Accueil Politique Cécile Duflot, chlorophyllienne à maroquin

Cécile Duflot, chlorophyllienne à maroquin


Ah le parti des Verts (EELV) ! Passés maîtres dans les parades d’ambition et les médiocres contorsions politiciennes, ses principaux représentants affectent en public un laisser-aller vestimentaire de baba-cool post-modernes. Dans les couloirs, ils manifestent l’âpreté, la ruse agressive, le goût des alliances et des combinaisons retorses, augmenté d’un appétit de pouvoir, qui les placent à égalité avec les ambitieux banals et les politiciens bedonnants à veste croisée de la IVe république, heureusement défunte.

Prenons Mme Duflot, par exemple : enfin, elle est ministre ! Au cours de la récente campagne électorale, elle demeura prudemment dans la coulisse, abandonnant l’infortunée Eva Joly à son sort de figurante pathétique. Jeune éléphant de son parti, elle a trouvé en Mme Voynet un cornac attentionné, auquel ses épaules donne un aspect impressionnant, presque menaçant, souligné encore par ses propos : « J’ai souhaité qu’elle devienne ministre […], J’ai mordu ceux qui pensaient qu’une femme si jeune, qui portait des jeans et qui élevait ses quatre enfants tambour battant, ne pouvait pas accéder à [ce poste] ». Quelqu’un se serait dressé contre la nomination de Cécile Duflot, sous le prétexte qu’elle était jeune et mère de famille ?

Cécile Duflot, sa voix, son assurance inébranlable, sa diction de mitrailleuse, sa conviction d’être indispensable à la marche du monde, sa bonne conscience démonstrative de dame du catéchisme, dispersant à la volée des postillons d’eau bénite mêlés de chlorophylle ! Elle traîne après elle un cortège tintinnabulant de clochettes désaccordées, revenues à la hâte de Rome, afin de prendre les meilleures places à la grand-messe. Avec cela, femme « concernée-intransigeante-copine-mère », furieusement moralisatrice : une cheftaine rompue à l’exercice de la communication. Cécile voulait un ministère, elle l’exigeait presque, sans doute au nom des superbes résultats électoraux de sa formation (2,31 %). Il n’est pas interdit d’avoir de l’ambition, mais il est recommandé d’en dissimuler l’excès. Faibles dans les urnes, prompts à la plainte et à la récrimination, toujours entre la pose et le fromage, les Verts, qui ne sont rien, veulent tout, et cela n’est jamais trop !

Leur puissant allié socialiste, qui les fait princes, alors qu’ils ne l’ont jamais fait roi, paraît ignorer les menaces et les anathèmes dont ils l’accablent pourtant (hors période de nomination aux honneurs ministériels évidemment). Cécile Duflot elle-même, dans un entretien télévisé, après avoir prétendu « qu’il fallait arrêter avec l’expression France, patrie des droit de l’homme », se risqua naguère à un développement politique d’une grande sérénité : « Une alliance avec le Parti Socialiste, c’est pas automatique, mais ça pourrait être, pendant cinq ans, sur une mandature, sur un certain nombre de points très clairs, pour dire : « Voilà ! avec des députés socialistes, avec des députés communistes, avec des députés écologistes, on pourrait s’engager pour travailler à un projet commun qui réparerait les erreurs commises par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, mais surtout qui se positionnerait pour répondre à la crise, et pour anticiper avec de nouvelles solutions, sans reproduire les erreurs du passé »..

Quelle projection volontariste, quel ton d’autorité pour la réactivation de la gauche plurielle ! Cette femme-là, à n’en pas douter, ne s’en laisserait pas compter, assumerait ses choix et ceux de ses amis ! Justement, voici ce que disait l’un d’eux, Philippe Meirieu, célèbre pour ses initiatives pédagogiques en faveur des crétins, des cancres et des paresseux, accueillant à Lyon le congrès d’Europe Ecologie : « Nous ne croyons pas que la social-démocratie ait fait ses preuves. Nous ne croyons pas qu’elle ait fait la preuve de sa capacité à reconstruire le politique autour du bien commun ! ». Se gardant bien de revenir sur ses verbeuses lubies pédagogistes (« l’apprenant, muni d’un outil scripteur, est au centre du système éducatif »), frais, rose, cossu et glabre, M. Meirieu, démontrant une véhémence tribunicienne digne d’un Lénine rhodanien, vitupérait le système et tous ceux qui n’aspiraient qu’à le réformer.

Or, M. Hollande ne se présente-t-il pas comme l’incarnation la plus aboutie de la social-démocratie, et Mme Duflot n’est-elle pas l’un de ses ministres ? Certes, mais, depuis cet épisode « révolutionnaire », elle n’est plus un élément perturbateur, erratique, en quête de soutiens et de suffrages. Voici donc ce qu’elle récitait dans le jardin du ministère de l’Égalité des territoires et du logement : « Je veux dire ici que je ne suis pas une ministre écologiste. Je suis une femme, écologiste, convaincue, devenue ministre de la République, pour agir pour le plus grand nombre, en essayant de mettre ses convictions et son expérience propre au service d’une certaine idée du bien commun. ». Le bien commun, vous dit-on !



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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