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Pourquoi Macron ne sera pas réélu

Ne dit-on pas que l'histoire se répète?


Pourquoi Macron ne sera pas réélu
Emmanuel Macron, 27 octobre 2021 © Michel Euler/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22619206_000007

Une tribune libre de Roland Hureaux


Je pense qu’Emmanuel Macron ne sera pas réélu. Ce pronostic n’est pas, je le sais, celui d’une certaine France bourgeoise. Mais elle a tort. 

Je me fonde sur plusieurs raisons, mais d’abord une : depuis de Gaulle, aucun président de la Ve République en pleine possession de ses pouvoirs constitutionnels n’a été réélu. Le général de Gaulle, lui seul, a été réélu en 1965, et encore ce fut bien laborieux. En ballotage inattendu au soir du premier tour (44,6% “seulement”), il pensa à démissionner, puis l’emporta un second tour avec 55,2% des suffrages seulement contre François Mitterrand.  

Georges Pompidou mourut avant d’avoir fini son premier mandat, donc nous ne le compterons pas. Contrairement à ses successeurs, il était encore populaire au bout de cinq ans. Avec 6% de croissance par an, ce n’est pas tout à fait étonnant. 

À l’automne 1980, tout le monde disait que Valéry Giscard d’Estaing serait réélu facilement. Il ne l’a pas été. 

François Mitterrand n’a pu être réélu en 1988 que parce que, depuis deux ans, en raison de la cohabitation avec une chambre opposée à lui, il n’exerçait plus le vrai pouvoir. Ce dernier était passé au Premier ministre, Jacques Chirac, qui gouverna avec une grande énergie, mais qui fut battu. Certes, Mitterrand sut profiter avec une extrême habileté de la situation, mais nul doute qu’il aurait été balayé si l’opposition n’avait pas gagné les élections législatives de 1986 et s’il était resté un président de plein exercice.

La cohabitation avait aussi du bon pour nos anciens présidents de la Ve

Même situation de cohabitation de 1997 à 2002. Personne ne doute que Jacques Chirac, enfin élu président en 1995, aurait été battu à plate couture en 2002 si ne lui était tombé du ciel cette chance insigne de la présence de Jean-Marie Le Pen juste derrière lui au premier tour, d’un rien devant Lionel Jospin. Un adversaire bien facile à battre au second tour. Chirac est élu avec plus de 80% des voix. Mais il n’en profita guère, refusant toute réforme qui aurait heurté la gauche – au motif qu’il en avait reçu les suffrages. 

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Nicolas Sarkozy pensait aussi pouvoir faire un second mandat. Donné battu 60/40 deux mois avant l’élection, il remonta une bonne partie de la pente, grâce à une campagne exceptionnellement dynamique, mais dut néanmoins laisser la place à Hollande. François Hollande ne put même pas se présenter pour un second mandat, tant sa popularité s’était dégradée. 

Des Gaulois pas réfractaires à tout changement…

Qui peut croire que Macron fera mieux que ses prédécesseurs ? 

Les raisons de leur rapide usure sont à notre sens de trois sortes :

D’abord le tempérament français volontiers frondeur. Il n’a pas changé. 

Et deux autres raisons qui sont aujourd’hui plus valables que jamais. La crise économique, permanente depuis 1974, s’est aggravée au cours des derniers mois à cause du Covid. Le coût de l’énergie explose : combien de Français n’arriveront pas à se chauffer correctement cet hiver ? Et il y a une troisième raison, trop souvent méconnue : la passivité de la plupart de ces présidents et de leurs gouvernements face aux propositions d’une technocratie qui, au fil des temps, n’a cessé de s’éloigner à la fois des aspirations des Français et du bon sens, cela en tous domaines : école, administration locale, agriculture, santé, justice, politique européenne… Même De Gaulle lui fit sans doute trop confiance en certaines matières en son temps, comme pour l’éducation nationale ou l’agriculture. Seul Pompidou, en raison de ses origines rurales, de sa perception du terrain et peut-être de sa finesse toute littéraire sut lui résister. Est-ce la raison du mystérieux maintien de sa popularité ? 

Macron n’est jamais, en cinq ans, sur aucun sujet, d’aucune manière, allé contre les idées de la technocratie française, qui sont les mêmes que celles de la technocratie européenne, moins par subordination que par identité de culture. Une culture qui n’est évidemment pas celles des gilets jaunes et du peuple français en général. Sera-t-il seulement candidat ? Ce n’est même pas absolument sûr. 



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est essayiste.

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