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Mélenchon d’hier à aujourd’hui

Le mystère Méluche, un portrait pas bien rose de Denis Hatchondo...


Mélenchon d’hier à aujourd’hui
François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon, septembre 2019, Assemblée nationale © PIERRE VILLARD/SIPA

Ces six dernières années sont vampirisées par l’affrontement Macron-Mélenchon. Deux êtres qui sèment sur le même lopin sentimental. Ils labourent en commun la détestation des autres pour mieux cultiver l’amour de soi. Mais si le gamin est plus lisse qu’un galet de la Baie des Anges, le vieux cache au fond de son puits un mystère…


Est-ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne. Jean-Luc vient au monde dans “la perle du détroit” à Tanger. Ses racines sont andalouses et siciliennes. Malgré la génétique en feu rien ne prédestinait l’enfant de chœur qui servait la messe en latin à devenir le muezzin-dj du bruit et de la fureur.

Qu’il est loin mon pays, qu’il est loin. En Mai 68, il est lycéen dans le Jura. Le printemps exhale l’âcreté des lacrymogènes. Les narines de l’adolescent, initiées aux arômes de jasmin et d’orange amère, virent au rouge. Alors il s’énerve et intègre l’UNEF et l’OCI. Le désormais trotskiste ne desserrera plus jamais les mâchoires.

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Mon cartable est bourré de coups de poings. Dressé à l’entrisme il investit le PS, le Grand Orient et le Sénat. Au Palais du Luxembourg il enfile son costume de sénateur en laissant ses gants de boxe au vestiaire. Par contre au PS, vif comme l’air du massif jurassien, il s’agite à l’ombre des éléphants. Hélas tous ses calculs se heurtent à l’agilité intellectuelle d’un petit gros, un champion de la synthèse molle, François Hollande. Quand il vitupère et fulmine, Hollande entame une danse du ventre à rendre dingue le taureau andalou. Il multiplie les défaites pendant qu’Hollande additionne les succès. Roulé dans la farine à la sauce hollandaise, le congrès de Brest scelle sa haine pour l’éternité.

Parfois au fond de moi se ranime… Il monte sa première entreprise en créant le Parti de Gauche. La présidentielle de 2012 en ligne de mire, il s’acoquine avec les cocos. Le Front de Gauche est né. Il déroule sur scène une partition enflammée qui va séduire près de 12% des électeurs. Ironie de l’histoire, il appelle à faire battre Sarko sans jamais citer le nom du petit gros. Hollande emménage à l’Elysée. Le cauchemar réemménage dans sa tête.

Ici même les mémés aiment la castagne. Après la fête, le blues. Il se rassure en constatant que le Hollandais gère le pays comme il gérait la boutique et comprend vite que l’insipide Ayrault ne tiendra pas la baraque à frites. Il se délecte devant l’émergence des frondeurs et l’agonie pluvieuse du président et fait dans le surmesure en créant la France Insoumise. Un équipage soumis à sa mégalomanie bipolaire. Délivré de son obsession pour le Batave, il attire dans les urnes 7 millions d’électeurs et échoue d’un souffle au second tour. La dépression s’empare de la carcasse. Sans contradiction en interne, il ne parle plus il mord.

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On se traite de cons à peine qu’on se traite. 2022, Mélenchon retrouve des couleurs de matador et, du centre de l’arène, décoche des banderilles dans le cuir de la droite. Et les trempe dans l’acide avant de les planter dans la couenne de la gauche. Prouvant au passage que gagner n’est pas dans son programme. Que l’union pour le peuple passe après sa voracité à capter la lumière et à occuper l’espace.

D.R.

Il faut tourner la page. La présidentielle perdue, il hésite entre un départ imminent pour les Marquises et l’envie de fumer une pipe de cruciverbiste dans une ferme du Poitou. Tu parles, 48 heures après, remonté comme une Castafiore il réunit la gauche pour gagner Matignon. Va comprendre… Sa carrière est truffée de contradictions. Il milite pour le oui au traité de Maastricht et devient, dans la foulée, le champion du souverainisme de gauche. Laïcard obsessionnel pendant sa période socialo, dorénavant il s’ensable, la créolité en bandoulière, dans les dunes de l’islamo-gauchisme. Faisant fi des drames passés et des drames à venir, il manipule une matière dont on fait des voiles, des burkinis et des hijabs mais aussi des camisoles idéologiques. La révolte iranienne illustre l’isolement insensé dans lequel il a précipité son mouvement, tout en dilapidant son crédit parmi les classes populaires. La motivation tactico-démographico-clientéliste n’explique pas à elle-seule le mystère qui entoure ce virage.

Ce looser lunaire ne se résout pas à refermer le livre. Celui qui fut hier un éphémère dessinateur journaliste à la Dépêche du Jura est aujourd’hui soumis à l’hologramme de sa caricature.




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