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Identité nipponne

"A Man" de Kei Ishikawa, en salles aujourd'hui


Identité nipponne
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Et si, juste après sa mort, vous découvriez que votre mari n’est pas du tout celui qu’il prétendait être ?


C’est entre autres à Lotz, en Pologne, que le réalisateur japonais Kei Ishikawa né en 1977 a été formé au cinéma. Extraterritorialité qui n’est sans doute pas étrangère au climat étrangement glacé de ce quatrième long métrage, adaptation d’un roman de Keiichiro Hirano qui a remporté en 2018 le prix Yomiuri – l’équivalent du Goncourt, au Japon. Sous les auspices de Art House, c’est son premier film distribué en France.

Un jeune homme timide, dessinateur naïf à ses heures, rencontre une jeune veuve dans la papeterie où elle travaille. Mère d’un petit garçon, Rie (c’est son prénom) en tombe amoureuse, et se marie bientôt avec lui. Daisuko Tamiguchi est bûcheron, ou plus exactement apprenti sylviculteur. Là-dessus, le pauvre gars meurt accidentellement, écrasé sous le tronc de l’arbre qu’il venait d’abattre maladroitement. Survient son frère aîné, mais sur la photo qui orne l’autel funèbre, celui-ci ne reconnaît pas Daisuko : manifestement, son identité a été usurpée. Séduisant avocat, Akira Kido (joué par l’excellent et photogénique acteur Satoshi Tsumabuki), un de ces nombreux Coréens nés au Japon qu’on appelle les « Zainichi », est engagé par la veuve pour découvrir quel homme pouvait bien se dissimuler derrière la figure du disparu.

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Prologue d’une intrigue labyrinthique, faite d’ellipses, de détours, de flashback et de rebondissements, qui exigent du spectateur une attention soutenue. Sous le masque du thriller – assassinats, identités travesties, successives et compliquées…-, traversant les années au fil des remariages et autres soubresauts familiaux, A man dissèque non sans âpreté la société nipponne contemporaine : état des lieux qui arpente ses marges criminelles, ses préjugés de castes, ses non-dits… Avec, en arrière-plan, le tableau de la ville du XXIᵉ siècle, métropole arachnéenne, tentaculaire, en chantier permanent.

À l’enseigne de Magritte, dont la célèbre et énigmatique toile surréaliste Reproduction interdite (1937), encadre l’exposition et le dénouement du film, A man questionne le vertige de l’identité, dans une singulière sobriété formelle, conjuguée à une déroutante virtuosité scénaristique. Au risque que le spectateur, piégé dans l’entrelacs des faux-semblants, se perde un peu en chemin.

A man © film Partners

A Man. Film de Kei Ishikawa. Japon, couleur, 2022. Durée : 2h01. En salles le 31 janvier 2024

A Man

Price: 14,70 €

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