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Droit du sol, enfin!

Mayotte, la clé du sol


Droit du sol, enfin!
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée chargée des Outre-mer Marie Guévenoux, Mayotte, 11 février 2024. Photo DR.

La suppression du droit du sol à Mayotte, voulue par M. Darmanin, a été annoncée avec fracas par un ministre souhaitant apaiser la colère des habitants de l’île excédés. Comme cela nécessite une réforme constitutionnelle et que la gauche dénonce une remise en cause du principe d’égalité entre les citoyens, pourquoi ne pas appliquer le droit du sol sur tout le territoire national ? «Mayotte, c’est le miroir grossissant et en accéléré de la France métropolitaine», a commenté M. Zemmour, sur France 2. Il demande, de concert avec M. Ciotti, que la mesure soit appliquée à toute la France.


« Il ne sera plus possible de devenir Français si on n’est pas soi-même enfant de parent français. »

Un vent frais, vif, tonique, revigorant et sain soufflerait donc enfin de Mayotte ?

À peine descendu de l’avion sur le tarmac de l’aéroport mahorais, M. le ministre de l’Intérieur, tout fier, lançait l’annonce d’une « mesure extrêmement forte, nette, radicale », la suppression du droit du sol. À Mayotte, s’entend, ne nous enflammons pas !

Le 101e département, un paradis transformé en enfer

Ainsi, il ne suffira plus de se donner le grand mal de naître sur l’île pour devenir d’un seul coup d’un seul Français. Il était temps. Oui, il était vraiment temps que du côté de l’Élysée on s’ouvre à l’évidence élémentaire que ce qui se passe là-bas depuis maintenant trop longtemps, depuis aussi qu’un président de la République a eu la grande idée de faire de ce territoire un département français à part entière, n’est plus seulement une immigration un tantinet trop débridée mais quelque chose qui s’apparenterait plutôt à une véritable invasion. Cela nous vient des Comores proches, à portée de canotage, et aussi de l’Afrique dont des échappés volontaires semblent avoir élu campement dans un stade où les disciplines crypto-sportives les plus pratiquées seraient désormais la baston à la machette, le racket, la prostitution et toutes sortes de trafics, les uns plus sordides que les autres.

A relire: Comores: le chantage migratoire de M. Assoumani va se poursuivre

Les autorités tant métropolitaines que locales l’ont dit et répété, leur but est de lutter efficacement  – enfin ! – « contre la délinquance et l’immigration illégale ». Pour ma part, j’aurais préféré une inversion des termes. D’abord « immigration illégale », puis « délinquance ». Cela aurait marqué bien plus explicitement que, là-haut, on parvenait – là aussi enfin! – à établir un lien direct entre les deux phénomènes, reconnaissant dans le second la conséquence directe du premier. On aurait gagné en clarté.

Mais, apparemment nos gouvernants, n’en sont pas encore là. Ce serait un effort mental bien considérable qu’ils auraient à fournir, englués qu’ils sont depuis des lustres dans la cécité pusillanime et et le jeu petit bras sur ces questions-là.

Une et indivisible

On le constate une fois encore. Annonçant sa mesure « extrêmement forte, nette, radicale » Monsieur le ministre prend bien soin de respecter la sacro-sainte loi du « en même temps ». Il ne manque pas au passage de soigner, de cajoler sa gauche afin, sans doute, de ne pas trop défriser quand même, par exemple, le nouveau membre de la dream team, j’ai nommé Mme Belloubet. Dans sa déclaration, il s’empresse en effet de préciser que ladite suppression du droit du sol sera évidemment circonscrite au territoire de Mayotte. On respire. À la Cour Européenne des Droits de l’Homme ont était au bord de l’infarctus collectif. (Ah, si seulement…!)

Mayotte, 25 avril 2023 © LOUIS WITTER/SIPA

La faiblesse de ce pouvoir macroniste réside pour une grande part dans son incapacité à raisonner autrement qu’en accommodements circonstanciels sans suite, sans cohérence, dans son acharnement à tituber d’aménagements improvisés en bricolages bâclés, toujours en dépit du bon sens.

L’affaire est cependant des plus simples : si la suppression du droit du sol est, comme cela nous est aujourd’hui affirmé, un excellent moyen de lutter contre la délinquance et l’immigration illégale, que ne la met-on en œuvre partout où sévissent et la délinquance et l’immigration illégale ? Autrement dit, à travers tout le pays, outre-mer comprise. Cela nous aiderait au moins, nous autres pauvres citoyens-électeurs, à nous convaincre que notre chère République est bel et bien « Une et Indivisible ».

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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