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Les émeutes après la mort de Nahel marquent la fin des figures d’autorité traditionnelles


Les émeutes après la mort de Nahel marquent la fin des figures d’autorité traditionnelles
Monument aux morts vandalisé à Gentioux-Pigerolles (23). Image: réseaux sociaux.

La contre-société qui s’est attaquée aux symboles de notre République pourrait bien avoir trouvé des figures paternalistes de substitution ; l’imam, le caïd, des gouvernements étrangers… L’analyse de l’enseignant Kevin Bossuet.


Le 27 juin dernier, des émeutes éclatent dans plusieurs quartiers de Nanterre. Des projectiles sont tirés sur la police, des voitures sont incendiées, du matériel urbain est détruit et plusieurs bâtiments publics dont une école de musique prennent feu. Très vite, ces révoltent urbaines s’étendent à plusieurs villes de la région parisienne et à plusieurs villes de province. D’Asnières-sur-Seine à Aulnay-sous-Bois en passant par Roubaix ou encore Marseille, une partie de la jeunesse des quartiers fait sécession et n’hésite pas à se révolter contre l’Etat-nation. Nos policiers et nos élus sont pris pour cible, des mairies et des écoles sont incendiées, des magasins sont pillés, la prison de Fresnes est attaquée au mortier d’artifice et le monument de la Résistance et de la Déportation de Nanterre est dégradé.


LFI capitalise sur la haine antinationale

Pendant plusieurs jours, une partie de la France est à feu et à sang. Des hordes d’adolescents et de jeunes adultes hurlent leur haine de la police et de la France encouragées par une extrême gauche dangereuse et irresponsable qui a fait de la haine antinationale un important réservoir électoral. Il est bien évident que l’excuse sociale ne peut plus être érigée en seule explication universelle comme ce fut le cas après les émeutes de 2005. En effet, des milliards d’euros ont été déversés chaque année dans nos banlieues sans que cela ait produit la moindre amélioration du climat social. Pis encore, la haine et la défiance à l’égard de la France et de la République n’ont fait que s’intensifier, le communautarisme a explosé, l’islamisme a proliféré et l’insécurité est devenue au quotidien une bien sombre réalité. En 2004, Jean-Pierre Obin, alors inspecteur de l’Éducation nationale et auteur d’un rapport sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires » parlait déjà de certains quartiers comme des « contre-sociétés ». Le moins que l’on puisse dire est que depuis, cela ne s’est pas arrangé…

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Les figures d’autorité traditionnelles sont d’ailleurs de moins en moins respectées et sont sans arrêt mises en concurrences avec celles inhérentes aux quartiers. Le hussard noir de la République est de plus en plus délégitimé au profit du prédicateur ou du responsable associatif, le policier est de plus en plus supplanté par le grand frère ou le caïd de la tour d’à côté et l’élu local est, quand il ne sombre pas dans le clientélisme, la proie d’une gauche radicale qui lui retire toute légitimité. Ce sont bien des espaces en dehors de l’arc républicain qui se sont constitués et que les récentes émeutes n’ont fait que mettre en exergue.

Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses attaqué

L’agression par des émeutiers de la maison de Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), est de ce point de vue un élément révélateur de la haine de certains à l’égard des représentants de la République. Il faut dire que cet homme politique, classé à droite, mène dans sa ville depuis des années la vie dure aux trafiquants de drogue et à tous ceux qui vivent de ce commerce très lucratif. S’en prendre à l’édile, c’était donc à la fois s’en prendre à l’élu mais aussi à celui qui lutte pour que les lois du caïdat ne remplacent pas à terme celles de la République. Beaucoup d’experts ont d’ailleurs mis en avant le fait que les dealers auraient eu un rôle conséquent dans la fin des émeutes tant ces dernières paralysaient le trafic de drogue en entrainant une baisse des clients et du chiffre d’affaires. Quand les narcotrafiquants ont plus d’autorité sur les émeutiers que nos policiers, on peut sérieusement s’interroger sur la pérennité d’une société qui est très clairement à la dérive.

Le Premier ministre Elisabeth Borne s’adresse aux journalistes aux côtés du maire de l’Hay les Roses (94) Vincent Jeanbrun, dont le domicile a été attaqué par la racaille de banlieue pendant la nuit, 1er juillet 2023 © Charly Triballeau/AP/SIPA

L’appel des imams, loin d’être anecdotique, en dit long également sur l’importance qu’occupent ces derniers au sein des quartiers. Effectivement, très tôt, le 29 juin, le recteur Chems-Eddine Hafiz, a appelé au calme. « Si l’incompréhension, la douleur et la colère sont légitimes à la suite d’un tel drame, la Grande Mosquée de Paris appelle en particulier les jeunes à ne pas réagir par la violence », a-t-il alors déclaré. Il a ajouté : « Ce vendredi 30 juin, à l’occasion de la grande prière, dans les mosquées de tout le territoire national, les imams de la Grande Mosquée de Paris et de sa fédération transmettront ce message au cours de leurs prêches ». D’autres lui ont aussitôt emboîté le pas, à l’image de l’imam de Bonneuil-sur-Marne, Rachid Benchikh, ou encore de celui de la Grande Mosquée de Reims, Omar Ben Daoud. Le fait que des guides religieux se sentent obligés de se substituer aux autorités publiques et institutionnelles pour toucher les émeutiers en dit long sur les liens qu’entretiennent ces derniers avec les institutions républicaines. Là encore la légitimité de l’État-nation a été sérieusement remise en question et pose le problème du rapport à la laïcité de beaucoup de jeunes banlieusards.

Le séparatisme s’aggrave

Enfin, il a fallu l’intervention du gouvernement algérien, et notamment du ministère algérien des Affaires étrangères pour se rendre compte à quel point certains étaient beaucoup plus sensibles au discours de ce dernier qu’à celui du gouvernement français. Le ministère a en effet exhorté le gouvernement français à «assumer pleinement son devoir de protection» envers les Algériens de France tout en se disant « soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doivent bénéficier nos ressortissants sur leur terre d’accueil». Il a conclu : « avec le souci constant d’être aux côtés des membres de sa communauté nationale au moment de l’adversité et de l’épreuve». Le gouvernement algérien, en sombrant dans une ingérence parfaitement déplacée, a donc très largement donné raison aux discours victimaires de beaucoup d’émeutiers qui, d’après leurs dires, ne font que se révolter contre un Etat qu’ils jugent raciste. Le fait que des individus qui ont la nationalité française accordent plus d’importance aux propos d’un gouvernement étranger qu’à ceux du gouvernement français en dit long sur le séparatisme qui ronge notre société.

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Bref, le constat est clair. Le séparatisme est à l’œuvre. Pour certains, les figures d’autorité ont changé. La République n’est plus acceptée. La France est détestée. Reste à savoir dans quelle proportion ce phénomène inquiétant touche nos compatriotes vivant en banlieue. Sans nul doute une minorité ! Néanmoins, à force de refuser de voir les problèmes, de se cacher derrière des excuses sociales pour ne pas voir la réalité, de ne pas agir pour ne surtout pas être accusé de stigmatiser, le processus sécessionniste progresse. Comment peut-on accepter que pour certains le dealer ait plus d’autorité que le policier, que l’imam ait plus d’influence que le maire ou que le gouvernement algérien soit plus écouté que le gouvernement français ? C’est d’autant plus dommage qu’il y a dans nos banlieues des milliers de jeunes qui aiment la France et qui croient aux valeurs de la République. Les abandonner entre les mains de gens qui ne cherchent qu’à les détourner de leur citoyenneté est une faute très lourde dont nous ne cesserons de payer le prix au cours des années qui viennent. C’est aussi funeste que révoltant.



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Professeur d'histoire. Chroniqueur sur CNEWS, sur Sud Radio et dans les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story. Il est aussi sur Twitter : @kevinbossuet

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