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Jésus-Christ, fondateur des gender studies?


Jésus-Christ, fondateur des gender studies : c’est la thèse cocasse et convaincante d’un chercheur prénommé George Heyman dans un ouvrage de haute tenue, The Power of Sacrifice (The Catholic University of American Press, 2007). Mettre à mal l’édifice sexuel de nos ancêtres les Romains, il fallait quand même le faire. Songez donc : en ces temps vénérables et reculés, la faiblesse était réservée aux femmes cependant que la virilité était réservée, je vous le donne en mille, aux hommes. Mais voici qu’un jeune homme s’avise de faire l’éloge de la faiblesse. Il s’appelle Jésus-Christ. On ne lui connaît pas d’antécédents judiciaires, mais il va frapper un grand coup.

Sa conviction personnelle est que les corps ressusciteront après la mort. Non seulement la Nature sera transfigurée par la Grâce, mais elle sera transfigurée de fond en comble. Les vertus seront détachées de leurs supports sexuels, les qualités attribuées aux uns seront attribuées aux autres, de la même manière que, au moment d’entrer au Paradis, les premiers seront les derniers. En conséquence de cette césure entre la Nature et la Grâce, les femmes pourront désormais se montrer plus fortes que les hommes. La pièce à conviction de ce dossier central s’appelle La Passion de Perpétue, un récit martyrologique du plus haut intérêt. On y apprend comment une femme triomphe de l’adversité à force de passivité, et l’on y voit un Père impuissant face à sa fille – tout un symbole dans un univers gouverné par l’idéal du pater familias.

Que l’on soit athée ou catho, que l’on se fiche du Pape ou que l’on soit attaché aux valeurs traditionnelles, une chose est sûre : nous sommes bien tous des fils de la même civilisation, y compris dans nos divisions. Relire ces récits oubliés nous permettrait de prendre la mesure de ce foyer brûlant aux conséquences étonnantes que l’on appelle la civilisation chrétienne. À moins bien sûr que les passions partisanes ne l’emportent sur le goût de l’Histoire. À moins bien sûr que nos vaillantes Fémen ne préfèrent s’en remettre à des oppositions factices et à des combats antifascistes scolaires dont mon époque, décidément, a le secret. A toi la droite, à moi la gauche. À toi le catholicisme, à moi le progrès sociétal. A toi le fascisme, à moi la liberté sexuelle.

Le Souverain Poncif, combien de divisions ?



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