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Présidence des Jeunes LR: une élection à haute portée symbolique

Un duel Canovas / Carayon


Présidence des Jeunes LR: une élection à haute portée symbolique
© WITT/SIPA Numéro de reportage : 00919423_000018

Guilhem Carayon et Sébastien Canovas se disputeront les suffrages des militants dans deux semaines


Les 12 et 14 avril prochains, les Jeunes Républicains vont devoir se choisir un nouveau leader. Deux candidats sont en lice : Guilhem Carayon et Sébastien Canovas. La campagne qui avait débuté de manière doucereuse et respectueuse a connu ce mercredi 24 mars un véritable rebondissement. En effet, alors que Théo Michel, conseiller LR du 17e arrondissement de Paris et responsable adjoint des Jeunes LR de Paris, devait mener sa propre liste, il a finalement décidé de rejoindre Guilhem Carayon.

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Ce revirement qui s’explique d’abord et avant tout par la volonté de gagner en robustesse face à la liste portée par Sébastien Canovas qui est officieusement celle soutenue par une partie de la direction de LR, et notamment par Aurélien Pradié, n’est finalement pas très étonnant. En effet, même si Guilhem Carayon et Théo Michel n’appartiennent pas tout à fait à la même droite, ils se connaissent très bien et partagent un socle de valeurs communes tout en ayant pour ambition de transformer les Jeunes Républicains en un mouvement structuré autour d’une vraie colonne vertébrale idéologique.

Carayon soutenu par Aubert, Bellamy, Boyer et Retailleau

Très proche de Julien Aubert, député LR du Vaucluse, Guilhem Carayon, responsable des Jeunes LR du Tarn, est un digne représentant de cette droite des territoires qui n’a pas troqué les valeurs du gaullisme social sur l’autel des petites accointances idéologiques avec la gauche et l’extrême gauche. Soutenu par Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et président du groupe LR au Sénat ou encore par Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, il souhaite transformer les Jeunes Républicains pour en faire une structure militante active et efficace au service du parti. Valoriser les territoires français en créant une école de formation des Jeunes LR décentralisée pour permettre à chaque région de disposer de son centre de formation est au cœur de son projet. 

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Très proche des idées de François-Xavier Bellamy avec lequel il entretient des liens privilégiés et qui le soutient, Guilhem Carayon, qui est allergique à cette dictature du politiquement correct imposée par la gauche, n’hésite pas à réaffirmer régulièrement l’identité judéo-chrétienne de la France tout en faisant de la lutte contre les communautarismes et l’islamisme un vrai cheval de bataille. Profondément attaché à la nation française, à sa souveraineté et à la grandeur de la France, il défend ardemment une certaine idée de l’État et du régalien. Pour lui, une droite qui renonce, c’est une droite qui trahit ses électeurs et qui n’est pas digne de se revendiquer de l’héritage gaulliste. Il est incontestablement de ceux pour qui la reconquête à droite doit passer par une certaine intransigeance vis-à-vis des idées de la gauche qu’il faut combattre par-dessus tout. Ancien responsable de l’UNI à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Guilhem Carayon est un militant de terrain qui a fait de la lutte contre l’égalitarisme, le nivellement par le bas et les thèses indigénistes et racialistes un combat quotidien. Pour lui, c’est clair, tant que la droite continuera à faire le jeu de la gauche et du macronisme déliquescent, elle ne réussira jamais à se relever de la léthargie au sein de laquelle elle s’est engouffrée. Réveiller les consciences et ramener au sein de son parti les âmes perdues dans le droit chemin fait incontestablement partie des objectifs qu’il s’est fixés.

Théo Michel: « notre République est certes laïque mais la France est chrétienne »

Théo Michel, quant à lui, qui a connu une ascension politique fulgurante dans le 17e arrondissement de Paris, incarne davantage cette droite orléaniste qui a fait du libéralisme économique la pierre angulaire de son idéologie. Fiscaliste chez Deloitte et se présentant volontiers comme un homme qui ne doit sa réussite qu’à lui-même, il partage avec Guilhem Carayon des valeurs patriotiques et un amour immodéré pour la culture française. Pour lui, cela ne fait aucun doute, « notre République est certes laïque mais la France est chrétienne. » C’est pour cela que d’après lui, il apparaît essentiel d’en finir avec une immigration non choisie tout en renouant avec l’assimilation républicaine, seul instrument capable de lutter efficacement contre la montée de l’islamisme. Se trouvant à la troisième place sur la liste de Guilhem Carayon derrière Charlotte Vaillot, fille de Valérie Lacroute (ancienne députée LR de Seine-et-Marne et maire de Nemours), il est notamment soutenu par Frédéric Péchenard, vice-président LR du Conseil régional d’Île-de-France chargé de la Sécurité et Conseiller de Paris, ainsi que Brigitte Kuster, ancien maire du 17e arrondissement de Paris et députée LR de la 4ème circonscription de Paris. 

Ce duo de choc qui rassemble des soutiens qui proviennent des différents courants de la droite républicaine, des sarkozistes aux fillonistes en passant par les gaullistes sociaux, détonne par son dynamisme, sa capacité à élever le débat public et sa volonté de changer vraiment les choses. Il constitue assurément un espoir chez beaucoup de jeunes LR qui en ont marre d’appartenir à un mouvement qui, depuis plusieurs années, brille par son immobilisme. 

Sébastien Canovas, un candidat (trop) consensuel

En face de la liste menée par Guilhem Carayon, Charlotte Vaillot et Théo Michel, on trouve une liste concurrente ayant à sa tête Sébastien Canovas, reponsable des Jeunes Républicains de Haute-Garonne. Inconnu aux bataillons à part au sein de la jeunesse toulousaine notamment pour sa nonchalance, il semble avoir du mal à prendre ses marques. Soutenu par Constance Le Grip, députée LR des Hauts-de-Seine, Virginie Duby-Muller, députée LR de Haute-Savoie et Vice-Présidente des Républicains ou encore Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses qui a quitté LR par « cohérence » et « sincérité » avec « les idées et les valeurs » qu’il défend, il souhaite en finir avec les querelles internes et les guerres d’égos. Entouré par Amanda Guénard, responsable des Jeunes LR de Maine-et-Loire, Valentin Rouffiac, responsable des Jeunes LR de Paris, et Livia Graziani-Sanciu, responsable des Jeunes LR de Haute-Corse, il se perçoit en porte-voix de la diversité des territoires et des différents courants idéologiques de la droite républicaine. 

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Souhaitant transformer les Jeunes Républicains en une « pépinière de jeunes talents », Sébastien Canovas ambitionne d’encourager l’émergence d’une nouvelle génération de cadres et d’élus à l’image d’Hugo Huet, conseiller municipal délégué d’Asnières-sur-Seine, de Rémi Capeau, conseiller municipal d’Aix-en-Provence ou encore de Raphaël Labreuil, conseiller municipal de Chelles. Malheureusement, en ne voulant pas trancher et en se réfugiant derrière l’envie de rassembler le plus grand nombre pour mieux dissimuler la mollesse idéologique que sa liste incarne, Sébastien Canovas n’apparaît pas comme un homme ayant la stature suffisante pour mener à bien un projet qui le dépasse. Il faut dire qu’il a été choisi d’abord et avant tout pour être un gage de neutralité et d’aseptisation mollassonne pour mieux court-circuiter Guilhem Carayon et Théo Michel. C’était la volonté d’Aurélien Pradié et le moins que l’on puisse dire est que son souhait a été exaucé ! 


Alors, que vont finalement décider les Jeunes Républicains ? Vont-ils opter pour la liste de Sébastien Canovas, c’est-à-dire la liste du compromis et du gloubi-boulga idéologique ou bien choisir une vraie orientation politique en faisant le choix de Guilhem Carayon et de Théo Michel ?

L’enjeu est certes modeste étant donné le faible poids des Jeunes LR au sein du mouvement, mais cette élection pourrait aussi permettre aux jeunes de la droite républicaine d’impulser une dynamique politique et idéologique et de redevenir un tantinet audibles et légitimes sur la scène politique nationale. Ne pas choisir, c’est ne pas cliver mais c’est aussi renoncer. Il serait dommage que ce dont souffre aujourd’hui les Républicains aille jusqu’à contaminer les plus jeunes de leurs adhérents qui seraient bien inspirés de se démarquer de leurs ainés en misant sur leur énergie, leur fougue et leur volonté de tout révolutionner.



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Professeur d'histoire. Chroniqueur sur CNEWS, sur Sud Radio et dans les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story. Il est aussi sur Twitter : @kevinbossuet

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