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Et maintenant, quel gouvernement?

Barnier doit éviter la censure du parlement ; il a promis aux Français de « constituer un gouvernement de rassemblement » et notamment de « maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes »


Et maintenant, quel gouvernement?
Michel Barnier et Emmanuel Macron, 23 février 2019, Paris © Michel Euler/AP/SIPA

Après les piques déplacées adressées lors de la passation de pouvoir par Gabriel Attal jeudi soir, Michel Barnier doit désormais composer une nouvelle équipe pour gouverner la France. Il a déjà choisi son directeur de cabinet, Jérôme Fournel, lequel s’entend parfaitement avec le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, et travaillait jusqu’alors pour Bruno Le Maire – Matignon assure que contrairement au précédent gouvernement, il n’entend évidemment pas se faire dicter la moindre nomination par le Palais.


On a enfin un Premier ministre : Michel Barnier. Ce n’est pas parce qu’on a échappé à Lucie Castets que les choses vont être simples pour le premier qui va se trouver dans le registre d’une cohabitation qu’on espère respectueuse – pas de doute avec Michel Barnier – mais ferme, avec un président de la République défait qui nous a fait languir au-delà de toute mesure. On nous annonce que les fils ont déjà commencé à être coupés avec Matignon. Tant mieux. Comme les citoyens n’ont pas voix au chapitre pour la composition du gouvernement – un travail d’Hercule mêlé de finesse pour Barnier -, ils ont au moins le droit de dire tout ce qu’il ne faudra pas faire au regard des expériences précédentes. D’abord une adéquation entre les compétences et les fonctions. Ce qui est une évidence. Mais si peu concrétisée quand on songe à beaucoup d’incuries passées. Ensuite ne pas nommer un ministre qui dans sa vie antérieure a été en permanence en opposition, voire plus, avec le milieu dont on s’apprête à lui confier la charge. Il sera sans doute possible par exemple de choisir un ministre de la Justice qui n’a pas détesté la magistrature avant ! Il conviendra par ailleurs – Michel Barnier me rassure tout à fait sur ce plan – de ne pas promouvoir quelqu’un pour « faire un coup », par provocation, par humeur, pour se faire valoir soi, au lieu de songer à l’intérêt de la France. Et de grâce, qu’on ne laisse pas les proches, qui n’y connaissent rien, influencer pour le pire. La catastrophe qui consisterait, après un excellent ministre, à choisir, par incohérence ou légèreté, son contraire à tous points de vue, sera évitée. On ne fait pas suivre un Blanquer par Pap Ndiaye ni Gabriel Attal par Nicole Belloubet !

Ce n’est pas parce qu’ils sont discrets que les ministres sont forcément compétents

De plus il conviendra d’écarter les ambitieux obsessionnels qui n’apporteront aucune valeur ajoutée, sinon leur envie de créer un désordre gouvernemental et la zizanie entre les ministres. Mais le partage sera parfois difficile à effectuer. Prenons l’exemple de Rachida Dati. On ne peut nier son appétence pour le pouvoir, celui qu’elle a ne lui suffisant jamais. Elle a eu tort récemment de donner, elle, des leçons illégitimes et intempestives à Édouard Philippe et à Jean-Michel Blanquer. Mais il n’empêche que malgré sa part d’ombre qui n’est pas mince, elle a étonné dans sa gestion de la culture, la sortant de l’élitisme snobinard pour lui donner une véritable assise populaire détachée du parisianisme. Ministre, elle a été plus forte, avec ses œuvres, que ses manœuvres et ses éclats qui sont la rançon de son éclatante personnalité.

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Il ne faudra pas confondre également les ministres qui ne parlent jamais avec des professionnels qui travailleraient forcément d’arrache-pied ! De la même manière que certains infiniment médiatisés n’ont plus le temps pour autre chose ou ont au contraire une puissance de travail considérable.
Un ministre peut se tromper de bonne foi. Ce n’est pas grave. Cela le devient quand il n’a pas la modestie de le reconnaître. Il doit avoir l’orgueil de sa fonction, jamais de son personnage.

Un gouvernement qui devra mettre fin à la bordelisation du parlement

Ce serait dangereux de projeter dans la lumière des incultes, des grossiers, étrangers à toute courtoisie notamment parlementaire et au respect de tous les députés élus démocratiquement. Ils devront user de la langue française correctement, voire avec aisance. Les questions au gouvernement ne seront plus pour lui ce qu’elles ont été parfois : un exercice de haine et de mépris. Quelle que soit l’opinion du citoyen, ses convictions, on aura à cœur de lui permettre d’être fier de ses ministres au gré des alternances politiques. Cela dépendra d’eux. Il serait déprimant de retrouver un gouvernement trop proche de celui dont on ne veut plus. La majorité des ministres devra se faire une raison. Michel Barnier n’a pas besoin de mes conseils. Je ne voudrais pas être comme Gabriel Attal, le 5 septembre au soir, à son égard. Mais je ne serais pas choqué si Rachida Dati et Gérald Darmanin – il s’est multiplié pour sauver le régalien du naufrage – demeuraient et je ferais évidemment entrer au gouvernement Philippe Juvin, à la Santé ou ailleurs. Pour le reste, bon courage à Premier ministre. Mais qu’il fasse vite : notre patience est à bout !




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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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