai vu deux garagistes s’empailler sur la meilleure façon de faire repartir le moteur. Autrement dit, au lieu d’un duel sur les fins, on a assisté à une bataille de chiffonniers sur les moyens. Alors voilà, mes copines et moi, on a bien notre petite idée sur la dette, le chômage et la TVA sociale, mais hier soir, on voulait rêver un peu. Et pour ça, le meilleur moyen, c’était encore de roupiller.

image : Flickr



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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