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« Le vent de la plaine »: western amer

Un classique à redécouvrir


« Le vent de la plaine »: western amer
Burt Lancaster et Audrey Hepburn dans le film "Le vent de la plaine" (1960) © MARY EVANS/SIPA

Les années soixante seront la grande décennie de John Huston avec « Les Désaxés » ou « La nuit de l’Iguane. » Il l’inaugure d’ailleurs avec un chef-d’oeuvre du western, « Le vent de la plaine ».


« Le Vent de la plaine » est un western sec, rêche, dur et cruel. Une tragédie classique d’une violence rare, une réflexion cornélienne sur le racisme anti-indiens qui mine une communauté de fermiers et d’éleveurs dans l’Etat du Kansas. 

Suite à la révélation des origines indiennes d’une fillette de la tribu Kiowa adoptée par la famille Zachary, la haine du groupe se manifeste violemment. Les Zachary, en face, résistent: il y a la mère, Mattilda (formidable Lilian Gish) et les trois frères Andy, Cash et Ben, l’ainé, joué par un impeccable Burt Lancaster, homme au caractère bien trempé qui essaye de se comporter toujours de la manière la plus juste. C’est lui qui les protège et remplace leur père tué par les Indiens Kiowas. Les Zachary, sans hésitation, choisissent de défendre leur sœur adoptive Rachel (Audrey Hepburn, sobre et émouvante) et se replient dans leur ferme, découvrant la force d’un amour familial plus fort que les liens du sang. 

Bande-annonce du film « Le vent de la plaine« 

État de siège

Dès lors, abandonnés par toute la communauté, ils sont assiégés par les Kiowas. La fureur, la rage et les puissances du mal se déchainent, le vent des ténèbres souffle dans la plaine, semant la mort et le désastre, et laissant une famille meurtrie et une jeune femme dévastée par la révélation tardive de ses origines. 

Adapté de l’excellent roman d’Alan Le May,- l’auteur de « La Prisonnière du désert » ouvrage mis en scène au cinéma par John Ford en 1956 -, « Le Vent de la plaine » est une œuvre majeure sur l’impossible cohabitation pacifique entre les colons et le peuple Indien victime d’un grand remplacement par les armes. 

Huston filme avec subtilité l’opposition des cultures comme dans cette scène d’une douceur paradoxale où Mattilda Zachary joue un morceau sur le piano ramené par Ben de Wichita. Ce piano est aussi le symbole de la transmission de l’éducation chez les Zachary alors que la plupart des membres de la communauté choisissent le camp de la haine. John Huston décrit aussi la violence d’une société américaine en train de se constituer sur un péché originel, le non respect des peuples indigènes, dans une contradiction absolue avec leur religion pourtant brandie comme un étendard.

Western tendu, amer et désespéré, « Le vent de la plaine » reste aujourd’hui un film vertigineux servi par le cinémascope, la lumière du chef-opérateur Franz Planer et la musique de Dimitri Tiomkin. Mais le pessimisme de Huston, au milieu de cette tornade, n’est pas total puisqu’il montre aussi que l’amour est plus fort que la mort. 


Le Vent de la plaine, un film de John Huston États-Unis – 1960 – 2h05 – couleurs. Interprétation: Audrey Hepburn, Burt Lancaster, Lilian Gish, John Saxon, Audie Murphy, Doug McClure, Charles Bickford, Carlos Rivas…

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est directeur de cinéma.

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