Accueil Société Menus sans porc: pourquoi l’école ne doit pas s’y opposer

Menus sans porc: pourquoi l’école ne doit pas s’y opposer

Ils ne sont pas contraires à la laïcité


Menus sans porc: pourquoi l’école ne doit pas s’y opposer
SIPA. 00649685_000013

Les menus de substitution, destinés aux élèves dont les parents ne veulent pas qu’ils mangent de porc, ne sont pas contraires à la laïcité à l’école.


En attendant que le président Macron ait tranché hardiment dans la question du porc à la cantine de l’école laïque, nous pouvons prendre le temps d’un débat libre et détendu sur Causeur.

Marx et la liberté de conscience

Remontons, si vous le voulez bien, à la position de Marx contre les droits de l’homme. En 1844, dans son article, Sur la question juive, Karl Marx dresse un réquisitoire radical contre les droits de l’homme en reprochant à « l’émancipation politique » qu’ils apportent de ne pas réaliser une véritable « émancipation humaine ».

Sa conception de l’émancipation apparaît clairement dans la formule qui résume son réquisitoire : « L’homme ne fut donc pas émancipé de la religion ; il reçut la liberté religieuse. Il ne fut pas émancipé de la propriété ; il reçut la liberté de la propriété. Il ne fut pas émancipé de l’égoïsme de l’industrie ; il reçut la liberté de l’industrie»

A lire aussi: Menus sans porc: les élucubrations de la cour de Lyon

Marx n’a pas tort sur ce point: les droits de l’homme ne « libèrent » pas de la religion, ils proclament et garantissent la liberté de croire ou de ne pas croire. Qu’est-ce qui fait la différence entre ces deux conceptions de l’émancipation ? La liberté de conscience. C’est effectivement le primat de la liberté de conscience qui commande notre laïcité.

Plutôt sans porc que marxiste

Ceux qui voudraient que l’école laïque ne tienne aucun compte des croyances particulières que les élèves ont reçues dans leur milieu, et qui refusent qu’on propose un plat de substitution à ceux qui ne mangent pas de porc, se trompent sur la laïcité de l’école.

Le rôle de l’école laïque est certes « d’émanciper les élèves » des idées et des règles qui leur ont été transmises par leur milieu sans examen de leur part, « car nous avons été enfants avant que d’être hommes », disait Descartes. Mais émanciper ne consiste pas à arracher ces élèves aux convictions qu’ils ont reçues. Émanciper consiste à les rendre de plus en plus libres et capables de soumettre ces convictions à leur propre examen.

Le seul horizon de la laïcité est la liberté de conscience et la capacité de juger par soi-même, et non pas l’incroyance ou l’athéisme.

Imposer aux enfants de familles musulmanes (ou juives) pratiquantes le choix de manger du porc ou de rester sur leur faim, c’est leur imposer la conception marxiste de l’émancipation humaine.

L’école laïque ne doit pas manger de cette idéologie-là.

Sur la question juive

Price: 14,00 €

19 used & new available from 13,50 €



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Ours dans les Pyrénées: bobos contre bergers, le dialogue de sourds
Article suivant 11 novembre démilitarisé: Macron fabrique l’Histoire et la « souveraineté européenne »
André Sénik, professeur agrégé de philosophie.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération