Quelle belle journée!


Quelle belle journée!

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Le 10 avril 2014, le soleil a brillé sur l’ensemble du territoire français, et la température était digne d’un printemps d’avant la crise : fraîche le matin, et agréablement tiède l’après-midi. Un de ces jours de semaine que les pessimistes de bureau exècrent, car elle leur semble annonciatrice d’un week-end pourri, comme d’habitude…

Mais lorsque, à la faveur des Dieux maîtres du soleil et des vents, vient s’ajouter une salve de nouvelles réjouissantes, il n’est pas interdit de s’offrir une petite fête intérieure, voire de la partager avec ceux qui ressentent les mêmes émotions que vous.

En temps ordinaires, l’élection d’Alain Finkielkraut à l’Académie française m’aurait fait lever un sourcil, mais pas deux. Cette institution, depuis belle lurette, ne confère plus à celui ou celle qu’elle admet le talent qui lui manque, pas plus d’ailleurs qu’elle n’abolit les qualités de ceux qui y siègent. En être ou ne pas en être est un choix personnel, et celui de Finkie est respectable. En revanche, voir défaite, et à plates coutures, la cabale qui avait été ourdie contre l’auteur de L’identité malheureuse est un plaisir rare. Imaginer le dépit des Aymeric Caron, Jean Birnbaum, Laurent Joffrin et autres pourfendeurs de moulins à vent néo-réacs est la source d’une jubilation à la mesure de l’irritation provoquée par leurs diatribes haineuses contre Alain Finkielkraut. Les méthodes de Dom Bazile utilisées pour lui barrer la route de la Coupole n’ont déshonoré que ceux (et celles) qui les ont employées. Des noms ? Ils circulent dans Paris, mais je suis loin de Paris, et les laisse volontiers à la chronique chuchoteuse.

Connaissez-vous Thierry Braillard ? À moins d’être Lyonnais de vieille souche, ou radical de gauche encarté (ça existe !), il est fort probable que vous n’avez découvert le nom et le visage du susdit, et encore furtivement, lors de l’annonce de la fournée des secrétaires d’Etat venant s’adjoindre au « gouvernement de combat » dirigé par Manuel Valls. Il est devenu secrétaire d’Etat chargé des sports auprès de Najat Vallaud-Belkacem, promue ministre des femmes, de la famille, de la ville et de l’exercice physique. Personne, hormis les intéressés directs n’a encore perçu cette nomination pour ce qu’elle est : un bras d’honneur vigoureux aux écologistes, et une vacherie perfide au PS, version Martine Aubry. Pour cela, il faut se reporter aux élections législatives de juin 2012. La première circonscription du Rhône, où se situe la basilique de Fourvière, avait été attribuée aux Verts dans le cadre de l’accord conclu entre Cécile Duflot et Martine Aubry. Et pas à n’importe quel Vert, puisqu’il s’agissait de Philippe Meirieu, le grand manitou du pédagogisme échevelé. Ce dernier se voyait déjà au ministère de l’Education pour y perpétuer les funestes agissements qu’il avait initiés au temps où il sévissait au cabinet de Claude Allègre. Ces petits arrangements d’appareil avaient irrité au plus haut point Gérard Collomb, maire de Lyon, dont Braillard est l’adjoint aux sports depuis treize ans. Soutenu par Collomb, et des électeurs lyonnais qui n’aiment pas qu’on leur tienne la main pour voter, Braillard mit une raclée mémorable à Meirieu. Martine Aubry, dont on connaît le caractère vindicatif, passa sa rage sur la pauvre suppléante de Braillard, Gilda Hobert, qui fut non seulement exclue du PS pour dissidence, mais en plus traînée en justice pour avoir utilisé le logo du parti sur ses affiches. Dans quelques semaines, Gilda fera son entrée au Palais-Bourbon, avec, on peut l’espérer, les applaudissements chaleureux de la majorité. Par ailleurs, Thierry Braillard est l’artisan, avec le patron de l’Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas de la construction d’un nouveau grand stade dans l’est de Lyon, qui doit être achevé en 2016. Ce stade est la bête noire des écolos lyonnais, qui multiplient les recours juridiques pour en entraver la réalisation. Ce n’est pas Braillard qui risque de confondre, comme la ministre à laquelle il succède, Ronaldo et Christiano Ronaldo. On attend Finkielkraut, aux côtés de l’excellent Braillard, lors du prochain match OL-PSG. Allez l’OL !

Une dernière pour la route avant d’aller fêter tout cela dans un estaminet bien fréquenté : Mme Caroline de Haas nous annonce, dans Médiapart, qu’elle quitte le Parti socialiste. Pas assez à gauche, trop bourgeois, trop machiste, bref, le PS ne mérite plus Caroline. La fondatrice de «  Osez le féminisme », célèbre pour avoir rappelé aux dames qu’elles disposent d’un organe propre à leur donner de la joie, s’était infiltrée pendant un an dans le cabinet de la ministre Vallaud Belkacem pour y promouvoir de actions visant à l’égalité femmes-hommes (dans cet ordre) dont le résultat le plus spectaculaire a été l’élaboration des «  ABCD de l’égalité » pour contrebalancer l’influence néfaste d’une éducation familiale reproduisant les stéréotypes patriarcaux. Il ne semble pas que cette avancée majeure ait notablement contribué à la bonne tenue du PS lors des municipales. C’est pourquoi on n’entend guère, du côté de Solférino, d’appel déchirant à Caro à rester à la maison…

 



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