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Bourdieu n’est pas mort et Google est son église

Le billet de Dominique Labarrière


Bourdieu n’est pas mort et Google est son église
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Wokisme: en voulant lutter contre les stéréotypes, l’intelligence artificielle de Google réécrit l’Histoire. Petit voyage dans la si conne Valley…


« L’action pédagogique n’est que l’imposition d’un arbitraire culturel par une violence symbolique », voilà ce que professait Pierre Bourdieu et devant quoi se prosternaient dans les décennies soixante-dix et quatre-vingt les consciences molles – de droite comme de gauche – qui régnaient en maîtres dans les ministères et les administrations françaises, notamment celles de l’Éducation nationale et de la Culture. On s’y ébahissait devant de si formidables fulgurances, de si notables avancées de la pensée. Devant la manifestation d’une si pénétrante intelligence.

« Quel chemin préférez-vous pour l’IA? » questionne Elon Musk, concurrent de Google, très critique envers Gemini, l’intelligence artificielle de Google aux biais idélogiques woke.

Intelligence relayée à présent par celle qu’on qualifie d’artificielle et dont les champs d’intervention et de progression nous sont présentés comme infinis. À la manière de ceux de la bêtise, si l’on se réfère au jubilatoire jugement d’Einstein sur la question.

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Google s’est bien évidemment emparé de la trouvaille bourdieusienne. Le résultat ne manque pas d’intérêt. Cela nous donne en effet Jeanne d’Arc, Charlemagne, Abraham Lincoln, un guerrier nazi et un pape femelle, les uns et les autres de peau noire ou fort colorée. Enfin tous « racisés », pour parler comme on parle ces temps-ci dans la si conne vallée du wokisme intégriste. Évidemment, cela surprend. Nous pourrions nous contenter de hausser les épaules ou de rigoler. Gardons-nous en bien. La chose est des plus sérieuses. Google ne fait là que mettre en œuvre ce que je viens de citer de Bourdieu. Puisque l’action pédagogique n’est que « l’imposition d’un arbitraire culturel », allons-y gaiement se sont-ils dit. Fourrons donc dans cet arbitraire ce que bon nous semble. Décrétons arbitrairement que toute représentation d’un individu en particulier ou de l’humain en général ne pourra être désormais que « racisée ». Exit le blanc. Le blanc de suprématiste mémoire. C’est la règle intangible qui dorénavant doit s’imposer, puisque aussi bien il se serait toujours agi de cela, imposer, décréter selon la fantaisie et les intérêts du dominant ce qui doit être transmis et su. Le moyen pour ce faire : autrefois la « violence symbolique » du programme scolaire servie par le maître d’école que dénonçait Bourdieu, aujourd’hui la puissance hypnotique de l’écran du prédicateur Google. Le savoir ancien n’aurait donc été qu’une imposture, sa transmission un viol permanent des esprits. Et la vérité – historique, scientifique – rien de plus qu’un autre opium du peuple.

Dans sa longue et riche introduction du volume « Renaissance » de son Histoire de France, Jules Michelet donne un chapitre intitulé « De la création de l’école des sots ». Le Moyen Âge est alors à son plus terne. « Le sot est une créature essentiellement moderne, née des écoles du vide et de la suffisance scolastique, écrit Michelet. Il a fleuri, multiplié dans les classes si nombreuses où la vanité prétentieuse se gonfle de mots, se nourrit de vent. » Vous remplacez scolastique par wokisme et vous avez, dans toute sa splendeur, le diagnostic pour aujourd’hui. 

Je l’ai dit : il s’agit d’introduire le volume sur la Renaissance. L’embellie. Cela devrait nous donner une petite idée de ce qu’il nous reste à entreprendre…



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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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