Accueil Brèves La république des parangons : qui ne ment pas, alors?

La république des parangons : qui ne ment pas, alors?


Alors que s’enchaînent en rafale les révélations sur les écoutes judiciaires, les enregistrements et autres affaires concernant l’ancien Président de la République et son entourage politique, la cacophonie atteint son paroxysme avec, malgré tout, deux messages prédominants.

A droite : il s’agit d’une chasse à l’homme, dirigée contre la seule personnalité politique susceptible, à ce jour, de provoquer l’alternance à la prochaine échéance présidentielle. Que cela parait loin !

À gauche : la justice agit en toute indépendance, selon les règles établies et loin des jeux de la politique politicienne. Promis, juré !

Si tel est effectivement le cas : alors pourquoi ne pas l’assumer sereinement ? Selon les procédures décrites quotidiennement par les spécialistes des affaires juridiques, une affaire de cette importance ne peut être ignorée ni par le Garde des Sceaux, ni pas le Ministère de l’Intérieur et, par voie de conséquence, ni par le Premier Ministre, ni par le Président de la République.

Or dans un premier temps, lundi dernier, Christiane Taubira affirme ne rien savoir de cette affaire. Mardi, « trahie » par son Premier Ministre, il lui revient qu’elle savait un petit peu, mais ignorait tout du contenu précis des écoutes. Mercredi, rattrapée par des accusations de mensonge, elle veut prouver qu’elle n’a pas menti en s’appuyant sur des documents qui… prouvent justement le contraire. Manuel Valls suit le même chemin. Et que dire de François Hollande que son mutisme n’honore pas en l’occurrence ?

Soit le manque de professionnalisme si souvent dénoncé de ce gouvernement atteint des proportions qu’il était jusqu’alors difficile de concevoir. Ce qui en soi n’est pas très rassurant : un Ministre de l’Intérieur qui ne connait pas les agissements de sa police, une Ministre de la Justice qui n’est pas au courant des procédures dont elle a expressément demandée à être informée sont-ils à leur place ?

Soit la justice et l’appareil exécutif fonctionnent correctement et on imagine mal que des affaires aussi sensibles ne remontent pas au plus haut niveau de l’Etat. Sur ce sujet, les spécialistes, toutes couleurs politiques confondues, sont formels. Ce qui veut dire que tous savaient -les preuves surgissent les unes après les autres- et que tous mentent… Outre le fait que cela fait désordre, pourquoi ?

Quand le mensonge est érigé en langage politique, quoi d’étonnant à ce que les français, soupçonnent micmacs,  embrouilles et autres escroqueries d’un bout à l’autre de l’échiquier ? Quoi de surprenant à ce qu’ils mettent en doute la parole publique ?  A ce qu’ils adhèrent au « tous pourris » quitte à donner du poids aux extrêmes, qui ne doivent pas l’être moins…

Les parangons de vertu se prennent les pieds dans le tapis de leurs bobards.

Les politiques se tiennent par la barbichette et se drapent, chacun leur tour, dans leur dignité outragée.

Alors on se prend à rêver au grand soir politique, à la fin de ces institutions dont l’appréciable solidité a aussi l’immense défaut de permettre aux scandales et aux hommes de se succéder en toute impunité.

 



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