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Est-ce ainsi que les femmes vivent ?


Est-ce ainsi que les femmes vivent ?

Avec le débat qui s’engage sur le port de la burqa, on peut constater qu’au moins soixante députés ont cessé de se voiler la face et qu’ils entendent le faire savoir. Y aura-t-il une interdiction à la clé ? Peut-on espérer qu’on acceptera désormais, en France, de sacrifier un droit ou une liberté à la défense de notre culture, c’est-à-dire de notre liberté ? Je sais que ce n’est pas gagné : légiférer sur les vêtements qu’on porte dans la rue fera lever pas mal de boucliers.

Derrière ces niqabs (burqas sans grillage) qui prolifèrent, des fondamentalistes tentent d’imposer leur mode de vie en faisant de la politique avec leurs femmes et leurs filles.

Des ignorants baignant dans une culture machiste ont prohibé le port de la jupe en banlieue, des barbus tentent, au sens propre, de couper du monde leurs femmes, jusque dans les rues. Une très large majorité de Français de toutes origines assiste impuissante à l’apparition de ces fantômes dans les villes et y voit une régression de la vie publique.

La soumission à une religion qui exige cela, l’affichage de son appartenance à cet islam-là sont incompatibles avec le pacte d’intégration qui offre protection, notamment sociale, aux citoyens en échange d’une adhésion aux valeurs et usages français. Si nous renonçons à cette exigence, c’est l’islamisation de la France qui avancera et l’islamisme avec. Bien placée pour le savoir, Fadela Amara nous met en garde : mettez le holà. Protégez-nous et protégez-vous. Les islamistes vous testent.

Je crains que cet avis précieux ne soit pas entendu et qu’encore une fois on brandisse un principe, une loi, un droit, un avantage acquis pour interdire d’interdire. La burqa, cet attribut de totalitarisme domestique, pourrait se répandre à l’abri de la liberté de s’habiller comme on veut, du droit de vivre sa foi ou du principe selon lequel l’intégration ne doit être forcée. Le principe suprême de notre temps, qui tient en trois mots – c’est mon choix – sera invoqué. Mais tout céder à l’exigence individualiste pourrait nous empêcher de dessiner ensemble notre monde commun, de décider ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas.

Dans cette affaire, il ne s’agit pas d’élargir le champ du possible mais de le restreindre, pas de sauver la liberté de critique, de parole ou de caricature menacée, mais de limiter la liberté d’afficher son identité. C’est moins facile. Brimer des jeunes filles dévotes et pudiques, ce n’est pas le combat rêvé. Certains esprits indécrottablement libertaires auront du mal à s’y faire. Pourtant sans réaction, l’islamisation à petits pas de la société, tolérée au nom du droit à la différence, installera les pratiques les plus liberticides qui soient, au pays des droits de l’homme – et grâce à eux.

Trop souvent, des autorités dont le seul souci est d’éviter de faire des vagues, des jugements pavés de bonnes intentions, des juges terrifiés à l’idée de passer pour islamophobes et répressifs ont concédé le terrain républicain à l’obscurantisme vert.

Il faut imposer des limites au multiculturalisme. On interdit la polygamie ou l’excision : quand on veut on peut. Il faut donc savoir ce qu’on veut et à qui on a affaire. Accepter que des femmes, en France, soient emprisonnées sous nos yeux, c’est renoncer à l’exigence d’égalité entre hommes et femmes, le plus précieux fondement de notre qualité de vie. Ne pas être à la hauteur dans ce bras de fer que tentent les islamistes serait, en plus d’une indignité, un mauvais calcul. La défaite et le déshonneur !

D’autres injonctions sont lancées à la République. Le consensus laïque auquel tous les immigrants s’étaient jusque-là adaptés est menacé dans les hôpitaux, les piscines, les cantines scolaires. Ce harcèlement ne s’arrêtera pas tout seul. La dérive de tribunaux européens racontée par Pat Condell doit nous inviter à légiférer fermement.

Il faut préserver les rues, les villes, les filles de la République de toutes les emprises religieuses. En refusant de transiger sur ses valeurs, la France enverrait aux peuples d’Europe et du monde un message d’espoir. Nous avons la laïcité la plus avancée d’Europe. Défendons-la. Elle est ce que nous pouvons offrir de mieux à tous ceux que l’islamisation inquiète : Français de souche ou d’ailleurs, Hollandais, Belges, Suédois, Danois et tant d’autres applaudiraient une France fidèle à sa devise.

S’ils sentent, sur ce coup-là, une société unie dans un refus clair et net, nos représentants sauront faire front. Je me prends à rêver d’un Sarkozy portant haut et fort la voix d’une France laïque, capable de braver la Cour européenne des droits de l’homme et certaines remontrances internationales. Défiant le monde diplomatique pour faire valoir cette exception française non négociable qu’est notre laïcité, il saisirait une chance historique de reconquérir un peu de souveraineté nationale. Par ce geste, il rassemblerait pratiquement toutes les familles politiques, des gaullistes aux gauchistes, ravis qu’on résiste à l’impérialisme multiculturel donneur de leçons ; des droites nationales et souverainistes rassurées sur ce coup-là, aux femmes, et en première ligne, celles des cités, c’est presque tout le peuple qui lui en serait reconnaissant.

Si la lâcheté devait prévaloir et la « tolérance » et le respect de toutes les cultures l’emporter, nous pourrons toujours opposer une résistance individuelle, en usant de notre droit de parler aux femmes dans la rue, même étrangères et inconnues, pour ne pas perdre ce savoir-faire à la française que le monde entier nous envie : la galanterie.

Merci à Alain Finkielkraut et Louis Aragon pour le titre.

Juillet 2009 · N°13

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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