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Calais-Texas


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Le désert à la frontière entre le Mexique et les USA. Un camp, moitié bidonville de toiles et de tôles, à proximité d’une petite ville. C’est le matin. Soudain, on entend un bruit dans le lointain. Des dizaines de 4×4, sirènes hurlantes, cernent le camp. Des garde-frontières avec des matraques jaillissent des véhicules. Des centaines de personnes sont tabassées ou arrêtées. Une heure plus tard, dans un bureau, un homme au visage tuméfié répond à un policier.
– Comment tu t’appelles ?
– Eric Besson.
– Eric Besson, Monsieur l’agent.
– Pardon ?
– Quand tu me parles, tu dis « Monsieur l’agent ».
– Oui, Monsieur l’agent.
– T’es français ?
– Oui.
– T’as des papiers pour le prouver ?
– Non, je n’ai plus rien.
– Je vois ça. T’es sale comme un peigne et tu pues !
– Bah, ça fait deux mois que j’attends dans ce campement de la frontière mexicaine. On n’a qu’un point d’eau et puis presque rien à bouffer. Heureusement que des gens nous donnent à manger parfois. Des bénévoles…
– Tu crois que je le sais pas, peut-être ? Ça fait des mois que vous nous pourrissez le secteur. Par contre, qu’il y ait des Français, c’est nouveau. D’habitude, c’est plutôt des Mexicains ou des Salvadoriens, mais des Français, ça, c’est la première fois que j’en vois. Qu’est-ce que t’as sur la gueule ?
– J’ai pris un coup de matraque sur la tronche, Monsieur l’agent. Vous n’y avez pas été de main morte…
– Tu insinues quoi, bouffeur de grenouilles ? Que la police d’un grand pays démocratique comme le nôtre se permettrait de maltraiter des sans-papiers comme toi, mon gars ? Et tu prétends entrer aux USA ? Pourquoi t’as quitté la France, d’ailleurs ?
– Bah, la Gauche a gagné, Monsieur l’agent. Et puis pas n’importe laquelle…
– Qu’est-ce tu veux dire, le Frenchie ?
– Oh des furieux, des vrais marxistes. Pire que Chavez. Le Front de Gauche que ça s’appelle. Depuis qu’ils sont au pouvoir, c’est l’horreur. Ils ont renationalisé à 100 % EDF-GDF, France-Télécom, la SNCF, la Poste et puis, dans la foulée, ils ont pris le contrôle des banques. Ils ont mis un salaire minimum à 2000 euros, ils filent des papiers à tout le monde, ils construisent des hôpitaux et des écoles partout, ils financent la sécu, la semaine de quatre jours et la retraite à 55 ans avec des taxes sur les flux financiers : un vrai cauchemar ! Ils ont arrêté tous les spéculateurs, les dirigeants du Medef et du CAC 40. Le pire, c’est que ça suit partout en Europe, en Allemagne avec Die Linke, en Italie, avec Rifondazione. Affreux, Monsieur l’agent, affreux…
– Ouais, je comprends. Tu veux un statut de réfugié politique, alors ?
– C’est ça, Monsieur l’agent.
– Tu faisais quoi, comme métier dans ton pays ?
– J’étais ministre, Monsieur l’agent.
– Ministre de quoi ?
– Ministre des Affaires raci…, euh, excusez-moi, ministre de l’Identité nationale.
– Et ça consistait en quoi ?
– Bah… à savoir qui était français et qui ne l’était pas, Monsieur l’agent. On contrôlait au faciès dans le métro, on leur demandait de s’inscrire en préfecture et puis on les chopait juste après. J’étais bon, dans mon genre…
– Et en dehors de ça, tu sais faire quoi ?
– Trahir, Monsieur l’agent. Ça, je sais très bien trahir ! C’est pour ça que l’ancien président m’aimait bien. Parce que lui aussi, question traîtrise, c’était un bon.
– Eh bien, prouve-le, Frenchie.
Eric Besson réfléchit, puis se penche vers le policier et parle à voix basse.
– Eh bien par exemple, Monsieur l’agent, dans le camp, avec nous, y’a un ancien gauchiste. Il fait semblant d’être libéral, mais c’est faux..
– Et comment y s’appelle ?
– Cohn-Bendit, Monsieur l’agent.
– Ok. On verra ça. Allez, tu peux sortir.
Le policier s’adresse à un collègue qui tient la porte.
– C’est qui le suivant ?
– Oh ! encore un de ces Français avec un nom impossible…
Il regarde une feuille.
– Brice Hortefeux… Oui, c’est ça : Brice Hortefeux.

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