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Tant qu’il y aura des films

Julien Duvivier, les années 30, retrospective, le 26 février


Tant qu’il y aura des films
Jean Gabin © Les Acacias

Un immense cinéaste français qu’il faut sans cesse redécouvrir, un film monstre sur un architecte de génie et un film intransigeant sur la Corse : demandez le programme !


Cinq films de Julien Duvivier. Sortie le 26 février

Conteur

Julien Duvivier retrouve les salles avec cinq films restaurés, témoins de son génie sombre et romanesque. Une occasion rêvée de redécouvrir un maître du cinéma français.


« J’aime passionnément les films de Julien Duvivier. Parce qu’ils véhiculent un pessimisme magnifique qui me convient, des noirceurs romanesques qui me touchent infiniment. Le plus beau est sans nul doute Pépé le Moko, qui est d’ailleurs un de mes films préférés. » Cette déclaration d’amour cinéphile enflammée, on la doit à Patrice Leconte dans les colonnes de L’Avant-Scène Cinéma. Le réalisateur de Monsieur Hire sait d’autant mieux de qui et de quoi il parle que son film, sorti en 1989, était adapté d’un roman de Georges Simenon, Les Fiançailles de Monsieur Hire, que Duvivier avait déjà porté à l’écran en 1947 sous le titre Panique. La société de distribution Les Acacias a l’excellente idée de ressortir sur les écrans en version restaurée cinq films de Duvivier :  David Golder (1931), Les Cinq Gentlemen maudits (1932), Poil de carotte (1932), La Tête d’un homme, tous les quatre avec le génial Harry Baur dans le rôle principal, et Pépé le Moko (1937), ce chef-d’œuvre avec Jean Gabin, aux côtés de la sulfureuse Mireille Balin.

Soit un quintette de films fort différents, mais tous passionnants et réussis. Ce qui donne l’occasion de revenir sur le bel éclectisme de la riche filmographie de Duvivier (70 films, de 1919 à 1967). Le réalisateur a commencé sa carrière alors que le cinéma était encore muet, en 1919 avec Haceldama ou le Prix du sang. Durant cette période « muette », il réalise pas moins de 20 films dont une première version de Poil de carotte, d’après Jules Renard, ainsi qu’une talentueuse adaptation du roman de Zola, Au bonheur des dames. Les cinq films qui ressortent appartiennent à la période suivante, de 1931 à 1945, que l’on peut regrouper sous l’appellation « les parlants d’avant-guerre ».

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Le premier est plutôt une rareté : David Golder, adapté du roman d’Irène Némirovsky, est le premier film parlant du cinéaste et sa première collaboration avec l’immense acteur Harry Baur. Dans Les Cinq Gentlemen maudits, adapté d’un roman d’André Reuze sur la malédiction des pharaons, il donne la réplique à René Lefèvre et Robert Le Vigan. Fait assez rare, Duvivier adapta deux fois un même roman à six ans d’intervalle. Après la version muette de Poil de carotte, il confie à Harry Baur, en 1932, le rôle de Monsieur Lepic.

C’est une lecture absolument juste et bouleversante du terrible récit de Renard, avec sa fameuse formule : « Les orphelins ne connaissent pas leur bonheur… » Dans La Tête d’un homme, adaptation du roman de Simenon, Duvivier donne à Harry Baur la lourde tâche d’incarner le commissaire Jules Maigret, et modifie la chronologie du récit : son scénario, à l’inverse du roman, s’ouvre sur le crime et nous dévoile le coupable. C’est à l’époque la troisième adaptation cinématographique d’un livre de Simenon qui deviendra par la suite l’un des écrivains les plus portés à l’écran. L’ultime film du programme est assurément le plus connu, notamment parce qu’il est l’un des plus grands rôles de Jean Gabin. Ce dernier y incarne le rôle-titre : le « Mocco » ou « Moko », nom que donnaient les marins bretons à leurs collègues toulonnais, notamment pour singer l’une de leurs expressions provençales favorites « em’aco » (« et avec ça » en français).

Cinq Duvivier pour bien commencer l’année, sinon rien.

Février 2025 - #131

Article extrait du Magazine Causeur




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Critique de cinéma. Il propose la rubrique "Tant qu'il y aura des films" chaque mois, dans le magazine

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