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Joschka Fischer : l’Europe doit favoriser l’immigration maghrebine


Joschka Fischer : l’Europe doit favoriser l’immigration maghrebine

En visite en Israël dans le cadre de la promotion de ses deux derniers livres[1. son autobiographie, I am not convinced et Das Amt und die Vergagenheit (sur les nazis demeurés au ministère des Affaires étrangères après 1945)], Joschka Fischer, ancien ministre des affaires étrangères allemand, a répondu aux questions du quotidien israélien Haaretz, notamment sur les événements dans la région, récents et moins récents.

Q. En tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères, comment expliquez-vous les événements qui agitent le monde arabe ?

JF. Personne n’a rien vu venir, mais c’est arrivé ! Il s’agit d’un bouleversement énorme, mais la question est de savoir si c’est pour le meilleur ou pour le pire. Cela dépendra, entre autre, de la politique menée par l’Europe et les Etats-Unis. Je crois qu’ils peuvent jouer un rôle énorme, car l’intérêt commun est d’encourager les forces démocratiques. De toute façon, l’avenir ne sera pas stable et il faut juste peser dans la balance pour que les choses évoluent dans la bonne direction. J’appelle l’Europe à ne pas fermer ses portes mais au contraire à créer des possibilités d’immigration légales, comme par exemple pour les études et le travail. L’Europe est capable de le faire, c’est une question de volonté politique. Une telle politique encouragerait les forces démocratiques en Afrique du Nord.

Q. Votre cinquième femme, Minu Barati, est d’origine iranienne. Quel regard portez-vous sur la situation en Iran ?

JF. L’Iran – et cela n’a rien à voir avec mes liens de parenté – est un pays important au Moyen-Orient. Les Iraniens se sont félicités de la chute de Moubarak et de Ben Ali, qui étaient des dirigeants autoritaires pro-occidentaux, mais en même temps, le régime craint le « virus démocratique » qui risquerait d’encourager son opposition. Ce qui est sûr, c’est que ces événements et une contagion dans le monde arabe ne manqueront pas d’avoir de répercussions dans ce pays.

Q. Quelles leçons les dirigeants mondiaux devraient-ils tirer de la guerre en Irak en 2003 ?

JF : Cette guerre a bouleversé l’équilibre des forces dans la région en faveur de l’Iran. C’était prévisible, et je n’ai jamais compris pourquoi les Américains n’ont pas pris en compte cette conséquence si évidente. Quant à l’Iran, la situation est bien différente. Contrairement à l’Irak, le programme nucléaire iranien n’est pas le fruit de notre l’imagination mais une réalité.L’ Iran représente un véritable danger. Quand je me suis rendu dans la région, avant la guerre de 2003, je n’ai pas eu l’impression que les pays voisins se sentaient menacés. Saddam Hussein n’a pas été perçu comme une menace majeure. En revanche, pour ce qui concerne l’Iran, c’est complètement différent. Autre leçon : il faut comprendre qu’une attaque militaire a des conséquences non prévisibles qui se révèlent parfois plus graves que les effets escomptés. Je crois que le Mossad et la CIA ont trouvé les moyens d’intervenir en Iran sans avoir recours à une attaque militaire.

Q. Que pensez-vous de Wikileaks ?

JF : Je ne pense pas que cela représente une évolution majeure. Dans des sociétés libres comme l’Europe et les Etats-Unis, on pouvait déjà tout trouver sur Internet ou dans la presse. Les secrets mal gardés, c’est l’essence même d’une société démocratique…

 



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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