Accueil Édition Abonné Après le «Super Tuesday»: la question n’est plus de savoir si Donald Trump va remporter la primaire mais quand

Après le «Super Tuesday»: la question n’est plus de savoir si Donald Trump va remporter la primaire mais quand


Après le «Super Tuesday»: la question n’est plus de savoir si Donald Trump va remporter la primaire mais quand
L'ancien président Donald Trump descend de la tribune après son discours le soir du "Super Tuesday", Palm Beach, Floride, 6 mars 2024 © Evan Vucci/AP/SIPA

Sauf problème de santé ou autre incident imprévu, le duel Trump-Biden semble de plus en plus inévitable. L’ancien président Donald Trump triomphe, lors du « Super Tuesday », et confirme sa mainmise sur le Parti républicain en écrasant sa rivale, Nikki Haley, qui ne devrait obtenir que l’État du Vermont. Le magnat de l’immobilier devrait donc être investi pour la troisième fois consécutive par le Great Old Party.


Derniers résultats: Donald Trump, qui devrait remporter le soutien de 893 délégués au terme de cette nuit, pourrait atteindre le seuil de 1215 délégués vers la mi-mars.

Les premiers scrutins de la primaire républicaine de 2024 sont venus confirmer les récents sondages. Nous assistons à une domination de Donald Trump sur le Parti républicain. Il a notamment gagné dans tous les États, sauf à Washington D.C, avec des marges très importantes. Pourtant, Nikki Haley se dresse encore face à lui et n’a pas encore abandonné. Ainsi, si elle ne se retire pas, quand est-ce que Donald Trump va remporter la primaire et être investi candidat des républicains pour la troisième fois consécutive ?

Trump dominant et triomphant

Depuis les élections de mi-mandat de 2022, un doute existait au sein du Parti républicain concernant la capacité de l’ancien président à mener son camp à la victoire. Beaucoup pensaient Donald Trump mort politiquement et estimaient que le moment était venu pour un changement avec l’émergence de nouvelles têtes et un retour aux fondamentaux du Parti républicain.

L’entrepreneur Vivek Ramaswamy et l’ancienne ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley, Milwaukee, 23 août 2023 © Morry Gash/AP/SIPA

Pourtant, son triomphe lors des premières élections de la primaire vient confirmer ce que de nombreux sondages semblaient indiquer en 2023, c’est-à-dire que le Great Old Party lui est idéologiquement acquis. Donald Trump a bien compris qu’il bénéficie d’une base électorale très mobilisée et qui lui est fidèle. Le cœur de son électorat est composé d’une population rurale, blanche et religieuse qui perçoit Trump comme le sauveur de l’Amérique. Sa force réside dans le fait qu’il réussit à parler à cette Amérique oubliée qui ne se sentait plus représentée par les ténors du Parti républicain et qui voulait du changement.

Jamais avant lui un candidat à l’investiture d’un des grands partis, hors président sortant, n’avait autant dominé une primaire. Dire qu’il marche sur la primaire républicaine ressemble à un euphémisme, puisqu’il a remporté toutes les primaires excepté celle à Washington D.C.

Le «Super Tuesday» devrait confirmer cette domination et presque tous les candidats qui se dressaient contre lui au début de l’année ont jeté l’éponge et décidé de le rejoindre.  À titre de comparaison, en 2016, Trump avait dû batailler avec Ted Cruz pour l’investiture, et malgré sa large victoire, il lui avait concédé certains États.

Mais cette primaire qui dure reste un fardeau pour lui

Malgré ces succès électoraux, Trump n’avait pas anticipé la résistance de son ancienne ambassadrice à l’ONU, Nikki Haley. Cette dernière cherche à exister dans cette primaire pour incarner l’avenir du parti et ainsi se positionner pour les élections à venir. À la différence des autres candidats comme Ron De Santis, Vivek Ramaswamy ou Chris Christie, Nikki Haley n’a pas l’intention de jeter l’éponge rapidement. Si elle est consciente qu’elle ne pourra pas empêcher la victoire finale de Trump, elle veut se démarquer des « autres », ceux qui ont choisi de prêter allégeance à l’ancien président. Cette opposition au sein du parti est mauvaise pour le magnat de l’immobilier car elle le force à multiplier les attaques et à dépenser de l’argent qu’il doit déjà allouer à ses importants frais de défense judiciaire… Ces affaires lui prennent de l’énergie, du temps et de l’argent, et surtout le poussent à se révéler et à être continuellement sur l’offensive ; c’est un caillou dans la chaussure de celui qui comptait rassembler et économiser ses forces. La primaire républicaine ne devait être qu’une promenade de santé, et Donald Trump aurait préféré s’attaquer le plus rapidement possible à Joe Biden et à son bilan. Ce dernier est une cible facile pour Trump, alors qu’il est incapable de défendre correctement son bilan – qui n’est pas catastrophique mais que les Américains dénigrent. Et en politique, quand on doit commencer à expliquer son bilan et à se justifier pour ses actions, c’est qu’on est en train de perdre. Biden n’arrive pas à décoller dans les sondages et une étude récente menée par NBC News montre que les électeurs jugent Trump comme plus apte à gérer les dossiers migratoires, économiques ou la délinquance, des thèmes qui s’annoncent comme majeurs en vue de l’élection de novembre. Joe Biden est également, on le sait bien, vivement critiqué pour son grand âge et ses capacités cognitives douteuses, ce qui inquiète les Américains – même si cette inquiétude des électeurs peut sembler paradoxale sachant que Trump n’a que quatre ans de moins que lui.

Plusieurs questions demeurent malgré tout

La victoire de Donald Trump lors de la primaire républicaine semble entérinée et on ne se demande pas s’il va la remporter, mais quand il le fera. La prochaine grande confrontation a lieu lors de ce « Super Tuesday » où 15 États vont s’exprimer parmi lesquels le Texas ou la Californie. Lors de cette journée du mardi 5 mars, près d’un tiers des délégués vont être alloués (865 sur les 2429 délégués). Les intentions de vote, les résultats précédents et la dynamique de la campagne indiquaient que Donald Trump pourrait effectuer un grand chelem en remportant tous les États. Cela permettrait à l’ancien président de se rapprocher de l’obtention des 1215 délégués nécessaires pour être investi officiellement candidat des Républicains pour la troisième fois consécutive.

Deux grandes options : soit Nikki Haley abandonne, soit Donald Trump doit obtenir les délégués nécessaires pour l’emporter. Dans la première hypothèse, cela présuppose qu’à la suite d’une défaite lors du « Super Tuesday », l’ancienne représentante ne possède plus les moyens de continuer la campagne. En effet, si elle a annoncé récemment qu’elle souhaitait aller jusqu’au bout, ses donateurs et ses soutiens pourraient cependant l’inciter à stopper son aventure. Dans la seconde hypothèse, Donald Trump s’approche des 1215 délégués nécessaires avec une grande victoire lors du « Super Tuesday » mais ne les obtient officiellement que le 12 ou 19 mars. À ces dates, des États importants comme la Floride ou l’Ohio devraient consacrer définitivement l’ancien président.

Toutefois, tout ce que l’on voit comme une force peut se retourner contre Trump. En effet, la candidature de Donald Trump pose des problèmes au Parti républicain, dans la mesure où il est perçu comme trop extrême et clivant (il doit se montrer de plus en plus dur à Haley). Cela risque de lui compliquer la tâche et l’empêcher de rassembler et brasser un électorat plus large par la suite, notamment dans l’optique de séduire les modérés ou autres déçus de Biden.


Pierre Clairé, Directeur adjoint des Études du Millénaire, think-tank gaulliste et indépendant spécialisé sur les politiques publiques et spécialiste des questions internationales et européennes.

Sean Scull, analyste au Millénaire sur les questions internationales




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Pierre Clairé est spécialiste des questions européennes, diplômé du Collège d’Europe et Directeur adjoint des Études du Millénaire, think-tank gaulliste spécialisé en politiques publiques.

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