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Y’a pas le feu au lac, mais…


Y’a pas le feu au lac, mais…

En Allemagne, on appelle ça une « schnapsidee », un coup de génie né de l’inspiration qui illumine une tablée de buveurs à l’issue de la contemplation du fond d’un verre de gnôle ayant été rempli et vidé à moult reprises au cours d’une soirée. En général, cette idée géniale ne survit pas à la dissipation des brumes alcooliques et, au pire, elle provoque quelques catastrophes à la sortie des boîtes de nuit.[access capability= »lire_inedits »]

Ont-ils un peu forcé sur le génépi ? Car ce fut bien une « schnapsidee » du maire d’Annecy, Jean-Luc Rigaut, et du président du Conseil général de la Haute-Savoie, Christian Monteil, de postuler pour leur territoire à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2018.
Un simple coup d’œil au dossier montrait que les chances de succès étaient minimes, sinon nulles : l’édition de 2014 étant prévue à Sotchi, en Russie, le continent européen ne pouvait cumuler les JO d’été à Londres en 2012 et des JO d’hiver en France… De plus, la candidature de la Corée avec PyeongChang (bon courage, les journalistes radio !), recalée pour 2014, est solidement charpentée dans tous les domaines (infrastructures, financement, engagement de l’État et des grandes entreprises coréennes)… Le seul danger encouru par cette candidature est la dégradation de la situation politique avec le voisin nord-coréen, qui pourrait être tenté de torpiller ces Jeux par des menaces militaires. Mais même dans ce cas-là, Munich est en embuscade, disposée à mettre le paquet pour emporter le morceau. Et la Bavière − je suis le premier à le regretter −, ça pèse plus lourd que la Haute-Savoie, et même que les deux Savoies.

Le retour au réel vient de se produire avec les décisions budgétaires du Conseil général, qui limitent à 20 millions d’euros le budget alloué à cette candidature, dont l’issue sera connue au mois de juillet à Durban. Une misère au regard des sommes engagées par la ville coréenne au nom imprononçable et la ville-mère de toutes les Fêtes de la bière. Après la démission de l’ancien champion olympique des bosses, Edgar Grospiron, de la présidence du comité « Annecy 2018 », le mistigri était entre les mains de la ministre des sports, Chantal Jouanno, qui tenta de le repasser à son ancien collègue et camarade du Parti radical, Jean-Louis Borloo, qui répondit : « Y’ a pas marqué SAMU, là ! », en passant l’index sur son front. Il fallait donc quelqu’un qui soit en mal de notoriété pour mener crânement cette candidature dans le mur qui l’attend en Afrique du Sud. Et c’est ainsi que nous venons d’hériter de Charles Beigbeder, homme d’affaires avisé qui n’a rien à perdre dans cette galère et tout à gagner de l’exposition médiatique de sa chevelure léonine. De toute façon, avec ou sans JO, Megève restera Megève et le Mont Blanc ne devrait pas être délocalisé.[/access]

Février 2011 · N°32

Article extrait du Magazine Causeur



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