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Extrême quoi? Extrême onction!

Un « sacré » coup de vieux


Extrême quoi? Extrême onction!
Image d'illustration unsplash

Notre chroniqueuse a récemment rendu visite à sa tante à l’hôpital. Surprise, surprise !


Ma tante, 98 ans, victime d’une mauvaise chute, mais encore plus ou moins d’attaque, séjournait récemment au « MGG ». Tous ceux qui « suivent des anciens » savent exactement de quel délicieux lieu de villégiature je parle. Pour que les autres ne meurent pas idiots : c’est le petit nom sobre et amical utilisé pour désigner, dans tous les hôpitaux français, le service de Médecine Générale Gériatrique.
Je me dirigeais plus ou moins allègrement vers sa chambre, quand j’ai été coupée dans mon élan par un infirmier, fort aimable au demeurant :
« N’y allez pas maintenant, elle est avec le prêtre. »
Mon cœur se mit à battre à au moins 200.
« Quoi ? Que s’est-il passé ? Elle va plus mal ? Elle a demandé sa visite ? »
« Non, non. Rien. Qu’est-ce qui vous prend ? Le prêtre passait par là, je lui ai proposé votre tante. »
N’écoutant que ma voix intérieure, je frappe et entre sans attendre.
Effectivement, ma tante est avec le prêtre. Un jeune curé en soutane, la toute petite trentaine, apparemment pas encore très à l’aise pour préparer les quidam.e.s à rencontrer son patron.
Il profite de mon arrivée pour s’esquiver.
«  C’est toi qui lui as demandé venir ? »
« Ça ne va pas ! Bien sûr que non. Pourquoi l’aurais-je fait et surtout sans te le dire ? » Je la rassure sur son état, sur son avenir et, pour reprendre ses termes, nous «  poursuivons tranquillement la veillée mortuaire ».
Ma tante est partagée. Ni préparée, ni prévenue, elle a d’abord complètement paniqué quand elle l’a vu rentrer : « un coup à faire une crise cardiaque », pour elle aussi. Heureusement que, fine observatrice, elle a rapidement constaté qu’il « n’avait pas son matériel ». Et puis, le petit jeune était sympa ; elle lui a même demandé de revenir, pour une autre visite de courtoisie, maintenant qu’elle le connaissait. 
Plus de peur que de mal donc.

Image d’illustration unsplash


Pour reprendre le scénario, un prêtre tombé du ciel, passe dans les couloirs du MGG. Ou peut-être passe-t-il régulièrement. L’histoire ne le dit pas. Toujours est-il qu’on pense que ma tante, qui a encore toute sa tête, serait une bonne cliente et hop ! emballé, c’est pesé.
En sortant de la chambre, je me permets de signaler à l’infirmier, qui m’avait rassérénée, que la visite d’un prêtre, comme ça, à une personne de 98 ans, à l’hôpital, n’est anodine, ni pour elle, ni pour sa famille. Ce n’est ni le père Noël, ni un visiteur de prison.
Il m’a regardée, interloqué. Mais de quoi est-ce que j’étais en train de parler ? Qu’est-ce qui pouvait bien justifier mon agacement ? Où j’allais chercher tout ça. Visiblement, il était de bonne foi et ne savait pas ce qu’étaient les derniers sacrements. J’ai donc lâché l’affaire.
Mais quand même. Que le personnel médical, en France, ne soit pas au fait des détails des rites catholiques, passe encore, mais que dans un service de vieux, sur la fin du parcours, on ne soit pas (un tout petit peu) branché extrême onction, je dois avouer que j’en ai pris un « sacré » coup.



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