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Mélenchon à l’école: le cancre máximo


Mélenchon à l’école: le cancre máximo
Jean-Luc Mélenchon s'ennuie à l'Assemblée nationale, février 2018. SIPA. 00843408_000039

Pour Jean-Luc Mélenchon, la crise (toute relative) de l’école n’est qu’une question de moyens. Et pas du tout de pédagogisme…


Ce mardi 27 février, Mélenchon, élu de la quatrième circonscription de Marseille, était longuement interviewé dans La Provence.

Le gros titre était sur la déclaration fracassante (en forme de porte ouverte que l’on enfonce), « Macron est l’ami des riches ». Cela ne m’aurait pas arrêté (sur le sujet, je recommanderai plutôt le livre de mon ami Gérard Filoche, tout récemment sorti, Macron ou la casse sociale, éditions de l’Archipel – Filoche avec qui Mélenchon signa jadis un livre, en 2000, quand ils cotisaient au même parti) si mes yeux ne s’étaient portés par hasard sur un bout de colonne, en bas de page, où le líder máximo du Vieux-Port et de ses environs (l’interview a été réalisée dans une gargote proche du quai des Belges) n’avait cru bon de ramener sa science sur l’éducation. Et pourquoi pas ? Après tout, il fut ministre délégué à l’enseignement professionnel, au temps lointain de Jospin et Jack Lang réunis.

C’est la faute à Blanquer !

Le problème c’est qu’à la question « Retirez-vous du positif dans la réforme de l’Education nationale ? », le grand manitou de la France insoumise répond, en toute décontraction :
« Le système qui se met en place dans les universités va créer une raréfaction de la ressource humaine intellectuelle du pays. C’est un système de marchandisation des diplômes par l’argent. Blanquer veut flatter l’ancienne génération dans la nostalgie du «c’était mieux avant».

Ô Jean-Luc ! (Deux remarques en incises. 1. À Marseille, on interpelle à la romaine — c’est le « ô » vocatif de nos vieilles versions latines — pas le « oh » ni le « ho » modernes. En toute logique, il faudrait écrire ainsi l’interjection si fréquente ici — « ô con ! ». Et 2. Je me permets de t’appeler Jean-Luc parce que nous nous sommes rencontrés, et plus d’une fois, chez Jean-Claude Gawsewitch au moment où tu sortais, chez Balland, En quête de gauche — en 2007, quand je sortais moi-même Une école sous influence). Donc, cela étant précisé…

Ô Jean-Luc ! Tu galèjes ou quoi ? « Une raréfaction de la ressource humaine intellectuelle du pays » ?

Marx et ça repart ! 

Primo, une certaine dose de sélection en fac ne vise qu’à supprimer dès l’entrée ces 50% d’étudiants venus faire du tourisme, et qui se plantent en première année, aussi laxistes que soient les universitaires qui corrigent leurs torchons. Secundo, l’extension indéfinie de certaines filières « en tension », comme on dit dans ces milieux – STAPS, par exemple – est un mauvais service rendu depuis des années à des étudiants qui découvrent trop tard que les débouchés sont en nombre restreint. Et qu’on les a envoyés dans le mur.

Et notre député et futur candidat à la mairie — à moins qu’il préfère laisser Castaner s’y installer, Forcalquier étant devenu trop petit pour le délégué général de la République en marche, une-deux, une-deux, une-deux — de rajouter :

« L’école primaire a toujours été une réussite en France. On dit que 20% des élèves ne savent ni lire, ni écrire, ni compter ! On se demande même s’ils savent marcher ou parler ! Non, il y a des élèves qui ont des grosses difficultés en maths, d’autres en lecture, d’autres en écriture. Tous finissent par se rattraper. Blanquer prend la posture de l’autorité. Ses débats sur la blouse ou le téléphone ne sont pas sérieux. Ce sont des diversions. L’école se désarticule faute de moyens. »

« On » est un con

On appréciera ce « on » qui en français désigne l’imbécile d’en face, à distinguer du «nous» plein de noblesse et de dignité. « On raconte que… mais nous savons bien… » Dans ce « on », il y a à peu près tout ce que la France compte d’enseignants lucides — allez, 80%, les 80% qui ont condamné dès le premier mot la réforme du collège de Vallaud-Belkacem (forte de sa juste appréciation des statistiques, Najat abandonne finalement l’édition et rejoint l’institut de sondages IPSOS — sûr que ce qui en sortira ne sera pas du pipeau).

Et si l’école maternelle marche encore assez bien, ce n’est pas là (et c’est bien dommage, mais tu devrais te tenir au courant) que l’on apprend le lire / écrire. C’est en CP — et la plupart des « professeurs des écoles » recrutés depuis 1989 et la création des IUFM y appliquent des méthodes d’apprentissage létales. L’idéo-visuel cher à Foucambert, Goigoux et autres malfaiteurs encravatés, c’est l’arme fatale d’extinction des plus démunis. Ce ne sont pas les « moyens » (tu cotises à FO ou à la CGT, dis-moi ? Ça promet, si tu te présentes à Marseille) qui font défaut, mais l’application de méthodes efficaces.

Mais évidemment, si tu es conseillé par Danielle Obono, qui pense que « Vive la France » et « Nique la France », c’est la même chose

Eh non, ils ne finissent pas par « se rattraper ». Parce que dans les rues de Marseille, le même jour, j’ai photographié ça :

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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