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Chronic’Art est-il de droite ?


Dans le dossier papier du numéro de novembre de Causeur, Elisabeth Lévy évoquait les heures sombres de la discrimination politique en précisant que lorsqu’on la définit comme une personnalité « de droite », elle rectifie en indiquant plutôt qu’elle n’est « pas de gauche ».

Cette propension à excommunier quiconque ne se revendique pas expressément « de gauche » et qui sévit de Libération au Nouvel Observateur – sans parler des essayistes dégainant la droitisation comme on invoque une pluie nucléaire contaminant la France – frappe aussi de son doigt accusateur, qui l’eût cru, nos confrères de Chronic’Art.

Si l’on se demande en quoi ce valeureux explorateur culturel, premier site internet journalistique de l’ère numérique et en kiosque depuis 2001, né en septembre 1997 de l’enthousiasme de Cyril De Graeve, son actuel rédacteur en chef, mérite à son tour une telle stigmatisation, la raison en est simple. On ne fait pas impunément un dossier sur Marc-Edouard Nabe en 2010, on ne réitère pas avec les œuvres complètes de Drieu La Rochelle deux ans plus tard, et on ne remet pas le couvert en écrivant sur Roger Nimier, voire Philippe Muray. Qu’y peut-il, De Graeve, légèrement fataliste, si « la littérature un peu intéressante est de droite » ?

« Nous avons le souci de ne pas être marqués mais lorsqu’on ne se déclare pas de gauche, on est considéré de droite, voire qualifié de facho », regrette-t-il, en écho avec notre patronne et avec l’excellent dossier sus-mentionné (et toujours disponible à la vente sur notre site !). Qu’à cela ne tienne, Chronic’Art assume de vouloir échapper à l’atroce prévisibilité des titres mono-orientés que le lectorat dédaigne, dans sa grande lassitude. Au sein de la rédaction, toutes les tendances politiques sont représentées et tous les avis autorisés.

Un titre de presse « ni droite, ni gauche » ne serait donc pas fasciste ? Que l’on lise les chroniques quotidiennes du site (d’ailleurs récemment rafraîchi et c’est une réussite) ou le bimestriel papier, qui s’offre des entretiens fleuves, des portraits longuement brossés et des dossiers de dix pages – un luxe suprême -, on peine à discerner ce qu’il y a de réac, fasciste ou nazi chez Chronic’Art, « le magazine connecté, parce que les nouvelles technologies ont toujours eu des impacts majeurs sur tous les domaines de la société, de l’art et de la culture ». La connexion au réel, peut-être ?



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Isabelle Kersimon est journaliste.

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