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Dalida, glamour toujours!


Dalida, glamour toujours!
Dalida lors d'une émission sur TF1, 1980. Photo: Keystone-France
Dalida lors d’une émission sur TF1, 1980. Photo: Keystone-France

Il y a trente ans, le 3 mai 1987, Dalida baissait le rideau. Sa détresse continue d’émouvoir les hommes nés sous Giscard. Les Français n’ont jamais oublié ce regard perdu dans la fosse, comme happé par la gloire. Même les moqueries sur son strabisme pourtant si érotique étaient une manière de reconnaître sa singularité, un hommage à sa puissance évocatrice. Elle était unique dans le paysage radiophonique d’alors. La seule capable de transformer une ritournelle en une complainte douce, tellement langoureuse qu’elle s’infiltrait dans les replis de l’âme. Son interprétation toujours à fleur de peau venait invariablement voiler les sentiments, leur redonner une pureté originelle.

Elle avait tous les attributs de la femme fatale et de l’enfant incomprise. À la fois gauche et terriblement conquérante, ses audaces suivies de profonds doutes chahutaient, sans cesse, son esprit. Plusieurs fois par jour, elle empruntait cet ascenseur émotionnel. Sa voix méditerranéenne patinée aux accents montmartrois ne trahissait jamais ses élans intimes. Le public a follement aimé cette Égyptienne égarée dans les rues de Paris. Lisa Azuelos, dans son très beau film sorti en début d’année, a su capter cette intensité-là.

Populaire et sincère. Cet inlassable combat intérieur qui fait la différence entre une simple vedette et une véritable star. Du côté de l’Olympia, sa seconde maison, on prétend que l’écho de « Bambino » résonne à la date anniversaire de sa disparition. Dalida la chanteuse a aussi marqué les téléspectateurs des shows des Carpentier ou de Guy Lux par la variété de ses tenues, jouant sur tous les registres, tantôt tragédienne, tantôt vamp, toujours sexy en prime time.

Un succès en partie dû à son sens du style…

L’artiste osait les paillettes, l’imprimé léopard, la tunique orientale ou le justaucorps. Sa liberté de se vêtir ne connaissait aucune[access capability= »lire_inedits »] limite. Dans sa recherche de l’habit parfait, notamment lors de ses spectacles, elle a toujours su exprimer un goût sûr et faire confiance aux grands couturiers mais aussi à ses fidèles costumiers. Le musée Galliera expose sa « garde-robe de la ville à la scène » jusqu’au 13 août, à la suite d’une donation faite par son frère Orlando. Les visiteurs suivent la carrière de Dalida par le prisme du vêtement. Attention les yeux ! Les chanteuses actuelles seraient bien inspirées d’y faire un tour, histoire de prendre une leçon de style et de respect pour leur public. L’approximation cafardeuse de leur triste accoutrement et le négligé démagogique dont elles font preuve finissent par lasser.

L’émancipation de Yolanda Gigliotti, ses douleurs et ses succès transparaissent dans le choix de ses robes et de ses accessoires. Façonnée par le trio (Barclay, Morisse, Coquatrix), elle débute sa carrière sous l’aspect coloré d’une brune gironde. La mode est à la pin-up du milieu des années 1950, aux pulpeuses actrices de La Dolce Vita ou aux séductrices d’Hollywood. Il s’agit de distiller une sensualité savamment dosée. Le créateur Jacques Esterel habillera Dalida de robes en popeline de coton ou de satin, privilégiant les couleurs printanières, le turquoise par exemple.

…qui n’a cessé d’évoluer au fil des modes

Ses robes légères au décolleté très chaste s’inscrivent dans une époque où les convenances font loi, même s’il est difficile de contenir le charme expansif de la jeune Miss Égypte 1954. Dès l’entrée de l’exposition trône la célèbre robe de velours créée par Jean Dessès, dite la « robe-étalon » car Dalida l’enfila en 1958 et la reporta… en 1981, comme une bravade au temps qui passe. Du milieu des années 1960 jusqu’en 1977, Dalida est frappée par la mort de son amoureux Luigi Tenco en 1967. Elle va choisir à la fois des titres plus graves (Ferré, Lama, etc.) et opter pour des robes plus longues, de préférence noires ou blanches. Loris Azzaro, Pierre Balmain et le prêt-à-porter Saint Laurent rive gauche lui imposeront une allure hiératique et meurtrie. Même si en privé elle porte des ensembles « hippies », composés d’un gilet et d’un pantalon dans des tons fleuris.

Dans la dernière période de sa vie (1978-1987), emportée par la fièvre du disco, Dalida se lâche et vient bousculer le petit écran. Elle fait totalement confiance à ses costumiers (Michel Fresnay et Mine Barral Vergez), comme le prouve le body bustier et nœud papillon, accompagné d’une cape qu’elle revêt dans l’émission Numéro 1 à Dalida pour chanter le titre « Comme disait Mistinguett ».

Une exposition à voir absolument, et à entendre car les hits de Dalida y passent en boucle. À ne pas manquer, la combinaison pantalon et ceinture écharpe achetée en Turquie lors du clip Salma ya Salama, ou le très visionnaire ensemble pantalon « clouté » de 1980 qui anticipe de deux ans le look de Michael Jackson dans Thriller. [/access]

« Dalida, une garde-robe de la ville à la scène » – Palais Galliera, 10, avenue Pierre-Ier de Serbie, 75016 Paris. Jusqu’au 13 août.

 

Juin 2017 - #47

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

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