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Justice: les organisateurs de Sainte-Soline n’iront pas en prison

Les organisateurs (ir)responsables


Justice: les organisateurs de Sainte-Soline n’iront pas en prison
Un manifestant lance une bouteille sur les forces de l'ordre lors de la manifestation contre les méga-bassines, le 25 mars 2023. © UGO AMEZ/SIPA

Alors que le procès des organisateurs des manifestations écolos violentes a lieu devant le tribunal correctionnel de Niort (58), un rapport parlementaire rendu public le 14 novembre révèle la responsabilité « écrasante » des organisateurs dans les violences à Sainte-Soline (79). 9 personnes sont jugées pour y avoir organisé des rassemblements interdits le 29 octobre 2022 et le 25 mars 2023. 6 à 12 mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre des organisateurs. Le jugement sera rendu le 17 janvier.


Qui peut encore dire qu’il n’a jamais entendu parler de Sainte-Soline ? Si cette personne existe, ne lui en tenons pas rigueur : entre la réforme des retraites, les projets de mégabassines, la mort de Nahel ou les manifestations pro-Gaza, 2023 a été très mouvementée.

Mardi 14 novembre, la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur « la structuration, le financement, les moyens et les modalités d’action des groupuscules auteurs de violences » a rendu son rapport public. Si, dans les médias de grand chemin et sur les réseaux sociaux, le débat sur les responsables et la légitimité des violences continue de faire rage, après six mois de travaux, les conclusions des députés sont, elles, sans appel. Elles pointent l’immense responsabilité des organisateurs.

Les scènes chaotiques de bataille se multiplient

La récurrence des manifestations violentes dans l’hexagone inquiète. De manière quasi-systématique, ce qui est supposé n’être au départ qu’une manifestation peut finir en violente guérilla. Nous avons tous observé ces scènes de batailles chaotiques autour du chantier des fameuses méga-bassines.

Le 25 mars, près de Sainte-Soline, commune des Deux-Sèvres de 359 habitants, nous avons d’un côté, les forces de l’ordre, déployant tous les moyens possibles pour empêcher les manifestants d’atteindre les mégabassines, et de l’autre, des milliers de manifestants, bravant l’interdiction, certains prêts à bastonner du flic pour passer. Voire, à juste bastonner du flic…  Bilan : une quarantaine de blessés chez les gendarmes, et 200 blessés chez les manifestants. Bien qu’une partie des manifestants fût réellement là pour s’opposer de manière pacifique au projet agricole, la manifestation a très mal tourné, et on a assisté à une violence désinhibée.

Alors, à qui la faute ?

Culpabilités

Selon la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), et son communiqué publié le 10 juillet 2023, le coupable, choisi d’avance, c’est évidemment l’État. Dans son rapport, la LDH reproche au ministère de l’Intérieur d’avoir interdit la manifestation dans le but de « disqualifier et criminaliser » une gentille mobilisation contre les bassines. Pourtant, quelques machettes, épées et cocktails Molotov ont été saisis le jour même [1]. Le rapport de l’association d’extrême gauche, ayant récupéré à son profit les « droits de l’homme », accusait aussi le Samu de « volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite ».

Patrick Hetzel, député LR de la 7e circonscription du Bas-Rhin, et président de la commission parlementaire sur les violences de Sainte-Soline ne l’entend pas du tout de cette oreille.

Interrogé, il remet les pendules à l’heure : « Ce rapport a omis bien des angles de l’affaire ! Ils ont par exemple oublié de dire que les organisateurs distribuaient des flyers demandant de ne pas se faire secourir par les secours officiels, de ne faire confiance qu’aux « street médics »[2]. De même, des appels ont été passés auprès des services de secours… Mais il ne s’agissait là que de leurres, et lorsque le Samu arrivait sur les lieux où on leur avait signalé un blessé, il n’y en avait pas », déplore-t-il, avant d’accuser : « Les organisateurs ne semblaient pas vouloir maintenir le minimum d’ordre civil. Les services préfectoraux ont tenté d’établir des relations avec les organisateurs, cela n’a mené à rien. Les manifestations interdites ont été maintenues par ces mêmes organisateurs, qui ne voulaient en aucun cas parlementer avec les autorités ». Une centaine de personnes – allant des membres des organisations comme « Bassines non merci » au ministre de l’Intérieur lui-même – ont été auditionnées par les rapporteurs, dont le compte-rendu détaillé s’étale sur 621 pages.

Quelques meneurs peuvent tout faire basculer

Après six mois de travaux, Patrick Hetzel dresse le constat suivant auprès de Causeur : « Il y a deux choses de nature différente : d’abord, l’arrivée systématique d’activistes voulant en découdre. C’était pareil pour le 49.3 : quelques meneurs peuvent tout faire basculer. Ensuite, concernant la thématique environnementale, nous avons constaté qu’il y a de plus en plus de légitimation de la violence. Ces gens font plus que dévoyer le concept de désobéissance civile. » Mais, malgré son inquiétude quant à ces milices organisées d’énergumènes portant masque sur le museau ou cagoule sur la caboche, le député LR ne va pas jusqu’à reprendre le terme d’« écoterrorisme » utilisé par Gérald Darmanin : « L’écoterrorisme laisserait supposer qu’il y aurait des organisations se revendiquant de la cause environnementale qui auraient basculé vers le terrorisme. Nous n’avons pas d’éléments dans nos travaux et nos auditions qui attestent précisément cela. »

A lire aussi : Dernière rénovation, Sainte-Soline : l’activisme d’extrême-gauche contre la raison

Et qu’en est-il des accusations de « violences policières » formulées par l’extrême gauche et souvent reprises avec complaisance par la presse ? « C’est simple, s’il y a eu contact, c’est que les manifestants ont voulu aller au contact : les forces de l’ordre étaient purement statiques ! Les maires des alentours étaient très inquiets, ils ont vécu les évènements très difficilement, voyant arriver du jour au lendemain des voitures avec des plaques d’immatriculation dissimulées avec à bord des gens qui n’étaient vraiment pas là pour une promenade dominicale… »


[1] Selon le rapport de Gendarmerie et de la préfète des Deux-Sèvres, des opérations d’ordre public du 24 au 26 mars 2023.

[2] Les street medics sont des militants fournissant des premiers secours dans un contexte de lutte politique NDLR




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