Accueil Culture «Le cas du Dr Laurent»: quand le cinéma des années 50 faisait du féminisme intelligent

«Le cas du Dr Laurent»: quand le cinéma des années 50 faisait du féminisme intelligent

Un classique trop peu connu


«Le cas du Dr Laurent»: quand le cinéma des années 50 faisait du féminisme intelligent
Le Cas du docteur Laurent (1957) Image: capture d'écran YouTube.

Le Cas du Dr Laurent de Jean-Paul Le Chanois, cinéaste humaniste qui eut son heure de gloire dans les années 50, mérite le détour par une certaine audace dans le sujet.


Arte a la très bonne idée de programmer Le Cas du Dr Laurent de Jean-Paul Le Chanois (1957), l’un des cinéastes plutôt mal-aimés à l’époque par les critiques des Cahiers du cinéma, les futurs auteurs de la Nouvelle-Vague. Il est vrai que le sujet du film, œuvre à thèse sur l’accouchement sans douleur, avec Jean Gabin dans le rôle du docteur Laurent, Nicole Courcel dans celui de Francine, une jeune femme enceinte et Sylvia Monfort jouant Catherine Loubet, une épouse traumatisée par son accouchement difficile, ne me semblait pas très engageant a priori.

Mais dès les premières minutes montrant l’arrivée nocturne du docteur Laurent à Saint-Martin, petit village de montagne dans les Alpes-Maritimes, où il vient remplacer le vieux médecin Bastide, nous sommes séduits par la beauté des plans, la rigueur des cadres et la lumière contrastée magnifique orchestrée par l’immense chef opérateur Henri Alekan.

Un Gabin au sommet de sa forme

Jean Gabin est très crédible en médecin, ferme et doux, il gomme plusieurs aspects de son jeu, certains de ses tics et livre une belle performance d’acteur somme toute très moderne. Nicole Courcel, belle et lumineuse Francine, joue une jeune femme libre et droite. Abandonnée par son amant, elle est enceinte. Sylvia Monfort est excellente en mère souffrante et blessée. Le Docteur Laurent, conscient que la véritable vocation des médecins est de soigner les gens en faisant confiance à la responsabilité de ses patients et à la recherche médicale va proposer lors d’une conférence d’instruire tous les villageois qui le souhaitent à la pratique de l’accouchement sans douleur pour en finir avec la fatalité de la souffrance des femmes. Il va se heurter à bien des préjugés, orgueils et autres rivalités ainsi qu’au Conseil de l’Ordre.

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Pour faire passer cette thèse austère, Jean-Paul Le Chanois se révèle un virtuose attentif dans la description du village montagnard et de ses habitants. Il recrée avec précision la rudesse des lieux, leur beauté mais aussi l’atmosphère d’enfermement dans laquelle chaque individu observe l’autre avec son lot de cancans et de jalousies. Cependant, dans cette vision de la France paysanne des années cinquante, ce qui surprend le plus, c’est une certaine liberté de ton comme celle de Nicole Courcel qui rejette avec fermeté et bienveillance le père de son enfant, individu faible et falot et qui finit pas se faire accepter par tous les habitants du village.

Les femmes à l’honneur

Les femmes ont le beau rôle dans le film, tandis que plusieurs hommes dont les docteurs composants le Conseil de l’Ordre des Médecins – excepté  René Vanolle, le vieux médecin de la vallée voisine qui défend son collègue – sont figés, rigides. Elles font bloc, en refusant qu’on décide à leur place. Certes, si le film n’est pas exempt d’une certaine naïveté par moments, Jean-Paul Le Chanois signe une œuvre généreuse et humaniste tournée dans une France rurale, en même temps qu’une ode à la grandeur des femmes.

Les Cas du Dr Laurent de Jean-Paul Le Chanois – France – 1957 – 1h50
Le 22 février, à 22H30 sur arte.
Visible sur ARTE.TV en replay et en DVD chez Coin de Mire cinéma.

Le Cas du Docteur Laurent

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