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Barbarie au village

"Traces", un film de Tiago Guedes, en salles demain...


Barbarie au village
"Traces" (2023) de Tiago Guedes © Alfama Films

Traces, un film de Tiago Guedes, en salles demain


Le cinéma portugais actuel emprunte bien souvent des chemins non balisés. Ce qui aiguise la curiosité. Telles ces Traces sur lesquelles nous entraîne le cinéaste Tiago Guedes, dans un film étrange, écrit en collaboration avec Tiago Rodrigues, l’ancien directeur du Théâtre national D. Maria de Lisbonne, aujourd’hui à la tête du festival d’Avignon.


La scène du drame est un village du nord du Portugal. Traces s’ouvre sur un long prologue, dans un format d’écran réduit : au jour de la traditionnelle « fête du vent », bacchanale semi-païenne, les jeunes mâles costumés de plumes et cagoulés de toile de jute débondent leurs hormones dans une parade virile, porteuse de possibles exactions.

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Un adolescent, Laureano, y est molesté, sur le pavé, par ses congénères en transe. Générique. Le format de l’écran s’élargit : 25 ans ont passé. Laureano, devenu le « dingo » du village suite à ce tabassage, vit dans une masure avec sa meute de chiens. L’omerta sur cet épisode perdure, tandis qu’un champ d’éoliennes hors d’échelle a poussé dans ce paysage sans grâce, au sommet d’une de ces collines boisées qui ceinturent le bled, que la friche d’un lotissement à l’abandon est venu enlaidir, et qui s’est même doté d’un abattoir industriel… Désormais adultes, les natifs du lieu ont eux-mêmes essaimé de petits ruraux désœuvrés, adolescents aux airs de petites frappes de banlieues, qui s’amusent à lapider Laureano… La ruralité telle qu’en elle-même, en ce début du XXIème siècle.

Comme jadis, pourtant, le village se prépare à la « fête du vent » : bal, feu d’artifice… Le récit s’installe, sans la moindre musique, dans une lenteur concertée faite de longs plans fixes composés avec grand soin. Puis, le récit s’étoffe d’une sourde inquiétude, qui trouvera son climax dans la mort du jeune Pedro, apparemment dévoré par les chiens…

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On se gardera de déflorer les péripéties de ce singulier thriller de cambrousse dont les comparses, unis dans un rapport scabreux à la vérité, ourdissent une loi du silence dont le pauvre Laureano sera, une fois encore, l’otage sacrificiel…

Traces. Film de Tiago Guedes. Durée : 2h07. En salles le 8 février 2023.



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