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Racailles de cité: et c’est ainsi que naissent les monstres…

Les ravages de la victimisation


Racailles de cité: et c’est ainsi que naissent les monstres…
Elisabeth Borne, Aurore Bergé et Sabrina Agresti-Roubache discutent avec le maire de Chanteloup-les-Vignes, Catherine Arenou, 27 octobre 2023 © STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA

Comment expliquer la délinquance endémique dans une partie de la jeunesse des quartiers dits «sensibles» ? Essentiellement par un sentiment de discrimination chez nos ressortissants d’origine musulmane, réel ou fantasmé, dont notre contributeur analyse ici les ressorts. Le déni et la peur de jeter de l’huile sur le feu, manifestes dans le cas de Romans-sur-Isère (26), n’aident pas et entretiennent selon lui une intifada à bas bruit et bon nombre de « bouffées délirantes ». 


Pour quelle raison une majorité d’Européens de l’ouest et de l’est ont-ils peur d’une immigration de masse dont l’importance est minorée par une grande partie des élites occidentales ? En réalité, c’est l’islam et sa progression dans le monde qui sont à l’origine de cette obsession. Que ce soit au Moyen-Orient, dans l’Afrique sahélienne ou en Europe, les revendications religieuses, les attentats commis par des djihadistes, les actes délinquants commis par une frange de la jeunesse musulmane inquiètent les populations en leur faisant craindre à la fois une submersion démographique1 et une subversion de valeurs et d’identité. 

Silence coupable

En France, les attaques contre la police dans de nombreux quartiers, qui font suite à une dégradation progressive depuis une trentaine d’années du climat sécuritaire, font penser à une intifada à bas bruit. Les agressions de plus en plus meurtrières contre les personnes, les règlements de compte entre bandes, les trafics et délits divers, les incendies d’édifices religieux chrétiens2, les crimes terroristes frappant des foules ou dirigés contre des juifs en tant que tels, suscitent bien plus qu’une inquiétude et occupent un espace politique de plus en plus important. 

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Malheureusement, nos dirigeants qui connaissent ces réalités par les nombreux rapports qui leur sont fournis, n’osent pas en parler ouvertement par crainte de troubles plus importants dans une société déjà très fragile. Ils ont peur de jeter de l’huile sur le feu alors que le feu est là, qui couve toujours et brûle à certains moments. Ce silence et cette inaction choquent au plus degré les gens de terrain, professionnels ou simples citoyens, qui connaissent et vivent avec en permanence. 

Ceux-là voient bien qu’on n’agit pas vraiment et qu’on ne met pas tout le monde devant ses responsabilités : familles, institutions, politiciens locaux et nationaux ; et qu’ainsi on laisse la voie libre aux manipulateurs d’opinion qui ont, eux aussi, leurs propres intérêts. 

Ce qui se dit dans les « territoires perdus »

Dans les cités, dans les territoires perdus de la République, le discours est toujours le même. C’est un discours enfermé sur lui-même qui tourne en boucle et que personne ne vient contrer réellement. Ces jeunes de cité ont une vision de la réalité qui justifie les actes les plus antisociaux. « Les Français sont racistes et islamophobes, les juifs sont riches, et soutiennent l’entité sioniste génocidaire. Les kouffars ne respectent pas l’islam. Nous musulmans, sommes discriminés pour les logements et les emplois, harcelés par la police qui nous chasse au faciès, parqués dans des cités pourries. La police tue nos jeunes, toujours impunément. La justice les enferme dans des prisons et des centres éducatifs fermés. Nos filles et nos femmes n’ont pas le droit de s’habiller comme elles le souhaitent dans un pays qui se prétend libre. On nous demande de nous assimiler, de changer nos prénoms comme l’exige le nazi Zemmour alors que nous sommes intégrés, Français. D’ailleurs, ce sont les racistes qui devraient quitter ce pays et tous ceux qui ne comprennent que ce pays est désormais le nôtre et que nous pouvons y vivre à notre guise ! Le gouvernement est dirigé par des sionistes, ceux-là même qui tuent des femmes et des enfants en Palestine. D’ailleurs, on peut se demander qui est derrière ces terroristes qui salissent la religion et prétendent tuer au nom de l’islam ? Qui commet des attentats qui servent à accuser les musulmans ? » J’en passe et des meilleures.

Les jeunes arabes et noirs des cités, Français de nationalité la plupart du temps, se vivent comme des victimes du racisme des « Français ». On leur a répété, génération après génération, qu’ils n’étaient pas désirés par la France. 

Le sort peu enviable de « Français de papier »

Leur ressentiment est renforcé par le fait qu’ils ne sont pas non plus toujours désirés dans des familles nombreuses et souvent ignorantes de ce qui constitue la sécurité, l’autonomie et le bien-être d’un enfant. 

Depuis leur toute petite enfance, ils n’ont pas toujours le droit de montrer leur faiblesse, de pleurer quand ils ont besoin d’exprimer un chagrin d’enfant. Plus tard, devenus adolescents dans leur quartier, ils doivent choisir entre devenir un loup parmi la bande des loups ou un agneau soumis à la persécution et à la moquerie. 

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De plus, produits d’une immigration de masse qui reproduit les comportements claniques de la culture d’origine avec son culte de l’honneur et de la vengeance lorsqu’il y a la moindre humiliation, ils deviennent les zombies d’une société qui, de son côté, a perdu la fierté de son identité et ne sait pas user de fermeté et de violence légitime face à des comportements déviants et criminels. Sans limites véritables, ils rêvent d’une puissance qu’ils n’auront jamais et se vivent alors paradoxalement d’autant plus comme des victimes d’une société excluante et raciste, sans voir que ce sont leurs comportements hostiles qui suscitent l’animosité de l’environnement.

La victimisation n’est pas le propre des enfants de cités, soumis à la loi des caïds et des barbus. Elle existe aussi, on l’oublie trop souvent, chez de nombreux  musulmans « intégrés », chercheurs, professeurs, médecins qui diffusent cette vision d’une société qui ne veut pas de l’islam et qui jalousent les juifs et leur réussite et ont des propos antisionistes. L’obsession arabe de la cause palestinienne est un symptôme assurément qui masque une haine antioccidentale qui met en avant le racialisme, le rejet des blancs et la prétention décoloniale en dépit de parcours universitaires favorisés par une discrimination positive masquée.

La majorité silencieuse

La grande masse des musulmans vivant en France devrait se révolter publiquement contre les criminels et les trafiquants issus de la communauté, contre ses extrémistes qui donnent une image parfois ridicule, parfois effrayante de la religion mais elle ne le fait pas, à l’exception de certaines personnalités qui s’expriment librement, y compris sur les plateaux de télévision ou les réseaux sociaux et qui, de fait, risquent leur vie chaque jour. Pourquoi ne le fait-elle pas ? La pression communautaire du groupe qui interdit toute expression dissidente, sous peine d’ostracisme et de rejet familial et social ? Certainement, mais il y a plus important. Des années d’antiracisme militant et parfois de réelles discriminations vécues par les générations précédentes, ont créé chez beaucoup de musulmans intégrés dans la société française une peur de la stigmatisation et en fin de compte une victimisation qui les amènent à considérer toute critique de leur religion et de ses conséquences dans la vie sociale comme une atteinte personnelle à leur dignité et comme une humiliation. Ils réagissent ainsi à ce qu’ils considèrent comme une offense par un silence qui semble complice alors qu’ils ne se privent pas dans leur cercle familial et amical de s’indigner devant les comportements déviants de la minorité extrémiste ou délinquante. Les jeunes, de leur côté, vont même jusqu’à répondre de façon provocatrice aux questions et aux sondages qui cherchent à mesurer leur adhésion aux thèses fondamentalistes et ainsi démontrer, comme leur ainés, une cohésion du groupe qui est factice et circonstancielle en réalité. 

La guerre des civilisations qui est selon Éric Zemmour et d’autres déjà effective sur notre sol est donc à la fois géopolitique, démographique et psychosociale. C’est ce dernier aspect qui est le plus souvent négligé et qui pourtant permettrait d’avoir une influence sur des phénomènes considérés comme inéluctables, à côté d’autres mesures politiques plus radicales, également nécessaires. 


  1. https://www.causeur.fr/immigration-et-demographie-urbaine-les-cartes-a-peine-croyables-de-france-strategie-208601 ↩︎
  2. https://www.nouvelobs.com/societe/20051116.OBS5338/chirac-condamne-l-incendie-de-l-eglise.html ↩︎




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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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